Patrice Brisebois : La fierté bleu-blanc-rouge pour toujours
S’il y a un ancien hockeyeur sympathique, inspirant et qui a toujours eu la flamme du flambeau porté par le Club de hockey Canadien, c’est bien Patrice Brisebois. Ayant joué 1009 matchs dans la Ligue nationale de hockey, le natif de Saint-Michel, quartier défavorisé de Montréal, a été sélectionné en deuxième ronde lors du repêchage de 1989 et a remporté la Coupe Stanley en 1993.
Avec ses 371 points (87 buts et 284 passes) en 896 matchs dans l’uniforme bleu-blanc-rouge, le vénérable ancien défenseur figure au sixième rang des pointeurs chez les défenseurs dans l’histoire des Canadiens de Montréal. Brisebois a également joué deux saisons avec l’Avalanche du Colorado.
Un marché si passionnant, mais exigeant
L’ex-numéro 43 des Canadiens était présent au Centre Bell lors des matchs 3 et 4 contre les Jets de Winnipeg. D’ailleurs, lors du match décisif, le CH l’avait invité avec Guy Carbonneau, Vincent Damphousse, Chris Nilan et Mario Tremblay. Ce fut une agréable soirée pour Brisebois, qui était heureux de retrouver les autres anciens porte-couleurs du Tricolore. Ils étaient dans la loge voisine à celle du propriétaire Geoff Molson.
Patrice Brisebois a vécu une situation hors de l’ordinaire à sa sortie de l’édifice. Une marée de partisans s’est ruée vers son véhicule pour l’acclamer. « Ma copine et moi avons quitté le Centre Bell vers minuit. Le match était quand même autour des 20 heures et il y avait beaucoup de gens dans les rues. Tout d’un coup, ils m’ont reconnu et se sont mis à crier mon nom! J’ai un peu paniqué parce que je suis un peu claustrophobe, raconte-t-il. Je me suis dit « Tabarouette! Quand est-ce que ça va arrêter?! » ! C’est l’fun. C’est une belle marque de reconnaissance. L’amour des partisans pour les anciens ou les joueurs actuels, c’est fantastique. »
L’ancien prolifique défenseur aime les particularités d’un marché comme celui de Montréal. « Dans la vie, on ne peut pas plaire à tout le monde. Le plus important est de bien jouer pour les gens qui t’aiment, pour qu’ils t’apprécient. La critique n’est jamais facile, parce qu’elle blesse et que ce sont souvent les amis et la famille qui en sont les plus grandes victimes. Si la cuisine est trop chaude, ne deviens pas cuisinier. Si tu gagnes trois matchs, tu gagnes la Coupe, et si tu perds trois matchs, tout le monde est échangé. C’est ça Montréal, mais il reste que c’est le plus bel endroit où jouer », insiste-t-il.
Brisebois adorerait que son ancienne équipe remporte une 25e Coupe Stanley. « Au Canada, on est dû pour une Coupe. Ça fait 28 ans! À Montréal, on est surtout dû parce qu’on a les meilleurs fans au monde. Depuis le dernier championnat, l’amphithéâtre a toujours été plein. Les partisans méritent une autre Coupe Stanley. Ils ont assez attendu », laisse entendre celui qui a accroché ses patins en 2009. Il apprécie d’ailleurs la façon dont le CH joue depuis le début des séries. Selon lui, il y a des similitudes entre l’équipe actuelle et celle de l’édition 1993, celle de la dernière coupe Stanley. À ses yeux, la principale ressemblance est le travail acharné et uni de tous les membres de la formation : « Tout le monde sait quoi faire et l’accomplit bien. L’équipe joue tellement bien et respecte son système de jeu. C’est vraiment une équipe soudée, comme celle avec laquelle j’ai gagné la Coupe Stanley. Je n’ai pas peur de dire « Montréal en 6 » contre les Golden Knights! »
D’ailleurs, le champion de la Coupe Stanley en 1993 mentionne que le DJ du Centre Bell a fait jouer la chanson fétiche de la dernière conquête du championnat par le CH, soit Nothing’s Gonna Stop Us Now de Starship. Il raconte que Jacques Demers, entraîneur-chef à ce moment-là, faisait jouer cette chanson dans le vestiaire avant chaque match en séries et que cela a porté chance à sa troupe. Sait-on jamais, peut-être que la pièce musicale sera un porte-bonheur pour la troupe de Dominique Ducharme…
Le joueur qui n’aurait jamais dû quitter Montréal
L’homme âgé de 50 ans affirme que son repêchage a été un moment marquant pour lui. Tous les efforts de sa jeune carrière étaient alors récompensés. D’ailleurs, il mentionne un fait assez spécial de sa cohorte : « Je regarde mon repêchage et il n’y a qu’un seul défenseur qui a eu plus de points que moi, l’extraordinaire Nicklas Lidström! Ça doit être pas pire mon affaire. » Bien sûr, l’ex-numéro 71 aborde ceci en rigolant. Il est fier de sa carrière puisqu’il ne l’a pas eu facile, mais il a réussi. Ce dernier se rappelle d’ailleurs de son premier camp d’entraînement avec les Canadiens.
