Le CH est passé de l’euphorie à la catastrophe en 2021

Des milliers de partisans se sont rassemblés à cet endroit le soir du 24 juin, afin d’être aux premières loges d’un match historique.
Photo : Pascal Bernardon | Unsplash

Les partisans des Canadiens de Montréal sont passés par toute la gamme des émotions dans la dernière année. Ils ont en effet connu la joie, l’euphorie et on pourrait même aller jusqu’à dire l’extase en juin dernier. Cependant, depuis le début de la saison 2021-2022, l’atmosphère entourant le club et les résultats sont totalement différents.

Replongeons-nous d’abord en janvier 2021, où la LNH a dû remanier les divisions en raison encore et toujours, des procédures liées à la COVID-19. Ces changements ont donc réuni toutes les équipes canadiennes, soit les Canadiens, mais aussi les Maple Leafs de Toronto, les Sénateurs d’Ottawa, les Jets de Winnipeg, les Flames de Calgary, les Oilers d’Edmonton et les Canucks de Vancouver au sein de la division Nord. Ainsi, chaque équipe jouait 8, 9 ou même 10 fois contre chaque équipe, ce qui était hautement favorable à d’intenses rivalités.

Plusieurs amateurs avaient tendance à dire que cette division canadienne était moins forte que les divisions américaines. De plus, la division Nord était proportionnellement avantagée étant donné qu’elle comptait sept équipes comparativement à huit pour les autres divisions.

Une saison écourtée en dents de scie

Bref, cette saison fut parsemée de hauts et de bas pour le Tricolore, mais débuta sur les chapeaux de roues, avec de bonnes performances des nouveaux venus, comme Tyler Toffoli, Josh Anderson, Joel Edmundson ou encore Corey Perry. Aussi, la jeune pépite Nick Suzuki se débrouillait extrêmement bien au centre du deuxième trio. De plus, les vétérans comme Shea Weber, Brendan Gallagher, Jeff Petry, Phillip Danault et surtout Carey Price jouaient également à la mesure de leurs capacités, ce qui assurait un bon rendement de l’équipe. Mais, petit à petit, les bonnes performances étaient de moins en moins au rendez-vous, laissant place à de l’inconstance et de moins bons résultats, ce qui a logiquement affecté le classement du CH.

 De ce fait, l’organisation effectua en février, un mouvement de personnel (qui sera loin d’être le dernier en 2021) du côté des entraîneurs, avec le congédiement de Claude Julien et de Kirk Muller, et du même coup, la nomination de Dominique Ducharme au poste d’entraîneur-chef par intérim. Ce changement n’apporta rien de significatif en saison régulière, mais la Sainte-Flanelle a tout de même réussi à se tailler une place en séries éliminatoires, terminant à la 4e position, devant les Flames et les Canucks notamment. L’obtention d’une place en séries était ce qui importait pour le Canadien, car comme le disait si bien Marc Bergevin : « En séries avec Carey, tout est possible », Bergevin ne savait probablement pas à quel point il avait raison.

Un parcours éliminatoire inimaginable

Le Tricolore débuta son tournoi d’après-saison contre les fameux Maple Leafs de Toronto, qui ne voulait absolument pas revivre d’autres déboires en séries éliminatoires, ceux-ci n’ayant pas gagné une seule ronde éliminatoire depuis 2004. Les Leafs ont dominé la division Nord et étaient logiquement supposés vaincre les Canadiens lors de cette première ronde. Ils étaient très bien partis, eux qui menaient la série 3 à 1. Outre le premier match, où Paul Byron avait marqué le but gagnant, à genoux et de façon assez extraordinaire, les Torontois ont eu l’ascendant dans les matchs 2, 3 et 4. Autant pour les partisans du CH que pour la planète hockey, cette série serait pliée au match 5.

Mais c’était oublier le phénoménal Carey Price, qui n’avait pas encore dit son dernier mot dans cette série. C’est en grande partie grâce au brio de ce dernier que le Tricolore a pu se retrouver en prolongation dans les matchs 5 et 6. Ainsi, Nick Suzuki, puis Jesperi Kotkaniemi ont tour à tour obtenu les buts gagnants faisant prolonger la série. Celle-ci étant égale à 3 à 3, la pression était nettement du côté de Toronto, qui revivait un cauchemar, tandis que le Canadien avait le vent dans les voiles. Puis, ce qui devait arriver arriva, le bleu blanc rouge remporta la septième partie avec des buts de Brendan Gallagher et de Corey Perry entre autres. La défense montréalaise a très bien joué son rôle dans un système de jeu hermétique, avec un solide match de Weber, Petry, Chiarot, Edmundson et Price bien sûr.

