Formule 1: Retour sur 2021 et regard sur 2022

Max Verstappen ne l’aura pas facile l’an prochain avec les nouvelles régulations aérodynamiques qui vont rendre sa défense de titre difficile. Photo: What Is Picture Perfect | Unsplash

La fin d’une saison de Formule 1 signifie aussi le début imminent d’une autre. Si la saison 2021 a été marquante sur plusieurs aspects, 2022 s’annonce tout aussi spectaculaire.

Ce n’est pas une exagération de dire que la saison 2021 de Formule 1 aura été l’une des plus excitantes de l’histoire du sport. Si certaines saisons comme celle de 2012 ont été plus ouvertes et ont offert plus de variété au menu, la bataille pour le Championnat des pilotes de cette année entre Max Verstappen et Lewis Hamilton a peut-être la plus enlevante de toutes.

L’ingérence moyennement bienvenue des commissaires tout au long de la saison aura été le point négatif majeur soulevé cette saison. Si la FIA peut donc trouver une façon de mieux gérer sa façon de diriger les courses et d’encadrer Michael Massi, la saison prochaine pourrait surpasser cette saison de 2012.

Parce qu’avec les nouvelles régulations aérodynamiques qui entreront en jeu la saison prochaine, 2022 s’annonce une saison avec le potentiel d’être encore plus excitante que 2021. La lutte pour le Championnat devrait être plus ouverte et les écuries seront pour la plupart sur un pied d’égalité. Certaines écuries voudront bâtir sur leurs succès de 2021, d’autres voudront racheter leurs échecs.

Voici donc, en quelques mots, un retour sur la saison de chaque écurie ainsi que ce qui les attend en 2022.

Mercedes

L’écurie allemande a encore une fois prouvé qu’elle avait la meilleure voiture de la grille. Combinée à un pilote de la trempe de Lewis Hamilton, cette machine de guerre avait réellement tous les atouts pour permettre à Mercedes de remporter les deux Championnats. Un seul petit tour est cependant venu empêché cette situation de ce produire et pour la première fois depuis 2013, ce n’est pas un pilote des flèches d’argent, qui a été sacré Champion du monde.

Le prix de consolation pour Mercedes est un huitième titre des constructeurs en autant d’années, gracieuseté des performances étincelantes de Valtteri Bottas en deuxième moitié de saison. En tant qu’équipe, Mercedes n’a pas grand-chose à se reprocher, si ce n’est que quelques petites erreurs stratégiques, qui ont peut-être coûté quelques points à Hamilton et Bottas à quelques moments cette saison.

Pour 2022, l’écurie aura probablement le meilleur duo de pilotes sur papier alors que George Russell viendra remplacer Bottas aux côtés d’Hamilton. Il sera intéressant de voir la dynamique qui s’installera entre ces deux pilotes, puisque contrairement à Bottas, Russell n’a pas l’intention de jouer les seconds violons, et ce, même si Hamilton tentera une fois de plus de mettre la main sur un huitième titre afin de briser la marque de Michael Schumacher. Il faut également s’attendre à ce que la voiture de Mercedes soit tout aussi compétitive l’an prochain, ce qui devrait permettre à Hamilton et Russell de récolter beaucoup de points.

Red Bull

Le pari de Red Bull a fonctionné cette année, mais à quel prix? Max Verstappen a été sacré Champion du monde, ce qui était l’objectif de l’écurie autrichienne depuis le début de la saison. En effet, Red Bull ont concentré leurs efforts sur la voiture de cette année plutôt que sur celle de l’an prochain afin de mettre un terme à la séquence victorieuse de Mercedes.

Cette stratégie pourrait toutefois leur coûter cher pour l’avenir. Plusieurs comparent la situation de Red Bull cette année à celle de McLaren en 2008 où, l’écurie britannique avait tout investi dans sa voiture de l’année courante, ce qui a permis à Hamilton de remporté son premier Championnat, avant de complètement s’écraser en 2009 avec les nouvelles régulations.

