Le CF Montréal est plus que satisfaisant

Après avoir battu Chicago ce samedi, le CF Montréal entame le dernier droit de la saison avec beaucoup d’ambitions.
Photo : Chaos Soccer Gear |Unsplash

Selon le dictionnaire Larousse, le mot satisfaisant signifie : Qui satisfait, est conforme à ce qui était attendu. Cette saison, le CF Montréal performe de façon plus que satisfaisante, jusqu’à maintenant en MLS. Il s’agit fort probablement de la meilleure édition du bleu blanc noir depuis leur arrivée dans cette ligue en 2012.

Un tas de choses vont très bien chez le CF Montréal, notamment au classement. En effet, en 27 parties, le XI montréalais possède 49 points et figure au 2e rang du classement de l’association de l’Est. Cet emplacement à ce stade-ci de la saison était inattendu par la plupart des experts. Obtenir une place en séries éliminatoires n’était pas utopique, mais pas de là à figurer au second échelon de l’Est avec 7 matchs à faire à la saison.

Une offensive bien rodée

Au niveau de l’attaque, l’Hondurien Romell Quioto est en grande forme, lui qui a enregistré 15 buts et 4 passes décisives en 25 matchs cette saison. Celui-ci est très remuant dans la moitié adverse, de par ses courses, il offre souvent de bonnes options à ses partenaires et facilite ainsi les percées offensives. Efficace en pression, « El Romantico » peut aussi remplir le rôle du distributeur lorsque nécessaire. Mais l’aspect le plus important à retenir ; c’est sa redoutable finition qui se porte à merveille comme le montre ses 15 buts, son meilleur résultat en carrière.

Mis à part Quioto, le tiers offensif de l’équipe de Wilfrid Nancy est bien diversifiée. D’abord, l’Américain Djordje Mihailovic ; vendu au club néerlandais AZ Alkmaar mercredi dernier (plus gros transfert du club), connaît une saison correcte jusqu’à maintenant avec ses 7 buts et 4 passes décisives en 21 matchs. À vrai dire, avant sa blessure à la fin du mois de mai, son jeu et ses statistiques se portaient très bien.

Depuis son retour au jeu, à la mi-juillet, le joueur de 23 ans est très discret sur la feuille de match. Or, les derniers matchs sont encourageants dans son cas, il a offert plusieurs beaux gestes qui ont mené à des occasions de marquer et on revoit tranquillement réapparaître ses étincelles de début de saison. Avant le début de celle-ci, l’Américain était considéré comme le joueur clef de l’équipe. Il ne lui reste que la fin de la saison (et très probablement les séries) pour le prouver, car Mihailovic rejoindra officiellement Alkmaar le 1er janvier seulement. Il sera intéressant de voir s’il pourra jouer un rôle prépondérant pour le restant de la campagne.

Même si Mihailovic n’est pas à son meilleur présentement, l’attaque produit très bien sans son aide. Outre Quioto et lui, le bon vieux Kei Kamara est un excellent élément de profondeur avec ses 5 buts et 5 passes décisives. Mason Toye, Joaquin Torres et Lassi Lappalainen peuvent aussi apporter leur lot d’offensive. Cependant, ce qu’il y a de plus impressionnant, c’est l’apport offensif de la défense qui a inscrit pas moins de neuf buts disséminés sur cinq défenseurs, Joel Waterman avec trois réussites pointe en tête de liste. L’attaque montréalaise se situe d’ailleurs au 4e rang de la MLS (à égalité avec le NYCFC).

Un milieu de terrain solide et versatile

Le Kényan Victor Wanyama et le Québécois Samuel Piette assurent la stabilité du milieu de terrain en s’établissant comme les deux gros piliers de l’axe montréalais. Wanyama c’est le roc, un grand gaillard de 6 pieds et 2 pouces, costaud, musclé, qui excelle autant en protection qu’en récupération de ballon. Ex-joueur de Tottenham (Angleterre), il possède aussi une relance de qualité et un véritable boulet de canon qu’il retient trop souvent, malheureusement. Indéniablement, son physique est son plus grand atout, qu’il utilise très bien pour défendre.

