Entrevue exclusive : Claude Lemieux se confie
L’ex-joueur de la Ligue nationale de hockey et gagnant de quatre Coupes Stanley, dont une avec les Canadiens de Montréal en 1986, Claude Lemieux s’est confié. J’ai récemment pu réaliser une entrevue exclusive avec lui. Le but de la discussion était surtout de ramener des souvenirs de son séjour avec les Devils du New Jersey, puisque l’ancien directeur général de cette formation, maintenant à la direction des Islanders de New York, Lou Lamoriello a signé sa 1300e victoire en carrière dans la LNH à titre de DG le 13 février dernier.
Claude Lemieux se souvient de tout. Il a une panoplie d’anecdotes avec le vénérable Lou Lamoriello. D’ailleurs, rappelons que l’homme de hockey américain avait acquis ses services par le biais d’une transaction avec les Canadiens, en retour de Sylvain Turgeon, en 1990. Lamoriello représente beaucoup pour l’ex-numéro 32 du CH.
Lou Lamoriello est un des plus grands, pas physiquement, mais plutôt par sa présence, parce qu’il est un des plus grands directeurs généraux de l’histoire de la LNH. Ce n’est pas surprenant qu’il soit encore en poste malgré son âge. Il est en super forme et est très actif. On se parle régulièrement. J’ai beaucoup de respect pour lui.
Claude Lemieux
En 1995, Claude Lemieux a remporté la Coupe Stanley avec les Devils du New Jersey, ainsi que le trophée Conn-Smythe, remis au joueur le plus utile des séries éliminatoires. Jacques Lemaire et Larry Robinson, qu’avait connus Lemieux dans l’organisation du CH, faisaient partie du personnel d’entraîneurs, à titre d’entraîneur-chef et d’entraîneur-adjoint, lors de cette conquête. Stéphane Richer, gagnant de la Coupe Stanley en 1986 avec le Tricolore, figurait parmi les joueurs aussi. Ce championnat a une valeur incommensurable pour Lemieux.
Mon meilleur souvenir de 1995, c’est d’avoir gagné la coupe à domicile et d’avoir reçu le titre de joueur par excellence des séries éliminatoires. D’avoir vécu ça avec Lou Lamoriello, mais surtout avec Jacques Lemaire et Larry Robinson, des joueurs avec qui j’ai grandi. C’étaient mes idoles de jeunesse. Gagner ça avec Larry Robinson, qui était mon coéquipier lors de ma première coupe, et de le ravoir comme entraîneur-adjoint, sans oublier Stéphane Richer, c’était très spécial pour moi.
Claude Lemieux
Le natif de Buckingham est un des rares à avoir gagné le grand trophée à quatre reprises, avec trois équipes différentes. Il est très humble avec ça. Il rappelle que plusieurs joueurs ayant eu une carrière prolifique de longue durée ne l’ont pas gagné. Lemieux se montre reconnaissant à l’égard de ses nombreux coéquipiers, comme Patrick Roy, Martin Brodeur et Scott Niedermayer.
Souvenirs avec Lou Lamoriello
Claude Lemieux conserve d’excellents souvenirs de Lou Lamoriello, de quand il était directeur général des Devils du New Jersey. « Pépé » se souvient plus particulièrement des derniers temps de son premier séjour à Newark. Il était dans une passe difficile et Lamoriello l’avait aidé.
Un moment donné, c’était devenu très difficile avec les Devils et j’avais demandé à être échangé. Lou et moi nous étions parlés pendant un bout de temps et, finalement, Lou m’avait dit : « Je pense que tu ne sais pas ce que tu veux. » Cela n’avait pas été dit méchamment. Il m’avait demandé de décrocher et de penser à moi-même pour réfléchir sur la situation.
Claude Lemieux
Finalement, c’est le 3 octobre 1995 que Lemieux a été impliqué dans une échange à trois équipes. Celui-ci a été envoyé aux Islanders de New York, qui l’ont envoyé à l’Avalanche du Colorado, en retour de Wendel Clark, tandis que les Islanders ont laissé Steve Thomas dans la transaction, lui qui s’est retrouvé avec les Devils.
Pendant deux années consécutives, Lemieux aura remporté la Coupe Stanley, alors qu’en 1996, il se retrouvait au sein de la formation championne de l’Avalanche du Colorado.
C’était très spécial. Je savais qu’en me joignant à l’Avalanche, je me retrouvais avec une belle équipe. Je suis tombé en amour avec les partisans de Denver et avec tout ce que le Colorado pouvait offrir. C’était une jeune formation avec beaucoup de classe, de par son directeur général, Pierre Lacroix, qui nous a malheureusement quitté. Pierre nous manque beaucoup et a fait un travail incroyable pour le Colorado.
