NBL: le berceau des futurs grands de la balle orange?

Méconnue il y a encore 3 ans, la National Basketball League (NBL) australienne gagne petit à petit en popularité au point d’être devenue un tremplin pour tout candidat sérieux au repêchage de la NBA, faisant même concurrence au championnat universitaire américain, la NCAA.
Crédit photo : Unsplash (@kkalerry)

Méconnue il y a encore 3 ans, la National Basketball League (NBL) australienne gagne petit à petit en popularité au point d’être devenue un tremplin pour tout candidat sérieux au repêchage de la NBA, faisant même concurrence au championnat universitaire américain, la NCAA.

Le lundi 4 octobre 2021, il est 22h20 et, nous n’en avions pas encore conscience, mais, il s’agit peut-être d’une date clé dans l’histoire du basketball. La saison NBA 2021-2022 n’a pas encore débuté et les effectifs s’ajustent encore durant les matchs de présaison. Une rencontre en particulier va retenir notre attention, l’opposition entre le Thunder d’Oklahoma City et les Hornets de Charlotte. Un affrontement d’apparence sans enjeu, remporté très largement par l’équipe de Caroline du Nord. Cependant, de l’autre côté du Pacifique, l’Australie a les yeux rivés sur son poste de télévision. La raison ? Ce match est la première opposition entre LaMelo Ball et Josh Giddey, deux prodiges issus de sa ligue de basketball professionnelle: la NBL.

Moins spectaculaire que la NBA ou l’Euroligue et moins lucrative que la Chinese Basketball Association (CBA), la NBL est pendant longtemps passée sous les radars. Délaissée par les grands joueurs, la ligue a donc tardé à se faire un nom sur la planète basket. Le premier à avoir contribué à sa renommée est Andrew Bogut, un des Australiens les plus connus à jouer en NBA avec Patty Mills. Numéro 1 du repêchage 2005 et champion NBA avec les Warriors de Golden State en 2015, l’Australien débarque aux Kings de Sydney à l’intersaison 2018 dans l’espoir de relancer sa carrière. Joueur par excellence et défenseur de l’année dans la ligue australienne, le pivot de 34 ans profite de son nouveau statut de superstar pour réaliser une dernière saison chez les Warriors, avec une finale NBA à la clé.

Le pari de la jeunesse

Cette expérience a offert à la ligue une certaine visibilité. Cependant, la NBL se refuse de n’être qu’un ultime défi pour des joueurs en fin de carrière. Elle décide de lancer un projet ambitieux: le NBL Next Stars Program. Le programme permet aux dix équipes membres du championnat d’obtenir une place supplémentaire dans leur formation qui sera réservée à un jeune joueur prometteur afin de le développer. Ce projet est né après l’arrivée de Terrance Ferguson. Ce dernier préférait jouer contre des adultes expérimentés plutôt que de se confronter à des lycéens de son âge. Il a pris cette décision afin de gagner en maturité et être préparé à la dureté du jeu en NBA.

C’est là que réside tout l’intérêt de ce nouveau programme. Il permet à de jeunes joueurs de gagner en expérience en affrontant chaque soir les plus grandes vedettes locales. Autre avantage non négligeable qu’une ligue professionnelle peut offrir : le salaire. En NCAA, les joueurs ne peuvent être légalement payés ou commandités. En NBL, les joueurs membres du programme Next Stars peuvent obtenir un salaire annuel de 50 000 $ australiens. Tandis que la ligue universitaire américaine fait de plus en plus face à des affaires de corruption, l’Australie est, elle, plus en vue qu’elle ne l’a jamais été auprès des jeunes joueurs.

Lancé en 2019, le programme attire dès ses débuts deux prodiges du basketball américain : R.J Hampton… et LaMelo Ball. Le premier est une superstar au lycée, côtoyé par les plus grandes écuries universitaires. Le second est un phénomène hypermédiatisé, avec ses frères Lonzo et LiAngelo, venu prouver qu’il est bien plus qu’un showman et que l’engouement qui l’entoure est justifié.

