JackJumpers de Tasmanie, un perdant magnifique

Les JackJumpers ont marqué l’histoire de la NBL en atteignant les finales dès leur première saison.
Photo publiée sur le compte Twitter officiel des JackJumpers de Tasmanie (@JackJumpers )

En concédant une troisième victoire aux Kings de Sydney lors des finales, les JackJumpers de Tasmanie ont vu leurs espoirs de remporter le championnat s’envoler définitivement. Malgré cette forte désillusion, ils peuvent se féliciter d’avoir réussi un incroyable parcours en atteignant les finales dès leur saison inaugurale, une première dans l’histoire de la ligue.

Désireuse de s’étendre depuis qu’elle connaît un certain succès grâce à Andrew Bogut et LaMelo Ball, la NBL avait sélectionné la Tasmanie comme terre d’accueil pour sa dixième franchise. Le 30 septembre 2020, le nom « JackJumpers » fut définitivement approuvé. C’est d’ailleurs pendant la saison 2020-21 que le recrutement des cadres et joueurs a eu lieu, l’équipe devant faire ses grands débuts pour la saison 2022. Alors qu’aucun espoir n’était réellement placé sur la formation, les nouvelles franchises ayant du mal à rencontrer le succès dès leurs débuts, les JackJumpers ont surpris toute la ligue en rivalisant avec les meilleurs, s’offrant au passage quelques records pour une équipe d’extension.

L’épopée de la saison régulière

À l’entame de la saison, absolument rien n’aurait pu présager un tel exploit de la part des JackJumpers. Si l’équipe a bien lancé son exercice en remportant son premier match, elle a ensuite enchaîné quatre défaites de suite et perdu six de ses 10 premières rencontres. Lors des 18 matchs suivants, elle n’en perdra que cinq. En effet, malgré des débuts compliqués, les nouveaux arrivants ont élevé leur niveau de jeu, créant un véritable collectif articulé autour du meneur Josh Adams. Ce dernier a conclu sa saison régulière avec des moyennes de 16.6 PTS, 3.1 REB, 2.1 AST et 1 STL en 27 minutes de jeu. En plus d’être le meilleur joueur sur le terrain, il a été tout aussi important dans le vestiaire, prenant le rôle de capitaine et donnant à cette équipe une réelle identité.

Dans le sillage de leur vedette, les JackJumpers se sont mis à jouer plus juste et ainsi à remporter de plus en plus de matchs. Au final? Un bilan de 17 victoires pour 11 défaites. Alors qu’ils traînaient dans les bas-fonds du championnat, ils se sont rapidement invités parmi les prétendants aux séries éliminatoires. Leur grande forme, additionnée à la baisse de régime de certains de leurs adversaires directs, a permis aux hommes de Scott Roth de réaliser une fin de saison presque parfaite, ne s’inclinant qu’à deux reprises lors de leurs 10 dernières confrontations.

Après avoir éliminé le Phoenix de South East Melbourne de la course aux séries éliminatoires quelques rencontres seulement avant la fin de la saison régulière, ces derniers ont permis aux JackJumpers de s’y qualifier en battant les Wildcats de Perth lors du tout dernier match de la saison. Un alignement des planètes incroyable qui ponctua de la meilleure des façons cette incroyable épopée. Pour son travail à la tête du groupe, Scott Roth sera élu Entraîneur de l’année, une distinction amplement méritée.

Le premier tour des séries: David contre Goliath

En se qualifiant de justesse aux séries éliminatoires grâce à leur quatrième place du championnat, les JackJumpers étaient assurés d’affronter la meilleure équipe de la ligue, soit l’United de Melbourne, le champion en titre. Une confrontation inégale au premier abord. Un sentiment qui sera confirmé lors de la première rencontre. Défaits assez lourdement sur le score de 74 à 63, les Tasmaniens ont subi la domination de Melbourne des deux côtés du terrain. Le centre Jo Lual-Acuil leur aura mené la vie dure avec 15 points et 7 rebonds à 50% au tir. Il se sera surtout montré plus que dissuasif dans la raquette en compilant 6 contres. Son coéquipier Caleb Agada n’aura pas démérité en sortie de banc, marquant 16 points accompagnés de 7 rebonds alors qu’il n’aura passé que 13 minutes sur le terrain. Si l’écart n’était que de 5 points à la mi-temps, un énorme troisième quart de Melbourne, durant lequel les JackJumpers seront limités à seulement 7 points à 12.5% au tir (2/16), suffira pour mettre fin au suspens.

