Deux Canadiens héros du Thunder d’Oklahoma City
Située à près de 3 000 km des frontières du voisin du grand Nord, la capitale de l’Oklahoma s’illustre grâce aux performances de son fantastique duo canadien. Tous deux arrivés en 2019 au Thunder, Shai Gilgeous-Alexander et Luguentz Dort représentent l’avenir de la franchise.
Le 12 juillet 2019, la National Basketball Association (NBA) subissait une véritable onde de choc. Après onze années passées au Thunder d’Oklahoma City, Russell Westbrook faisait ses valises. Onze ans de bons et loyaux services. Plus d’une décennie à faire vibrer les paniers la Chesapeake Arena et le cœur des fans. Une décennie à s’efforcer de faire d’Oklahoma City une équipe compétitive. Le bonhomme détient à peu près tous les records du Thunder. On parle d’une équipe qui a compté dans ses rangs Kevin Durant, James Harden, Paul George ou Carmelo Anthony. Pourtant, c’est bien lui le visage de la franchise. Après un tel coup dur, difficile d’imaginer le Thunder se relever de sitôt.
Cependant, deux jeunes joueurs répondant aux doux noms de Luguentz Dort et Shai Gilgeous-Alexander ont immédiatement repris le flambeau. Représentant la jeunesse dorée canadienne, leur association fait des miracles. Le premier est sans aucun doute le meilleur joueur de son pays actuellement et s’impose, du haut de ses 23 ans, comme le futur de la ligue. Le second ne cesse de progresser depuis son arrivée en NBA il y a 3 ans. Il est déjà reconnu comme l’un des meilleurs spécialistes défensifs de la ligue. En l’absence de Jamal Murray, seul Andrew Wiggins peut encore se dresser entre les deux parmi les meilleurs basketteurs venus du Nord. Pas mal pour un joueur sur lequel personne ne voulait miser.
Avec respectivement 3 et 2 saisons dans les jambes, il est clair que leur marge de progression est encore énorme. Le duo a pourtant su s’imposer à la tête d’une jeune équipe au potentiel gigantesque. Si les victoires se font plus rares que les défaites, le cœur est bien là. Le Thunder d’Oklahoma City devrait retrouver le haut du tableau d’ici quelques années grâce à son armée de choix de repêchage et son génial duo.
Leurs styles de jeu autant que leurs parcours sont opposés l’un à l’autre. C’est justement cette différence qui les rend si complémentaires et efficaces. En plus d’avoir développé une superbe amitié en dehors des parquets, les deux apprennent mutuellement l’un de l’autre à force de se côtoyer.
Shai Gilgeous-Alexander, le talent générationnel
Au moment d’annoncer la contrepartie pour Paul George en juillet 2019, Jerry West se mordait les doigts. Les Clippers venaient pourtant d’acquérir un finaliste aux trophées de joueur par excellence et meilleur défenseur de l’année. L’ailier sort de sa saison la plus complète et va être associé à Kawhi Leonard, meilleur joueur des Finales en titre. Seulement, Los Angeles doit pour cela laisser partir sa jeune pépite canadienne, Shai Gilgeous-Alexander. Dans l’Oklahoma, c’est toute l’organisation du Thunder qui se frotte les mains, exception faite de la personne chargée de floquer les maillots. La franchise n’en a probablement pas encore conscience mais elle vient tout simplement de recruter le joueur qui va la ramener au premier plan.
SGA vient de boucler une première saison professionnelle très sérieuse. Son talent a sauté aux yeux de toute la ligue durant les séries éliminatoires. Ses Clippers ont offert une résistance incroyable et inespérée à l’armada des Warriors, en route pour une cinquième finale consécutive. Quelques jours après avoir posé ses valises dans l’Oklahoma, un autre joueur l’y rejoignait. Il s’agit de Chris Paul, l’un des meilleurs meneurs à avoir foulé les parquets de la Grande Ligue. Alors que personne n’attendait le Thunder et qu’ESPN ne leur donnait que 0,2% de chances d’atteindre les séries éliminatoires, l’équipe finira 5e à l’Ouest. Ils seront éliminés au premier tour mais l’essentiel n’est pas là. Avec CP3 comme mentor, Shai va développer sa vision du jeu, sa gestion des hommes et son QI basket.