Quant à lui, Piette est tout feu tout flamme dernièrement, ce qui coïncide avec la formidable séquence de 8 rencontres sans défaite du CF Montréal. Lui qui n’était pas toujours titulaire en début de saison. L’international canadien est en mesure de bien compléter Wanyama en apportant vigueur et acharnement dans l’entrejeu montréalais. On peut aussi noter une grande amélioration dans son jeu cette année : son apport offensif. Ce n’est pas rare de voir Piette briser les lignes des défensives adverses avec de savantes passes aux attaquants, comme le démontrent ses 3 passes décisives dans les quatre derniers matchs.

Le milieu de terrain bénéficie aussi de beaucoup de versatilité grâce à la bonne rotation de Wilfrid Nancy. La profondeur est assez surprenante à ce poste, où l’effectif peut compter sur Ismaël Koné, Mathieu Choinière, Matko Miljevic ou encore Ahmed Hamdi, qui offre une aide considérable. Koné est un cas très intéressant, âgé de seulement 20 ans, son incontestable talent pourrait le pousser vers l’Europe plus vite que l’on pense.

Wilfrid Nancy et Olivier Renard méritent des félicitations

Sans aucun doute, Nancy figure parmi les meilleurs entraîneurs du circuit Garber cette saison (il sera fort probablement en lice pour le titre). Il semble bien lire ses joueurs et est en mesure de les utiliser comme titulaires lorsqu’il le faut. À l’inverse, il sait aussi faire usage de son banc de la bonne façon. On a vu plusieurs fois cette saison, des joueurs qui ont eu un gros impact, une fois entré en jeu. Nancy a su implanter un système cohérent qui implique l’ensemble des joueurs du groupe. Cela a pour effet de souder l’équipe et de rallier tout le monde sous le même projet sportif.

Son dispositif a fait ses preuves avec les deux pistons (généralement Johnston et Lappalainen) qui s’avèrent très importants dans le schéma de Nancy. Les rotations d’effectifs aussi sont effectuées à merveille, puisque quasiment tout le monde joue et donc, se sent inclus et utile à l’équipe, ce qui est primordial pour une bonne ambiance dans le vestiaire. Le succès à l’étranger fait aussi partie des distinctions de Nancy et de son groupe, eux qui ont obtenu une 8e victoire samedi (2-0 face au Fire de Chicago) en 14 matchs sur la route, ce qui constitue une excellente fiche.

Un élément inquiétant dans les circonstances, c’est la prolongation de contrat de Wilfrid Nancy qui tarde pour des raisons incomprises par plusieurs. Il serait fort étonnant que Nancy ne resigne pas à Montréal. Il faudra suivre cette affaire avec attention ; celle-ci se dénouera dans la cour d’Olivier Renard. Outre ce bémol, Renard a aussi fait du bon travail depuis son arrivée dans la métropole en 2019, en tant que directeur sportif du club. Le Belge a effectué de bons recrutements, bénéfiques pour l’effectif. Victor Wanyama, Kamal Miller, Alistair Johnston, Kei Kamara, Joaquin Torres ou encore le rapatriement de Rudy Camacho cette saison en sont de bons exemples.

L’acquisition de Mihailovic en décembre 2020 démontre bien l’idéologie véhiculée par le club et Renard. Obtenu pour près de 1 million de dollars du Fire de Chicago, Mihailovic vient d’être vendu à Alkmaar pour environ 6 millions. Ainsi, l’objectif d’acheter à « bas prix » pour revendre au gros prix a été réussi dans le cas de Mihailovic. En somme, la plupart des changements orchestrés par Renard sont de bons coups.

Tout n’est pas parfait

Le bleu blanc noir connaît également des difficultés dans certains aspects du jeu. Malgré le bon rendement de Miller et Johnston entre autres, la défense montréalaise a connu son lot d’ennuis cette saison. En effet, elle figure seulement au 15e rang de la ligue (sur 28 équipes) au chapitre des buts concédés, ce qui n’est pas du tout glorieux pour une équipe se trouvant au 2e rang de l’Est. Toutefois, le XI montréalais n’a accordé que 6 buts lors des 8 derniers matchs (séquence où ils sont invaincus), ce qui est rassurant.

