Le skateboard fait son entrée à Tokyo 2020

Pour la première fois en 2021, le skateboard sera présent aux Jeux olympiques. La communauté qui gravite autour de ce sport est maintenant curieuse de la forme qu’il prendra à Tokyo.

Deux disciplines sont à l’horaire des skateurs : le street et le park. Elles seront évaluées en style libre, sans figures exigées.

Certains termes anglais comme le Ollie (effectué sur la photo) sont acceptés en français.
Crédits Photo : Manon Touffet
Le Street 

L’épreuve de street prendra forme sur un parcours d’obstacles simulant une ruelle où rampes, escaliers et bancs seront mis à la disposition des skateurs. Ces derniers auront droit à deux passages de 45 secondes. Les athlètes pourront ensuite réaliser cinq figures évaluées individuellement en fonction du style, de l’originalité et de la qualité d’exécution. Les quatre meilleures notes seront additionnées pour le pointage final.

Le Park 

Le park se déroulera plutôt sur un circuit creusé (à la manière d’une piscine difforme) nommé « bowl », dont la surface en béton est courbée. À nouveau, les skateurs disposeront de deux passages. Au cours des 60 secondes qui leur sont allouées, ils tireront avantage des divers vallons pour effectuer leurs figures les plus impressionnantes. Cette épreuve accordera une importance particulière à la hauteur et la qualité des figures choisies.

Le meilleur des deux passages sera pris en considération.

Des athlètes olympiques surprises 

Les 80 skateurs (40 hommes et 40 femmes) qui participeront aux Jeux olympiques pourraient étonner l’auditoire. « On va avoir des jeunes de 12, 13, 14 ans », souligne Geneviève Tardif qui commentera le skate à Tokyo. La Grande-Bretagne, notamment, aura comme plus jeune athlète Sky Brown, une skateuse âgée de 13 ans. « Je pense que les skateurs plus vieux vont avoir de la difficulté à suivre les plus jeunes », augure Mme Tardif, impressionnée par leur capacité d’apprentissage. 

Louise Hénault-Éthier, ultérieurement analyste du skateboard aux Jeux de Tokyo, va dans ce sens : « Les jeunes sont flexibles, élastiques, moins lourds! Plus on grandit, plus nos performances s’amenuisent », fait-elle valoir.

Geneviève Tardif ajoute que certains pays pourraient s’avérer particulièrement performants dans les épreuves de skateboard. Selon la journaliste, les athlètes canadiens ne seraient pas les plus prometteurs. Il faudra plutôt surveiller les skateurs en provenance des État-Unis (berceau du skateboard), du Brésil et de certaines régions d’Asie, là où ce sport est bien développé. Mme Tardif rappelle cependant que les risques liés à la pratique du skate peuvent influer sur les résultats aux Jeux olympiques. Effectivement, les athlètes au sommet du classement ne sont pas à l’abri d’une blessure qui compromettrait leur performance à Tokyo. En outre, certains concurrents moins connus pourraient épater les juges. « C’est une année où on va voir comment ça va se passer! », résume la journaliste.

Les épreuves seront jugées en style libre, sans figures imposées.
Crédit Photo Manon Touffet
Les enjeux d’évaluation 

Le skateboard sera un sport olympique où les juges n’auront pas la tâche facile.

« [Étant donné les performances en style libre] ils ne pourront pas regarder chaque skateur effectuer la même figure et ensuite évaluer leur capacité à la réaliser », affirme Louise Hénault Éthier. Elle précise que c’est la pluralité des styles en skateboard qui compliquera cette forme d’évaluation. Certains skateurs, par exemple, auront tendance à effectuer des figures moins ambitieuses mais avec une fluidité et une force impressionnante. D’autres favoriseront plutôt la difficulté des combinaisons. 

« Je crois que le style sera très technique », prévoit tout de même l’analyste. Selon les observations de Mme Hénault-Éthier, les skateurs de compétitions internationales sont de plus en plus aptes à réaliser des figures inédites et complexes. Ainsi, les juges auront tendance à valoriser la difficulté technique pour s’adapter à cette évolution. L’analyste suppose que « ça pourrait créer une certaine tension aux Jeux olympiques », considérant que la sous-culture du skate accorde une importance majeure au style.

