Un bilan impressionnant pour le Canada à Paris
Cela fait maintenant plus d’une semaine que les Jeux olympiques sont terminés. La nostalgie des amateurs de sport a commencé à se dissiper. Cet événement sportif monstre nous a offert des cérémonies qui ont attiré l’attention, une controverse sur le genre en boxe féminine, de gros doutes sur la salubrité de la Seine, mais surtout des prouesses sportives admirables, notamment pour le Canada.
En effet, les athlètes canadiens se sont surpassés à Paris, marquant l’histoire des JO pour leur pays avec un total de 27 médailles (9 d’or, 7 d’argent et 11 de bronze), un record pour le pays en ce qui concerne les Jeux d’été non boycottés. Voici donc un résumé de certaines des performances les plus marquantes des athlètes canadiens et canadiennes dans la métropole française.
Summer McIntosh
La reine de la piscine lors de ces JO, c’est une Canadienne de 17 ans (qui a eu 18 directement après les JO). Après une première participation à 14 ans à Tokyo, un fait d’armes déjà exceptionnel, Summer a grandement épaté la galerie aux Jeux olympiques d’été, récoltant quatre médailles, dont trois médailles d’or et une d’argent et prenant part à cinq épreuves. Ces quatre réalisations signifient qu’à elle seule, elle est responsable de près de 15% de la récolte canadienne ainsi que du tiers des médailles d’or de l’Unifolié. Il faut toutefois prendre cette statistique avec un grain de sel, car ce ne sont pas tous les athlètes qui effectuent plusieurs épreuves.
Elle a tout de même égalé la nageuse Penny Oleksiak, elle qui avait aussi gagné quatre médailles à Rio en 2016, en tant qu’athlète la plus décorée lors d’une édition des JO d’été. McIntosh est aussi la seule athlète canadienne à gagner trois médailles d’or lors d’un même événement olympique, des accomplissements franchement impressionnants.
Elle a remporté la médaille d’or au 400 mètres quatre nages, la médaille d’argent du 400 mètres nage libre, la médaille d’or au 200 mètres papillon et la médaille d’or du 200 mètres quatre nages. Cette dernière compétition est probablement sa plus mémorable de la quinzaine olympique, alors qu’elle a rattrapé son opposante américaine Kate Douglass dans les derniers mètres, en plus de décrocher un record olympique. Elle a conclu ces JO en recevant l’honneur d’être l’une des porte-drapeaux du Canada lors de la cérémonie de clôture.
Il y a donc peu de qualificatifs pour décrire les exploits de cette jeune sensation. Ce serait même un euphémisme de dire qu’elle a un futur prometteur devant elle, alors qu’elle n’aura que 21 ans lors des prochains Jeux olympiques à Los Angeles en 2028.
Ethan Katzberg
L’autre porte-drapeau canadien lors de cette cérémonie de clôture était le lanceur de marteau, Ethan Katzberg, qui a raflé la médaille d’or dans cette discipline en dominant ses opposants. En effet, le colosse de 22 ans a réussi un lancer de 84,12 mètres dès son premier essai. Aucun autre participant n’a su s’approcher du Canadien par la suite. Le médaillé d’argent, le Hongrois Bence Halasz, a réussi à lancer le marteau à 79,97 m, très loin de la marque de Katzberg.
Pour ajouter à son aura, rajoutons que le grand moustachu est aussi le premier Canadien médaillé d’or dans un concours de lancers depuis le Québécois Étienne Desmarteau, en 1904 aux Jeux de Saint-Louis. Sa comparse féminine Camryn Rodgers a elle aussi remporté l’or. C’est la première fois dans l’histoire olympique canadienne que le Canada gagne la médaille d’or au lancer du marteau, autant du côté masculin que féminin. Un sport qui est traditionnellement dominé par des nations européennes.
Eleanor Harvey
L’une des médailles les plus surprenantes pour l’Unifolié dans la capitale française. Effectivement, la native de Hamilton se classait au 12e rang mondial durant cette compétition de fleuret individuel féminin. Harvey (12), a d’abord pulvérisé la cinquième escrimeuse au monde, une Polonaise, en huitièmes de finale avant de se départir d’une Italienne, située au quatrième rang mondial, en quarts.
Défaite en demi-finale, elle s’est ensuite emparée de la médaille de bronze contre une autre Italienne, Alice Volpi (3), dans un combat exaltant (15-12) le 28 juillet dernier lors de la petite finale. Il s’agissait d’une toute première médaille olympique en escrime pour le Canada. Oui oui, vous avez bien lu.
Quelques jours plus tard, elle menait l’équipe canadienne à une quatrième place très respectable en fleuret féminin par équipe, lors d’un match excessivement serré (33-32) contre le Japon. Âgée de 29 ans, elle agissait comme vétérane dans cette jeune formation canadienne, alors que ses trois coéquipières avaient toutes moins de 20 ans.
Alysha Newman
L’Ontarienne de 30 ans est une belle découverte pour le peuple canadien, et ce, pour de multiples raisons. À commencer par sa médaille de bronze obtenue au saut à la perche à Paris, une première pour le Canada dans cette discipline depuis 112 ans et la toute première décrochée par une femme. Elle a ainsi réussi à sauter par-dessus une barre située à 4,85 mètres de hauteur et est retombée sur un matelas sans qu’aucun membre de son corps ne touche à cette barre. Il s’agit de sa marque personnelle et d’un record national du même coup.
Newman s’est également démarquée par sa personnalité rayonnante. Un sourire radieux, des célébrations qui sortaient de l’ordinaire, avec le fameux twerk et des entrevues en français (elle qui est pourtant originaire de London) rigolotes, mais charmantes au micro de Radio-Canada.