Red Bull pourrait donc connaître une saison assez difficile l’an prochain, mais pourra compter sur le même alignement que cette année avec un Max Verstappen, qui voudra défendre son titre et Sergio Pérez, qui voudra faire encore mieux que cette année. Le Mexicain a effectivement eu ses moments, notamment en Azerbaïdjan, mais a manqué de constance tout au long de la saison. Il devra mieux faire l’an prochain à ce niveau, puisque son importance pourrait être encore plus grande pour Red Bull qu’elle ne l’a été cette année.

Ferrari

Les partisans de Ferrari ont de quoi se réjouir. Non seulement l’écurie italienne a réussi à conclure la saison 2021 au 3e rang du Championnat des constructeurs, mais la voiture de 2022 semble extrêmement prometteuse. De plus, si Mercedes aura le meilleur duo de pilotes sur papier, celui de Ferrari arrive bon deuxième avec Charles Leclerc et Carlos Sainz. Les deux pilotes ont connu une bonne saison, surtout Sainz, qui a terminé 5e au Championnat des pilotes à sa première année chez Ferrari.

Étant vu depuis longtemps comme l’une des étoiles montantes de la F1, Leclerc voudra performer à la hauteur de son potentiel l’an prochain, particulièrement avec l’arrivée de Russell chez Mercedes. Il ne voudra pas non plus laisser Sainz faire meilleur que lui pour une deuxième saison. Ferrari aura donc le talent, la motivation et la machine pour lutter au sommet des classements. En effet, il ne serait pas surprenant de voir une voiture rouge rallier l’arrivée en premier à plusieurs occasions la saison prochaine. Les investissements sur la monoplace de 2022 promettent des résultats qui devraient enfin permettre à l’écurie de retrouver ses lettres de noblesse.

McLaren

Quand Lando Norris va, McLaren va, mais quand Norris ne va pas, ce n’est pas très beau. Voilà ce qui résume un peu la saison de McLaren. Forte d’une 3e place au Championnat des constructeurs l’an dernier, l’écurie britannique tentait de reproduire ses succès de 2020 et semblait bien partie pour le faire en première moitié de saison. En effet, les dix premières courses de 2021 ont vu Norris se classer à l’extérieur du top-5 une seule fois tandis que Daniel Ricciardo, qui peinait à s’adapter à sa nouvelle voiture, a marqué des points à sept reprises.

La deuxième moitié de la saison a cependant été une tout autre histoire, alors que Norris n’a terminé qu’une seule fois à l’intérieur du top-5 lors des douze autres courses. Il s’agit du Grand Prix d’Italie où McLaren a réussi un doublé avec Ricciardo premier et Norris deuxième. Ce dernier semblait se diriger vers sa première victoire lors de la course suivante en Russie, mais la pluie en a décidé autrement. McLaren a ensuite eu beaucoup plus de difficulté et n’a pas été en mesure d’empêcher Ferrari de leur ravir la 3e place.

L’écurie britannique reviendra toutefois avec le même duo de pilotes l’an prochain et sa progression remarquable depuis trois ans devrait se poursuivre en 2022. L’objectif devrait être de lutter régulièrement pour des victoires, puisque Ricciardo devrait être plus habitué à son environnement et Norris continuera à s’améliorer.

Alpine

Alpine visait la 4e ou la 5e place au Championnat des pilotes et c’est exactement le résultat que l’écurie française a obtenu. Menée par Esteban Ocon qui a obtenu sa première victoire en F1, ainsi que Fernando Alonso qui était de retour après une absence de deux ans, Alpine a eu beaucoup de moments positifs cette saison. L’équipe a toutefois terminé bien loin de McLaren et Ferrari et il y a donc beaucoup de place pour l’amélioration.

Pour l’an prochain, Alpine vise à être une écurie qui lutte pour des victoires. Cet objectif n’est pas nécessairement irréaliste, mais la tâche pourrait se révéler être trop grande pour Alonso et Ocon. Le premier en sera très probablement à sa dernière saison en F1 et le second a considérablement manqué de constance en 2021. Alpine est toutefois dans un processus de retour vers le sommet et a un plan à plus long terme. Ce plan passera probablement par Oscar Piastri, mais l’arrivée de ce dernier ne se fera pas avant 2023. Il n’en demeure pas moins qu’Alpine sera l’une des écuries à surveiller en 2022 et sera très avantagé par les nouvelles régulations.

