La tendance du trophée Hart sera-t-elle brisée en 2021?
Aucun joueur n’a remporté deux fois le trophée Hart dans la LNH depuis 2010. Même si Connor McDavid semble bien parti pour briser cette séquence, il y a quelques noms qui pourraient lui faire compétition.
Lorsqu’on pense aux meilleurs joueurs de la LNH, on pense tout de suite aux noms de Connor McDavid, Leon Draisaitl, Sidney Crosby, Nathan MacKinnon et Alex Ovechkin. Il serait logique de croire que ces joueurs se partageraient le trophée Hart, remis au joueur par excellence de la saison, chaque année. Toutefois, en faisant une petite recherche, je suis tombé sur la liste des gagnants du prestigieux trophée et j’ai été plus qu’étonné de constater qu’aucun joueur ne l’avait remporté plus d’une fois depuis 2010 et que Crosby et Ovechkin étaient les seuls à avoir mis la main dessus à plusieurs occasions depuis 1998.
Gagnants du Trophée Hart depuis 1998
Année | Joueur | Année | Joueur |
2020 | Leon Draisaitl | 2009 | Alexander Ovechkin |
2019 | Nikita Kucherov | 2008 | Alexander Ovechkin |
2018 | Taylor Hall | 2007 | Sidney Crosby |
2017 | Connor McDavid | 2006 | Joe Thornton |
2016 | Patrick Kane | 2004 | Martin St-Louis |
2015 | Carey Price | 2003 | Peter Forsberg |
2014 | Sidney Crosby | 2002 | José Théodore |
2013 | Alexander Ovechkin | 2001 | Joe Sakic |
2012 | Evgeni Malkin | 2000 | Chris Progner |
2011 | Corey Perry | 1999 | Jaromír Jágr |
2010 | Henrik Sedin | 1998 | Dominik Hašek |
De 2010 à 2020, période au cours de laquelle aucun joueur n’a remporté le prestigieux trophée plus d’une fois, il est intéressant de constater l’importance des statistiques dans l’attribution de celui-ci. En effet, à l’exception de Taylor Hall en 2018, et bien sûr de Carey Price en 2015, tous les gagnants depuis 2010 ont également mis la main sur le trophée Art-Ross, remis au meilleur pointeur de la saison ou le trophée Maurice-Richard, remis au meilleur buteur de la saison. Le Price de 2015, quant à lui, a terminé au sommet de la LNH pour la moyenne de buts alloués et le taux d’efficacité. Il est tout à fait normal que ces statistiques pèsent dans la balance. Le trophée Hart est le prix remis au meilleur joueur de la ligue. Règle générale, le meilleur joueur est celui qui marque le plus.
Une définition qui pose problème
Le problème est toutefois que le trophée Hart, selon le site web de la LNH, ne devrait pas être remis au meilleur joueur, mais bien au « joueur jugé le plus utile à son équipe ». Ainsi se justifient les victoires de Hall et Price, tout comme celle de Perry en 2011, lui qui avait marqué pas moins de 26 buts de plus que n’importe quel autre joueur des Ducks. L’an dernier, la victoire de Leon Draisaitl avait justement été critiquée par le fait que Connor McDavid, son coéquipier, était le deuxième meilleur pointeur de la ligue avec sept matchs de moins. Difficile, dans cette situation, de dire que Draisaitl était plus utile aux Oilers que Artemi Panarin l’était pour les Rangers de New York ou que Nathan MacKinnon l’était pour l’Avalanche du Colorado.
La même chose peut être dite pour Kucherov il y a deux ans. Même si le russe a obtenu 30 points de plus que n’importe quel autre joueur de sa formation, il n’a pas marqué plus de buts que Steven Stamkos et le Lightning pouvait également compter sur Victor Hedman, nominé pour l’obtention du trophée Norris, remis au meilleur défenseur, et surtout sur Andrei Vasilevsky, le lauréat du trophée Vézina remis au meilleur gardien de but. Encore une fois, difficile de dire que Kucherov était plus indispensable aux succès de Tampa Bay que Patrick Kane ou Sidney Crosby l’étaient pour leurs équipes respectives.
Encore une fois cette année, Connor McDavid et Leon Draisaitl mènent la LNH au chapitre des points. Les deux sont indispensables à leur formation, mais le point est justement qu’ils le sont tous les deux. Nous sommes loin d’un Patrick Kane, qui, avec ses 54 points, est presque responsable à lui seul du fait que les Hawks sont encore dans la course aux séries éliminatoires. Kane mériterait donc amplement le trophée et une victoire de sa part ferait de lui le premier à remporter le prix deux fois depuis 2010. Même situation si McDavid ou Draisaitl mettaient la main sur le Hart.