Le premier tour des séries éliminatoires ne se jouant qu’au meilleur des trois matchs, les JackJumpers étaient déjà acculés à l’orée de la deuxième rencontre. Malgré leur manque d’expérience, ils parviendront à s’imposer devant leur public, devenant par la même occasion la première équipe d’expansion de l’histoire à remporter un match d’après-saison. Un gain plus contesté que le premier, mais remporté avec la manière sur le score de 79 à 72. Contre la meilleure défense de la ligue, cinq joueurs des JackJumpers dépasseront la barre des 10 points.

En dessous de ses standards lors des deux premiers matchs ( 16 et 6 points), Josh Adams a retrouvé son meilleur niveau dans un match #3 irrespirable, remporté sur le fil par les Jackumpers sur le score de 76 à 73. Ses 30 points à 7/12 derrière l’arche et un effort défensif de l’équipe dans son intégralité leur ont permis de l’emporter. Ils ont en effet marqué 24 points sur les 14 pertes de balle infligées à Melbourne.

Une cinglante défaite en finale

Malgré cet incroyable parcours qui les aura mené jusqu’aux finales, toutes les bonnes choses ont une fin et le conte de fées s’est arrêté là pour les JackJumpers. Ramenés à la réalité par une équipe des Kings de Sydney bien mieux préparée et expérimentée, le résultat est sans équivoque. Une cinglante défaite 3 matchs à 0, un sweep retentissant. Non pas que les hommes de Scott Roth auront démérité. Josh Adams a terminé ces finales avec des moyennes de 25.3 PTS, 4 REB et 2.3 AST, mais l’obstacle était tout simplement insurmontable.

Le premier match, remporté très largement 95-78, laissera cependant un goût amer à Sydney. Malgré la victoire, les Kings se sont vus privés de Jaylen Adams en fin de match à cause d’une blessure à la cuisse, alors qu’il avait déjà inscrit 18 points. Sur les bases d’une très bonne performance, le meneur, fraîchement élu meilleur joueur de la saison, se retrouvait incertain pour le reste des finales. Privés de leur joueur vedette, mais guidés par un Xavier Cooks à 14 points, 11 rebonds, 7 mentions d’aide, 1 interception et 1 contre, les Kings sont donc parvenus facilement à se défaire de leurs adversaires.

Bien qu’Adams soit effectivement absent de la deuxième rencontre, les Tasmaniens n’ont pas tiré avantage de ce manque et se sont encore inclinés. Ils pourront nourrir des regrets quant au dénouement de ce match qu’ils ont perdu de très peu, 90-86. Surtout que Josh Adams aura tout donné, inscrivant 36 points, le nouveau record de la toute jeune franchise. Le trio Xavier Cooks (20 points et 11 rebonds), Dejan Vasiljevic (20 points à 5/7 à 3 points et 5 rebonds ) et Jarell Martin (20 points et 10 rebonds) était simplement trop fort. Les JackJumpers y auront pourtant cru jusqu’à la fin. Du moins jusqu’à ce que Vasiljevic inscrive un énorme tir à 3 points sur la tête de son défenseur alors qu’il ne restait que huit secondes à jouer et que le score était de 87-86 en faveur de Sydney.

C’est donc avec la menace d’une élimination que les Tasmaniens se sont rendus à Sydney pour le match #3 ce mercredi 11 mai. Comme précisé en début d’article, c’est une nouvelle défaite qui les y attendra. Un match encore une fois serré, qu’ils ne perdront que de 9 points (97-88). Toujours privés de leur meneur vedette, les Kings se sont encore une fois appuyés sur le duo Xavier Cooks (23 points, 13 rebonds, 7 mentions d’aides,1 interception et 2 contres) et Jarell Martin (22 points, 16 rebonds et 2 mentions d’aide), cette fois accompagné d’un Ian Clark à 22 unités. Les 27 points de Josh Adams n’auront pas suffi à offrir un peu de répit aux JackJumpers.

Moyennant 19 PTS, 11.7 REB, 5.3 AST, 1 STL et 1.3 BLK sur la série, Cooks est logiquement élu Meilleur joueur des finales. Sydney remporte son quatrième titre, le premier depuis 17 ans.

Qu’attendre pour la suite?

