La variété au menu à Roland-Garros
C’est sous le signe de la nouveauté que se sont conclus les Internationaux de tennis de France, alors que deux nouveaux champions ont été couronnés tandis que plusieurs joueurs et joueuses ont atteint les demi-finales du tournoi pour la première fois de leur carrière.
L’édition 2021 des Internationaux de France n’aura pas déçu. Du tennis relevé à chaque ronde, de grandes surprises et de superbes performances des jeunes joueurs et joueuses ont contribué à faire de cette édition une des meilleures des récentes années. De retour à son moment habituel de l’année après avoir été disputé en octobre l’an dernier en raison de la pandémie de COVID-19, le tournoi a également été le théâtre de plusieurs premières. En effet, à l’exception de Novak Djokovic et de Rafael Nadal, tous les demi-finalistes, tant chez les hommes que chez les femmes, en étaient à leur première présence dans le carré d’as de Roland-Garros. Les quatre femmes en étaient même carrément à une première présence en demi-finales d’un tournoi majeur en carrière.
Il n’était pas surprenant de voir autant de nouveaux visages du côté de la WTA. Roland-Garros est toujours un tournoi particulièrement ouvert, où beaucoup de joueuses moins bien classées arrivent à tirer leur épingle du jeu. Le meilleur exemple est la performance d’Iga Świątek l’an dernier, elle qui en était seulement à sa deuxième participation aux Internationaux de France et qui a remporté le tournoi sans perdre une seule manche. Elle était d’ailleurs devenue la septième championne différente de suite. Un contraste assez frappant avec le côté des hommes, où Nadal a remporté cinq tournois au cours de cette même période.
Du côté des hommes, il est intéressant de noter que sept des huit quarts de finalistes étaient des membres du top 10 de l’ATP, mais qui, encore à l’exception de Djokovic et Nadal, n’avaient jamais vraiment connu de succès sur la terre battue française. Stéfanos Tsitsipás et Diego Schwartzman avaient atteint les demi-finales l’an dernier, mais il s’agit des seuls résultats marquants de ce groupe dans les dernières années.
Djokovic renverse encore la vapeur
La finale masculine consistait donc en un choc des générations entre Novak Djokovic et Stéfanos Tsitsipás. Après une première manche chaudement disputée qui aura nécessité le bris d’égalité, Tsitsipás a réussi à remporter le second set avec brio pour prendre les devants 2-0 dans la rencontre. Il a cependant appris à la dure qu’il ne faut jamais compter le Serbe vaincu avant d’entendre les mots « jeu, set et match ». Djokovic a donc fait ce qu’il fait de mieux et est revenu de l’arrière avec aplomb, remportant les manches trois et quatre sans trop de difficulté pour ainsi forcer la tenue d’une manche ultime. À ce point, il était trop tard pour Tsitsipás, qui n’arrivait plus à suivre la cadence imposée par Djokovic, qui était carrément à un autre niveau. La manche finale fut remportée par le numéro un mondial au compte de 6-4.
À 34 ans, Djokivic disputait sa 29e finale d’un tournoi du Grand Chelem et sa 6e à Roland-Garros. Le Serbe avait réussi l’impossible en éliminant Nadal en demi-finale grâce à une performance absolument parfaite et un gain de 3-6, 6-3, 7-6 et 6-2. Le numéro un mondial a ainsi pu prendre sa revanche sur son grand rival, alors que la finale du tournoi de l’an dernier avait opposé les deux joueurs et Nadal s’était imposé plutôt aisément.
De son côté, Tsitsipás en était à sa première apparition en finale d’un tournoi majeur en carrière. 12 ans plus jeune que Djokovic, il accumule cependant les bons résultats depuis quelque temps, alors qu’il s’agissait du troisième tournoi majeur consécutif où il atteignait les demi-finales. Le Grec a dû trimer beaucoup plus dur que Djokovic lors de son parcours vers la finale. En effet, Tsitsipás s’est mesuré coup sur coup à Pablo Carreño Busta, Daniil Medvedev et Alexander Zverev, tous des membres du top 15 de l’ATP. Son match de demi-finale contre Zverev aura été particulièrement demandant alors que les cinq manches ont été nécessaires pour finalement se conclure par la marque de 6-3, 6-3, 4-6, 4-6 et 6-3.
Novak Djokovic met donc la main sur son 19e titre majeur en carrière, un seul de moins que le record de 20 qui est présentement codétenu par Nadal et Roger Federer. Il s’agit toutefois seulement de son deuxième sacre à Roland-Garros, ce qui le place néanmoins au deuxième rang chez les joueurs actifs, derrière les 13 titres de Nadal.
