Popyrin, l’improbable nouveau roi de Montréal

Alexei Popyrin est tombé au sol, euphorique, après sa victoire en finale de l’OBN au stade IGA de Montréal. Crédit photo : ATP Tour / X

L’Australien Alexei Popyrin a malmené la cinquième tête de série, Andrey Rublev, tout au long du match pour s’adjuger le premier titre Masters 1000 de sa carrière. Confiant et puissant, il a vaincu le Russe, frustré et ébranlé, en deux manches de 6-2 et 6-4 en finale de l’Omnium Banque Nationale à Montréal.

C’est sans équivoque la plus importante victoire de la carrière de l’Océanien, qui n’avait gagné que des tournois ATP 250 jusqu’à maintenant. Qui plus est, il est le premier Australien a remporté un tournoi de la sorte depuis Lleyton Hewitt en 2003. En effet, deux des compatriotes de Popyrin, Nick Kyrgios et Alex de Minaur (10e raquette mondiale présentement), n’ont jamais réussi l’exploit, ce qui en dit long sur ce que vient d’accomplir le géant de 25 ans.

D’autant plus que Popyrin est loin d’avoir eu un parcours simple et facile. Effectivement, il a dû battre quatre têtes de série dans ce tournoi pour arriver à ses fins, soit Ben Shelton (11) au deuxième tour, Grigor Dimitrov (7) au troisième, Hubert Hurkacz (4) en quart de finale et finalement Rublev (5) en finale. Il a également dû revenir de l’arrière dans certains de ces affrontements, notamment contre Dimitrov et Hurkacz, alors que pratiquement personne ne le voyait réussir.

Popyrin fera un bond de géant au classement de l’ATP, digne de ses 6 pi 5 po, grimpant au 30e rang mondial, un bond de 32 positions acquis uniquement grâce à ses performances à Montréal. Quant à Rublev, il passe du huitième au sixième échelon.

Souvenez-vous du nom!

Cela ne faisait que quelques minutes que le piano d’Alexandra Stréliski ne produisait plus de son et Andrey Rublev était déjà en sérieuse difficulté. Le Russe a effectivement perdu consécutivement les sept premiers points du match et dans la foulée, les deux premiers jeux. Son adversaire l’a donc aisément brisé dès le départ. Après avoir laissé filer le deuxième jeu, Rublev a lâché son premier (mais non le dernier) cri de frustration de la rencontre.

Malgré cette attitude négative et une entame de match désastreuse, la foule n’a pas arrêté d’encourager le favori pour l’emporter, semblant se ranger majoritairement du côté de Rublev au départ.

Rublev ne jouait certes pas au niveau désiré, mais il faut tout de même accorder beaucoup de crédit au champion. Il a amorcé le match à son meilleur, ce qui est complètement le contraire de son opposant. Il retournait très bien les services du Russe, ce qui lui a permis de le briser deux fois au premier set.

Une autre chose qui a fait la différence entre ces deux finalistes était la capacité de Popyrin de bien jouer sous pression. L’Australien y est allé de deux as qui lui ont permis de sauver deux balles de bris au quatrième jeu. Son service a d’ailleurs été toute une arme dans ce duel, obtenant 10 as au total. Lorsque ce n’en était pas un, il arrivait bien souvent remporter le point avec un succulent enchaînement service-volée, très athlétique malgré sa verticalité. Bref, Rublev a obtenu quatre occasions de briser au premier set, toutes ratées, ce qui démontre un manque d’opportunisme de sa part.

Rublev a repris un peu de mordant en fin de première manche avec plus de vivacité dans ses attaques, mais c’était trop peu trop tard, ayant été brisé de nouveau au cinquième jeu. Un résultat aussi expéditif pour cette première manche a surpris bien des partisans montréalais. À partir de ce moment, probablement que certains amateurs ont commencé à changer de camp, puisque les « Let’s go Poppy » se faisaient entendre de façon plus insistante. Une chose est sûre, ceux qui étaient au stade IGA se souviendront longtemps de ce nom, Popyrin.

C’est probablement le meilleur match de ma vie. En ce qui me concerne, ce n’est pas la façon dont j’ai joué cette finale qui me rend le plus fier. C’est plutôt la façon dont j’ai joué tout au long de la semaine, le niveau que j’ai atteint contre ces joueurs de haut calibre.

