GSP contre Khabib, ou comment accepter les retraites prématurées

Ufc, CC BY-SA 4.0 https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0, via Wikimedia Commons

L’un n’a combattu qu’une seule fois depuis 2013. Le second a laissé ses gants au milieu de l’octogone en octobre dernier. Pourtant, la possibilité d’un retour alimente les sites de rumeurs depuis des années pour l’un et depuis des semaines pour l’autre. Le fait de quitter au sommet pour ces deux athlètes rend difficile le deuil sportif que les partisans doivent faire.

On parle même de les faire combattre les deux ensemble. Un superfight, un méga combat qui n’aura d’enjeu sportif que de finalement laisser tomber le suspense et savoir qui est le plus grand d’entre les grands. Alors que l’un, désormais commentateur sur une des plus grandes chaînes spécialisées en sport au Canada, réfute (ou presque) toutes les rumeurs concernant un possible retour au combat, l’autre n’était pas encore entré dans l’avion pour sa Russie natale que ses futurs adversaires étaient déjà en ligne pour l’affronter.

Des carrières hors du commun

Sa fiche de 26 victoires et de deux défaites fait de Georges St-Pierre un des plus grands combattants d’arts martiaux mixtes de l’histoire. Le Québécois a laissé sa ceinture des poids mi-moyens vacante en 2013 et est sorti de sa longue pause en 2017 pour s’emparer du titre des poids moyens de l’UFC (Ultimate Fighting Championship) et se retirer définitivement des arts martiaux mixtes. À ce jour, GSP détient plusieurs records de l’UFC dans la catégorie des 170 livres et en défense de titres, tous poids confondus. L’Isidorien a quitté l’organisation avec une séquence de 13 victoires consécutives.

Khabib Nurmagomedov n’a tout simplement jamais connu la défaite de sa carrière. Ses 29 victoires parlent d’elles-mêmes. Entre 2012 et 2020, le Russe a nettoyé tout ce qu’il y avait dans la catégorie des 155 livres. Les blessures et un style plutôt pragmatique ont freiné son ascension au milieu des années 2010, devenant champion des poids légers assez tardivement dans sa carrière. Le décès de son père, des suites d’une infection à la COVID-19, force The Eagle à se retirer des arts martiaux mixtes, son paternel étant son entraîneur et complice dans toute cette aventure.

Partir au sommet

Le point commun de ces deux combattants est qu’ils sont partis au sommet de leur carrière. En fait, pas exactement. Ils ont quitté en pleine ascension. Peut-être qu’ils en étaient à leur sommet. Impossible de le savoir. Ils ont quitté en laissant les partisans sur leur faim, sans que ces derniers puissent connaître leur véritable limite.

Cette limite, ou à tout le moins la limite d’un des deux, serait connue dans le cas d’un affrontement entre GSP et Khabib. Il serait possible de voir l’un d’eux débouler la pente. De régler la question une fois pour toutes. Ce sentiment de carrière incomplète est difficile pour les connaisseurs du sport, qui ne sont pas habitués à cela.

Khabib Nurmagomedov était en pleurs après sa dernière victoire contre Justin Gaethje. Photo : UFC (@UFC) via Twitter.
Presser le citron

La majorité des athlètes quittent leur sport lorsque, sportivement parlant, ils ne sont plus dans le coup. La retraite vient souvent lorsque le citron est pressé au point où plus aucune goutte ne peut en sortir. Repousser la limite au maximum. Parfois même, connaître une régression physique qui fera passer l’athlète d’un joueur étoile à un joueur de profondeur interchangeable dans un effectif.

Ce n’est pas plus mal. L’athlète est passionné par son sport et veut le pratiquer le plus longtemps possible, peu importe son rôle dans une organisation. Les cas de figure de GSP et de Khabib sont si singuliers que les observateurs du monde sportif ont de la difficulté à accepter que de vouloir quitter au plus haut de son sport, sans connaître la chute, soit aussi une option viable pour une fin de carrière.

Modèles à suivre

Le partisan doit apprendre à vivre avec des fins de carrière comme celles de Georges St-Pierre et de Khabib Nurmagomedov. Même si elles nous laissent sur notre faim. Laissons-les se reposer en paix. D’ailleurs, beaucoup d’athlètes devraient s’inspirer de ce type de retraite (coucou Anderson Silva). Avant que la situation ne devienne pathétique, l’athlète doit savoir se retirer au bon moment.

Cela s’applique à tous les sports. Pour l’histoire et la postérité, préférons-nous une fin de carrière où nous restons sur notre faim? Ou des combats de trop qui entachent l’héritage? Libre à chacun de savoir s’il veut connaître à tout prix le sommet d’un athlète professionnel.

Étienne Bouthillier

Étudiant en journalisme à l'UQAM, Étienne Bouthillier tombe amoureux du soccer lors de la Coupe du Monde 2014. Ses premiers pas dans le monde des médias remontent à 2016, où il écrit des articles pour le Kan Football Club pendant deux ans. En 2018, il se lance dans le monde du podcast avec « Les Trois Lions », un balado sur le foot anglais. Il a animé l'émission hebdomadaire du Kan Football Club sur CHOQ.ca. Il est aussi impliqué dans les activités du Royal de Montréal, l'équipe professionnelle d'ultimate frisbee de la métropole. Ses champs d'expertise sont le soccer, l'ultimate frisbee, les arts martiaux mixtes et le sport sécuritaire.

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