Krejčíková réussit le doublé
Si vous ne vous intéressez pas au tennis en double, il est très possible que le nom de Barbora Krejčíková vous fût entièrement inconnu avant la semaine dernière. La Tchèque classée septième raquette mondiale en double n’avait jamais vraiment cassé quoi que ce soit en simple alors qu’elle n’avait dépassé la deuxième ronde d’un tournoi majeur ou d’un Masters 1000 qu’à une seule occasion avant 2021. Elle a toutefois débuté son éclosion cette saison, notamment en atteignant la finale de l’Open de Dubaï en mars dernier et en remportant les Internationaux de Strasbourg une semaine avant le début de Roland-Garros.
À l’inverse cependant, si vous êtes amoureux du double, alors vous savez assurément de qui il est question. Avec plusieurs présences en demi-finales lors des tournois majeurs, huit titres en carrière et une saison 2018 lors de laquelle elle a remporté Roland-Garros et Wimbledon en plus de conclure la campagne au premier rang mondial ont contribué à faire de Krejčíková une des favorites lors de chaque évènement. Sa compatriote Kateřina Siniaková et elle étaient d’ailleurs deuxième tête de série à Roland-Garros cette année.
La Tchèque s’est cependant imposée sur les deux scènes lors des dernières semaines, en atteignant la finale du simple et du double. Son parcours en simple l’a opposée à plusieurs grosses pointures de la WTA, notamment la cinquième tête de série Elina Svitolina au troisième tour et l’ex-championne du US Open Sloane Stephens au tour suivant. Krejčíková a cependant performé de manière presque parfaite en muselant complètement ses adversaires. Une victoire de 6-3 et 6-2 face à Svitolina et une autre de 6-2 et 6-0 aux dépens de Stephens lui ont permis d’avancer aux quarts de finale, où l’opposition a commencé à se faire plus forte. D’abord, une rencontre avec la jeune Américaine Coco Gauff, où Krejčíková a accordé plus de trois jeux à son adversaire lors d’une même manche pour la première fois depuis le premier tour, nécessitant ainsi le bris d’égalité pour remporter la première manche avant de mettre la main sur la deuxième par le compte de 6-3.
C’est ainsi un match face à la Grecque María Sákkari, tombeuse d’Iga Świątek, qui l’attendait en demi-finale. Ce match, qui s’est conclu par la marque de 7-5, 4-6 et 9-7 en faveur de la Tchèque aura été LE match du tournoi, tant chez les hommes que chez les femmes. Les deux joueuses de puissance ont démontré tout leur savoir-faire et ont puisé dans leur réserve pour offrir tout un spectacle aux partisans. La finale opposait Krejčíková à la Russe Anastasia Pavlyuchenkova, qui en était à une première finale après 52 apparitions en tournois du Grand Chelem, un record de l’ère Open. La finale était on ne peut plus égale, mais c’est Krejčíková qui s’est imposée 6-1, 2-6 et 6-4 grâce à de superbes coups et une rapidité supérieure à celle de son adversaire lors de la troisième manche. Krejčíková devient ainsi la huitième championne différente consécutive et la sixième consécutive à remporter un premier titre à Roland-Garros (Maria Sharapova, en 2014, et Serena Williams, en 2015, avaient déjà remporté le tournoi auparavant).
La quête pour l’histoire ne s’arrêtait cependant pas là pour la Tchèque puisqu’elle se retrouvait également en finale du double féminin, où Kateřina Siniaková et elle affrontaient Bethanie Mattek-Sands et… Iga Świątek! Nous avions donc droit à une finale du double qui opposait les championnes en simple de 2020 et de 2021. Avec un gain de 6-4 et 6-2, les Tchèques ont eu le dessus et Krejčíková est devenue la première joueuse depuis Serena Williams, en 2016, à remporter le titre en simple et en double lors du même tournoi majeur. Elle est également devenue la première à réaliser l’exploit à Roland-Garros depuis Mary Pierce, en 2000.
Roland-Garros 2021 aura donc été l’une des éditions les plus divertissantes depuis longtemps et met fin de brillante façon à la saison de terre battue. Les joueurs et les joueuses de l’ATP et de la WTA débutent maintenant la très courte mais très attendue saison de gazon, qui se conclura également par un tournoi majeur, soit Wimbledon, qui effectue un retour au calendrier après son annulation l’an dernier.