La MLB rattrape son retard
Avec la nomination de Kim Ng comme directrice générale, les Marlins de Miami ont permis à la MLB de devenir la première des quatre ligues majeures masculines en Amérique du Nord à avoir une femme à ce poste.
2020 aura été l’année du progrès pour la plus conservatrice des quatre grandes ligues de sport professionnel masculin en Amérique du Nord (MLB, NBA, LNH, NFL). D’abord, les multiples nouveaux règlements, comme l’implantation du frappeur désigné universel et le coureur en position de marquer lors des manches supplémentaires, puis la première entraîneuse de l’histoire de la ligue en Alyssa Nakken, pour finalement se conclure avec l’embauche de Kim Ng, la première DG des quatre ligues.
L’embauche de Kim Ng par les Marlins n’est pas qu’un coup de publicité non plus. En fait, Mme Ng était assurément l’une des personnes les plus qualifiées pour occuper ce poste. Avec trente ans d’expérience avec les White Sox de Chicago, les Yankees de New York, les Dodgers de Los Angeles et le bureau de commissariat de la MLB, celle qui a remporté trois fois la Série mondiale représentait tout simplement une candidate incontournable pour Derek Jeter et sa bande.
Le dernier coup d’éclat historique de la sorte pour la MLB remontait à 1947, lorsqu’un certain Jackie Robinson a débuté un match au premier but pour les Dodgers de Brooklyn.
L’arrivée de Kim Ng avec Miami permet ainsi à la MLB de commencer à rattraper son retard quant à l’inclusion des femmes au sein du sport. Avant la promotion d’Alyssa Nakken plus tôt cette saison, la MLB était la seule ligue à n’avoir jamais eu d’entraîneuse au sein d’une de ces équipes. Au niveau de la direction, seulement quatre femmes, dont Kim Ng, avaient occupé des postes de directrice générale adjointe. Aucune d’entre elles n’est encore assise dans cette chaise aujourd’hui. Toutefois, en nommant la première femme DG des quatre ligues, la MLB peut finalement dire qu’elle compte la première femme à occuper un poste en particulier, soit celui de DG. En effet, lorsque l’on s’attarde aux trois autres ligues, on constate que la situation et la place des femmes au sein de celles-ci est en évolution et que chaque ligue a marqué l’histoire à sa manière.
La NBA mène par l’exemple
À l’inverse de la MLB, la NBA est souvent considérée comme la plus progressiste des quatre grandes ligues. La NBA compte présentement dix équipes, dont les Raptors de Toronto, qui ont une femme parmi leur personnel d’entraîneurs et d’entraîneuses. Cela signifie que le tiers des formations de la ligue ont une entraîneuse adjointe. Il s’agit du plus haut total à ce chapitre parmi les quatre grandes ligues. Becky Hammon est d’ailleurs devenue, en 2014, la première femme à occuper un poste d’entraîneuse-adjointe dans l’une des quatre ligues, avec les Spurs de San Antonio.
Au niveau de la direction, il n’y a évidemment pas de directrice générale, mais les Pacers de l’Indiana peuvent se targuer d’avoir une directrice générale adjointe depuis 2018, alors qu’ils ont embauché Kelly Krauskopf pour ce poste. Elle demeure encore la seule femme à occuper cette chaise dans la NBA.
La NFL passe à l’histoire sur le terrain
Si la MLB a la première DG, la NBA a la première entraîneuse et la LNH a la première joueuse, la NFL peut se vanter d’avoir la première arbitre féminine de l’histoire des quatre grandes ligues, en Sarah Thomas. Les Browns de Cleveland n’avaient d’ailleurs pas manquer de souligner leur rencontre du 28 septembre dernier face à l’équipe de Washington, qui marquait la première fois de l’histoire que deux équipes avec une entraîneuse s’affrontaient lors d’un match arbitré par une femme.
Washington et Cleveland sont cependant les deux seules équipes de la ligue qui comptent actuellement une femme sur leur personnel d’entraîneurs et entraîneuses.
Les femmes sont également peu représentées dans les rôles exécutifs de la NFL. En fait, seuls les Eagles de Philadelphie ont une femme parmi leur personnel de bureau et il s’agit de Catherine Raîche, la seule Québécoise à œuvrer dans l’une des grandes ligues. La Montréalaise était autrefois la seule DG adjointe de la LCF, avec les Alouettes de Montréal. Elle a ensuite travaillé pour les Argonauts de Toronto, avant de brièvement faire le saut en XFL, pour finalement se retrouver avec les Eagles en 2019. Elle y occupe le poste de coordonnatrice aux opérations football.
La LNH traine de la patte
Curieusement, la seule des quatre ligues majeures à ne pas compter de femme au sein d’un effectif d’entraîneurs ou de direction est celle qui s’illustre le plus au niveau de l’inclusion de celles-ci dans le jeu. En effet, Manon Rhéaume est encore et toujours la seule femme a avoir endossé l’uniforme d’une équipe de sport professionnel masculine lors d’une partie et les athlètes féminines font partie du concours d’habiletés du match des étoiles depuis deux ans.
La LNH a pourtant un bel historique de femmes occupant des postes exécutifs. Au total, huit d’entre elles ont déjà remporté la Coupe Stanley en tant que propriétaires ou présidentes. Plusieurs équipes ont des femmes dans l’entourage exécutif de l’équipe, mais seulement deux propriétaires et aucune présidente, directrice générale ou même directrice générale adjointe.
Même sur les larges équipes de recrutement, on ne compte pratiquement aucune femme. En fait, il n’y a que deux équipes qui comptent sur les services d’une recruteuse professionnelle. En mars dernier, les Kings de Los Angeles ont fait de Blake Bolden la première Afro-Américaine à occuper un poste au sein de l’équipe de recrutement d’une formation de la LNH. Il s’agissait alors de la deuxième recruteuse du circuit puisque le Kraken de Seattle avait embauché Cami Granato dans ce rôle un an plus tôt. Rappelons que le Kraken est la plus récente équipe d’expansion et n’a toujours aucun joueur sous contrat. Comme on dit : ce n’est pas trop tôt.
Pour ce qui est des entraîneuses, seul Dawn Braid a déjà décroché un poste à temps plein dans la LNH en tant qu’entraîneuse du patinage avec les Coyotes de l’Arizona, en 2016. Un poste qu’elle n’occupe toutefois plus aujourd’hui. Notons cependant qu’Hayley Wickenheiser est présentement l’adjointe au directeur du développement des joueurs des Maple Leafs de Toronto.
L’embauche de Kim Ng par les Marlins s’inscrit dans la vague de changement qui frappe le sport professionnel masculin depuis quelques années. À quand la première entraîneuse-cheffe maintenant? La NBA semble sur la bonne voie et le NFL n’est pas loin derrière. La route sera longue, mais les dernières années offrent des signes plus que prometteurs pour l’avenir des femmes dans le sport.