Facteur X LNH : édition division Métropolitaine

Avant le début des séries éliminatoires de la LNH, prévu le 1er août, j’explorerai quels sont les facteurs X pour chacune des équipes participant à la course. Ainsi, cette semaine, j’analyse les sept équipes de la division Métropolitaine, et je répéterai le processus jusqu’à ce que les 24 équipes aient été couvertes. Allons-y.

Qu’est-ce qu’un facteur X? Il s’agit d’un joueur qui a le potentiel d’influencer le résultat d’une série en raison de sa performance, bonne ou mauvaise. Soyons clair : dans une équipe, plusieurs facteurs X sont présents. J’explore cependant celui qui a le plus de chances d’avoir un impact prononcé.

Hurricanes de la Caroline

Facteur X : Dougie Hamilton

Avant de subir une fracture au péroné le 16 janvier dernier après n’avoir complété que 47 parties, Hamilton était bien en voie de jouer sa meilleure saison en carrière. Au moment de son arrêt de jeu, il avait récolté 40 points, pour une moyenne de 0,85 points par partie, le plaçant au 4e rang dans cette catégorie chez les défenseurs. Les trois noms qui le précèdent ne sont pas piqués des vers, et les deux premiers sont nominés pour le trophée Norris : John Carlson (1,09), Roman Josi (0,94) et Cale Makar (0,88). Cependant, selon la statistique avancée Corsi, il se place devant ces derniers avec un chiffre de 57,7. Au-delà de 50, le joueur est sur la glace pour plus de chances de marquer de son équipe que celles de l’équipe adverse.

Hamilton mène un des meilleurs alignements défensifs de la ligue, en étant toutefois la seule menace offensive de celui-ci. Le seul autre défenseur des Hurricanes avec plus de 30 points est Jaccob Slavin, mais celui-ci ne passe qu’en moyenne 55 secondes par partie en avantage numérique, versus 3 minutes et 10 secondes pour le géant de 6 pieds 5 pouces. Le fardeau de mener l’avantage numérique repose donc sur ses épaules. Si la Caroline veut espérer accéder au deuxième tour, ils devront mettre toutes les chances de leur côté et miser sur une performance endiablée de Hamilton.

Blue Jackets de Columbus

Facteur X : Pierre-Luc Dubois

L’attaquant de 6 pieds 3 pouces natif de Ste-Agathe-des-Monts devra mener la charge pour une offensive qui manque certainement de puissance. L’année passée, le directeur général de Colombus Jarmo Kekäläinen a décidé de mettre tous ses oeufs dans le même panier et de tenter sa chance en séries éliminatoires. Ses échanges se sont avérés inutiles puisqu’ils ont été éliminés par les Bruins de Boston en deuxième ronde. Durant l’été suivant, les Blue Jackets ont été obligés de se départir de deux attaquants élites et un joueur top 6 : Artemi Panarin, Matt Duchene ainsi que Ryan Dzingel. Même avec l’acquisition de Gustav Nyquist des Sharks de San Jose (42 points en 70 parties), l’offensive de Colombus est plutôt anémique.

Il mène son équipe avec 49 points en 70 parties, avec une avance de 7 points sur le deuxième meilleur pointeur, Gustav Nyquist. Sa versatilité permet aussi à John Tortorella de l’utiliser au centre comme à l’aile. L’année passée lors du balayage du Lightning de Tampa Bay lors de la première ronde, c’était Matt Duchene qui devait combattre contre un premier trio dangereux. Ce sera donc un défi de taille pour le jeune attaquant québécois. Si Colombus veut rivaliser avec l’offensive explosive des Maple Leafs de Toronto, Dubois devra être à son meilleur.

Islanders de New York

Facteur X : Jordan Eberle

Depuis l’arrivée de Barry Trotz à la barre des Islanders, l’équipe est changée et pour le mieux : ils sont une des meilleures équipes défensives de la ligue, terminant neuvièmes en termes de buts alloués par partie et gagnant le trophée William M. Jennings l’année précédente. Leur structure défensive est impeccable, mais leur offensive laisse à désirer. Ils ont terminé 22e dans la ligue en termes de buts pour, dû en partie au départ de John Tavares. Depuis, Matthew Barzal, Josh Bailey, Anders Lee et Brock Nelson ont tous pris le flambeau dans le département de la production offensive. Eberle appartient au top 6 et contribue considérablement avec une production de 40 points en 58 parties, en route pour une saison de 56 points.

