Southampton retrouve ses lettres de noblesse

Southampton surprend en ce début de saison. Crédit photo : Southampton FC (@SouthamptonFC) via Twitter.

Les résultats d’équipes sportives sont souvent le fruit des cycles. Parfois, certaines équipes connaissent des léthargies sans fin. À d’autres moments, il suffit d’un ou deux éléments pour engranger la machine et retrouver un bon momentum. Southampton, que certains observateurs voyaient reléguée l’an dernier, est présentement en cinquième position du championnat anglais. Un championnat complètement fou, qui verra peut-être Southampton percer son fameux top 6, place qui lui revient assurément.

Le 6 décembre 2018, Ralph Hasenhüttl est nommé entraîneur du Club de Football de Southampton. L’équipe, alors 19e du championnat, est menacée de se retrouver en deuxième division à l’issue de la saison. Le sélectionneur autrichien redresse partiellement la barre, sauvant les meubles avec une seizième position. La première saison complète de l’entraîneur est mitigée, quoique les sept dernières rencontres sans défaite laissent augurer de belles choses pour Southampton.

Le présent début de saison démontre que Southampton a repris là où elle avait laissé à la fin de la saison 2019-2020. Deux faux départs d’entrée de jeu mènent à cinq matchs sans défaite où les performances sont impressionnantes semaine après semaine. Plusieurs éléments expliquent ce soudain succès, du match nul contre Chelsea à la rencontre complètement folle sur les terrains d’Aston Villa.

Charnière Ings/Ward-Prowse

Danny Ings est assurément le premier élément qui explique les succès de Southampton. Formé à Bournemouth, il a roulé sa bosse en Angleterre pendant quelques années avant de connaître un énorme succès à Burnley, artisan de la remontée en première division. Acheté par Liverpool, il a démontré de belles choses, mais les blessures et la difficulté d’adaptation au système de Jürgen Klopp l’ont amené à retrouver Southampton en prêt.

Danny Ings et James Ward-Prowse, de Southampton, terrorisent les défenses adverses. Crédit photo : Rex Features.

La première année de l’Anglais à Southampton fut à l’image de la seizième position. Ses sept réalisations ne relèvent pas d’une performance incroyable, mais ce fut suffisant pour les dirigeants de l’équipe pour lever son option d’achat et le transférer définitivement au sud de l’Angleterre. L’an dernier, Danny Ings a performé bien au-delà des attentes. Ses 22 buts en ont fait le deuxième meilleur buteur du circuit. Il a su se tenir à l’écart de l’infirmerie et il joue sans pression avec un club aux ambitions moindres. Ses cinq buts en début de la présente campagne démontrent que l’avant-centre est sur son X en Premier League et qu’il est parmi les meilleurs à sa position dans son championnat.

Le milieu de terrain James Ward-Prowse n’est pas étranger au succès offensif de son équipe. Le joueur formé au club, âgé de 26 ans maintenant, connaît présentement les meilleurs moments de sa carrière. Avec un rôle plus offensif, il peut briser des lignes aisément pour servir Ings. Ses tirs de loin, notamment sur coup franc, font de lui un danger à tout moment.

Le duo Ings/Ward-Prowse fait tourner les têtes partout au pays. Gareth Southgate, sélectionneur de l’équipe nationale d’Angleterre, a même commencé à convoquer les deux joueurs régulièrement. Reste à voir comment les deux Saints seront en mesure de confirmer sur le long terme. Danny Ings venant tout juste de se blesser et étant à l’écart du jeu pour quelques semaines, il sera aussi intéressant de voir si James Ward-Prowse peut maintenir la cadence en son absence.

Calendrier allégé

Même s’ils n’ont pas une profondeur à tout casser, le calendrier intense du championnat anglais, causé par la pandémie, semble aider les plus petits clubs d’Angleterre. La saison ayant commencé plus tard, avec le même nombre de matchs, les grosses équipes sont appelées à jouer énormément de matchs en peu de temps, en raison des compétitions européennes. Même si des équipes comme Liverpool, Leicester et Tottenham ne semblent pas s’en formaliser, Chelsea, Arsenal et les deux clubs de Manchester se retrouvent en dehors du top 6. Bien que ça n’explique pas tout, le calendrier y est pour quelque chose.

Southampton, qui ne joue pas l’Europe, peut saisir cette opportunité et monter de quelques rangs. Avec une rencontre par semaine, l’équipe peut se permettre d’aligner sensiblement le même XI partant match après match, à condition que les cadres se tiennent à l’écart des blessures. C’est notamment ce qui a énormément servi à Leicester dans sa conquête du titre en 2016. Ne pas changer une formule gagnante, spécialement lorsque c’est possible de le faire.

Mercatos efficaces

Southampton est reconnue comme une pépinière de talents. Luke Shaw, Sadio Mané et Virgil Van Dijk sont notamment passés par le St Mary’s Stadium. Cependant, les départs de certains joueurs n’ont pas toujours été administrés de la bonne manière, les remplaçants n’étant parfois pas à la hauteur. Ou plutôt sur le long terme. Même si l’entraîneur Ralph Hasenhüttl n’a pas toujours eu son mot à dire sur les recrutements, puisqu’il n’était pas encore arrivé avec l’équipe dans certains cas, six des 15 joueurs ayant débuté au moins un match cette année sont débarqués en 2018, année de la vente de Van Dijk à Liverpool avec, en prime, un solide chèque de 84,65 millions d’euros, ou après.

Cet argent a permis à Southampton de signer quelques cadres et d’ajouter des joueurs de rotation efficaces à son effectif. Petit à petit, Hasenhüttl a construit une équipe à l’anglaise, en peaufinant le tout avec des éléments venus des quatre coins de l’Europe. Southampton est une des équipes avec le moins de joueurs étrangers dans son effectif, mais ceux-ci sont assez bien choisis et se fondent bien dans le 4-4-2 classique préconisé par l’Autrichien.

Espoir en vue

Même si les années 2000 n’ont pas toujours été roses pour les Saints, le Southampton des dix dernières années est celui qui doit terminer en première moitié de tableau, voire même chatouiller les prétendants aux compétitions européennes. La reconstruction amorcée par Ralph Hasenhüttl porte présentement fruit et l’équipe semble en selle pour connaître une bonne campagne en Premier League anglaise cette année.

Cette chronique vieillira peut-être très rapidement. Sera-t-elle complètement périmée au mois de janvier? À la vitesse où les choses peuvent aller dans le championnat anglais, rien ne peut garantir une cinquième place aux résidants du St Mary’s Stadium. Disons simplement que si Southampton est capable de profiter des déboires des gros de la compétition, peut-être la verra-t-on jouer l’Europe l’an prochain.

Étienne Bouthillier

Étudiant en journalisme à l'UQAM, Étienne Bouthillier tombe amoureux du soccer lors de la Coupe du Monde 2014. Ses premiers pas dans le monde des médias remontent à 2016, où il écrit des articles pour le Kan Football Club pendant deux ans. En 2018, il se lance dans le monde du podcast avec « Les Trois Lions », un balado sur le foot anglais. Il a animé l'émission hebdomadaire du Kan Football Club sur CHOQ.ca. Il est aussi impliqué dans les activités du Royal de Montréal, l'équipe professionnelle d'ultimate frisbee de la métropole. Ses champs d'expertise sont le soccer, l'ultimate frisbee, les arts martiaux mixtes et le sport sécuritaire.

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