Alexei Popyrin, en conférence d’après-match, accompagné de son trophée, stade IGA.
L’étoffe d’un champion

Dès le premier jeu de la deuxième manche, Popyrin est revenu à la charge sur son adversaire, en le brisant encore d’entrée de jeu. Il a une fois de plus été excellent sous pression au quatrième jeu, y allant de frappes bien placées et appuyées à 40-40, remportant ainsi un bel échange et en ne laissant pas d’occasion de briser à Rublev.

Deux autres opportunités de la sorte se sont présentés pour le Russe au sixième jeu. Il a enfin été capable de concrétiser sa sixième balle de la rencontre sur une rare double faute de son rival. Or, directement après ce bris, Popyrin a répliqué avec un autre bris pour prendre les devants 4-3 dans ce set, au grand déplaisir de Rublev qui devait tout recommencer. Ce dernier y est d’ailleurs allé d’un autre cri de rage, dirigé vraisemblablement vers lui-même. Quelques instants plus tard, c’est le bac de serviettes qui recevait un bon coup de pied. L’Océanien, quant à lui, prouvait alors qu’il possédait l’étoffe d’un champion.

Bien que le sixième joueur au monde n’était pas dans sa meilleure forme, Popyrin a tout de même étalé l’ensemble de ses talents à la planète tennistique dans cette confrontation. Notamment au service bien sûr, mais il a aussi été en mesure de délivrer d’impressionnants amortis au grand plaisir des spectateurs. Par ailleurs, les retours de service percutants, accompagnés d’une volée gagnante au filet a été un type de jeu que l’on a pu voir souvent chez l’Australien, autant dans ce match que dans l’ensemble du tournoi.

Rublev n’a finalement pas été capable de s’offrir d’autres occasions de briser dans les derniers jeux du match, devant s’avouer vaincu face à la puissance de Popyrin. Celui-ci a donc obtenu trois balles de match, retenant le souffle de tous les partisans sur le Court central. Rublev en a sauvé deux, mais la troisième était de trop. La deuxième manche (6-4) et par le fait même, le titre montréalais, étaient dans la poche du géant.

Une fois son gain confirmé, le nouveau 30e joueur mondial s’est écroulé sur le terrain, le sourire au visage, ne pouvant pas y croire. Le négligé Popyrin a ainsi triomphé en 89 minutes de jeu grâce une performance que l’on peut certainement qualifier de dominante avec 72 points gagnés dans le match, contre 54 pour Rublev.

Rublev tout de même content, malgré de vives émotions

Malgré sa défaite, le Russe affichait lui aussi son sourire habituel en conférence d’après-match, étant somme toute satisfait de sa semaine à Montréal, bien plus calme et résigné que lorsqu’il s’agitait sur le terrain.

J’ai montré quelques émotions aujourd’hui, mais par rapport à d’autres matchs que j’ai perdus de la même façon, je me suis comporté beaucoup mieux.

Andrey Rublev en conférence d’après-match, stade IGA.

Avec seulement 44% de premiers services en jeu, il est d’avis qu’il n’était tout simplement pas à la hauteur pour ce match.

Je ne crois pas que j’étais plus nerveux ce soir. C’est juste moi avec moi-même. Je n’ai pas pu gérer, c’est tout. Ce n’est pas la question d’être favori ou non, c’est plutôt qu’après tous ces matchs, je me disais que je jouais bien et que je méritais la semaine complète. Cela m’a tué finalement.

Andrey Rublev en conférence d’après-match, stade IGA.

Alexei Popyrin et Andrey Rublev devront se remettre de leurs émotions rapidement puisqu’ils joueront tous deux le tournoi de Cincinnati cette semaine, en préparation pour les Internationaux des États-Unis. Ils amorceront cet autre tournoi Masters 1000 mercredi.

Olivier Prince-Groleau

Grand fan de sport, surtout le hockey et le soccer, Olivier est un grand sportif de salon et ne s'en cache pas. Ce dernier regarde énormément de faits saillants des matchs qui l'intéresse sur YouTube, s'en est presque maladif. Celui que l'on surnomme OPG adore consommer du sport, mais aussi en faire et là on ne parle pas d'aller au gymnase, mais plutôt de jouer à un sport concrètement. En effet, il pratique le hockey depuis l'âge de 6 ans et il fait également du soccer/futsal depuis l'âge de 8 ans.  Les grands évènements sportifs comme les Olympiques, la Coupe du Monde ou encore les séries éliminatoires de la LNH sont de véritables sources de plaisir pour lui. Bref, un vrai sportif dans l'âme et dans le corps!

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