Lors des séries 2018-2019, nous avons toutefois pu observer un Eberle revigoré, lui qui participait seulement à ses deuxièmes séries éliminatoires de sa carrière de maintenant 11 années. En 8 parties, il avait récolté 4 buts et 5 mentions d’aide. Eberle est à son meilleur lorsque les enjeux sont élevés. Lors des championnats du monde junior, il avait fait tourner bien des têtes grâce à ses performances inspirées. Sur le stage international junior, il a récolté 36 points et 19 parties. On sait à quoi s’attendre de Barzal, Bailey et Lee, le capitaine. C’est cependant Eberle qui pourrait jouer un tour aux Panthers de la Floride s’il amène la même énergie et production offensive que l’année précédente ainsi qu’aux championnats du monde junior.

Rangers de New York

Facteur X : Ryan Strome

Après avoir été sélectionné 5e au total en 2011 par les Islanders de New York, Ryan Strome a eu de la difficulté à trouver son rythme et sa place au sein d’une organisation. Au cours des 3 dernières années, il a changé d’adresse a trois reprises, sa valeur diminuant à chaque échange. Cette année fut différente pour l’attaquant de 27 ans, qui montre des signes encourageants avec les Rangers. Cette année, il a récolté 59 points en 70 parties, sa meilleure production depuis qu’il a amassé 50 points avec Edmonton lors de la campagne 2014-2015. C’était aussi la première fois depuis cinq ans qu’il commençait plus de 50% de ses séquences en zone offensive (54,6%).

Les Rangers auront besoin de production offensive secondaire. Mis à part Mika Zibanejad (75 points), Artemi Panarin (95 points) et Ryan Strome (59 points), aucun autre attaquant n’a récolté plus de 50 points. Si les affrontements défensifs permettent à la défensive des Hurricanes de neutraliser les deux attaquants étoiles, c’est Strome qui devra faire la différence si New York veut gagner plus qu’une ronde pour la première fois depuis 2016.

Flyers de Philadelphie

Facteur X : Carter Hart

Les débauches devant le filet pour Philadelphie ne sont pas récentes : depuis plusieurs années maintenant, l’équipe se cherche un gardien de but pouvant faire la différence. L’année passée, ils ont établi un record en utilisant huit gardiens différents lors de la saison. Cela semble toutefois être chose du passé avec l’arrivée de Carter Hart. Cette année, parmi les gradiens ayant joué plus de 40 parties, il se retrouve deuxième en terme de moyenne de buts alloués (2,42) et septième en terme de pourcentage d’efficacité (0,914). Il amène donc à la ville de l’amour fraternel une stabilité longuement attendue.

Le choix de deuxième ronde en 2016 ne semble pas affecté par l’idée de devoir participer à ses premières séries éliminatoires à l’âge de 21 ans. « Je pense que c’est une étape que j’ai attendue toute ma vie. Ça va être très excitant », a-t-il récemment répondu concernant son premier départ en séries. Hart est un habitué des situations de haute-pression, ayant perdu en finale du Championnat du monde junior en 2017 et en remportant l’or l’année suivante.

Plusieurs de ses coéquipiers ont été très impressionnés par ses performances lors des CMJ, dont Cale Makar. « Je n’ai jamais vu un gardien de but aussi calme. Même si nous sommes en panne ou que nous avons quelques lacunes, il est capable de [nous garder dans la partie]. C’est l’un des meilleurs gardiens avec qui j’ai joué », avait commenté Makar à l’époque. Dillon Dube, jouant maintenant pour les Flames de Calgary, avait aussi été élogieux à son endroit. « Il était notre meilleur joueur ce soir et tout au long du tournoi il a été incroyable. Il nous a donné confiance. » Son calme « Price-esque » sera toutefois rudement mis à l’épreuve durant les prochaines semaines, alors que les Flyers tenteront pour la première fois depuis 2011 d’accéder au deuxième tour éliminatoire.

