Facteur X LNH : édition division Centrale
Avant le début des séries éliminatoires de la LNH, prévu le 1er août, j’explorerai quels sont les facteurs X pour chacune des équipes participant à la course. Ainsi, cette semaine, j’analyse les sept équipes de la division Centrale, et je répéterai le processus jusqu’à ce que les 24 équipes aient été couvertes. Allons-y.
Qu’est-ce qu’un facteur X? Il s’agit d’un joueur qui a le potentiel d’influencer le résultat d’une série en raison de sa performance, bonne ou mauvaise. Soyons clair : dans une équipe, plusieurs facteurs X sont présents. J’explore cependant celui qui a le plus de chances d’avoir un impact prononcé.
Blackhawks de Chicago
Facteur X : Patrick Kane, AD
L’Américain de 31 ans est l’arme principale de son entraîneur chef, Jeremy Colliton, et les chiffres le confirment. En moyenne, lors des sept dernières campagnes, il a débuté 65,4% de ses séquences en zone adverse. Cette saison, il a mené son équipe en terme de buts, de mentions d’aides et de tirs au but. Il est aussi l’attaquant le plus utilisé, moyennant 21 minutes et 20 secondes par partie. Son surnom « Mr. Showtime » n’est pas un hasard : il a une réputation de performer à son meilleur lorsque tout est en jeu. Parmi les joueurs actifs, il est présentement quatrième en terme de points par match lors des séries éliminatoires, derrière Crosby, Malkin et Ovechkin. Souvenons-nous aussi du but gagnant en prolongation en finale de la Coupe Stanley contre les Flyers de Philadelphie en 2010. Au total, dans sa carrière, il a amassé 5 buts en pareilles circonstances, le plaçant au 4e rang de tous les temps, devant des joueurs comme Wayne Gretzky et Jaromir Jagr.
Jouant au sein du deuxième trio, en compagnie de deux jeunes joueurs, Alexander Nylander et Dylan Strome, Kane devrait avoir la chance de prendre part à des affrontements défensifs moindres. Jonathan Toews devrait occuper ce boulot, lui qui a souvent été nominé pour le trophée Selke, remis au meilleur attaquant défensif de la ligue. Son talent générationnel ainsi que sa facilité à se créer de l’espace pourraient faire pencher la balance en faveur de Chicago.
Avalanche du Colorado
Facteur X : Cale Makar, D
Lorsque le directeur de l’Avalanche, Joe Sakic, a échangé son défenseur numéro un Tyson Barrie aux Maple Leafs, il le faisait en toute connaissance de cause. Il savait pertinemment qu’un jeune défenseur allait prendre la relève d’ici quelques années, et c’est exactement ce qu’a fait Makar cette saison. Le jeune homme de 21 ans a connu une campagne au-delà de toutes attentes, avec une récolte de 50 points et 57 parties, bon pour le troisième rang chez les défenseurs et lui méritant une nomination pour le trophée Calder. Son émergence comme défenseur élite vient solidifier une offensive déjà dangereuse. Il joue en moyenne 21 minutes par partie et commence 62,3% de ses séquences en zone adverse. Un quart-arrière dynamique capable de relancer et même de mener l’attaque, c’est exactement ce qu’il manquait à l’Avalanche pour se confirmer comme un sérieux candidat aux grands honneurs.
La recrue domine sur le plan offensif : parmi les défenseurs, Makar a fini troisième en terme de points par match (derrière John Carlson et Roman Josi) et quatrième en terme de minutes jouées en avantage numérique par partie. Si l’Avalanche veut espérer accéder au deuxième tour pour la deuxième fois seulement depuis 2008, Makar devra continuer son développement et fournir les munitions à ses canons offensifs.
Stars de Dallas
Facteur X : Jamie Benn, AG
De 2010-2011 à 2017-2018, Benn a récolté en moyenne 0,94 points par partie. Cependant, depuis deux saisons d’affilée, le capitaine des Stars déçoit par son manque de production et cette statistique a chuté à 0,63 points par partie, et ce, même en débutant plus de séquences en zone offensive que les années précédentes. L’ex-gagnant du trophée Art Ross semble avoir perdu sa forme d’autrefois, même au jeune âge de 31 ans. Le Canadien de 6 pieds 2 pouces et 205 livres ne semble plus suivre le rythme d’une ligue qui ne cesse d’augmenter en vitesse.
