D’où sort Jannik Sinner?

Vainqueur du premier Grand Chelem de l’année 2024 en Australie, Jannik Sinner a progressé à une vitesse de folle dans les dernières années, se développant dans l’ombre d’un certain Carlos Alcaraz, notamment. Étant moins médiatisé, il est facile d’oublier que cet Italien de 22 ans occupe le quatrième échelon du classement de l’ATP depuis plusieurs mois déjà.

Occupant le 15e rang mondial en décembre 2022, Sinner a connu une année 2023 sensationnelle, gagnant onze places au classement et engrangeant quatre titres au cours de la saison. Il compte maintenant près de 200 victoires ainsi que 11 titres de l’ATP en carrière. C’est plus que Stefanos Tsitsipas (10), Casper Ruud (10) et son compatriote Matteo Berrettini (7), qui sont pourtant tous plus vieux que lui.

S’il passait encore sous le radar malgré tout cela, l’Italien a véritablement dévoilé toute l’étendue de son potentiel aux Internationaux d’Australie. En effet, Sinner n’a échappé aucune manche dans le tournoi avant les demi-finales. Puis, lors de celles-ci, alors que Novak Djokovic était pressenti pour disputer une autre finale de Grand Chelem, Sinner a complètement épaté la galerie. Il a largement dominé les deux premières manches 6-1 et 6-2 respectivement. Djoko a ensuite remporté la troisième marche à l’arraché au bris d’égalité. Sinner a finalement clos le débat lors de la manche suivante, éliminant le Serbe avec brio.

Tout cela avant de se mesurer à Daniil Medvedev en finale lors d’un duel épique le 28 janvier dernier. Le Russe a malmené l’Italien lors des deux premières manches. Sinner a cependant fait preuve d’une grande force de caractère par la suite, rehaussant son niveau de jeu pour remporter les trois sets suivants et ainsi mettre la main sur son premier titre du Grand Chelem au compte de 3-6, 3-6, 6-4, 6-4 et 6-3.

Des débuts fulgurants

C’est à l’âge de 19 ans (en 2020) que Jannik Sinner se fera remarquer sur l’une des plus grandes scènes du tennis. Effectivement, à Roland-Garros, il bat d’abord le Belge David Goffin (13e mondial à l’époque) avant de sortir l’Allemand Alexander Zverev (6e) en huitièmes de finale. Après avoir réalisé cet exploit, il s’incline en quatre manches contre Rafael Nadal (2e). Sinner devient le premier joueur à atteindre les quarts de finale dès sa première participation à Roland-Garros depuis Nadal en 2005, justement.

Quelques mois plus tard, le natif des Alpes italiennes remporte son premier titre professionnel au tournoi ATP 250 de Sofia en Bulgarie contre un certain Vasek Pospisil. Il est alors le premier joueur né au 21e siècle à remporter un titre de l’ATP.

Le jeune italien a ensuite connu une année tonitruante en 2021, remportant quatre autres titres, dont son premier ATP 500 à Washington. Il participe même aux ATP Finals de Turin comme remplaçant et termine l’année au 10e rang mondial.

En 2022, Sinner connaît une saison un peu plus difficile, en raison de plusieurs petites blessures. Malgré tout, il ajoute un autre titre à sa collection et atteint les quarts de finale aux Internationaux d’Australie, à Wimbledon et aux Internationaux des États-Unis. Et puis si 2022 a été entravée d’obstacles pour lui, 2023 fut une histoire bien plus joyeuse.

Quatre autres titres, dont son premier Masters 1000 à Toronto remporté facilement contre l’Australien Alex De Minaur, ainsi que la Coupe Davis gagnée avec l’Italie. Il conclut alors 2023 au quatrième échelon du classement de l’ATP, place qu’il n’a pas lâchée depuis.

Le grand rival d’Alcaraz

Après l’éclatante victoire de Carlos Alcaraz contre le grand Novak Djokovic à Wimbledon en 2023, son deuxième titre du Grand Chelem en carrière, le monde du tennis a longuement parlé d’une « passation du flambeau ». Mais après cette conquête à Melbourne pour Sinner, où il a terrassé Djoko en demi-finale, se peut-il que ce flambeau soit à partager?

Plusieurs amateurs voient Carlitos (20 ans, 2e mondial) comme le seul et unique successeur de Djokovic, Nadal et Federer, mais Jannik Sinner n’est certainement pas bien loin. Pour ce qui est des Medvedev, Zverev, Rublev, Tsitsipas, Ruud et compagnie, ils ont déjà 25 ans ou plus et ne semblent pas être en mesure de s’imposer aussi farouchement que leurs deux plus jeunes homologues.

L’Espagnol et l’Italien se sont affrontés huit fois jusqu’à maintenant dans leur carrière professionnelle. Résultat : quatre victoires pour l’un, quatre victoires pour l’autre. Avec une liste de confrontations aussi serrée, il est légitime de parler de la « prochaine grande rivalité ». Une rivalité qui pourrait certainement marquer les prochaines années.

Mais ce ne sera pas pour tout de suite, car les deux jeunes pépites doivent encore se méfier du vieux Joker.