En deuxième ronde, le Canadien se mesurait aux Jets de Winnipeg, qui venaient de balayer les Oilers d’Edmonton lors de la série précédente. Les Jets disposaient d’une attaque dévastatrice avec les Scheifele, Connor, Ehlers, Wheeler et Dubois, ainsi que l’un des meilleurs gardiens en Connor Hellebuyck. Donc, encore une fois, le CH jouait le rôle de négligés dans cette série. Celle-ci commença brutalement avec la suspension de l’un des meilleurs éléments des Jets, Mark Scheifele qui est allé d’une dangereuse mise en échec à l’encontre de Jake Evans. Montréal a très bien vengé leur coéquipier en gagnant non seulement le premier match, mais aussi les trois suivants, pour balayer les Jets à leur tour, ce qui leur a valu le surnom de Kings of the North, étant la dernière équipe canadienne encore en lice.

Les Kings of the North se mesuraient ensuite aux puissants Golden Knights de Las Vegas en demi-finale, où évoluait le formidable cerbère québécois Marc-André Fleury, récipiendaire du trophée Vézina. Ainsi les partisans avaient droit à un duel de feu devant le filet entre Fleury et Price. Les Golden Knights comptaient aussi dans leur rang l’ancien capitaine du CH, Max Pacioretty, ce qui rendait la série on ne peut plus intéressante. Il y avait également les Mark Stone, Alex Pietrangelo, Shea Theodore et l’excellent gardien substitut Robin Lehner, ceux-ci faisant des Knights une équipe extrêmement bien équilibrée.

Une Saint-Jean-Baptiste à saveur de finaliste

Les Chevaliers dorés ont gagné les matchs numéros 1 et 4, tandis que le CH est sorti gagnant des matchs 2 et 3. Puis, la Sainte-Flanelle est parvenue à gagner la cinquième partie 4 à 1 à Vegas, ce qui représente une excellente opération. Ainsi, ces circonstances exceptionnelles ont fait en sorte que le match numéro 6 se déroula à Montréal, au Centre Bell, le 24 juin, soit le jour de la fête nationale du Québec, la Saint-Jean-Baptiste. La province en entier ne pouvait pas demander mieux, bien que seulement 3 500 partisans pouvaient assister à la partie à l’intérieur de l’amphithéâtre. Mais cela n’allait pas empêcher les plus fervents supporters montréalais de se présenter à l’extérieur du Centre Bell. En effet, plus de 20 000 personnes se rassemblèrent aux alentours de l’aréna afin d’être au cœur d’un scénario à la hauteur de l’évènement. Certains d’entre eux ont profité de l’occasion pour saccager plusieurs rues de la ville de Montréal, cônes orange, voitures de police et même boîte aux lettres en payèrent le prix. Évidemment, la situation sollicita des interventions policières, même qu’une quinzaine d’arrestations furent nécessaires, ce qui assombrit les réjouissances.

 En ce qui concerne le match, après des buts de Shea Weber et Cole Caufield, le temps réglementaire se termina par la marque de 2 à 2. L’égalité persistant, le débat devait se sceller en prolongation. Lors de celle-ci, après avoir reçu la passe de Gallagher, Phillip Danault entra en zone de Vegas, y alla d’une brillante passe du revers pour Artturi Lekhonen, qui décocha un tir précis, qui termina sa course par-dessus l’épaule de Robin Lehner, au fond des filets. Ce but exalta non seulement le Centre Bell, mais aussi les 20 000 partisans rassemblés à l’extérieur ainsi que des millions d’autres téléspectateurs. La Saint-Jean-Baptiste n’aura rarement offert un tel cadeau à la population québécoise, soit une finale de la Coupe Stanley, une première depuis le dernier triomphe de 1993.