Mis à part Benn, le coté gauche de la patinoire manque de profondeur. Celui-ci est occupé par Denis Gurianov (29 pts en 64 PJ), Mattias Janmark (21 pts en 62 PJ) et l’homme de fer Andrew Cogliano (14 pts en 68 PJ). Il a cependant la réputation de performer en séries éliminatoires, ce qui pourrait faire la différence pour les Stars. En 32 parties, il a récolté 30 points, ce qui lui donne une moyenne de 0,93 points par partie. Parmi les joueurs actifs, cette statistique le place au septième rang, tout juste derrière Nikita Kucherov (0,938) et Claude Giroux (0,942). Il sera intéressant de voir quel Jamie Benn sortira lors du départ des séries le 1er août. Espérons que la pause forcée de plus de 4 mois lui aura fait grand bien parce que les Stars ne peuvent se permettre une performance douteuse de sa part, surtout s’ils veulent dépasser la deuxième ronde pour la première fois depuis 2008.
Wild du Minnesota
Facteur X : Kevin Fiala, AG
Le Wild est probablement une des équipes les plus intrigantes de la ligue. Leur offensive est menée par des vétérans comme Zach Parise, Eric Staal et Mikko Koivu. Pour ce qui est du reste, à l’exception de Mats Zuccarello et de Kevin Fiala, leur alignement est composé de joueurs de troisième et quatrième trios, comme Alex Galchenyuk (24 pts) Luke Kunin (31 pts), Jordan Greenway (28 pts), Marcus Foligno (25 pts), Ryan Donato (23 pts) et Joel Eriksson Ek (29 pts). Ils ont une offensive balancée, mais aucun joueur ne sort vraiment du lot. Du moins personne ne sortait du lot puisque, cette saison, on a pu assister à l’éclosion de l’ancien choix de première ronde Kevin Fiala, récemment acquis de Nashville.
Fiala a mené le Wild cette saison en terme de points (54) et de tirs au but (175), tout en étant le neuvième attaquant le plus utilisé de son équipe (15:24). D’autres joueurs ayant récolté 54 points cette saison à travers la ligue sont Brock Nelson (18:52), Nicklas Backstrom (19:01), Reilly Smith (17:55) et Elias Lindholm (19:43). Ça ne s’arrête pas ici. Parmi les attaquants, en terme de points récoltés par 60 minutes de temps de jeu, Fiala se retrouve au 17e rang, devant des joueurs comme Auston Matthews, Jack Eichel, Mitch Marner et Alexander Ovechkin. L’attaquant suisse de 24 ans a été exceptionnel durant la campagne écourtée 2019-2020. Si le Wild veut accéder à la deuxième ronde, chose qu’ils n’ont pas réalisée depuis 2015, Dean Evason, l’entraîneur chef, devra donner plus de temps de jeu à Fiala. Ce dernier devra mener une offensive de milieu de peloton s’il veut gagner des parties contre les jeunes Canucks de Vancouver.
Prédateurs de Nashville
Facteur X : Matt Duchene, C
Durant l’été 2019, Duchene a signé un contrat d’une valeur annuelle de 8M$ durant une vente aux enchères dans laquelle sa valeur n’a cessé d’augmenter. Huit millions de dollars, c’est le prix d’un centre numéro un, comme Leon Draisaitl (8,5M$), Steven Stamkos (8,5M$) et Claude Giroux (8,275M$). Duchene mérite amplement son salaire, et prospère au maximum de son potentiel lorsqu’il est le premier centre et qu’il dirige l’offensive. Ce n’est pas toujours le cas, et c’est problématique pour un joueur de sa trempe.
Pendant plusieurs années, il est resté dans l’ombre de Nathan Mackinnon au Colorado, enregistrant en moyenne 0,73 points par partie. Cependant, durant ses 118 parties jouées à Ottawa, durant lesquelles il a porté le titre de centre numéro un et jouait en moyenne 19:03, il a récolté 0,91 points par partie. Cette saison avec les Prédateurs, il a aussi joué le rôle de centre numéro deux derrière Ryan Johansen, et a joué en moyenne 16:53 en récoltant 0,64 points par partie. Plus il joue et plus on lui donne de responsabilités, plus il en donne et mieux il performe.