Suite au départ du vétéran en 2020, il s’est mué en véritable meneur d’hommes. Sa progression est flagrante année après année. Ses statistiques ne cessent d’augmenter. Lors de sa première saison, ses moyennes par match étaient de 10,8 points, 2,8 rebonds et 3,3 passes décisives. Il tournait la saison dernière à 23,7 points, 4,7 rebonds et 5,9 passes décisives. Le tout avec des pourcentages de 51% d’adresse globale et 42% à trois points. Les blessures l’ont pour l’instant privé d’une participation au match des étoiles. Malgré tout, il ne fait aucun doute qu’il s’y rendra dans un avenir proche. Cependant, son objectif principal est avant tout de remporter un titre NBA. Heureusement, il peut compter sur un lieutenant de luxe pour l’épauler dans sa quête.
Luguentz Dort, la persévérance et la force de caractère
À l’inverse de son ami, Luguentz Dort sort de nulle part. Inconnu il y a 3 ans lorsqu’il débarque en NBA, il a réussi à se frayer un chemin jusqu’au sommet. Sa réussite, il la doit à son travail acharné. Ayant grandi à Montréal-Nord, il ne cesse de répéter que le basketball l’a sauvé de la rue. Passé sous les radars lors du repêchage 2019, il n’est sélectionné par aucune équipe. Il signe néanmoins un contrat non garanti avec Oklahoma City avant le début de la saison. Tout d’abord utilisé en G-League (la ligue secondaire de la NBA), il s’illustre grâce à de très bonnes performances.
Il apprend un jour qu’il va être titulaire lors d’un match et aura la lourde tâche de défendre sur James Harden. L’arrière de Houston tourne à ce moment là à 36 points de moyenne. Challenge Accepted! et ô combien réussi pour le débutant. Il limite le barbu à un horrible 1/17 à trois points. Depuis ce 20 janvier 2020, Luguentz Dort n’est jamais sorti du 5 majeur, pas même en série éliminatoire. Au contraire, il va particulièrement y briller. Chargé encore une fois de défendre sur l’arrière de Houston, il gagnera pendant cette série le surnom d’«Harden Stopper». Il profitera même du match 7 pour montrer un aperçu de sa palette offensive. Dans ce match, il marque 30 points, le plus gros total pour un débutant à ce stade de la compétition. Le tout en limitant Harden à 4/15 au tir.
Si ses talents défensifs ont fait sa renommée, Dort devient de plus en plus un attaquant sérieux. Assez maladroit lors de sa première année, il travaille sur son tir 6 jours sur 7 d’après ses dires. Difficile de le contredire tant ses progrès sont flagrants. Être défendu par Dort est un calvaire. Désormais, défendre sur lui est encore pire. Il a profité de l’absence de son compatriote la saison dernière pour poser quelques cartons offensifs. On pense notamment à ses 42 points et 7 tirs à trois points face au Jazz le 13 avril 2021.
Cette saison, il progresse encore et marque plus de 17 points par match. Le tout à plus de 45% d’adresse. Shai Gilgeous-Alexander rencontre des difficultés depuis quelques matchs. Pas de problème, Dort a pris les rênes de l’attaque. Il prouve que le travail acharné vaut parfois mieux que le talent pur. Il sort notamment d’une série de 5 matchs de suite à plus de 20 points avec une pointe à 34 unités face aux Rockets (toujours eux). Dans son sillage, le Thunder a enchaîné 6 victoires en 10 rencontres et fait à nouveau taire ses détracteurs.