« Je suis contente de ne pas être juge », conclut-elle. 

Les défis de l’animation

D’après Louise Hénault-Éthier, ce sera « un gros défi de bien animer et de représenter de façon intègre les trucs qui seront réalisés par les skateurs » . Effectivement, les analystes rencontreront plusieurs embûches, à commencer par les restrictions sanitaires. 

« Ce sera un gros défi de bien animer et de représenter de façon intègre les trucs qui seront réalisés par les skateurs »

Louise Hénault-Éthier

La spécialiste explique qu’en temps normal, les analystes se rendent sur le terrain et assistent aux pratiques des skateurs. Ils sont en mesure de distinguer les personnalités et les styles des athlètes, ce qui facilite la description des performances en direct. « Là on sera dans les studios de Radio-Canada à Montréal. Il va falloir comprendre instantanément quelles figures ils sont en train de faire et ça se déroule en une fraction de secondes », soutient l’analyste.

Le fait de ne pas être lié à sa planche comme en snowboard ajoute une touche de complication. « Selon la manière avec laquelle [la planche] se détache des pieds lors des sauts, il y a plein de variations dans les termes » , prend comme exemple la skateuse.

Elle ajoute qu’une certaine francisation de la nomenclature (présentement anglophone) sera également nécessaire selon les normes de Radio-Canada qui présentera le sport. Heureusement, quelques termes comme ollie sont acceptés en français, et une banque de vocabulaire sera réalisée par le service de diffusion. 

Enfin, les analystes devront adapter leur animation au public des Jeux olympiques.

« Ce n’est pas comme aux X Games. Il va y avoir une grande audience qui n’aura pas forcément l’intérêt spontané pour ce sport-là », met de l’avant Louise Hénault-Éthier. Elle souligne l’importance de rejoindre ce public non averti qui, grâce aux cotes d’écoutes, financera les Jeux olympiques. Toutefois, l’animation devra présenter le sport sans le dénaturer. « C’est délicat d’établir un équilibre entre la francisation et l’exactitude des termes, tout en permettant aux vrais skateurs de se reconnaître dans ce sport-là! », déclare Mme Hénault-Éthier.

Un ajout stratégique

L’ajout du skate à Tokyo serait une décision entièrement commerciale. « Les jeunes ne regardent pas les Jeux olympiques. Le CIO a ajouté les sports extrêmes pour attirer leur attention », souligne Jesse Ramirez, skateur de haut niveau. C’est une stratégie qui devrait s’avérer efficace d’après Geneviève Tardif. « RDS a choisi quelques sports où nous serons en direct et le skate a été choisi. Ce n’est pas pour rien! », affirme-t-elle.  En ce sens, elle souligne que la présence accrue des jeunes skateurs vedettes particulièrement suivis sur les réseaux sociaux pourrait contribuer à capter l’attention de ce public cible. La journaliste est également convaincue que l’aventure du skate aux olympiques ne fait que débuter. « Ça a déjà été annoncé qu’à Paris 2024, le skate sera à nouveau une discipline », se réjouit-elle. 

Daphné Chamberland

Animée par sa curiosité et sa soif d'apprendre, Daphné est tombée amoureuse du journalisme lors de ses études collégiales en communication. Désormais au baccalauréat en journalisme, elle discute chaque semaine de l'actualité sur les ondes de CHOQ.ca. À l'occasion, l’étudiante varie son implication médiatique en prêtant sa plume au Montréal Campus. Cavalière depuis toujours et passionnée de plein air, sa curiosité pour le journalisme sportif l'a menée dans les rangs du Club-École. Intéressée par la variété de disciplines présentes aux Jeux olympiques, elle s'est découvert un penchant pour les sports méconnus. Qu'il s'agisse d'escrime, de pentathlon moderne, de tir à l'arc ou de marche rapide, elle souhaite déconstruire les préjugés et donner à ces sports dans l’ombre une visibilité médiatique.

Une réflexion sur “Le skateboard fait son entrée à Tokyo 2020

  • 24 juillet 2021 à 21:35
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    Il y a probablement des figures difficiles à traduire, j’en conviens. Cependant, des améliorations sont grandement souhaitables pour le reste.

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