Cher partisan…
Cher partisan, je te remercie.
Signe de l’été qui arrive, tu as mis du soleil dans ma journée. Pour la première fois en 444 jours, tu m’as fait sentir moi-même. C’est pourquoi je t’écris ce texte que certains trouveront trop émotif ou trop poétique. C’est qu’hier soir, je suis retombé en amour.
Bin oui, les papillons pis tout le kit. Ton bonheur m’a charmé. Il m’a hypnotisé. Dans cette transe, je me suis revu, petit garçon, rêvant aux grandes parades de la coupe Stanley. Tu as fait remonter des émotions que je croyais enfouies à jamais aux fins fonds de mon être. Elles ont pris contrôle de moi et m’ont fait tellement de bien.
En ces quelques heures si longtemps attendues, je n’étais plus journaliste. Comme les eaux du fleuve qui nous ont séparés toute la soirée, nos corps se sont unis pour ne faire qu’un. J’ai souri quand tu as souri. J’ai crié quand tu as crié. J’ai sauté quand tu as sauté. Aurais-je pu faire autrement?
J’ai vu le feu qui brûlait en toi. Il illuminait tes yeux. Après tant de noirceur, je l’ai envié moi aussi. J’en avais besoin autant que toi. Pour reprendre les mots d’un de tes poètes préférés, j’te dis que c’t’année, dans mon p’tit cœur, y’a fait frette.
Tes chants et tes encouragements, dépoussiérés du grenier de tes pensées, ont résonné jusqu’à Salluit, unissant une nation interminablement distanciée et isolée. À l’image d’une équipe qui corrige un déficit de 1-3 dans sa série, ils ont tassé le passé pour faire place à une nouvelle ère, une belle époque, la fin de cette guerre contre l’ennemi invisible. Un cadeau dont on savait l’existence, mais qu’on ne pouvait ouvrir trop tôt.
Le petit garçon en moi en avait assez d’attendre. Comme toi, il compte user son présent à la corde.
Cher partisan, je te salue.
En tant que septième joueur, tu as connu une performance sans faille. Tes copains et toi n’avez peut-être pas marqué le but de la victoire, mais vous vous méritez 2500 mentions d’assistance. Vous êtes la première étoile de ce match.
Ta formation préférée n’a pas connu sa meilleure rencontre de la série comme par hasard. Elle aussi, elle est humaine. Elle aussi, elle a besoin d’amour. Et, hier soir, dans l’enceinte du Centre Bell, c’est l’amour du Québec en entier qui lui a été transmis.
Si ses adversaires ont su maîtriser ses 20 joueurs à trois reprises, la tâche s’est avérée impossible lorsque ce sont 8,5 millions de personnes qui sont débarquées sur la patinoire.
Prends soin de toi, cher partisan. J’ai hâte de te revoir.