Fin d’une épopée complètement folle

L’atteinte de la finale dépassait largement les attentes de n’importe quel partisan du Tricolore. Elle représentait non seulement un divertissement rassembleur, qui leur permettait de se détacher de la difficile réalité, mais aussi une source d’espoir et de motivation dont les Québécois avaient bien besoin dans cette période sombre. Malheureusement pour eux, le puissant Lightning de Tampa Bay, champion en titre, mit fin au rêve des Canadiens de Montréal et de ses supporters en cinq parties. Les Floridiens gagnèrent les 3 premiers matchs de la série, le talent époustouflant de son alignement semblant essouffler les vaillants Glorieux. Ceci n’étant aucunement surprenant lorsque l’on regarde les Andrei Vasilevskiy, Brayden Point, Steven Stamkos, Victor Hedman, Nikita Kucherov pour ne nommer que ceux-là, tous dans l’élite de la ligue. Le CH parvint à sauver son honneur lors du match numéro 4, avec une victoire 3 à 2 en prolongation, un but gagnant gracieuseté d’un incroyable effort de Josh Anderson. Mais c’était trop peu trop tard, Tampa Bay remporta le cinquième match 1-0 avec un but de Ross Colton, assisté de David Savard, une courte victoire qui offrit un deuxième sacre consécutif au Lightning, et mit fin aux derniers espoirs montréalais.

Un été mouvementé

Si le Canadien croyait avoir tout vécu lors de la première portion de l’année, il se trompait largement. En effet, la saison morte fut pleine de rebondissements à plusieurs niveaux. D’abord, le départ d’éléments clés, ayant joué un rôle capital dans le précédent parcours éliminatoire, comme Phillip Danault, qui a signé un contrat avec les Kings de Los Angeles et Corey Perry, qui est passé du côté de ses anciens adversaires, le Lightning. Plus tard, il y a eu l’offre hostile mirobolante des Hurricanes de la Caroline pour Jesperi Kotkaniemi, que le Canadien a décidé de laisser partir, en allant chercher Christian Dvorak des Coyotes de l’Arizona. Il y a aussi eu la sélection extrêmement controversée de Logan Mailloux au repêchage, qui avait déclaré ne pas vouloir être repêché, lui qui a été rendu coupable d’un crime sexuel par le passé. À cela, on ajoute la blessure à très long terme (probablement la retraite) du capitaine Shea Weber et la situation de Carey Price, souffrant de problèmes de santé mentale, lui qui n’a toujours pas disputé un seul match dans cette saison 2021-2022. Bref, un été se déroulant dans une atmosphère bien différente que ce l’équipe et les partisans avaient vécu quelques semaines plus tôt. Néanmoins, pour pallier à cette panoplie de mauvaises nouvelles, Marc Bergevin est allé chercher en renforts Mike Hoffman, David Savard et Mathieu Perreault notamment.

Saison absolument misérable

Débutant la saison avec très peu d’optimisme et beaucoup d’absents, le Canadien n’améliora pas sa situation en y allant de cinq défaites consécutives dès le début de la saison. Malgré quelques petites victoires, la fiche du Tricolore s’est dégradée de plus en plus au fil des matchs. À cela, on ajoutait des blessures à des éléments importants et des cas de COVID-19, qui allongeait dangereusement la liste des blessés. Il est bien plus simple de nommer ceux qui n’ont pas raté de matchs, que l’inverse étant donné que seuls Nick Suzuki et David Savard ont disputé les 34 matchs du bleu blanc rouge jusqu’à maintenant cette saison, seulement 2 joueurs! De plus, ni Price, ni Weber, ou même Joel Edmundson et Paul Byron ne sont revenus au jeu ne serait-ce que pour un seul match cette saison. Même que lors des derniers matchs de l’équipe en 2021, la masse salariale de l’alignement présenté était bien en dessous du plancher salarial, le Canadien étant probablement l’équipe la plus affectée de la ligue par les blessures et le virus.

