Le remède magique contre la culture perdante
Quand une culture perdante s’empare d’un vestiaire, elle peut y rester pendant bien longtemps. Parlez-en aux Oilers d’Edmonton, qui, à l’aube de la finale de la coupe Stanley, semblent finalement s’en être débarrassés pour de bon. Il leur aura fallu près de deux décennies de misère et la chance de repêcher un talent générationnel pour faire table rase.
Les Oilers ont connu des jours très sombres depuis leur dernière participation à la finale des séries éliminatoires. Après leur défaite aux mains des Hurricanes de la Caroline en 2006, Edmonton a entamé une reconstruction et a multiplié les choix au repêchage … une situation similaire à celle des Canadiens actuellement.
Faux espoirs
Entre 2007 et 2016, les Oilers sélectionnent à neuf reprises dans le top 10. Toutefois, la ville d’Edmonton doit attendre jusqu’en 2017 avant de ressentir à nouveau la fièvre des séries éliminatoires. Sam Gagner, Alex Plante, Riley Nash, Jordan Eberle et Magnus Pääjärvi constituent la vague initiale d’espoirs repêchés en première ronde par les Oilers. Puis, l’équipe ajoute à son effectif le talentueux Taylor Hall avec le premier choix du repêchage de 2010. Le groupe qu’on surnomme à l’époque « H.O.P.E », composé de Hall, Omark (choix prometteur de 4e ronde en 2006), Pääjärvi et Eberle, fait rêver les optimistes de l’équipe au début des années 2010. Du lot, aucun ne fait partie de la formation actuelle des Oilers. Eberle fut le dernier à faire ses bagages, transigé en juin 2017.
Après Hall en 2010, Edmonton parle à nouveau en premier en 2011 et 2012, sélectionnant Ryan Nugent-Hopkins et Nail Yakupov. Puis, c’est le tour de Leon Draisaitl, troisième choix au total de l’encan de 2014.
La pièce manquante
Nugent-Hopkins et Draisaitl font partie intégrante de l’équipe finaliste que nous connaissons aujourd’hui. Ces deux joueurs pourraient former un bon duo à eux seuls. Toutefois, ce noyau ne se rend fort probablement pas en finale de la coupe Stanley sans la dernière et plus importante pièce du casse-tête.
Le visage de l’organisation, Connor McDavid, est repêché en 2015 et s’amène à Edmonton en tant que sauveur. Un talent générationnel, voilà ce qui manquait à l’organisation pour se débarrasser de la culture des perdants qui les hantait depuis si longtemps.
Connor McDavid est sans aucun doute le meilleur joueur de tous les temps.
Steve Dryden, TSN, 24 mai 2022
C’est aussi ce qui manquait aux Penguins, jusqu’en 1984, avant de repêcher Mario Lemieux et de gagner deux championnats. Puis à nouveau en 2005, lorsqu’ils ont mis la main sur Sidney Crosby, dont le nom est gravé sur la coupe Stanley à trois reprises. Un an auparavant, les Capitals ont également trouvé la solution pour remédier à leur culture perdante ; Alex Ovechkin. Nathan Mackinnon de l’Avalanche a lui aussi transporté son équipe jusqu’au sommet en 2022, après des années pénibles à Denver.
En attente d’un sauveur
De nombreuses équipes sont toujours en quête de ce joueur générationnel. Souvent, ce n’est pas la quantité d’actifs, mais la qualité de ceux-ci qui fait qu’une équipe peut véritablement commencer à compétitionner. Une reconstruction trop longue qui n’amène aucun joueur générationnel peut compromettre à long terme le potentiel d’une équipe talentueuse.
En 2021, les Sabres de Buffalo comptaient dans leurs rangs Jack Eichel, Sam Reinhart, Linus Ullmark, Rasmus Dahlin, Tage Thompson, et même un certain Taylor Hall ! Malgré tout le talent sur lequel les Sabres pouvaient (et peuvent encore) compter, ils n’ont pas goûté aux séries depuis 2011. Connor McDavid avait 14 ans. Les Sabres étaient justement l’équipe favorite pour obtenir les services de McDavid en 2015, ayant terminé la saison au dernier rang de la Ligue nationale de hockey (LNH). Avec un peu plus de chance, peut-être serait-elle l’équipe en finale au moment d’écrire ces lignes, guidées par les prouesses du numéro 97.
Les Trashers d’Atlanta n’ont jamais su se défaire de leur culture perdante. Pourtant, Ilya Kovalchuk, Danny Heatley et Marian Hossa, pour ne nommer qu’eux, étaient d’excellents joueurs. Atlanta n’a cependant jamais été en mesure de dénicher un joueur de la trempe de Sidney Crosby ou Alex Ovechkin. Aujourd’hui, les Trashers n’ont plus de culture du tout.
Prochaine dose du remède prévue pour 2026
À Montréal, les gens attendent l’arrivée d’un joueur de concession depuis des lunes. Bien que Juraj Slafkovsky, David Reinbacher et plusieurs autres jeunes joueurs de l’organisation font preuve de promesses, aucun d’entre eux ne peut être étiqueté comme un talent générationnel.
Connor Bedard aurait peut-être modifier la donne pour le Tricolore, mais les circonstances en ont décidé autrement. D’ailleurs, mon petit doigt me dit que les Blackhawks de Chicago ne resteront pas dans les bas-fonds du classement bien longtemps encore, vu l’arrivée en ville du jeune prodige en provenance de l’ouest du Canada. Ainsi, la question demeure : à quand l’émergence du prochain joueur générationnel?
En fait, rien ne sert de quitter l’Ouest canadien, ou même l’arbre généalogique de Connor Bedard, pour trouver son cousin Gavin McKenna. À 16 ans seulement, McKenna est identifié comme la prochaine super vedette de la LNH. Le talent lui sort du casque de tout bord, de tous côtés, et il collectionne les records comme s’il s’agissait de cartes de hockey.
Est-ce que McKenna aura la carrière de Connor McDavid dans la LNH? Je ne pense pas, mais la coche entre les deux joueurs est très mince. (…) L’équipe qui le repêche en 2026 gagnera éventuellement la coupe Stanley.
Simon « Snake » Boisvert, podcast Processus, 1 mai 2024
Gavin McKenna sera éligible au repêchage de 2026. Patience, Montréal …