Les sports : un outil qui façonne une population
Un panel présenté par le Sommet du sport de Montréal 2020
La science et le sport s’assemblent : les bénéfices de la pratique sportive et de l’environnement dans lequel elle se déploie sont déterminants pour le développement d’une personne, maintiennent les experts invités lors d’un panel du Sommet du sport de Montréal 2020, ce jeudi.
La pratique de l’activité sportive est un outil formatif qui construit une personne et définit une population. Les panélistes établissent l’impact du sport sur les différentes sphères sociales et personnelles. D’entrée de jeu, Sylvie Bernier, championne olympique en plongeon et présidente de la Table québécoise sur la saine alimentation et de la Table mode de vie physique actif, lance une remarque : « Si je suis qui je suis aujourd’hui, c’est beaucoup grâce au sport. »
En mentionnant tous les bienfaits connus de l’activité physique, tels que le développement d’habitudes de vie saines ou de la motricité, elle rappelle les apprentissages personnels et sociaux qui ont formé sa personnalité. En ce sens, le doctorant et chercheur postdoctoral en gestion du sport William Falcão note que les sports servent à développer des compétences utiles dans les différentes sphères de la vie : le fondement de la confiance en soi et à autrui, le caractère, la persévérance et la gestion du temps et des émotions font partie de la brève énumération des nombreuses résultantes de la pratique d’un sport.
D’entraîneur à mentor
Le milieu sportif joue un rôle majeur dans le développement d’un athlète. Par exemple, en ces temps de pandémie, la directrice des sports chez Parasports Québec, Karine Côté, souligne l’avantage des sports d’équipe pour les personnes atteintes d’un handicap. Celles-ci, qui sont déjà isolées d’ordinaire, ont l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes et ainsi développer leurs habiletés interpersonnelles. Les rencontres qui s’opèrent au sein de leur équipe leur permettent aussi de rencontrer des personnes qui comprennent leur réalité et qui font face à des enjeux similaires dans la vie de tous les jours. Le sport offre ainsi un environnement complet qui façonne les athlètes, peu importe leur niveau, en les exposant à d’autres individus avec lesquels ils partagent le plaisir de jouer.
Une personne se voit représentée [par la diffusion d’un sport et des athlètes dans les médias]. Alors, s’il n’y a jamais de modèles féminins, s’il n’y a jamais de modèles de diversité, dans ce cas là, où est [leur] place?
Caroline Calvé, athlète olympique en surf des neiges.
L’esprit d’équipe est une notion particulièrement importante pour plusieurs athlètes, et de fortes relations s’installent entre les joueurs et les entraîneurs. Parfois plus proche de son entraîneur que de ses parents, un adolescent est en quête inconsciente d’un modèle pour se forger une personnalité. L’entraîneur peut s’avérer à la fois formateur et problématique, selon ses actions, ses paroles et la relation instaurée entre lui et l’athlète. Pour Sylvie Bernier, le rôle de l’entraîneur va au-delà de pousser l’athlète à son meilleur.
Marc-André Duchesneau, doctorant, chercheur et chargé de cours qui s’intéresse à la pédagogie sportive, constate que l’entraîneur et le contexte entourant le sport influencent grandement l’athlète en tant qu’individu. Dans son doctorat, il s’interroge à savoir si le sport est un peu une « école de la vie ». À cette question, il suppose : « Si, moi, je suis un mauvais entraîneur, à la limite, [mes athlètes auront] de mauvaises performances, mais si je suis un mauvais être humain ou si je suis un individu qui n’a pas de belles valeurs, qu’est-ce que cela va avoir comme impact? » Cela appelle à de grandes réflexions sur l’empreinte de l’entraîneur et son rôle dans l’encadrement d’un jeune qui est en plein développement. En plus de toutes les compétences reliées à la technique, le titre d’entraîneur sous-entend donc ce travail d’éducation et d’humanité. Il n’est pas rare que l’entraîneur devienne un confident et un exemple pour ses athlètes.
Un défi de représentation
Les plus hauts taux de décrochage du sport chez les filles se calculent à l’adolescence. Dans cette tranche d’âge, environ deux fois plus de filles abandonnent le sport que chez les garçons. Caroline Calvé, athlète olympique en surf des neiges et animatrice du panel, associe cette réalité à l’entourage des jeunes filles. « Une personne se voit représentée [par la diffusion d’un sport et des athlètes dans les médias]. Alors s’il n’y a jamais de modèles féminins, s’il n’y a jamais de modèle de diversité, dans ce cas là, où est [leur] place? », soulève-t-elle, en entrevue pour Le Club-École. Face à un environnement parfois sédentaire, les athlètes féminines peuvent se tourner vers les réseaux sociaux et les médias, cherchant à s’identifier. L’importance d’une diffusion diversifiée et équitable réside donc, pour Caroline Calvé, dans l’impact de la représentation sur l’encouragement que reçoivent les athlètes à persévérer dans leur sport.
Un moment de découverte déterminant
L’épanouissement d’un athlète est donc formé de plusieurs éléments coexistants, mais surtout de rencontres et de relations interpersonnelles enrichissantes sur le plan sportif et personnel. La pratique d’un sport, aussi bénéfique qu’elle puisse l’être sur les différents plans selon les études, s’inscrit d’abord et avant tout dans le plaisir que procure l’activité physique. L’introduction à des sports est un élément clé pour intéresser les jeunes à aimer l’activité sportive.
Le parent joue un rôle prépondérant dans cette découverte [du sport].
Marc-André Duchesneau, doctorant, chercheur et chargé de cours.
Tous les experts présents s’entendent que la notion de plaisir est la locomotive qui mène une personne à conserver et à transmettre de saines habitudes de vies liées au sport. Marc-André Duchesneau estime que « le parent joue un rôle prépondérant dans cette découverte [du sport] ». En inculquant ces valeurs dès un jeune âge, en présentant à l’enfant différentes activités sportives afin de trouver celle dans laquelle il se reconnaît, le parent poussera son enfant à associer le sport à des émotions agréables. Sans pour autant que l’enfant devienne un athlète de haut niveau, le sport, qu’il soit encadré ou non, lui aura apporté, au cours de ses années de pratique, des notions de vie et des valeurs qu’il cherchera à partager.