Claude Lemieux
Lemieux a pu se confier à Pierre Lacroix
Pierre Lacroix fut une tête de hockey exceptionnelle. Ayant été agent de joueur et haut dirigeant pendant de nombreuses années, il a marqué la vie de plusieurs hockeyeurs, dont celle de Claude Lemieux. L’ancien numéro 22 de l’Avalanche est devenu émotif en parlant de celui qu’il qualifiait comme son deuxième père.
J’ai tellement de bons souvenirs avec Pierre Lacroix. Quand j’ai vu son visage lorsque nous avons gagné et, encore plus, lorsqu’il a soulevé la coupe au bout de ses bras en 1996, cela n’avait pas de prix. J’ai eu une relation spéciale avec lui. Lorsqu’il est venu me chercher du New Jersey, je le connaissais un peu de nom puisque nous sommes des Québécois, mais on avait une belle connexion. Il m’avait dit : « Claude, tu peux me dire n’importe quoi. Toi, tu as gagné la coupe deux fois, mais nous, nous n’avons pas encore gagné. Nous autres, la seule chose qu’on veut, c’est de gagner la Coupe Stanley.»
Pierre était vraiment ouvert. Un homme incroyable, un des meilleurs directeurs généraux dans l’histoire de la Ligue nationale de hockey, ça c’est sûr. C’est une des meilleures personnes que j’ai rencontrées. Il était vraiment comme un deuxième père pour plusieurs joueurs. Sa femme Coco et ses enfants forment une super belle famille.
Claude Lemieux
Lemieux se rappelle d’ailleurs de sa dernière rencontre en personne avec M. Lacroix. Il était allé le voir à Las Vegas, étant donné que son fils Brendan était de passage au Nevada pour affronter les Golden Knights.
J’étais allé le voir à Las Vegas, là où il habitait, il y a deux ans. Mon fils Brendan jouait contre les Golden Knights. On avait passé plusieurs heures ensemble. À ce dîner-là, on avait tellement eu de bons moments ensemble. Je lui avais dit : « Pierre, tu as toujours été une de mes plus grandes idoles. » Ç’a toujours été un rêve pour moi d’imiter qui était Pierre Lacroix. J’ai pu m’apercevoir que c’était venu le chercher dans son cœur, mais c’était important pour moi de lui partager mes sentiments à son sujet. Quand j’ai appris son décès, c’est une des choses qui m’est revenu, que j’ai pu lui partager de la gratitude.
Claude Lemieux
Claude tenait à préciser l’importance de partager ses sentiments auprès des gens qu’on aime. Il en a parlé avec émotion. Malgré le départ de M. Lacroix en pleine pandémie, Lemieux réalise combien ses derniers temps avec son ancien patron étaient précieux. Il conserve des souvenirs extraordinaires.
Son fils Brendan : une grande source de fierté
Depuis que Brendan Lemieux a été échangé des Jets de Winnipeg aux Rangers de New York en 2019, il semble être un joueur établi chez les Blueshirts. Jouant actuellement sur le quatrième trio de la formation de David Quinn, le fils de Claude déploie beaucoup d’énergie à bloquer des lancers et à avoir une influence positive sur sa formation. Son paternel est bien heureux de le voir évoluer dans la grande ligue.
C’est sûr qu’il souhaiterait connaître un meilleur début de saison. Je lui rappelle que de jouer seulement un match dans la LNH, c’est déjà un exploit. Ça ne veut pas dire que quand ton père est un ancien joueur, c’est un automatisme que tu vas te retrouver là. Brendan ne l’a pas eu facile et ce ne l’est pas encore, mais il aime beaucoup le hockey. Il a grandi là-dedans, il vit son rêve et je suis fier de lui, en espérant que le tout se replace avec les Rangers.
Claude Lemieux
Un retour avec les Sharks de San Jose en 2008-2009
Il raconte qu’il était allé jouer en Chine, en essayant de jouer au hockey cinq ans après sa retraite. Être sur une patinoire, ça lui manquait depuis un certain temps, et il s’était entraîné. Il était encore en bonne condition physique, de sorte qu’il a pu s’essayer avec l’équipe chinoise des Sharks, pour, par la suite, se retrouver dans la Ligue nationale de hockey. À San Jose, il a joué 18 matchs et n’a obtenu qu’un seul point. Ce fut un retour au jeu tardif, à 43 ans.
Dans le circuit Bettman, Lemieux a marqué 379 buts et a obtenu 407 mentions d’aides, pour 786 points, en 1215 matchs. Ayant fait sa marque en séries éliminatoires, celui-ci a amassé 158 points (80 buts et 78 passes) en 234 parties. Il a remporté quatre coupes Stanley, soit en 1986 avec le CH, en 1995 et 2000 avec les Devils du New Jersey, ainsi qu’en 1996 avec l’Avalanche du Colorado. Il a également enfilé l’uniforme des Coyotes de Phoenix et des Stars de Dallas.
Aujourd’hui, Claude Lemieux est agent de joueur. Il travaille pour la compagnie 4sports & Entertainment, en compagnie de son ancien coéquipier Peter Forsberg.