Si Hampton réalise en Australie un exercice plus qu’honorable qui lui ouvrira les portes de la NBA, LaMelo éclabousse la ligue de son talent, battant de nombreux records de précocité et s’octroyant le trophée de recrue de l’année avec des moyennes de 17 points, 7 passes décisives, 7,5 rebonds et 1,7 interception par match. Moqué après son passage raté en Lituanie, qui avait beaucoup fait baisser sa côte de popularité alors qu’il était considéré comme le futur numéro 1 du repêchage de la NBA, le benjamin de la fratrie Ball a profité de son excellente saison en Australie pour refaire le plein de confiance. Il ne sera sélectionné «qu’à» la troisième position du repêchage 2020, mais à la fin de l’exercice, c’est bien lui qui repartira avec le précieux trophée de meilleur débutant en affichant des statistiques similaires à celles de son année en NBL.

Durant la saison 2019-20, un autre américain s’est illustré en NBL: Jae’Sean Tate. Non sélectionné au repêchage de la NBA en 2018, il tente sa chance à l’étranger, passant d’abord par la Belgique, puis l’Australie avec les Kings de Sydney. Plus discret et moins médiatisé que ses deux compatriotes, il brille cependant plus que ces deux derniers puisqu’il atteint la finale du championnat et est élu dans le meilleur cinq de la saison. Ses bonnes performances sont récompensées par une place dans l’effectif des Rockets de Houston. Joueur prometteur, il sera lui aussi dans la conversation du meilleur débutant de la saison à la fin de l’année. Encore une preuve de la montée en puissance de la NBL.

L’explosion des Boomers pour appuyer les ambitions australiennes

Les excellents Jeux olympiques de l’équipe nationale australienne auront inévitablement eu un effet bénéfique sur la bonne dynamique de la NBL. Alors que le meneur Patty Mills, qui réalise une campagne olympique de très haut niveau, file vers l’armada des Nets de Brooklyn, les Spurs de San Antonio le remplacent par un autre australien en la personne de Jock Landale. Lui aussi étincelant durant les Jeux, le pivot aura surtout impressionné les observateurs durant sa saison du côté de Melbourne avec qui il remporte le titre NBL et le trophée de meilleur joueur des finales. Passé avant ça par l’Europe, Landale a déclaré que la ligue australienne est le meilleur tremplin pour la NBA.

Revenons-en à l’un des deux principaux concernés par cet article : Josh Giddey. Pur produit du basketball australien, le profil du jeune meneur intrigue. Ayant passé des essais pour l’équipe nationale, il s’est lui aussi distingué en NBL, dans le programme Next Stars. Débutant de l’année du côté d’Adélaïde avec des statistiques de 10,9 points, 7,6 passes décisives, 7,3 rebonds et 1,1 interception par match, le jeune homme impressionne par sa vision du jeu et sa gestion des hommes, autant qu’il questionne pour son adresse au tir et sa défense.

Attendu en fin de premier tour du repêchage de la NBA 2021, il est sélectionné à la surprise générale à la 6e position par le Thunder d’Oklahoma City. Une décision critiquée, mais qui en dit long sur les espoirs placés sur le jeune joueur par OKC. Nous parlons ici d’une équipe qui a sélectionné trois «MVP» en l’espace de trois ans (Kevin Durant, Russell Westbrook et James Harden) ou qui a signé le Montréalais non sélectionnée au repêchage, Luguentz Dort, déjà considéré comme une référence en défense. Les premières apparitions très remarquées de l’Australien sous ses nouvelles couleurs semblent cependant donner raison aux recruteurs de l’équipe de la foudre. Le 27 octobre 2021, il est notamment devenu le second plus jeune joueur de l’histoire à réaliser un match avec 10 passes décisives. À noter que le plus jeune joueur à l’avoir fait n’est nul autre que LeBron James.

La NBL est en excellente position pour s’inscrire durablement dans le paysage des grandes ligues sportives. La ligue a fait le choix de ne pas tenter en vain de concurrencer la NBA mais plutôt de servir d’intermédiaire entre cette dernière et la nouvelle génération de grands joueurs. En ce début de saison 2021-2022, une dizaine de joueurs issus du championnat australien ont un contrat dans des écuries NBA. Ce nombre risque d’augmenter au fil des saisons, car la NBL est en train de devenir un incontournable du basketball mondial.

Mael Brunet

Étudiant en journalisme à l’UQÀM et fan de sport à ses (nombreuses) heures perdues, Maël s’est logiquement tourné vers le journalisme sportif. Boxe, judo, tennis, soccer, trampoline, triathlon, handball.. il a presque touché à tout. Passionné de basketball qu’il a pratiqué sur les terrains de sa France natale, il a traversé l’Atlantique pour partager son amour de la NBA et de la NBL, mais aussi pour en apprendre plus sur le football, le hockey et la poutine.

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