Après cette première saison historique et à la limite de la perfection, les attentes quant aux prochaines campagnes des JackJumpers seront forcément très élevées. Pourront-ils réitérer l’exploit? Pourront-ils faire encore mieux? Difficile de répondre à de telles questions tant les choses évoluent vite en NBL. Pour faire mieux, l’équipe de Scott Roth n’aura pas d’autre choix que de remporter le championnat. Un objectif loin d’être inatteignable pour ce groupe qui a déjà prouvé son talent, mais néanmoins peu probable. Avec une vision optimiste, si les JackJumpers parviennent à se qualifier une seconde fois pour les séries éliminatoires, il s’agirait déjà d’un petit exploit en soi. Dans l’état actuel des évènements, ils y parviendraient certainement. L’intersaison risque cependant d’apporter de nombreux changements qui modifieront à coup sûr la hiérarchie du championnat pour la saison prochaine. Des ajustements seront donc à prévoir, notamment du côté des Wildcats de Perth et du Phoenix de South East Melbourne.

Absents des séries éliminatoires pour la première fois en 35 ans, les Wildcats auront à cœur de se rattraper en 2023. Les dirigeants de la franchise ont déjà envoyé un signal fort en prolongeant Bryce Cotton pour 3 années supplémentaires. À tout juste 30 ans, le meneur est au sommet de sa carrière. Il vient de terminer une nouvelle saison comme meilleur marqueur de la NBL, sa cinquième du genre. S’il est entouré convenablement, nul doute qu’il faudra compter sur Perth parmi les prétendants au titre. Son vice-capitaine, Mitch Norton, sera lui aussi de retour sous les couleurs des Wildcats. Son absence pendant une grande partie de la saison a été l’un des principaux facteurs des résultats mitigés de son équipe. Assurés de la présence de deux de leurs principaux cadres, les dirigeants de Perth pourront se concentrer sur la prolongation de Victor Law. L’arrière de 26 ans vient de terminer une saison à plus de 20 points par match pour sa première année dans l’équipe. Sa blessure à quelques semaines des séries éliminatoires l’aura cependant empêché de montrer le plein potentiel de son association avec Cotton.

Le Phoenix voudra également faire mieux après une saison 2021-22 en dents de scie. Ils se sont longtemps disputés la première place du championnat avec l’United, leur rival de Melbourne. Jusqu’au milieu de l’exercice, S.E. Melbourne était confortablement installé dans les hauteurs du classement. Mitch Creek, le joueur vedette de l’équipe, était sur les bases de sa meilleure saison en carrière et se trouvait dans la liste des prétendants sérieux au trophée de meilleur joueur de la saison. Mais, à partir de mars, l’équipe a traversé une mauvaise période de laquelle elle n’a pas réussi à se sortir. Enchaînant les défaites, le Phoenix a chuté au classement général pour finalement terminer la saison régulière au sixième rang. Une situation difficile à comprendre que Creek explique par l’impact de la pression que les joueurs de l’équipe se mettaient à eux-mêmes pour retrouver le chemin de la victoire. Fort heureusement pour les dirigeants de la franchise, Creek a déclaré son amour pour l’équipe, la ville et les partisans en annonçant son envie d’y rester toute sa carrière. Décevant pour sa première saison en Australie, la superstar chinoise Zhou Qi pourra choisir d’activer sa player option et ainsi de rester à Melbourne pour une année supplémentaire. S’il parvient à franchir un cap et à ne pas être trop limité par les blessures, le Phoenix pourrait retrouver le haut du tableau.

Il sera également intéressant d’observer les mouvements qui seront effectués du côté des Kings de Sydney et de l’United de Melbourne. Si Jaylen Adams semble s’épanouir sous les couleurs des Kings, son impressionnante saison, ponctuée par les titres de Joueur par excellence, de champion NBL et de meilleur passeur, ainsi qu’une nomination dans la première équipe type de la ligue, pourrait lui ouvrir les portes de championnats plus prestigieux. Le constat sera le même pour Melbourne qui a déjà vu Jock Landale, son meilleur joueur la saison dernière, être recruté par une équipe NBA.

Mael Brunet

Étudiant en journalisme à l’UQÀM et fan de sport à ses (nombreuses) heures perdues, Maël s’est logiquement tourné vers le journalisme sportif. Boxe, judo, tennis, soccer, trampoline, triathlon, handball.. il a presque touché à tout. Passionné de basketball qu’il a pratiqué sur les terrains de sa France natale, il a traversé l’Atlantique pour partager son amour de la NBA et de la NBL, mais aussi pour en apprendre plus sur le football, le hockey et la poutine.

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