AlphaTauri

Il est toujours difficile de juger une écurie qui se défini ouvertement comme étant le «club-école» de Red Bull. Au cours des dernières saisons, AlphaTauri est toutefois devenue une légitime écurie de milieu de peloton. Cela est bien sûr étroitement lié aux performances de Pierre Gasly, qui vise un retour avec Red Bull en 2023. Le pilote français a été l’un des plus constants cette saison, ce qui a permis à son écurie de terminer au 6e rang chez les constructeurs, ce qui égale le meilleur résultat de l’histoire d’AlphaTauri, autrefois appelée Toro Rosso.

De son côté, Yuki Tsunoda a connu une saison recrue en montagne russe. Il a d’abord connu une bonne première course au Bahreïn avant d’enchainer les erreurs et les déceptions tout au long de l’année. La fin de saison a toutefois été un peu plus concluante alors qu’il a notamment terminé au pied du podium à Abu Dhabi. Si Tsunoda peut continuer sa progression, AlphaTauri pourrait faire du bruit en 2022.

La prochaine saison sera d’ailleurs marquante pour la petite sœur de Red Bull puisqu’il est très probable que ce soit la dernière de Gasly avec l’écurie italienne. Si le futur du Français n’est pas avec Red Bull, qui aura logiquement une ouverture en 2023 après la fin du contrat de Pérez, il est certain qu’une autre écurie tentera de l’arracher à AlphaTauri. Gasly lui-même n’a probablement pas comme objectif de rester bien bien longtemps non plus, puisqu’il s’agit d’une écurie qui n’est pas très compétitive et, à 25 ans, Gasly est prêt à passer au prochain niveau.

Aston Martin

Un mot résume parfaitement la saison d’Aston Martin: déception. Absolument rien n’a fonctionné pour la nouvelle écurie, qui remplaçait Racing Point. Trop souvent les pilotes n’arrivaient pas à passer en Q3 lors des séances de qualifications, trop souvent des bris mécaniques coûtaient des positions et trop souvent la voiture a simplement manqué de puissance. La Aston Martin devait pourtant être l’une des bonnes voitures cette année et allait être confiée à un pilote de qualité en Sebastian Vettel. Rien de ce qui était prévu n’est toutefois arrivé et Aston Martin n’a été en mesure de récolter qu’un seul podium, soit la 2e place de Vettel à Baku.

Le pilote allemand peut toutefois se targuer d’être celui qui a réussi le plus de dépassements cette saison, mais il est beaucoup plus facile de dépasser lorsque l’on n’est pas en avant de la grille.

On ne peut pas dire que Lance Stroll a été particulièrement étincelant non plus. Si le Montréalais a connu ses petits moments par-ci et par-là, sa place au sein d’une équipe qui désire lutter pour des victoires a cependant été remise en question alors qu’on attend toujours qu’il atteigne son soi-disant potentiel.

Aston Martin aura le même alignement l’an prochain et les nouvelles régulations devraient leur permettre d’être plus compétitifs. Avec les dernières années, nous avons cependant compris que dans leur cas, nous allons le croire quand nous allons le voir.

Williams

Avant le début de la saison, j’avais mentionné que cette saison serait très importante pour Williams et que l’écurie se devait d’offrir des performances intéressantes. C’est exactement ce qui s’est produit et même si Williams n’a récolté que 23 points cette saison, l’écurie britannique a démontré une nette amélioration par rapport aux dernières années. Avec Ferrari, Williams est l’écurie qui pourrait faire le plus grand bon vers l’avant l’an prochain, mais comme dans d’autres cas, la qualité du duo de pilotes pourrait freiner la progression de Williams. Le départ de George Russell laisse un gros trou au sein de celui-ci, mais les performances du Britannique ont prouvé que la monoplace de Williams avait du potentiel.

Le manque de talent de Nicholas Latifi est évident, mais son apport financier est important, ce qui lui assure un siège pour l’instant. Les espoirs de résultats en 2022 sont donc beaucoup plus fondés sur Alex Albon, qui sera de retour sur la grille de Formule 1. Si le passage d’Albon avec Red Bull en 2019 a été loin d’être concluant, il pourrait très bien éclore au sein d’une écurie où la pression se fera moindre et où il ne sera pas coéquipier de l’un des meilleurs pilotes au monde.