Matt Duchene se démarque pas sa vitesse d’exécution, son coup de patin ainsi que ses mains agiles. Il est aussi le 11e meilleur centre en terme d’efficacité dans les mises au jeu avec un pourcentage de 56,1%, au-delà de Sidney Crosby (55,6%) et Anze Kopitar (55,2%). Il centre présentement un deuxième trio entouré de Kyle Turris et de Mikael Granlund. Ses deux ailiers ont toutefois perdu leur touche offensive depuis quelques saisons, ce qui ralentit grandement Duchene. Si Nashville veut venger sa défaite en finale de la Coupe Stanley contre les Penguins en 2017, leur offensive devra être menée par Duchene.
Blues de St-Louis
Facteur X : Jordan Binnington, G
Les Blues sont les champions en titre de la Coupe Stanley, grâce à leur victoire en sept parties contre les Bruins de Boston. Leur victoire couronnait une remontée spectaculaire, qui avait vu St-Louis passer de dernière équipe au classement en date du 3 janvier 2020 au statut de grands vainqueurs. Le 7 janvier, Binnington obtenait son premier départ de la saison, et à partir de ce moment, tout a basculé en raison de ses performances miraculeuses. Durant la campagne 2018-2019, Binnington a terminé au premier rang pour la moyenne de buts alloués (1,89), avec une fiche impressionnante de 24 victoires, 5 défaites et 5 défaites en bris d’égalité.
Sa présence stable devant le filet était longuement attendue pour les Blues, qui se cherchaient un gardien numéro un élite depuis plusieurs années. Jake Allen était destiné à occuper ce rôle, mais ses performances n’ont jamais été à la hauteur. Possédant déjà un alignement bien équilibré, l’ascension de Binnington a été la cerise sur le gâteau pour St-Louis. Il a continué sur sa lancée lors des séries d’après-saison l’année dernière, récoltant une moyenne de buts alloués de 2,46 ainsi qu’un pourcentage d’efficacité de 0,914. Mis à part Ryan O’Reilly, la victoire de St-Louis l’an passé est largement due à Binnington. Il représente la clef pour une organisation qui n’avait pas goûté à la coupe depuis 1967-1968, et qui tentera maintenant d’y aller pour une deuxième victoire en autant d’années.
Jets de Winnipeg
Facteur X : Neal Pionk, D
Parmi les 24 équipes participant aux séries éliminatoires cette année, les Jets ont la brigade défensive la moins bien bâtie. Les gros contrats octroyés aux attaquants, dont Blake Wheeler (8,25M$), Kyle Connor (7,15M$), Patrik Laine (6,75M$), Mark Scheiffele (6,125M$) ainsi que Nikolaj Ehlers (6M$), ont lourdement handicapé le directeur général Kevin Chevaldayoff, qui n’a pas été en mesure d’offrir une extension de contrat à l’entièreté de son top 4 défensif, à l’exception de Dustin Byfuglien qui n’est tout simplement pas revenu au jeu. Jacob Trouba, Tyler Myers ainsi que Ben Chiarot ont tous pris la porte et ont signé avec une équipe capable de payer leur salaire.
Winnipeg se retrouve donc dans une situation fâcheuse. Leur top 4 est maintenant compris de Josh Morrissey (31 pts), Dylan DeMelo (10 pts), Dmitry Kulikov (10 pts) ainsi que Neal Pionk (45 pts). Les Jets ont été en mesure de sauver leur saison en partie en raison d’une saison de calibre Vézina de la part de leur gardien Connor Hellebuyck (2,57 MBA, 0,922% EFF), mais aussi de l’arrivée de Neal Pionk, acquis des Rangers durant l’été. Pionk a mené tous les joueurs des Jets en terme de temps de jeu (23:23), mises en échec (165) ainsi qu’en tirs bloqués (78). Il a aussi mené les défenseurs en terme de points et de temps de jeu en avantage numérique (2:56). Pionk est donc le quart-arrière principal d’une défensive amochée. L’offensive est toutefois remplie de joueurs élites, d’où l’importance d’avoir des défenseurs mobiles capables de contribuer et de les supporter. Pionk devra continuer de dépasser toutes attentes à son égard en prouvant qu’il est digne d’un défenseur élite, afin de propulser les Jets à une première Coupe Stanley de l’histoire de leur concession.