Dans le monde du sport et dans la vie en général, on dit souvent qu’il ne faut pas se chercher d’excuses, mais dans le cas du CH, il est clair que le nombre astronomique de blessures et de cas de COVID-19 qui ont touché les joueurs a été un facteur central dans les mauvaises performances de la Sainte-Flanelle. Ceci dit, très rarement, cette équipe a ressemblé à ce qu’elle était en juin dernier, en termes d’efforts, de chimie, de concentration et d’exécution. Plusieurs joueurs ont joué bien en deçà des attentes à commencer par Jeff Petry, parfaitement méconnaissable. Tyler Toffoli était loin d’être le buteur prolifique qu’il avait été la saison dernière et Brendan Gallagher était invisible bien trop souvent. Même Nick Suzuki et Cole Caufield n’ont pas eu le succès des précédentes séries, qu’ils soient jumelés ou séparés. Bref, le hockey est un sport de résultats et ceux-ci n’étant pas au rendez-vous, Geoff Molson se devait d’agir, c’est pourquoi le 28 novembre dernier, le directeur général des Canadiens de Montréal, Marc Bergevin, a été congédié après près d’une décennie à la barre de l’équipe. Le directeur général adjoint Trevor Timmins et le vice-président aux affaires publiques et aux communications, Paul Wilson, ont également été remerciés, tandis que Jeff Gorton a été engagé en tant que vice-président exécutif des opérations hockey. Depuis ce jour, la préoccupation médiatique est tournée bien plus vers la recherche et la nomination du prochain DG que vers les résultats de l’équipe. Pas étonnant, puisque ceux-ci montrent une fiche de 7 victoires, 23 défaites et 4 revers en prolongation, ce qui est bon pour l’avant-dernier rang de la LNH et un des pires débuts de saison dans l’histoire de la l’équipe.

Plusieurs chantiers devront se mettre en branle en 2022, à commencer par la nomination du prochain DG. Celui-ci devra ensuite établir un plan d’action pour les années à venir et dévoiler clairement aux médias et aux partisans ce que lui et Jeff Gorton envisagent pour le futur de la franchise montréalaise, sans quoi ils pourraient rapidement se faire taper sur les doigts. Est-ce que ce sera une reconstruction complète? Si c’est cela, il faut s’attendre à ce qu’ils se débarrassent des gros contrats de Carey Price et Brendan Gallagher notamment et qu’ils rebâtissent pendant encore des années avec les espoirs déjà sous la main et les futurs que l’organisation repêcheront. Ou est-ce que ce sera une reconstruction partielle? Ce qui est bien possible, puisque plusieurs joueurs importants de cette formation ont des contrats à moyen ou à long terme, comme Toffoli, Anderson, Petry, Hoffman et Suzuki, qui a paraphé une lucrative prolongation récemment. Mais même dans ces cas-ci, certains devront partir, on pense bien sûr à Ben Chiarot, mais aussi peut-être Jonathan Drouin, Joel Armia, Arturri Lekhonen? Bref rien n’est certain. Ce qui l’est, c’est que les fans du Tricolore veulent avoir droit à un meilleur spectacle en 2022, que ce que les 34 premiers matchs ont offert. Peut-être pas trop de victoires non plus, question de pouvoir mettre la main sur un Shane Wright ou un autre excellent espoir au prochain repêchage. Quoi qu’il en soit, l’avenir des Canadiens de Montréal semble plutôt rose, car les Nick Suzuki, Cole Caufield, Alexander Romanov, Ryan Poelhing, Cayden Primeau vont continuer de se développer et la banque d’espoirs continuera de se garnir. Puis, il est bien important de se rappeler que cette équipe était en finale de la Coupe Stanley il y a quelques mois et que la situation peut changer très rapidement, dans un sens comme dans l’autre.

Olivier Prince-Groleau

Grand fan de sport, surtout le hockey et le soccer, Olivier est un grand sportif de salon et ne s'en cache pas. Ce dernier regarde énormément de faits saillants des matchs qui l'intéresse sur YouTube, s'en est presque maladif. Celui que l'on surnomme OPG adore consommer du sport, mais aussi en faire et là on ne parle pas d'aller au gymnase, mais plutôt de jouer à un sport concrètement. En effet, il pratique le hockey depuis l'âge de 6 ans et il fait également du soccer/futsal depuis l'âge de 8 ans.  Les grands évènements sportifs comme les Olympiques, la Coupe du Monde ou encore les séries éliminatoires de la LNH sont de véritables sources de plaisir pour lui. Bref, un vrai sportif dans l'âme et dans le corps!

Une réflexion sur “Le CH est passé de l’euphorie à la catastrophe en 2021

  • 18 janvier 2022 à 22:05
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    Merci Beaucoup M. Groleau-Prince , beaucoup d’éléments que j’avais oublié dans votre article. Très intéressant article d’ailleurs. Personnellement, je suis très déçu de la performance des Canadiens même après l’arrivée de Geoff Gorton à la tête de l’organisation.

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