Le monde a besoin des Olympiques

Partisans de hockey ou pas, ce sont tous les membres d’une même nation qui se sont soulevés lorsque Sidney Crosby a marqué le fameux but en or en 2010. Photo: NHL.com

Les Jeux olympiques représentent la solution parfaite pour rassembler le monde autour d’un même intérêt, afin d’arriver à donner une dernière poussée dans cette course contre une pandémie qui nous divise plus que jamais.

En mai 2020, je devais aller assister à un match de hockey au Centre Bell entre les Canadiens de Montréal et les Sabres de Buffalo. La pandémie avait cependant d’autres plans pour moi et la suspension de la saison de la LNH une semaine plus tôt a fait en sorte que j’ai passé cette soirée dans mon salon au lieu d’être au célèbre aréna.

Les jours ont passé, puis les semaines, puis les mois, la plus longue période de ma vie sans regarder ne serait-ce qu’un seul évènement sportif à la télévision. Le monde du sport était sur pause et on pouvait ressentir la peine des partisans qui n’attendaient qu’un retour des compétitions. Le 28 juillet, date où le hockey de la LNH est revenu sur nos écrans, je travaillais au camp de jour. Il y avait quelque chose de différent dans l’air cette journée-là, un sentiment que, malgré les masques, la distanciation sociale, le lavage des mains et l’anxiété, nous étions sur le chemin vers un retour à la normale. Tout ça simplement parce que, ce soir-là, les Canadiens affrontaient les Maple Leafs de Toronto.

La sensation de rassemblement s’est amplifiée lorsque j’ai ouvert mon fil Twitter, lorsque j’ai lu les commentaires sous les vidéos publiés par la LNH sur Facebook et YouTube et lorsque j’ai discuté par texto avec mes amis. J’ai vécu maintes fois l’expérience du Centre Bell qui entre en éruption après un but, mais jamais je n’avais ressenti un tel unisson. J’avais l’impression d’être connecté à des gens dont j’ignorais l’existence, des gens qui habitaient Chicago, Vancouver, Las Vegas, Glendale et même Boston et Toronto. Je ressentais la passion des partisans de partout à travers le continent, et ce, sans qu’il n’y en ait un seul dans les gradins.

Dans les semaines qui ont suivi, j’ai discuté de hockey avec des enfants, avec des parents, avec des employés et des collègues. J’ai discuté de hockey avec des gens que je ne connaissais pratiquement pas, mais avec qui j’avais l’impression de me retrouver avec mes plus proches amis dans un sous-sol à débattre sur les performances de Carey Price. Voilà le pouvoir du sport, voilà ce que l’on veut dire par « le sport est rassembleur », voilà ce qui rend le sport si important pour tant de personnes.

J’ai ressenti les mêmes émotions à plusieurs moments durant cette période. Le retour de la NFL, le retour de la MLB, le retour de la Formule 1, chaque fois c’était la même chose. Le sport permettait d’oublier la tristesse et la difficulté de la réalité d’un monde à distance grâce à une passion commune qui ralliait toutes sortes de personnes. Voilà donc pourquoi je crois fermement que, pandémie ou pas, spectateurs ou pas, boycotts ou pas, le monde a besoin des Jeux olympiques.

Le hockey, le baseball ou le basketball peuvent réunir les gens, mais il n’y a rien de plus rassembleur que les Jeux. Même la Coupe du monde de soccer ou l’Euro ne se comparent pas à cette compétition.

Les Jeux olympiques représentent l’unisson certes, mais également la possibilité, l’espoir et l’égalité. Pensons à l’équipe américaine de hockey de 1980, pensons à Jesse Owens en 1936, pensons à l’équipe de bobsleigh de la Jamaïque et à Eddie The Eagle en 1988, toutes ces histoires, tous ces miracles, ont captivé l’entièreté d’une planète et ont permis aux gens de tous les pays de croire qu’ils ou elles pourraient un jour réaliser quelque chose d’aussi grandiose. Même dans l’Antiquité, les Jeux représentaient une période de trêve pour tous les conflits, un autre point qui témoigne de l’importance de cet évènement et à quel point il a un pouvoir rassembleur. Les Jeux sont la compétition par excellence qui donne une chance à tous et à toutes. C’est la philosophie qu’avait Pierre De Coubertin lorsqu’il a lancé les Jeux modernes et c’est la philosophie qui prône toujours, comme le témoigne l’engouement international pour ces deux semaines.

Jesse Owens | Track and Field | Olympic Hall of Fame
Les histoires comme celle de Jesse Owens sont celles qui rendent les Jeux olympiques si spéciaux. Photo: United States Olympic ans Paralympic Museum.

Les Jeux de Vancouver 2010 sont encore à ce jour le plus beau moment que j’ai connu avec le sport. Voir mon pays s’unir autour des Bilodeau, Rochette, Crosby, Montgomery, Virtue et Moir, c’est une expérience absolument inoubliable. Parallèlement, les Jeux sont un festival de fiertés nationales et de drapeaux de toutes sortes qui apparaissent pour un deux semaines, surtout dans une ville aussi multi-ethnique que Montréal. Les politiciens, les artistes, les acteurs, tout le monde suit les Olympiques. Alors que le monde est plus divisé que jamais en raison de la distance obligée, des vaccins controversés, des couvre-feux et des mesures gouvernementales qui créent la discorde, les gens ont besoin d’être rassemblés autour d’un point commun. Il n’y a qu’un seul évènement qui a, édition après édition, réussi à accomplir un tel exploit : les Jeux olympiques.

Voilà pourquoi, même si cela représente un risque pour les athlètes, même si cela représente un risque pour les Japonais, même si cela ne sera pas aussi rentable que souhaité pour les organisateurs, les Jeux olympiques, pour le bien de la planète, doivent avoir lieu.

Yohan Carrière

Après un stage d'exploration à RDS en 2015, Yohan Carrière débute officiellement sa formation journalistique au cégep Marie-Victorin en 2017. Aujourd'hui étudiant en journalisme à l'UQAM, il compte à son actif plusieurs collaborations, notamment à la radio et en vidéo avec L'Avantage Terrain et à l'écrit avec le magazine L'apostrophe. Il a également contribué à la couverture des Jeux olympiques et paralympiques de Tokyo et Beijing avec Radio-Canada. Toujours considéré par ses pairs comme un excellent communicateur, il vise aujourd'hui à mettre sa voix et sa plume au service des amateurs de sports. En tant qu'ex-joueur et entraîneur de hockey-cosom au sein du RSEQ, il garde un intérêt pour le sport-étudiant, mais se spécialise surtout dans le monde du hockey, du baseball, du tennis et de la Formule 1.

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