« J’arrive au Forum de Montréal et il y a un certain Jean Béliveau devant moi qui me souhaite la bienvenue dans l’organisation et qui me dit de ne pas lâcher. Je n’oublierai jamais ça », révèle Brisebois. Il se souvient aussi qu’à sa première journée, le CH lui a attribué le numéro 19, l’ancien de Larry Robinson, un homme que Brisebois considère comme une idole de jeunesse et un homme d’une grande classe. Le lendemain, une surprise attendait Brisebois : un chandail avec le numéro 43, celui qu’il portera pendant son premier séjour à Montréal. Il se rappelle aussi de lorsqu’il est arrivé en retard à un entraînement : « Ma copine, dans le temps, étudiait au cégep et quittait la maison plus tôt que moi. Ce matin-là, elle avait oublié de changer l’heure du cadran pour mon réveil. Sa mère vient cogner à la porte de ma chambre et il est 10 h 30, l’heure de l’entraînement! J’arrive à l’aréna et l’entraîneur Pat Burns me demande de le voir à son bureau. Il me dit : « C’est quoi cette affaire-là, tu habites avec ta blonde. Tu vas devoir payer une amende… Tu t’en vas dans les mineurs! ». Ça m’a coûté cher en perte de salaire. »
Un autre fait marquant de sa carrière est le contrat d’une valeur de 17 millions sur quatre ans qu’il a signé au début des années 2000. Une entente qui n’a pas fait l’unanimité. C’était d’ailleurs le plus lucratif contrat signé dans l’histoire de l’équipe à cette époque-là : « J’ai grandi dans la pauvreté à Saint-Michel. Je n’ai jamais rien manqué, mais je n’ai jamais eu d’extra. Je n’ai jamais voyagé ou quoi que ce soit. C’était une fierté pour moi parce que je voulais jouer toute ma carrière à Montréal et j’avais réussi à signer un gros contrat. Par contre, ç’a été quelque chose qui a chambardé ma carrière. » Rappelons que les critiques furent nombreuses et que Patrice avait souffert d’une dépression. Les partisans le huaient chaque fois qu’il touchait la rondelle. Même le directeur général, Bob Gainey, a dû intervenir pour que le tout cesse. Patrice a, par la suite, quitté Montréal pour se retrouver dans l’uniforme de l’Avalanche du Colorado en 2005, et ce, pour deux ans.
En 2007, il revient dans le giron du CH : « Pendant l’été 2007, Bob Gainey a appelé mon agent. Il a voulu me ramener dans l’organisation. Il croyait en moi. Les gens se sont questionnés sur les raisons pour lesquelles je voulais revenir à Montréal. Ma réponse est simple : c’est parce que je n’aurais jamais dû partir. » Brisebois aura pu jouer son 1000e match en carrière dans l’uniforme des Canadiens le 14 mars 2009, contre les Devils du New Jersey, au Centre Bell. Il a reçu un bâton en verre des mains du légendaire Henri Richard, gagnant de 11 Coupes Stanley.
L’implication communautaire : une priorité pour Breezer
Patrice Brisebois a remporté le trophée Jean-Béliveau, pour son impact dans la communauté, lors de l’année de sa retraite, soit en 2009. Une distinction qu’il n’oubliera jamais. « M. Béliveau a été, pour moi, une idole, autant pour sa carrière de hockeyeur que pour la personne qu’il était. Quand on parle d’un gentleman du hockey, on pense à lui parce que jamais de mauvais commentaires lui ont été attribués. Sa prestance était remarquable. Ce fut un honneur extraordinaire de remporter son trophée. Les médias et les partisans ne savent pas ce qui se passe dans la vie personnelle des athlètes. Quand j’étais joueur, je me suis beaucoup impliqué auprès de la communauté, et je le fais encore aujourd’hui parce que ça me fait grandement plaisir. Ç’a été une belle marque de reconnaissance. »
Patrice Brisebois est l’exemple parfait d’un joueur québécois qui a toujours joué avec énormément de fierté et qui arbore toujours son uniforme, alors qu’avant la pandémie, il faisait régulièrement des tournées avec les anciens Canadiens pour des œuvres de charité.