Contre-article: Danault est un bon 2e centre
Phillip Danault s’est établi comme un des meilleurs centres défensifs de la LNH, mais il manque quelques aspects à son jeu pour qu’on puisse le qualifier de centre numéro un. Tout peut changer en une saison, mais aujourd’hui, ce n’est pas réaliste de considérer Danault comme l’un des vingt meilleurs joueurs de sa position.
J’ai lu, relu et relu l’article de mon collègue Antonin Martinovitch dans lequel il affirme que Phillip Danault fait partie de « l’élite » au niveau des joueurs de centre à caractère défensif. Je n’avais nullement besoin d’être convaincu du fait que Danault méritait amplement les votes qu’il a reçus cette année dans la course au trophée Frank J. Selke, mais j’ai grandement apprécié les statistiques permettant de mettre en valeur le travail du Québécois en zone défensive.
J’ai toutefois commencé à ressentir un malaise lorsqu’il a abordé les comparaisons offensives avec certains autres centres d’élite du circuit et qu’il a affirmé que Danault faisait partie du top vingt des joueurs de centre de la LNH. Cela qualifierait Danault de premier centre légitime sur presque n’importe quelle formation de la ligue. C’est toutefois bien loin de la réalité puisqu’il manque un élément crucial au numéro 24 du CH pour être qualifié ainsi : la production offensive.
Un ADN de défenseur
Phillip Danault est ce que l’on appelle communément un joueur bidirectionnel (two-way forward en anglais). C’est-à-dire qu’il est le genre de joueur qui a la capacité d’être bon offensivement et défensivement. Les joueurs de ce type qui évoluent au centre vont souvent être appelés à prendre des mises en jeu importantes en zone défensive ou à jouer en désavantage numérique.
Dans son article, Antonin démontre parfaitement que Danault est non seulement bon dans ces deux éléments, il est assurément l’un des meilleurs. En ce qui concerne les mises en jeu, seuls quatre joueurs ont un pourcentage de réussite assez supérieur au sien. Il s’agit de Patrice Bergeron, Ryan O’Reilly, Jonathan Toews et Sean Couturier. Les trois premiers sont des réguliers dans la course au trophée Selke et Couturier l’a remporté cette année. Pour ce qui est du désavantage numérique, il n’y a aucune compétition. Danault passe plus de temps sur la glace lorsque son équipe est à court d’un homme que n’importe quel autre centre, ce qui signifie sans doute qu’il est très bon.
Est-ce que Danault mérite le trophée Selke? Absolument. Est-ce que Danault va gagner le trophée Selke un jour? J’en doute. Chose certaine, il est dans la conversation lorsqu’on parle des cinq meilleurs centres défensifs de la ligue.
La production offensive EST importante
Là où ça se complique pour Phillip Danault, c’est lorsqu’on doit comparer sa production offensive aux autres joueurs de centre. La saison dernière, le Québécois a été le meilleur centre des Canadiens de Montréal au chapitre des points, avec 47. Selon NHL.com, ce total le plaçait au 39e rang chez les centres à travers la ligue, à égalité avec… Sidney Crosby! Le capitaine des Penguins a toutefois disputé 30 matchs de moins. Avec ses 47 points, Danault a réussi à faire mieux que le meilleur centre de six autres formations. Il s’agit toutefois de celui des Sharks, des Ducks, des Sénateurs et des Devils, qui n’ont pas pris part aux séries éliminatoires, ainsi que des Coyotes et des Prédateurs, dont l’une des deux formations (les Coyotes) a pu prendre part aux séries simplement parce qu’elle affrontait l’autre (les Prédateurs) pour une place.
Comme je l’ai mentionné précédemment, Danault est toutefois un centre défensif. Il serait donc injuste de devoir le comparer à Connor McDavid, Auston Matthews ou Evgeni Malkin, qui sont presque strictement des joueurs à caractère offensif. Pour le bien de cet exercice, je vais donc simplement comparer la production du Québécois à celle des autres centres défensifs présents dans les graphiques d’Antonin, soit O’Reilly, Toews, Bergeron et Couturier, ainsi que Sebastian Aho, Aleksander Barkov et Anze Kopitar. Voici donc comment se classe Danault parmi ceux-ci :
Joueur | Matchs joués | Points | Points/match |
Sebastian Aho | 68 | 66 | 0,97 |
Anze Kopitar | 70 | 62 | 0,89 |
Aleksander Barkov | 66 | 62 | 0,94 |
Ryan O’Reilly | 71 | 61 | 0,86 |
Jonathan Toews | 70 | 60 | 0,86 |
Sean Couturier | 69 | 59 | 0,86 |
Patrice Bergeron | 61 | 56 | 0,92 |
Phillip Danault | 71 | 47 | 0,66 |
On peut donc constater où se situe la différence entre ces joueurs. Danault est celui qui a joué le plus de matchs et obtenu le moins de points. Alors que les sept autres ont une moyenne de points par match supérieure à 0,85, la sienne est de 0,66…
Il devient donc clair que même si on compare seulement Danault aux centres défensifs, il n’a pas le talent requis pour être un premier centre dominant qui sera capable d’aller marquer beaucoup de points. Sa production offensive est plutôt similaire à celle de William Karlsson, Eric Staal, Max Domi et Nick Schmaltz qui, sans rien leur enlever, sont tous des joueurs qui ont leur place sur un deuxième trio.
Dans le top 30
Phillip Danault n’est donc pas un centre numéro un. Il pourrait assurément être le meilleur troisième centre de la ligue, mais il constitue une très bonne option sur un deuxième trio. Ses qualités défensives sont extrêmement importantes, certes, et lui font gagner des points sur certains joueurs, comme Karlsson ou Schmaltz, mais ne sont pas suffisantes pour lui permettre d’être considéré comme l’un des vingt meilleurs joueurs de centre dans une liste qui n’inclut pas Nicklas Backstrom, Evgeny Kuznetzov, John Tavares et Dylan Larkin.
La production offensive ne fait pas le joueur, certes, mais elle fait la différence entre un centre numéro un, deux, trois et quatre, et, à mon avis, un joueur de deuxième trio de 47 points ne peut pas faire partie du top 20, peu importe le niveau de ses habiletés défensives. Je crois toutefois qu’il a sa place dans le top 30, même s’il se trouve à la fin de celui-ci.
Je n’aime pas faire de classements de joueurs, mais, pour la cause, je vais me livrer à l’exercice :
- Connor McDavid
- Nathan MacKinnon
- Sidney Crosby
- Leon Draisaitl
- Evgeni Malkin
- Auston Matthews
- Jack Eichel
- Elias Pettersson
- Mark Scheifele
- Aleksander Barkov
- Nicklas Backstrom
- John Tavares
- Ryan O’Reilly
- Sean Couturier
- Brayden Point
- Sebastian Aho
- Patrice Bergeron
- Jonathan Toews
- Evgeny Kuznetsov
- Anze Kopitar
- Steven Stamkos
- Mika Zibanejad
- Matt Barzal
- Dylan Larkin
- Bo Horvat
- Tyler Seguin
- Claude Giroux
- Brayden Schenn
- Pierre-Luc Dubois
- Phillip Danault