Thomas Bordeleau : « La question, ce n’est pas si je pourrais signer, c’est si je pourrais performer »
Plus récent récipiendaire des trophées du meilleur joueur de première année de la conférence Big Ten et de toute la division I de la NCAA, le Québécois Thomas Bordeleau n’est pas prêt à s’avancer sur le moment de son arrivée dans les rangs professionnels. Si ses statistiques lui permettraient sans doute de « faire le saut quand [il] le voudrai[t] », le jeune homme de 19 ans considère encore devoir polir certains aspects de son jeu.
Rejoint par visioconférence, Thomas Bordeleau est revenu sur sa première saison dans l’uniforme des Wolverines de l’Université du Michigan, laissant entendre un certain mécontentement. Un mécontentement qui touche autant le joueur que son équipe.
La constance avant tout
Ayant comptabilisé 30 points, dont huit buts, en 24 matchs cette saison, le choix de deuxième ronde des Sharks de San José en 2020 a terminé au premier rang des pointeurs parmi les joueurs de première année dans la NCAA. Et pourtant, il pourrait s’agir d’un simple avant-goût de son talent, car il croit qu’il « aurai[t] pu faire encore mieux, amener plus de constance ».
Certes, Bordeleau n’a connu que cinq matchs sans point en 2020-2021. Ainsi, sa constance n’est peut-être pas son plus grave problème. Pour lui, cependant, il en va de beaucoup plus que de son effort général en match. Le numéro 34 des Wolverines s’est trouvé « passif » lors de certaines présences, regardant le jeu au lieu d’y participer. Chaque fois qu’il posera les patins sur une patinoire lors de la prochaine campagne, Thomas Bordeleau aspire à être une menace. Il souhaite « dominer », rien de moins.
« C’est sûr que j’ai eu une bonne saison cette année, mais je me mets des attentes très hautes pour l’année prochaine [..] La question, ce n’est pas si je pourrais signer [avec les Sharks], c’est si je pourrais performer et amener mon jeu au prochain niveau », a expliqué Bordeleau. Pour l’instant, il n’en semble pas convaincu.
Afin d’y arriver, le Terrebonnien d’origine peut néanmoins compter sur l’aide de l’entraîneur au développement des attaquants des Predators de Nashville, son père, Sébastien. Ancien centre de la formation du Tennessee et des Canadiens de Montréal, notamment, ce dernier est et a toujours été présent pour le conseiller. Du temps passé avec son fils sur la glace aux discussions avec lui après presque chaque partie, Sébastien Bordeleau guide Thomas dans toutes les étapes de sa carrière. Se rapprochant de plus en plus des grandes ligues, Thomas Bordeleau « lui en doi[t] beaucoup ». « C’est vraiment un avantage de l’avoir avec moi. C’est un avantage dont je suis conscient que j’ai eu en grandissant que certains n’auront peut-être pas eu », a-t-il déclaré.
C’est sa job. Il y a du monde qui paye pour qu’il donne des conseils. Moi, c’est mon père, donc j’essaie d’apprendre le plus que je peux dans tout ça.
Thomas Bordeleau
Une expulsion qui passe difficilement
Bien entendu, Thomas Bordeleau est content que le Big Ten et la NCAA aient choisi de récompenser ses efforts cette saison. « Du bonbon » à ses yeux. Gageons qu’il chérira ces prix, dont la signification est très grande pour un joueur en plein développement.
Toutefois, ces deux trophées ne sont pas ceux que le centre de 5 pieds 10 pouces et 175 livres avait en ligne de mire lorsqu’il s’est enrôlé avec UM. Sélectionnée pour participer au tournoi de la NCAA, l’équipe de hockey de l’Université du Michigan, qui compte le plus grand nombre de titres nationaux, avait la chance de s’imposer à nouveau comme la meilleure formation collégiale des États-Unis à partir du 26 mars. Sauf que, à la hauteur de sa réputation, la COVID-19 est venue chambouler les plans de la troupe de Mel Pearson. À quelques heures de leur premier affrontement, contre les Bulldogs de Minnesota-Duluth, Bordeleau et ses coéquipiers ont appris qu’ils étaient expulsés du tournoi en raison de cas positifs au sein de leur groupe. Une véritable gifle au visage des joueurs.
« C’était dur. C’était vraiment dur […] On se prépare toute la saison pour des moments comme ceux-là », a confié Bordeleau. Il avoue avoir une pensée spéciale et une certaine tristesse pour les joueurs de dernière année, qui achèvent leur parcours universitaire sans avoir eu la chance de vivre ou de revivre la frénésie de ces grands moments du sport. La pilule n’est que plus difficile à avaler après l’annulation de l’édition 2020 du tournoi, en conséquence des débuts de la pandémie.
Il reste que, tout compte fait, Thomas Bordeleau se considère chanceux d’avoir pu jouer dans les circonstances actuelles. Essayant de voir le positif dans sa situation, il se rappelle qu’il « a eu la chance de jouer une trentaine de matchs » pendant que d’autre ligues ont tout simplement laissé tomber leur campagne 2020-2021. De toute façon, le tournoi de la Coupe Memorial ayant été annulé mardi, il aurait dû faire face à la même frustration s’il avait évolué dans une des trois ligues juniors canadiennes.
Que de bons mots pour Beniers, Power et Johnson
Questionné sur ses coéquipiers Matthew Beniers, Owen Power et Kent Johnson, dont les noms pourraient être appelés parmi les dix premiers au prochain repêchage de la Ligue nationale de hockey, Thomas Bordeleau a voulu mettre l’accent sur la belle personnalité de ces jeunes joueurs, un aspect toujours très important pour la haute direction des équipes de la LNH.
D’après lui, les organisations n’auront pas à se soucier du maintien de leur réputation en repêchant Beniers, Power ou Johnson. « En dehors de la glace, ce sont tous des chums et je ne pense pas qu’ils seraient mes amis s’ils n’avaient pas des bonnes valeurs », a affirmé Bordeleau.
Ce sont vraiment de bonnes personnes. Ils ont le cœur à la bonne place et ils ont une tête sur les épaules.
Thomas Bordeleau
En ce qui concerne leur style sur la patinoire, Thomas Bordeleau leur accole tous la même qualité : ils sont « intelligents ». Le défenseur Owen Power utilise bien son gabarit pour s’imposer dans les trois zones de la glace, lui qui fait déjà 6 pieds 5 pouces et 211 livres à 18 ans. Il aime appuyer l’attaque et y excelle.
Pour Matthew Beniers, cette intelligence se perçoit surtout par sa responsabilité avec et sans la rondelle. Excellent dans sa zone et « très explosif », l’attaquant de 6 pieds 1 pouce et 168 livres est toujours prêt à mettre en place une contre-attaque. À l’image de Kent Johnson, qui évolue également à l’attaque, il lit très bien le jeu et est hautement talentueux. Par ailleurs, Bordeleau note les mains de Johnson, qui a, à son avis, « beaucoup de potentiel » malgré qu’il soit classé plus bas que ses deux coéquipiers en vue de la séance de sélection du 23 juillet.