Le parcours de Newman n’est pas à négliger non plus, elle qui a connu une période très difficile lors des JO de Tokyo en 2021, subissant une commotion cérébrale trois mois avant la compétition. Malgré le diagnostic, elle n’a pas été traitée. On l’avait plutôt encouragée à poursuivre son entraînement pour Tokyo, ce qu’elle avait fait. Une décision qui s’est soldée en un résultat pitoyable à Tokyo. Reprenant l’entraînement en 2022 après une pause de six mois, c’est une pente extrêmement abrupte qu’elle a remontée avec brio.
L’équipe du relais 4×100 m masculin
Une médaille d’or incroyable pour l’équipe d’athlétisme masculine canadienne, mais aussi la médaille de la rédemption pour Andre De Grasse. Les coéquipiers de ce dernier, Aaron Brown, Jerome Blake et Brendon Rodney ont connu une course quasi parfaite pour que De Grasse, le dernier coureur de l’équipe, termine le tout avec un temps de 8,89 secondes. Au total, le quatuor unifolié a réussi un chronomètre de 37,50 secondes, les plaçant au premier échelon, devant les Sud-Africains (37,57 sec) et les Britanniques (37,61 sec).
Les amateurs s’attendaient à plus de la part de De Grasse aux épreuves du 100 mètres et du 200 mètres, dans lesquelles il n’a même pas pu décrocher une place en finale, étant ralenti par une blessure à l’ischiojambier. Cette performance au relais est donc venue racheter des Jeux plus décevants pour lui, qui avait été un héros de la nation au JO de Rio et Tokyo, récoltant six médailles au total. Avec cette septième médaille obtenue à Paris, il est ainsi, à 29 ans, le codétenteur du plus grand nombre de médailles olympiques toutes disciplines confondues au pays (JO d’été, comme d’hiver), à égalité avec Penny Oleksiak (et oui, encore elle).
Qu’en est-il de la performance du Québec?
À Paris, le Québec a fait moins bien qu’aux Jeux de Tokyo il y a trois ans, alors que les médailles de Jennifer Abel et Mélissa Citrini-Beaulieu (tremplin synchronisé), Lauriane Genest (keirin), Laurence Vincent Lapointe (canoë-kayak de vitesse) et Catherine Beauchemin-Pinard (judo), pour ne nommer qu’elles, avaient gonflé la récolte québécoise.
Les représentants du fleurdelisé ont tout de même offert de très beaux moments à leurs partisans lors de cette quinzaine olympique. À commencer par l’haltérophile Maude Charron, qui après avoir raflé l’or à Tokyo, s’est décorée d’argent cette fois-ci grâce à une performance une fois de plus renversante. Elle a ainsi soulevé un total de 236 kg à l’épaulé-jeté.
La trampoliniste de Varennes Sophiane Méthot a quant à elle, sauté sur la troisième marche du podium. Elle était la première Québécoise de l’histoire à participer à ce sport aux Jeux olympiques. Elle a accompli cet exploit dans une finale enlevante, alors que la Chinoise Zhu Xueying, championne olympique en titre, a raté son exercice, offrant une belle opportunité à Méthot et aux autres. La Québécoise s’était qualifiée en huitième place, de justesse, pour la finale. Ce fut donc une belle surprise pour elle d’accéder au podium olympique.
Dans des disciplines disputées en double, d’autres Québécois ont brillé en compagnie de leurs partenaires non québécois. C’est d’abord le cas de Félix Auger-Aliassime au tennis double mixte qui a mis la main sur le bronze en compagnie de Gabriela Dabrowski. FAA est aussi passé bien proche d’une médaille en simple, terminant quatrième. Le plongeur Nathan Zsombor-Murray s’est lui aussi couvert de bronze au plongeon 10 mètres synchronisés en compagnie de Rylan Wiens. Il s’agissait du premier podium olympique du pays à cette épreuve masculine.
Soulignons également l’excellent travail du Montréalais, mais ayant principalement grandi aux États-Unis, Ilya Kharun, qui a décroché deux médailles de bronze, aux 100 m et 200 m papillon en natation chez les hommes.
D’autres prouesses à ne pas oublier
Avec 27 médailles gagnées par Équipe Canada et 50 athlètes décorés au total, on ne peut évidemment pas nommer tout le monde. Toutefois, il ne faut absolument pas passer sous le silence les prouesses des médaillés d’or Christa Deguchi en judo, Katie Vincent en canoë sprint 200 m et bien sûr, Phil Wizard en breaking qui s’est adjugé la toute première médaille d’or de l’histoire de cette discipline.
La cinquième médaille olympique de Kylie Masse après son bronze au 200 m dos féminin, le premier double podium du Canada en 48 ans aux JO d’été avec les réussites de Josh Liendo (argent) et Kharun (bronze) au 100 m papillon masculin sont des exploits sensationnels. Ou encore les 60 années passées depuis la dernière médaille olympique du Canada au 800 m masculin avant l’argent de Marco Arop et le fabuleux parcours des volleyeuses de plage Melissa Humana-Paredes et Brandie Wilkerson, décorées d’argent, sont d’autres faits d’armes qu’il est bon de mentionner.
Il faut encore attendre quatre ans avant de revivre toutes ces grandes émotions procurées par les Jeux olympiques, alors que Los Angeles sera la prochaine ville hôte, comme l’a illustré l’acteur Tom Cruise lors de la cérémonie de clôture.
Pour les plus impatients, les Jeux olympiques d’hiver seront de retour en 2026 du côté de Milan et Cortina d’Ampezzo en Italie.