Penguins de Pittsburgh

Facteur X : Bryan Rust

Vous serez sûrement surpris de voir le nom de Bryan Rust apparaître ici, au lieu de Sidney Crosby ou d’Evgeni Malkin. La production offensive de ces deux futurs joueurs du Temple de la renommée n’est pas en doute. Depuis leur arrivée, ils sont respectivement premier et deuxième en terme de points par partie en séries éliminatoires parmi les joueurs actifs, avec 1.134 P/PM et 1.037 P/PM. Dans le top 6 offensif, on retrouve Jason Zucker, qui n’a pas la réputation de performer en séries (9 points en 31 parties), ainsi que Conor Sheary (9 points lors de ses 34 dernières parties en séries) et Jake Guentzel qui, malgré ses performances impressionnantes lors des deux conquêtes consécutives de la Coupe Stanley de 2016 à 2018, n’a récolté qu’un faible but en quatre parties l’année dernière ainsi qu’une fiche de +/-3.

Rust non plus n’est pas un habitué des grosses performances lors des séries. Au cours des dernières années, il a récolté 21 points en 62 parties. Mais tout cela pourrait changer cette année. En moyenne, lors des quatre dernières saisons, Rust a récolté 38 points – sur une saison de 82 parties – en débutant en moyenne 49,2% de ses séquences en zone offensive. Cette année, il a récolté 56 points en 55 parties, en route pour une production de 83 points, en débutant 59,4% de ses séquences en zone offensive. Mike Sullivan, son entraîneur chef, a totalement changé la façon dont il utilise l’attaquant, et c’est toute l’équipe ainsi que Rust qui en ont profité. Si les Penguins veulent avoir une chance de répéter leurs exploits, Rust devra continuer sur sa lancée et devra apporter du soutien offensif aux vétérans déjà établis.

Capitals de Washington

Facteur X : Evgeny Kuznetsov

Les Capitals ont remporté les grands honneurs en 2018 avec un alignement majoritairement similaire. Depuis quelques années, Kuznetsov centre la première ligne, entouré d’Alex Ovechkin à sa gauche et Tom Wilson à sa droite. C’est donc lui qui aura la tâche d’affronter les premiers trios lors de la ronde de qualification. Même si le deuxième trio de Washington est amplement capable de produire de l’offensive, avec Nicklas Backstrom, un Jakub Vrana en plein essor et T.J Oshie, c’est tout de même Ovechkin qui propulse l’attaque de la ville capitale des États-Unis.

Une chose qu’il est toutefois important de noter, c’est qu’Ovechkin n’aurait pas pu amasser six trophées Maurice Richard sans un passeur habile à ses côtés. C’est pourquoi Backstrom, en date de leur 900e partie en 2019, avait assisté 37,4% des buts de « The Great Eight ». C’est maintenant la tâche de Kuznetsov d’alimenter le gros ailier russe et d’affronter les meilleurs trios des équipes adverses. Sans une performance élite de Kuznetsov, les Capitals peuvent dirent adieu à leurs chances de remporter une deuxième Coupe Stanley en trois ans.

Antonin Martinovitch

Ayant pratiqué le sport pendant près de 15 ans, Antonin Martinovitch mange, dort et respire hockey. Amateur de statistiques avancées, il fait parler les chiffres, montrant le sport sous un angle différent. Étudiant au baccalauréat en journalisme à l’UQÀM ainsi que dictionnaire sur pattes, il transmet sa passion du monde sportif à travers ses écrits et ses chroniques vidéos. Ses divers intérêts à un bas âge au football, au golf et à la Formule 1 ont aussi persisté, faisant de lui avant tout un amateur de sport. « Comment aimeriez-vous un travail où, chaque fois que vous commettez une erreur, une grosse lumière rouge s'allume et 18 000 personnes vous huent ? » – Jacques Plante

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