Revenir à la base
Défaits 112-94 dans le premier match de leur série de deuxième tour contre les Celtics de Boston, les Raptors de Toronto n’avaient rien de la formation qui a remporté le trophée Larry O’Brien l’an dernier. Sa troupe déclassée sur plusieurs points, l’entraîneur-chef, Nick Nurse, devra revoir sa stratégie s’il ne veut pas être témoin d’une seconde déroute. Devant une formation préparée à leur faire payer chacune de leurs erreurs, les Raptors devront simplifier leur jeu, en révisant certaines bases qui ont fait leur succès cette saison.
Calmer le jeu
Après avoir laissé les Celtics prendre une avance importante dans les premières minutes de la rencontre, les Raptors n’ont jamais été en mesure de revenir de l’arrière. Et ce n’est pas par manque de vouloir. Toronto a fait sentir sa présence en attaque, mais, face à la meilleure défensive des séries éliminatoires (100,5 points en moyenne par match), ses meilleurs éléments ont été incapables de capitaliser, autant à l’intérieur qu’à l’extérieur du demi-cercle.
Jouant du basketball de rattrapage, l’attaque des Raptors s’est alors tournée vers son jeu en transition pour percer l’excellente défense de ses rivaux, et ainsi revenir de l’arrière le plus rapidement possible. Une stratégie prévisible, à laquelle les Bostoniens étaient bien préparés. Les joueurs des Celtics, qui ont pratiqué une défensive de zone au lieu du traditionnel système « homme à homme », n’ont pas perdu de temps à courir après leur homologue démarqué. Ils se sont plutôt repliés pour ériger un mur autour de leur panier. Résultat : très peu de chances de marquer en contre-attaque pour les Raptors, qui ont terminé la rencontre avec 7 points dans cette situation, soit 11 de moins que leur moyenne cette saison.
Cela dit, Toronto gagnerait certainement à prendre son temps. En conférence de presse, après le match, l’entraîneur-chef des Celtics, Brad Stevens, a confirmé qu’il continuera de travailler sur la transition défensive de ses joueurs, qui ne devrait donc que s’améliorer au courant de la série : « On l’a fait toute l’année, mais on doit [y] porter une grande importance, car je crois qu’on a donné beaucoup plus que 7 [points en contre-attaque]. »
Ça pourrait certainement être mieux. Déjà, en arrivant dans le match, tu ne peux pas donner à ces gars-là des jeux en transition qui leur font gagner de l’énergie et du momentum, puis qui les envoient à la ligne de lancers francs.
Marcus Smart, arrière des Celtics de Boston.
Créer des ouvertures
Pour créer une brèche dans le bloc défensif de Boston, il faudra le décortiquer. C’est donc dire que les Lowry et VanVleet doivent continuer de faire tourner le ballon, comme ils l’ont bien fait dans le match et tout au long de la saison. Pascal Siakam pourrait, quant à lui, leur apporter une aide salutaire.
À moins d’un changement de tactique chez les Celtics, le Camerounais devra accepter d’avoir un rôle offensif moins important dans cette série. Boston fait la loi à proximité de son panier. Siakam pourrait donc avoir beaucoup de difficulté à compléter les jeux, au grand désarroi de Nick Nurse, qui a établi sa stratégie offensive autour de lui. L’intérieur de 6 pieds 9 pouces peut cependant être le point de départ de l’attaque.
Avec la défense sur le dos, Pascal Siakam a trop souvent tenté de tout faire lui-même, au lieu de rejoindre ses coéquipiers laissés seuls. En améliorant sa prise de décisions et en adoptant une vision collective, celui-ci pourrait devenir un des meilleurs fabricants de jeu de sa formation, et donc faire une réelle différence dans ce clash défensif.
Son travail sur le dernier panier du match de Fred VanVleet est un bon exemple de ce qu’il faudra voir plus souvent de sa part. En attirant quatre joueurs adverses sur lui, il laisse Anunoby, Powell et VanVleet complètement libres à la ligne des trois points. Il envoie finalement le ballon à ce dernier qui complète.
Contrôler l’extérieur
Après avoir affiché la meilleure moyenne de points de leur jeune carrière en séries éliminatoires face aux Nets, Pascal Siakam et Fred VanVleet ont offert une performance inquiétante dans le premier match de la deuxième ronde. Marquant respectivement sur 12,5% et 14,3% de leurs tirs en première demie, ils ont terminé la rencontre avec des pourcentages d’efficacité de 31,25% et 18,75%.
Si ces joueurs n’ont jamais trouvé leur rythme au cours de l’affrontement, alors comment se fait-il qu’ils aient terminé celui-ci à égalité pour le plus grand nombre de tirs tentés chez les Raptors, avec 16 chacun? Pour Siakam, la question reste sans réponse. Les décisions de Steady Freddy sont, quant à elles, un peu plus compréhensibles, lui qui a fait l’objet d’un marquage assez laxiste.
Défendant l’intérieur du demi-cercle à cinq, les joueurs des Celtics ont souvent laissé de l’espace à la ligne des trois points, forçant leurs adversaires à tenter leur chance à distance. Une stratégie qui aurait pu s’avérer coûteuse pour les hommes de Brad Stevens, les Raptors ayant terminé la saison au cinquième rang de la ligue en termes d’efficacité sur les tirs à trois points, mais qui a finalement rapporté gros. VanVleet méconnaissable de l’extérieur, ratant neuf de ses onze tentatives, la défense de Boston a pu se concentrer à maîtriser la plus grande menace des Raptors en attaque, Pascal Siakam.
Malgré une performance en deçà des attentes de la part de Fred VanVleet, qui a mené l’équipe à la ligne des trois points tout au long de la saison, les joueurs torontois doivent continuer d’exploiter cette zone, qui leur est donnée par les Celtics. C’est ce que l’ailier fort Serge Ibaka a compris, décochant sept de ses dix tirs de l’extérieur, pour trois paniers. Affichant une efficacité de près de 40% sur les tirs à trois points cette saison, O.G Anunoby et Norman Powell sont également des options intéressantes à distance.
Contrôler l’extérieur, ça signifie également de ne pas laisser l’adversaire le prendre. Ayant terminé la saison régulière avec les meilleures statistiques de la ligue en défense extérieure, limitant leurs opposants à un pourcentage de conversion de 33,7% en moyenne, les Raptors ont été coulés par l’efficacité des Celtics, qui ont marqué 51 points du centre-ville, soit 12 de plus que ce qu’accorde normalement Toronto.
Boston compte sur Jayson Tatum, Kemba Walker et Jaylen Brown qui jouent très bien depuis le début des séries, moyennant tous plus de 40% d’efficacité sur les tirs (50% pour Walker). Bien qu’ils excellent pour se créer des ouvertures, les Raptors devront être dans les pattes de ces trois joueurs tout au long de la série, eux qui continueront de leur faire mal avec autant d’espace pour manœuvrer. Ils comptent à eux seuls 21 des 39 paniers des Celtics.