Ethan Makonzo : De la rue Duff Court aux Alouettes de Montréal
Ethan Makonzo, choix de sixième ronde des Alouettes de Montréal lors du dernier repêchage de la Ligue canadienne de football, a récemment signé un contrat avec la formation dirigée par Danny Maciocia.
L’athlète de 25 ans a grandi dans un contexte qui ne fut pas facile, sur la rue Duff Court, dans l’arrondissement de Lachine. « La rue Duff Court est reconnue pour être dangereuse. Souvent, les jeunes qui y habitent sont considérés comme s’ils n’avaient pas d’avenir, des bums, raconte-t-il. J’ai grandi avec ça. Je ne croyais pas à ces dires-là. Je les voyais comme des gens dans la misère, avec des difficultés et à qui ça va prendre un peu plus de temps avant de s’épanouir. À partir de ce moment-là, je me suis dit qu’il fallait qu’ils aient quelqu’un qui montre l’exemple, quelqu’un qui peut prouver le contraire. Ce n’est pas vrai que si tu viens de Lachine, tu ne réussiras pas. Travailler fort, travailler fort et ne jamais abandonner. »
Makonzo reconnaît que plusieurs personnes l’ont aidé à passer à travers tout ça. C’est notamment le cas de Dominique Ménard, l’entraîneur-chef de football à l’école secondaire Dalbé-Viau. « Si ce n’était pas de lui, je ne serais pas là aujourd’hui », laisse entendre le footballeur issu du programme des Carabins de l’Université de Montréal.
La fierté de jouer pour sa ville
Ethan Makonzo est un fier Montréalais. C’est une grande opportunité pour lui de savoir qu’il portera l’uniforme des Alouettes de Montréal. « J’étais vraiment excité d’être repêché par les Alouettes. Pouvoir jouer au football professionnel dans ma ville, pouvoir représenter l’équipe de ma ville, c’est formidable. Je trouve qu’il manquait beaucoup de joueurs venant de Montréal dans l’équipe. Il faut montrer qu’on a du talent à Montréal. On n’a pas besoin d’aller voir à l’extérieur pour en trouver, parce qu’il y en a beaucoup ici », affirme le Congolais d’origine.
En sachant tout son passé, que ça soit une organisation comme celle des Alouettes qui lui donne sa première chance dans le football professionnel, c’est une occasion extraordinaire. Makonzo veut montrer que Montréal est capable d’avoir une équipe qui est fièrement représentée. Si plusieurs abondent sur la fierté du grand nombre de joueurs québécois avec les Alouettes, Ethan penche quant à lui sur la confiance : « Quand tu peux dire que tu as l’occasion de jouer au niveau professionnel avec des joueurs que tu as connu dans le passé, que ça soit en tant que coéquipier ou adversaire, ça donne beaucoup de confiance. Ça donne encore plus l’envie de travailler. On sait d’où on vient et on se comprend entre nous. C’est vraiment exceptionnel. »
Pas un receveur dans l’âme
Comme mentionné un peu plus haut, Makonzo a commencé son football avec l’École secondaire Dalbé-Viau. Or, ce cheminement a commencé alors qu’il a eu besoin de choisir une position en particulier : « J’ai commencé à aimer mon sport en regardant des faits saillants ou des matchs à la télévision et, en voyant des gars payés pour jouer au football, je me suis dit que je voulais faire la même chose qu’eux. Pour me rendre jusque-là, j’avais besoin de mieux comprendre le jeu et tout son fonctionnement. Je voulais m’inscrire en tant que receveur, mais j’étais vraiment mauvais. Je n’étais pas capable d’attraper le ballon, j’étais meilleur pour bloquer le jeu. »
Il mentionne avoir voulu comprendre le jeu et avoir finalement joué comme joueur de ligne défensive. Makonzo faisait tout ce qu’il pouvait sur le terrain et ses blocs fonctionnaient. « En jouant à la défensive, tu as une certaine liberté que tu n’as pas à l’attaque, explique le footballeur. En offensive, tout est structuré et suivi à la lettre, tandis qu’en défensive, tu peux improviser un peu plus. C’est plus ça que j’appréciais. » Il aura passé de receveur à joueur de ligne à secondeur. Makonzo mentionne avoir toujours voulu étudier le jeu et comprendre les réalisations de ses idoles, comme Troy Polamalu, ex-joueur des Steelers de Pittsburgh dans la Ligue nationale de football.
Après son parcours au secondaire, Ethan Makonzo a poursuivi son cheminement dans l’uniforme des Spartiates du Cégep du Vieux Montréal pour finalement aboutir dans le chandail bleu des Carabins de l’Université de Montréal.
Un modèle pour les jeunes footballeurs
Ethan Makonzo est un battant et la pandémie ne fut pas facile. « Honnêtement, quand j’ai appris que notre saison universitaire était annulée, j’ai essayé de me faire transférer aux États-Unis pour rejoindre mon frère, étant donné que son équipe jouait. C’était ma dernière année et j’en avais besoin pour prouver tout mon potentiel à moi-même et au football canadien. J’ai seulement joué en 2019 et ce n’était pas assez pour moi. Ce fut vraiment difficile de me trouver un entraîneur. Par miracle, je suis devenu surveillant à mon école secondaire et un de mes collègues était celui qui m’entraînait. Il amorçait ses études pour devenir entraîneur », raconte celui qui a vaincu tous les préjugés reliés à son arrondissement.
Il a un message clair pour les jeunes : « Si tu as besoin d’aide, va chercher de l’aide. N’attends pas à la dernière minute. Rien ne va tomber du ciel. Il y a des gens qui sont là pour t’aider. N’hésite pas. Parfois, ça peut sembler difficile de raconter ses problèmes à quelqu’un d’autre, par crainte de sa réaction, mais les professionnels sont là pour toi. […] Ne te fie pas à ce que les gens pensent de toi. À la fin de la journée, tu vis pour toi. Crois en tes rêves. Reste persévérant et reste positif dans la négativité. »