Pierre-Luc Poulin aux Jeux olympiques : une histoire de famille

L’olympien Pierre-Luc Poulin est originaire du Lac-Beauport, à Québec. Crédit photo : Michèle Grenier.

Pierre-Luc Poulin, un kayakiste de 25 ans, fera cette semaine son entrée aux Jeux olympiques de Tokyo 2020 en canoë-kayak. Reconnu pour ses talents de sprinteur, l’athlète québécois représente un bel atout pour l’équipe canadienne. En plus de nombreuses autres médailles et distinctions, il a remporté l’argent lors de la Coupe du monde de 2018 ; sa première médaille pour cette compétition.

Pour Pierre-Luc, devenir kayakiste n’a pas toujours été une évidence. Pourtant, il semblait prédestiner à évoluer dans cette discipline. Enfant, il s’amusait à accompagner son frère, Maxim Poulin, lors de ses compétitions de canoë. «C’est une histoire de famille», déclare-t-il en entrevue avec Le Club-École.

Sur les traces de Maxime Boilard

Tout a commencé en 1994, alors que Pierre-Luc et son frère n’étaient pas encore nés. À l’époque, chaque quartier avait des camelots, c’est-à-dire des distributeurs de journaux. Celui des Poulin s’appelait Maxime Boilard, et si vous connaissez vos Jeux olympiques, vous savez d’avance ce que le camelot va devenir. La mère des frères Poulin, enceinte, aimait tellement son prénom qu’elle a choisi d’appeler son fils Maxim. Six ans plus tard, Boilard a participé aux Jeux olympiques de Sydney. «Mon frère était un grand sportif, et pour lui, c’était logique de faire du canoë puisque son nom était directement lié à l’Olympien», explique Pierre-Luc.

Pierre-Luc Poulin (à gauche) et son frère Maxim (à droite) ont grandi aux côtés d’athlètes de haut niveau au Club de canoë-kayak du Lac-Beauport. Crédit photo : Page Facebook de Pierre-Luc Poulin.

Au téléphone, l’athlète québécois semble heureux de raconter cette histoire, ancrée dans sa famille depuis les années 2000. Lors des Jeux olympiques de Sydney, Maxime Boilard s’était classé 4e dans l’épreuve du 1500 m en canoë-sprint. Désormais, Pierre-Luc Poulin ne peut qu’espérer monter sur le podium et honorer cette histoire de famille.

Une année pas comme les autres

Alors que les Jeux olympiques de Tokyo étaient originalement prévus en 2020, la pandémie en a décidé autrement et c’est une année d’entraînement que les athlètes ont dû rajouter à leur planning olympique. En entrevue, Pierre-Luc Poulin s’est confié sur les défis que représente l’entraînement en pandémie. «C’est de s’entraîner à un très haut niveau sans avoir accès aux installations, aux préparateurs physiques et au personnel auquel on est habitué. Jusqu’à la mi-juin 2020, je faisais de la musculation seul dans le sous-sol de mes parents avec de l’équipement prêté et je parlais avec mon préparateur physique sur FaceTime», révèle le kayakiste originaire du Lac-Beauport.

Dans ces conditions, il est d’autant plus difficile de rester motiver tout au long du processus. «D’apprendre que les Jeux olympiques sont reportés, ça a été dur. Te dire que ton rêve que tu chéris depuis 15 ans, ça ne se passera pas là, que c’est remis à plus tard… Ça, c’était difficile», avoue Pierre-Luc. S’entraîner à un niveau aussi élevé pendant quatre ans, en préparation pour les olympiques, c’est assez dur pour le corps. Le fait d’ajouter une cinquième année d’entraînement, c’est extrêmement exigeant.

Un mois avant les essais olympiques, le sportif s’est blessé à la main droite et a dû se faire opérer, une première pour lui qui n’avait jamais eu de blessures aussi sérieuses. «J’ai dû demander à la fédération d’exercer le critère de circonstances spéciales, et ils ont dit oui. Ils se sont dit que j’étais une pièce importante de l’équipe, et que ce n’était pas pour le bien de l’équipe de me tenir à l’écart. Donc la course a été reportée », conclut-il.

Jumeler Olympiques et études, c’est possible

Ces dernières années, Pierre-Luc partage son temps entre le sport et les études. Il précise travailler fort pour obtenir son diplôme en gestion financière à HEC et à l’Université de Montréal. «Le temps en entraînement, c’est une vingtaine d’heures où le chronomètre tourne, mais il y a autant de temps à mettre en dehors de l’entraînement, par exemple, dans la préparation de repas équilibrés», explique-t-il. Autrement dit, s’entraîner pour les Jeux olympiques, c’est définitivement un travail à temps plein. Alors, jumeler un tel niveau d’entraînement avec l’école, «ça relève parfois du miracle», comme le dit l’athlète. 

«Pour moi, les études, ça a toujours été hyper important. Ça m’assure un avenir après le kayak, parce que je n’en ferai pas toute ma vie. C’est important d’avoir quelque chose d’autre à quoi s’attacher. Le sport, ce n’est pas toujours facile, donc c’est bien d’avoir quelque chose que tu aimes à côté», confie Pierre-Luc Poulin.

Avant la pandémie, l’Olympien s’est retrouvé devant un dilemme ; il ne pouvait plus prendre de cours en ligne et devait les suivre en présentiel. La mise en place des cours à distance cette année lui a donc été bénéfique puisque ça lui a permis de suivre ses entraînements sans manquer d’école. 

Le rêve olympique

Quel enfant n’a pas déjà rêvé de participer aux Jeux olympiques ? Pour Pierre-Luc Poulin, c’est un rêve devenu réalité, mais pas seulement. C’est un rêve qu’il peut partager avec des milliards d’autres personnes. C’est aussi l’occasion de semer une graine d’espoir chez les enfants qui le regardent, de les inciter à croire en leur rêve olympique. «C’est une grande fierté», déclare-t-il.

« J’espère sincèrement que dans mon entourage présentement, il y a peut-être un jeune qui me regarde, qui se dit la même chose que je me suis dite à son âge, et qui va réaliser son rêve un jour. À ce jeune-là, je lui dirais surtout de s’amuser. Que son parcours va être le sien et qu’il devra faire son chemin à lui. Et si un jour, il ne s’amuse plus, c’est que c’est fini et c’est correct aussi ».


Le vendredi 6 août (heure de Tokyo), Pierre-Luc Poulin amorcera son parcours vers la médaille aux côtés de ses coéquipiers canadiens dans l’épreuve du 500 m en kayak à quatre (K4) sprint.

Audrey Robitaille

Ayant grandi dans les arénas pour suivre son frère, le hockey est un sport qui a toujours séduit Audrey Robitaille. Elle a d'ailleurs récemment développé une sévère fièvre des séries ainsi que son intérêt pour le sport. Après avoir écrit pour son propre compte pendant plusieurs années, elle décide de se lancer en journalisme pour vivre de sa passion. Étudiante en journalisme à l'UQAM, elle réussit à satisfaire sa grande curiosité et sa soif d'apprendre en s'impliquant dans plusieurs médias. En collaborant pour le pupitre sport de l'Apostrophe, elle se découvre un sérieux intérêt pour les disciplines sportives méconnues.

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