La fin pour l’athlète le plus dominant de tous les temps?

Tiger Woods au 16e trou de la dernière ronde du Masters de 2005. Photo: GolfHistoryToday

Tiger Woods est actuellement en chirurgie pour adresser de multiples blessures aux jambes qu’il a subies lors d’un accident de voiture, mardi matin, en Californie.

Tiger Woods est l’athlète le plus dominant de l’histoire, tous sports confondus. Pour toute personne en désaccord avec cette affirmation, il est par contre impossible de nier son importance.

Il a fait de nous tous des rêveurs. Dans un sport réputé pour son étiquette et la froideur de ses athlètes, Woods a marié émotions et chaleur comme peu de gens ont l’habileté de le faire. Le poing dans les airs, le lancer de sa casquette sur le sol, le saut dans les bras de son ancien caddie, Steve Williams,  tous ses actes sont devenus les pas d’une danse que Woods effectuait à la perfection les fins de semaine sur le gazon bermuda des plus beaux terrains de golf au monde. 

Au fil des ans, cette danse s’est propagée de nos téléviseurs à nos maisons. Le rythme des exploits de Woods a commencé à ponctuer les mouvements dans nos salons tous les dimanches. Les oiselets menaient à des sursauts sur les divans. Les aigles menaient à des sauts au plafond et les bogeys, à des coussins lancés sur les murs.

Ses coups de départ étaient à couper le souffle et le trajet de sa balle, comme si aimantée vers le trou, était hypnotisant sur les verts. Y a-t-il, de notre vivant, un athlète qui s’est plus élevé que Tiger Woods lors de moments de haute pression? Selon moi, absolument pas.

C’est lorsque les rondes et les tournois tiraient à leur fin que les exploits de Woods ne faisaient que commencer. Son oiselet au 16e trou de Augusta National, aux Masters de 2005, pour anéantir l’espoir de José María Olazáball. Son coup roulé pour égaliser Rocco Mediate au 72e trou du US Open de 2008, à Torrey Pines. Son coup roulé de 20 pieds pour obtenir la victoire à Bay Hill, en 2009, devant Arnold Palmer. Tous des moments qui, sur le coup, semblaient surnaturels et qui sont rapidement devenus mythiques. 

Et bien qu’il n’y ait plus aucun doute sur le statut légendaire de Woods, la dernière décennie nous a appris qu’il est loin d’être surnaturel. Les scandales, les blessures au dos et maintenant un grave accident de voiture ne cessent de ramener Woods sur terre et menacent d’endommager sa réputation et d’atténuer son lustre. 

Tiger Woods au dernier trou du Masters de 2019. Crédit : Rob Schumacher (USA TODAY Sports).

Ce dernier incident est particulièrement douloureux, puisqu’il arrive lors du troisième acte de la carrière de Woods et au beau milieu d’une renaissance de son jeu. Forcé par ses troubles de dos, il a, pour une troisième fois, changé son élan et sa nouvelle méthode l’a mené à une victoire au Tour Championship, mais également à un cinquième veston vert. Ce dernier exploit, nous le croyions, marquait le début de la lancée finale de Woods pour rattraper le record de 18 championnats majeurs de Jack Nicklaus. Au dernier vert du Masters de 2019, son Scotty Cameron à la main, les bras dans les airs et les larmes aux yeux, nous avons été témoins d’une victoire dont Woods rêvait depuis 2008 et dont nous rêvions également. 

Tiger Woods, ce goliath mythique, pendant plus d’une décennie était devenu tout comme nous : faillible et fragile, mortel et humain. Dix ans plus tard, il avait surmonté ses démons et remonté la colline pour enfin nous faire rêver de nouveau et c’est aux Masters de 2019 que, nos yeux humides et nos cœurs joyeux, nous l’avons finalement réaccueilli dans nos vies, tel un héros conquérant, tel un vieil ami adoré. 

« De votre vie, avez-vous vu quoi que ce soit de la sorte? », lançait Verne Lundquist, en 2005, en parlant de Tiger Woods. Non, Verne, nous n’avions jamais rien vu de la sorte et nous ne verrons plus jamais rien qui s’en approchera. Après ce grave accident, l’espoir nous quitte, et tout ce que nous souhaitons est de revoir notre vieil ami, jouant au golf ou pas, le sourire aux lèvres.  

Vincent Orellana-Pepin

NFL, NBA, NCAA et nourriture mexicaine. Ce sont les quatre points cardinaux pour Vincent, qui ne refuserait pas non plus un après-midi de golf. Si ça se joue avec une balle, ou si ça se sert dans une tortilla, il en est passionné, tant au niveau professionnel qu'au niveau amateur. Il est d'avis que le tournoi de basketball collégial américain, soit le March Madness, devrait marquer le début d'un mois de congé pour la population entière du continent américain et que le lendemain du Super Bowl devrait être un jour férié national.

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