Williams sera donc intéressante à surveiller en 2022. L’écurie est en constante progression depuis quelque temps et est prête à redevenir une écurie qui lutte pour les points chaque fin de semaine.

Alfa Romeo

Même si les attentes n’étaient pas particulièrement élevées pour Alfa Romeo, on aurait espéré un peu plus de la part de l’écurie suisse et particulièrement d’Antonio Giovinazzi. Ce dernier a toutefois démontré qu’il n’avait pas sa place en F1 en étant incapable de livrer la marchandise, et ce, même lorsqu’il arrivait à se qualifier parmi les dix premiers. Son coéquipier Kimi Räikkönen était pour sa part sur ses derniers miles en F1 et, à 42 ans, a fait mieux que Giovinazzi au classement des pilotes. Alfa Romeo a donc cumulé un maigre total de 13 points cette saison, mais pourra repartir à neuf en 2022 avec un tout nouveau duo de pilotes.

Ce duo, composé de Valtteri Bottas et Guanyu Zhou arrive cependant avec son lot de questionnements. Bottas n’est pas reconnu comme étant un excellent pilote et a profité du fait qu’il était au volant de la meilleure voiture de la grille lors des dernières saisons. Il faut donc s’attendre à une baisse de régime de sa part et on ne sait pas ce qu’il pourra offrir à une écurie qui lui proposera une monoplace beaucoup moins performante que la Mercedes. De son côté, Zhou en sera à sa première saison en F1 et rares sont ceux qui performent particulièrement bien à leurs débuts avec des écuries de milieu de peloton.

Il faudra donc attendre de voir les performances de la voiture de 2022 pour comprendre à quoi on peut s’attendre de la part d’Alfa Romeo l’an prochain. Il s’agit d’une écurie qui pourrait surprendre, mais qui risque de manquer de talent pour récolter beaucoup de points.

Haas

L’écurie Haas n’a récolté absolument aucun point cette saison et c’est loin d’être une surprise pour quiconque. Avec une voiture qui était la risée de la grille depuis les tests de présaison et un duo de deux pilotes recrues en Mick Schumacher et Nikita Mazepin, même les patrons de l’écurie n’avaient pas d’espoir. L’objectif de 2021 était simplement de donner de l’expérience à Schumacher et Mazepin en F1. Aucune amélioration sur la voiture n’a été faite, puisqu’on ne se préoccupait aucunement des résultats de cette année.

2022 s’annonce un peu plus intéressante cependant. Avec une préparation aussi longue, on peut s’attendre à ce que Haas soit une écurie beaucoup plus compétitive l’an prochain. Schumacher a également démontré qu’il avait un potentiel intéressant et, après un lent début de saison, Mazepin a semblé trouvé une certaine confiance après la pause de mi-saison.

La pression sera cependant très haute sur les épaules des deux jeunes pilotes, car si les résultats se font attendre, c’est le futur de l’écurie au grand complet qui pourrait être en jeu.

97 jours nous séparent du début de la saison 2022. D’ici là, il y aura également les dévoilements des voitures ainsi que les tests de présaison. Les partisans n’ont donc que quelques semaines à attendre avant d’avoir du nouveau contenu à se mettre sous la dent.

Yohan Carrière

Après un stage d'exploration à RDS en 2015, Yohan Carrière débute officiellement sa formation journalistique au cégep Marie-Victorin en 2017. Aujourd'hui étudiant en journalisme à l'UQAM, il compte à son actif plusieurs collaborations, notamment à la radio et en vidéo avec L'Avantage Terrain et à l'écrit avec le magazine L'apostrophe. Il a également contribué à la couverture des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et Beijing avec Radio-Canada. Toujours considéré par ses pairs comme un excellent communicateur, il vise aujourd'hui à mettre sa voix et sa plume au service des amateurs de sports. En tant qu'ex-joueur et entraîneur de hockey-cosom au sein du RSEQ, il garde un intérêt pour le sport-étudiant, mais se spécialise surtout dans le monde du hockey, du baseball, du tennis et de la Formule 1.

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