Incursion dans les bases partisanes de la LNH – partie 4
La base partisane des Capitals de Washington est sans doute l’une des plus belles à regarder en raison de l’amour inconditionnel qu’ils donnent à leurs joueurs. Un amour qui est cependant diamétralement opposé à la relation qu’ils entretiennent avec les Penguins de Pittsburgh.
Il est sans doute impossible pour les partisans des Canadiens de Montréal d’imaginer un monde dans lequel Tom Wilson est pratiquement vénéré comme un dieu, où Zdeno Chara est adoré et où Lars Eller est considéré comme un morceau essentiel d’une équipe. Un tel monde existe cependant et celui-ci ne se trouve qu’à une dizaine d’heures de route de Montréal, plus précisément à Washington.
Les partisans des Capitals sont en effet très attachés à leurs joueurs. Encore plus que ceux des Blue Jackets dont j’ai vanté l’amour donné par ceux-ci aux joueurs de Columbus dans le plus récent article de cette série. Bien sûr, les vedettes comme Alex Ovechkin et Nicklas Backstrom sont au sommet de la pyramide de l’amour des partisans, mais certaines personnes seront peut-être surprises d’apprendre que tout juste derrière eux, on retrouve Tom Wilson.
Tom Wilson, c’est l’ennemi public numéro un à travers la LNH depuis quelques années. Les gestes controversés, les bagarres, les mises en échec dangereuses, les amendes et les suspensions ne cessent de s’accumuler pour ce joueur. Ainsi, il n’est pas rare de le voir être hué lorsque Washington est en visite dans un autre aréna. Pourtant, dans la capitale américaine, c’est presque un dieu. Les gens l’adorent et son côté de dur à cuire permet aux partisans de vanter la robustesse de leur équipe. Même en fin de saison cette année, quand Wilson a travaillé ses prises de lutte sur Artemi Panarin, des Rangers de New York, les partisans le louangeaient. On trouvait des arguments pour le défendre, on pointait les erreurs de Panarin sur la séquence et, par-dessus tout, on affirmait qu’une suspension était quelque chose de bien trop exagéré.
Certes il y en a quelques-uns qui disaient que Wilson était allé trop loin cette fois-là, mais ils étaient peu nombreux et on ne peut pas dire qu’ils le criaient haut et fort.
Cet amour inconditionnel envers Wilson a également été donné à Zdeno Chara lorsqu’il est arrivé depuis Boston comme agent libre. Même si le défenseur au format géant n’est plus le même joueur qu’autrefois, il apporte quand même énormément à une équipe grâce à ses nombreuses années d’expérience. Les partisans ont ainsi apprécié le voir jouer le mentor pour certains jeunes espoirs de l’organisation au début de la saison. Ils ont également pu apprécier les performances de Chara sur la glace, puisque celui-ci évoluait sur la troisième paire de défenseurs. Un rôle qui lui convient beaucoup plus que celui qu’il était forcé d’occuper à Boston en raison du manque de profondeur à la ligne bleue des Bruins.
Le seul qui ne fait pas l’unanimité en fait, c’est Ilya Samsonov. Celui-là, même à Washington, on ne l’aime pas. La raison est simple: Vitek Vanecek, l’autre gardien de l’équipe, a offert des performances plus que solides cette saison et a carrément volé le poste de partant à Samsonov lorsque celui-ci était à l’écart du jeu en raison du protocole de la COVID-19. La twittosphère s’est donc enflammée lorsque Samsonov est revenu au jeu et qu’on lui a redonné son filet pour quelques rencontres. Sa bourde derrière son filet qui a coûté aux Capitals le match numéro trois de leur série face aux Bruins n’a certainement pas aidé sa réputation.
Un départ qui fait mal
L’échange de Jakub Vrána aux Red Wings de Detroit en retour d’Anthony Mantha à la date limite des transactions a fait très mal aux partisans des Capitals. Au moment de l’échange, Vrána avait plus de points que Mantha en moins de matchs joués tout en étant un an plus jeune. Les Capitals ont cependant ajouté Richard Pánik et un choix de premier tour au prochain repêchage pour obtenir l’ancien des Foreurs de Val d’Or
Contrairement aux partisans des Canadiens cependant, ceux des Capitals n’ont pas immédiatement demandé la tête de leur directeur général. Certes, il était clair aux yeux de tous que Washington avait perdu cette transaction, mais ce n’était aucunement de la faute de Mantha. Les partisans ont donc plutôt décidé de donner une chance au Québécois et d’espérer que celui-ci livre la marchandise. Avec huit points en 14 matchs, Mantha a plutôt bien performé pour Washington. Cependant, Vrána a obtenu 11 points en 11 matchs avec Detroit.
Les partisans ont aimé Mantha et vont continuer de l’apprécier, car c’est ce qu’ils font avec tous leurs joueurs. Le Québécois devra cependant redoubler d’efforts s’il souhaite faire oublier Jakub Vrána, qui était l’un des plus adorés à Washington.
Pittsburgh représente le mal
Il est rare que les partisans du CH aient quelque chose de positif à dire à propos des Bruins de Boston et de Maple Leafs de Toronto. À Montréal, tous les arguments seront bons pour critiquer, de rire ou d’insulter les joueurs, les entraîneurs et les partisans de ces équipes. Aussi surprenant que cela puisse paraître, la situation est encore pire à Washington où les Penguins de Pittsburgh sont littéralement vus comme l’incarnation même du mal.
Durant une rencontre Capitals-Penguins, chaque erreur d’un joueur de Pittsburgh est accompagnée d’une série de tweets qui ridiculisent le joueur responsable. La majorité des buts des Penguins ne sont pas bons aux yeux des partisans de Washington et les arbitres sont critiqués s’ils n’appellent pas au moins dix punitions contre la bande de Sidney Crosby. D’ailleurs, parlant de Crosby, il est sans doute inutile de vous dire que le débat Ovechkin-Crosby est le débat le plus futile à Washington où il est clair, net et précis que le Russe est le meilleur joueur.
Le tout s’empire cependant quand les partisans des Capitals décident d’écouter les commentateurs de Pittsburgh décrire le match. Sans blague, ce sont des insultes qui jaillissent de partout sur Twitter où l’on commence à « souhaiter que Wilson marque pour leur fermer la trappe ».
En toute honnêteté, j’ai trouvé que les partisans des Capitals connaissaient généralement bien leur hockey, mais lorsque leur équipe affronte PIttsburgh, ils perdent tout sens de logique, tout bon jugement et toute forme d’analyse respectable du jeu. Ce n’est pas compliqué: tout ce que les Capitals font est bon et tout ce que Pittsburgh fait est atroce. Je n’ai jamais vu une telle situation, même lorsque Montréal affronte Boston ou Toronto.
L’amour qu’ils donnent à leurs joueurs est cependant exemplaire et, en général, je serais prêt à m’avancer en disant que, selon ce que j’ai vu à Montréal, Ottawa, Columbus et Washington, ce sont les partisans des Capitals qui représentent le mieux ce qu’être un partisan signifie.