Van der Poel maître de l’Enfer du Nord

Mathieu Van der Poel a terminé la course avec 1 minute et 18 secondes d’avances sur son plus proche adversaire. Mention photo: Compte X @hautsdefrance

Des chutes, des crevaisons, des pavés, c’est ça l’Enfer du Nord et, comme les deux dernières années, c’est Mathieu Van der Poel qui s’impose. Le néerlandais s’est imposé devant le Slovène, Tadej Pogacar.

Paris-Roubaix c’est avant tout des pavés et des hommes, c’est un face-à-face avec soi-même long de 260 km, dont 50 km de secteurs pavés. Il n’y avait qu’à voir le visage marqué des coureurs au moment de leur arrivée sur le vélodrome André Pétrieux.

C’est Mads Pedersen (Lidl-Trek), plein de panache, qui avait le premier lancé les hostilités dans le secteur pavé entre Haveluy et Wallers à 104 km de l’arrivée.

Mais l’Enfer du Nord étant l’Enfer du Nord, c’est dans la mythique trouée d’Arenberg que le champion du monde, Tadej Pogacar (UAE Team Emirates-XRG) a fait parler sa fougue avec une attaque cinglante qui a désossé le peloton déjà mis à mal par l’impitoyable Arenberg n’épargnant personne, ni les coureurs, ni le matériel.

Sur ce long chemin de croix qu’est Roubaix, c’est Mathieu Van der Poel qui a scellé le destin de la course avec une accélération franche à 89 km de l’arrivée qui voit un groupe de quatre coureurs le suivre.

Le premier coureur de ce club des cinq à subir le courroux de l’Enfer du Nord est Mads Pedersen. Si le Danois semblait en forme étincelante, il n’a pas pu éviter la crevaison fatidique qui l’a touché à 69 km de l’arrivée alors que l’insatiable Pogacar attaquait. Stephan Bissegger est le deuxième à subir, mais pas d’intervention divine pour sa part, c’est juste le rythme imposé par le slovène qui était trop fort, le Suisse n’a pas pu suivre.

Le club des cinq, c’est alors transformé en trio, c’est comme ça Roubaix, c’est un écrémage constant, et à la fin c’est toujours le plus fort qui gagne, ou du moins le plus frais. À 64 km de l’arrivée, ils étaient trois devants, l’ogre slovène Tadej Pogacar, le néerlandais volant, Mathieu Van der Poel et la fusée belge, Jasper Philipsen. Cependant le désavantage est flagrant pour Pogacar, car Philipsen et Van der Poel font partie de la même formation.

Mons en Pévèle, le deuxième de ces trois secteurs cinq étoiles (les secteurs cinq étoiles sont les secteurs pavés les plus durs de Paris-Roubaix, le premier est la trouée d’Arenberg, le deuxième Mons en Pévèle et le dernier le Carrefour de l’Arbre), est venu sceller le sort d’un des membres de ce trio ; et c’est au tour de Philipsen de connaître la fureur des dieux de Roubaix, incapable de suivre l’accélération de son coéquipier Mathieu Van der Poel. L’Enfer du Nord c’est aussi ça, des choix difficiles, car à la fin il n’en restera qu’un.

Alors qu’un duel au sommet s’était installé entre Tadej Pogacar et Mathieu Van der Poel, le courroux de l’Enfer du Nord a encore frappé, et c’est Tadej Pogacar qui en a subi les foudres. Après avoir attaqué dans le secteur pavé de Pont-Thibaut à Ennevelin, le slovène est arrivé trop vite dans un virage et est tombé. Mathieu Van der Poel avec son expérience du cyclo-cross, est parvenu à éviter la chute et s’est envolé seul en tête.

À la suite de sa chute, Pogacar est reparti avec 20 secondes de retard sur Van der Poel, si le slovène est parvenu à revenir à 15 s de celui-ci, l’expérience du néerlandais a eu raison de l’inexpérience du slovène sur Paris-Roubaix (première participation pour Pogacar chez les professionnels) et est parvenu à creuser l’écart.

Quand les jambes sont lourdes et qu’il ne reste que le mental, certaines décisions prises par manque de lucidité peuvent coûter cher. Tadej Pogacar avec un autre changement de vélo suite à une crevaison à 20 km de l’arrivée, a définitivement scellé ses chances de victoire.

Mais la fureur des dieux de Roubaix n’était pas atténuée pour autant et Mathieu Van der Poel en a fait l’expérience à 15 km de l’arrivée sur le secteur pavé du Carrefour de l’Arbre avec une crevaison. Cependant, tout en lucidité, le néerlandais a rapidement changé de vélo.

Derrière lui, les kilomètres semblent difficiles pour le champion du monde. Lui qui avait feint de s’être mis dans le rouge après la trouée d’Arenberg ne feint plus, tant les grimaces sur son visage sont éloquentes.

Après 260 km d’enfer, de douleur et de sacrifice et d’humilité, un seul peut être désigné vainqueur, et en 2025 c’est Mathieu Van der Poel qui a été le plus fort, l’élu des dieux de la reine des classiques pour la troisième année d’affilée. Il passe finalement la ligne avec 1 min 18 s d’avance sur Tadej Pogacar, deuxième.

Mads Pedersen s’adjuge la troisième place au sprint devant Wout Van Aert (Visma lease a bike) et Florian Vermeersch (UAE Team Emirates-XRG).

Les dieux de Roubaix devront attendre 2026 pour refaire subir leur courroux sur ces pauvres âmes esseulées qui viendront encore essayer de vaincre cet Enfer du Nord qui fait rêver tant par son prestige que par sa difficulté.

Kilian Beauchesne

Kilian est passionné de sport depuis son plus jeune âge. Il a pratiqué de nombreux sports dans vie, mais porte depuis son enfance un grand intérêt pour le cyclisme, n'hésitant pas à passer des heures devant sa télévision pour regarder des courses cyclistes. Il a aussi, depuis peu, un attrait pour l'alpinisme et les sports de hautes montagnes, qu'il pratique à côté du cyclisme.

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