Le roulement des gardiens est aussi un aspect qui suscite l’interrogation. Effectivement, les deux gardiens québécois, Sébastien Breza et James Pantemis se partagent la cage montréalaise récemment. Breza a disputé la majorité des rencontres cette saison, sans s’approprier la place de gardien partant toutefois. Car c’est Pantemis qui a obtenu le plus de temps de jeu dernièrement. En tout cas, il semble clair qu’aucun des deux cerbères ne se soit suffisamment imposé aux yeux de Nancy. Or, il serait presque nécessaire que ce dernier établisse son partant définitif avant d’amorcer les séries éliminatoires, ne serait-ce que pour installer une cohésion entre le gardien et ses partenaires.

Un autre enjeu d’actualité concerne les ultras, un groupe de supporteurs indépendants (banni du stade Saputo pour une durée indéterminée), qui entretient de gros différends avec la direction du club. Depuis des mois, ces tensions font rage dans l’entourage de l’équipe. Celles-ci découlent du « rebranding » de l’équipe mis en œuvre en janvier 2021. D’ailleurs, à la demande de plusieurs partisans, le logo sera à nouveau changé pour la saison 2023. Même si ces conflits sont des distractions pour le club, cela ne semble pas affecter les joueurs, heureusement.

La meilleure édition de l’équipe en MLS?

C’est une question hautement pertinente, car la réponse est probablement oui. À titre comparatif, les éditions 2015 et 2016 de l’équipe où l’on comptait un Nacho Piatti en très grande forme ainsi qu’un certain Didier Drogba dans les rangs montréalais. À l’époque, l’Impact de Montréal avait terminé au 3e rang avec 51 points (2015, saison record) et au 5e rang avec 45 points (2016) dans l’Est. Comparativement à 49 points cette saison, alors qu’il reste 7 matchs à faire au calendrier, faut-il le rappeler ? Le record de points et donc à portée de mains. Il ne manque qu’une petite victoire pour dépasser le total de 2015. Également, la profondeur est un élément qui va largement en faveur de l’édition 2022, puisqu’en 2015 et 2016, les résultats de l’équipe reposaient énormément sur les épaules de Piatti et Drogba, ce qui est tout à fait différent cette saison.

La seule chose manquante en ce qui concerne l’équipe actuelle, ce sont de bons résultats en séries éliminatoires. En 2016, l’Impact était parvenu en finale de conférence, s’inclinant contre le Toronto FC dans un duel historique. Alors que le CF Montréal est sur une excellente séquence cette saison, les partisans peuvent rêver grand. La Coupe MLS, pourquoi pas ?

Olivier Prince-Groleau

Grand fan de sport, surtout le hockey et le soccer, Olivier est un grand sportif de salon et ne s'en cache pas. Ce dernier regarde énormément de faits saillants des matchs qui l'intéresse sur YouTube, s'en est presque maladif. Celui que l'on surnomme OPG adore consommer du sport, mais aussi en faire et là on ne parle pas d'aller au gymnase, mais plutôt de jouer à un sport concrètement. En effet, il pratique le hockey depuis l'âge de 6 ans et il fait également du soccer/futsal depuis l'âge de 8 ans.  Les grands évènements sportifs comme les Olympiques, la Coupe du Monde ou encore les séries éliminatoires de la LNH sont de véritables sources de plaisir pour lui. Bref, un vrai sportif dans l'âme et dans le corps!

2 réflexions sur “Le CF Montréal est plus que satisfaisant

  • 3 septembre 2022 à 22:00
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    Article très intéressant à propos d’une équipe professionnelle qui mérite beaucoup plus d’attention médiatique et populaire dans notre marché montréalais. GO Impact, Go!

    Éric G.

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  • 3 septembre 2022 à 22:12
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    Bonne idée de nous parler de notre équipe de soccer professionnelle, qui est trop peu couverte dans le paysage médiatique de Montréal.

    Éric G.

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