Lumière sur la Coupe d’Asie

Dans l’ombre de la Coupe d’Afrique des nations (CAN), la Coupe d’Asie a débuté le 12 janvier au Qatar et se conclura le 10 février 2024. Le pays organisateur tentera de défendre son titre qu’il avait acquis en 2019.

Alors qu’elle devait initialement se dérouler en juin et juillet 2023, la Coupe d’Asie 2023 se joue en ce moment. La Chine a, en effet, renoncé à l’organisation de l’événement, en raison de sa politique zéro Covid.

Les favoris

N’ayant plus gagné la compétition depuis 1960, les Sud-Coréens dirigés par Jürgen Klinsmann auront à cœur d’enfin offrir un trophée continental à leurs partisans. L’équipe sud-coréenne s’appuie sur une colonne vertébrale solide avec une vedette à chaque ligne du terrain. Le défenseur du Bayern Munich, Kim Min-jae guidera la défense tandis que le milieu du Paris Saint-Germain, Lee Kan-gin organisera les offensives de son équipe. Ce dernier s’est déjà illustré en inscrivant un doublé lors du premier match de son équipe face au Bahreïn (victoire 3-1). Les Sud-Coréens auront besoin d’un grand Son Heung-min, récemment promu capitaine dans son club de Tottenham et très en forme durant la première partie de saison. La vedette de Premier League avait connu le goût amer de la défaite en finale de cette compétition contre l’Australie en 2015 (1-2). Autour de ses trois armes majeures, l’effectif est composé de quelques joueurs évoluant en Europe, mais aussi de joueurs moins connus qui sont pensionnaires de K League 1, la première division sud-coréenne. Encore élu meilleur joueur de soccer en Asie pour l’année 2023, Son Heung-min connaît bien cette compétition et sait que son équipe n’aura pas droit à l’erreur.

La Coupe d’Asie 2011 au Qatar était mon premier grand tournoi, y revenir pour jouer ma quatrième Coupe d’Asie est quelque chose de particulier. Je veux rendre cette édition spéciale pour moi et pour mon pays. Ce sera un long voyage. Nous voulons juste nous concentrer sur chaque match et faire en sorte que ce soit le plus spécial possible.

Son Heung-min, The Korea Times, 15 janvier 2024

Après une entrée en lice réussie (victoire 4-2 contre le Vietnam), le Japon a commis un faux pas face à l’Irak lors de la deuxième journée (défaite 1-2). Malgré cela, le Japon demeure un candidat à la victoire. L’équipe a impressionné lors de la dernière Coupe du monde en terminant première de son groupe devant l’Espagne et l’Allemagne avant de perdre son match des huitièmes de finale aux tirs au but contre la Croatie. Le Japon n’a pas les vedettes dont la Corée du Sud peut se targuer, mais chaque joueur de l’équipe titulaire joue dans un club européen. Contrairement à son rival de l’Asie de l’Est, une minorité de joueurs sélectionnés jouent dans le championnat local. Le pays du Soleil levant pourra s’appuyer sur la stabilité. Son entraîneur, Hajime Moriyasu occupe sa fonction depuis 2018. Lui-même adjoint de l’entraîneur en chef durant la Coupe du monde 2018, ce dernier a pris les rênes de la sélection après la compétition. Ainsi, il était sur le banc de touche durant les deux dernières Coupes du monde dans lesquelles le Japon a réussi à sortir de la phase de poule. Pour l’instant blessé, mais convoqué, Kaoru Mitoma, un des meilleurs dribbleurs de Premier League jouant à Brighton, pourra faire la différence dans les moments décisifs.

Il ne faut pas non plus oublier l’Australie qui fait partie des trois équipes de la Confédération asiatique de soccer à avoir atteint les huitièmes de finale de la Coupe du monde 2022. Les Australiens, ayant déjà gagné leurs deux premiers matchs, sont assurés de jouer le prochain tour.

Le niveau de jeu

Programmée inhabituellement au même moment que la CAN, la Coupe d’Asie n’a pas la même visibilité. La demi-finale du Maroc qui a terminé quatrième durant la dernière Coupe du monde a éclipsé les bonnes performances de l’Australie, la Corée du Sud et le Japon. Jamais auparavant une équipe africaine n’avait atteint ce stade de la compétition.

Pourtant, en 2002, la Corée du Sud avait déjà réussi à se qualifier en demi-finale de la Coupe du monde et avait également terminé quatrième. Mais les joueurs africains évoluant en Europe ont toujours été plus nombreux que leurs homologues asiatiques. 

Cette Coupe d’Asie, organisée au Qatar et s’appuyant sur les infrastructures flambant neuves mises à pied pour la Coupe du monde 2022, met en exergue la technique du soccer asiatique. De nombreux joueurs aiment bien organiser le jeu et leur discipline fait que les tactiques sont respectées. De passage, dans l’émission L’After Foot à l’antenne de la radio française RMC, le journaliste Jean-Sébastien Grond-Tran a observé attentivement le début de la Coupe d’Asie ainsi que celui de la CAN et constate que la première n’a rien à envier à la seconde.

En termes de jeu, la Coupe d’Asie se défend très bien [par rapport à la CAN]. […] Recherche de l’interligne, des joueurs qui sont entre le milieu de terrain et la défense adverse, il n’y en a pas à la CAN. Je vois Seko Fofana le faire de temps en temps pour la Côte d’Ivoire sur deux matchs. Mais en Coupe d’Asie, c’est systématique, c’est-à-dire qu’on joue au ballon, on pose le jeu, ce que j’adore d’un point de vue tactique.

Jean-Sébastien Grond-Tran, RMC, 18 janvier 2024

Mais le soccer asiatique n’est pas physique et cela pourrait être ce qui a manqué aux sélections du continent pour aller encore plus loin lors de la dernière Coupe du monde. 

En outre, le format de la compétition, assez large, n’aide pas. L’écart entre les grandes équipes et les plus petites est grand, ce qui ne permet pas au niveau d’être élevé à chaque match. « Il faut savoir que la compétition est jouée par 24 équipes, comme l’Euro et la CAN. C’est un peu n’importe quoi. Des équipes comme Hong Kong et le Kirghizstan n’ont pas vraiment le niveau », a concédé le journaliste par la suite.

Le continent pesant pour plus de la moitié de la population mondiale avec ses 4,6 milliards d’habitants connaîtra son roi le 10 février prochain.