Qui pourrait prolonger la séquence?
Si le trophée venait toutefois à être remporté par un nouveau gagnant, il y a quatre candidats qui, selon moi, devraient avoir une chance légitime:
Auston Matthews
Matthews mène la LNH au chapitre des buts et devrait, s’il continue sur sa lancée, remporter le trophée Maurice-Richard et terminer parmi les dix meilleurs pointeurs de la ligue. Le nombre de buts ne fait certes pas le joueur, mais s’il y a un joueur qui se démarque cette année, c’est bien lui. On parle d’un joueur qui a manqué quelques rencontres et qui roule tout de même presque à un rythme d’un but par match avec une avance de presque dix buts dans la course au trophée Richard. Du point de vue « joueur par excellence », il ne fait aucun doute que Matthews mérite une nomination. Il y a cependant un problème avec lui: son coéquipier Mitch Marner est tout aussi spectaculaire avec une récolte de points presque égale à la sienne. Ainsi, le côté «joueur le plus utile à son équipe» n’est pas tant respecté, surtout considérant la qualité de la formation des Maple Leafs. Nous avons cependant établi que, lors des dernières années, ce critère n’avait pas vraiment d’importance. Ainsi, je verrais facilement Matthews être le douzième lauréat différent consécutif.
Nathan MacKinnon
Probablement le meilleur joueur actif à ne pas encore avoir remporté le trophée Hart, MacKinnon s’est établi parmi l’élite de la LNH depuis quatre ans. Avec des saisons de 97, 99 et 93 points lors des trois dernières saisons, il est constamment l’un des meilleurs pointeurs du circuit. Encore une fois cette année, sa récolte de 52 points en 36 parties le place au sixième rang de la LNH, un point derrière Matthews. Un des attaquants les plus explosifs, MacKinnon est le cœur et l’âme de l’Avalanche du Colorado. Un peu comme Matthews, il perd cependant quelques points en raison des bonnes performances de Mikko Rantanen, qui est notamment deuxième dans la LNH au chapitre des buts.
Mark Scheifele
Considérant la qualité de l’alignement des Jets de Winnipeg à l’attaque, il peut être surprenant de voir le nom de Scheifele sur cette liste. La vérité est cependant que, malgré les Kyle Connor, Nikolaj Ehlers, Blake Wheeler et compagnie, Scheifele est, année après année, le meilleur joueur des Jets. Même si ses coéquipiers sont excellents dans plusieurs aspects, le numéro 55 est aussi bon sinon meilleur que ceux-ci dans tous ces aspects. Avec la vision de Wheeler, la mobilité d’Ehlers et le tir de Connor en plus d’un bon jeu défensif, Scheifele est simplement l’un des joueurs les plus complets de la ligue. Ses performances en 2021 ne font pas exception avec 15 buts et 48 points en 42 matchs.
Mark Stone
Si le trophée Hart considérait sérieusement la portion «j oueur le plus utile à son équipe », Mark Stone se devrait d’être considéré. Bien que Marc-André Fleury connaisse une saison incroyable pour les Golden Knights de Vegas, Stone est le meneur à l’attaque. Encore une fois, il a un coéquipier qui connait une très bonne saison en Max Pacioretty (21 buts et 40 points). Stone se démarque cependant non seulement par son apport offensif impressionnant avec ses 46 points en 41 matchs, mais aussi par son jeu défensif. Cette saison encore, il est l’un des meneurs de la LNH au chapitre des revirements causés. Son différentiel de +21 représente un sommet chez les Knights, qui sont eux-mêmes l’équipe avec le deuxième meilleur différentiel (+42, derrière le +52 de l’Avalanche)
La course au trophée Hart sera suivie de très près en raison du nombre de candidats potentiels et du fait qu’une tendance vielle de dix ans pourrait être brisée. Dans une ligue dominée par les mêmes équipes justement depuis dix ans, il est intéressant de constater cette séquence qui démontre bien la répartition du talent à travers la ligue. Autre fait intéressant: aucun joueur ayant remporté le trophée Hart depuis Martin St-Louis n’a vu son équipe remporter la Coupe Stanley la même saison. Il s’agit d’une autre preuve qu’on ne peut pas bâtir une formation avec un seul joueur, même si celui-ci est le meilleur au monde