La défense de nouveau au cœur du jeu NBA?

i Les Warriors de Golden State doivent pour l’instant leur succès aux prouesses défensives de leurs joueurs. Photo : Steve Tulevski (Pixabay).

Au cours des dernières années, la NBA a souffert de nombreuses critiques au sujet de son arbitrage jugé trop sévère. Grâce à des ajustements effectués durant l’intersaison, la ligue nord-américaine est parvenue à redorer son image auprès des fans en permettant à ses joueurs d’être plus physiques sur les phases défensives, sans être perpétuellement sanctionnés par les arbitres.

La NBA traîne depuis quelques saisons la réputation d’une ligue devenue soft. La comparaison est notamment faite avec ses glorieuses années, durant les décennies 80 et 90. À cette époque, les défenses étaient plus musclées et les défenseurs, plus physiques. Les joueurs n’avaient pas peur des contacts et attaquaient le cercle en sachant qu’un Bill Laimbeer pouvait les y attendre.

Depuis la fin des années 2000, le jeu s’est recentré sur l’attaque. Les arbitres ont pris l’habitude de sanctionner les joueurs plus fréquemment, souvent pour de simples contacts. Certains en ont profité pour mettre au point des techniques leur permettant de provoquer des fautes, et donc d’obtenir des lancers francs. Les dirigeants de la ligue souhaitent inverser la tendance et ont donné de nouvelles consignes aux arbitres. C’est certainement le principal constat de ce début de saison 2021-22. Les arbitres sont beaucoup moins cléments avec les attaquants et les coups de sifflet se font plus rares.

Des réactions mitigées auprès des joueurs

Alors que les partisans se réjouissent d’assister à des matchs qui ne sont pas perpétuellement coupés par de nombreux coups de sifflet, les joueurs sont divisés par ces changements. Certains sont ravis de s’apercevoir que la ligue a décidé de beaucoup plus laisser jouer. À leur tête, on retrouve l’intérieur des Warriors de Golden State Draymond Green. Référence défensive dans la NBA, Green était l’un des principaux joueurs visés par les arbitres lorsque la défense devenait plus musclée.

Tout comme son coéquipier, Stephen Curry apprécie les changements d’arbitrage. Pourtant l’un des joueurs qui obtenaient le plus de coups de sifflet à son avantage, le meneur des Warriors apprécie le basketball pratiqué cette saison. En tant que compétiteur, il est heureux de devoir adapter son jeu aux nouveaux règlements. Il estime que, ces dernières années, les joueurs cherchaient plus à se rendre sur la ligne des lancers francs qu’à rentrer leurs tirs.

Les deux joueurs qui incarnent le mieux cette tendance sont James Harden et Trae Young. Experts de la provocation de fautes, ils sont tous deux plus en difficulté sur ce début de saison. La technique de James Harden est connue de tous, mais reste tout de même très compliquée à contrer. Lorsque l’arrière tente une pénétration, il balance ses bras dans ceux du défenseur si celui-ci essaie de lui voler le ballon. Grâce à ce stratagème, le barbu se rendait en moyenne 7,3 fois sur la ligne de lancers francs la saison dernière. Cette année, cette moyenne est descendue à seulement 3.

Trae Young, lui, utilisait son dribble dévastateur pour se débarrasser de son défenseur. Lorsque ce dernier se lançait à sa poursuite, le meneur s’arrêtait brutalement pour être percuté et ainsi obtenir la faute. Auparavant envoyé sur la ligne des lancers francs dans 90% des cas, Young se voit lui-même sanctionné d’une faute offensive depuis le changement d’arbitrage.

Bien que critiquées, ces nouvelles mesures n’ont pas pour but de rendre le jeu plus difficile, mais simplement de limiter l’antijeu.

Des chiffres historiquement bas

Si Young et Harden sont les deux meilleurs exemples, la baisse du nombre de lancers francs accordés est un phénomène généralisé. En moyenne, une équipe se rend 19,5 fois par match sur la ligne. Il s’agit tout simplement du chiffre le plus bas dans ce domaine dans l’histoire de la NBA. En comparaison, James Harden y allait, à lui seul, 15 fois par match en 2019.

Le retour au premier plan des défenses provoque également une baisse dans les pourcentages au tir. Le pourcentage d’adresse globale est de 44,6% cette saison, le chiffre le plus bas depuis la saison 2003. Le constat est le même en ce qui a trait aux tirs à trois points. L’adresse moyenne derrière l’arc est de 34,2%, soit la marque la plus faible depuis la saison 1999-2000.

Un joueur incarne parfaitement cette baisse du rendement offensif. Il s’agit de Damian Lillard. Débutant de l’année en 2013, six fois convié au match des étoiles et six fois dans une équipe type de la NBA, il est l’un des marqueurs les plus prolifiques de sa génération. Cependant, les défenses ont pour l’instant raison du talent du meneur de Portland. 28,8 points par match à 45% au tir en 2020-21. 18,5 points à 35% en 2021-22. Lillard n’est, en ce début de saison, que l’ombre de lui-même. Expert des tirs (très) lointains, il ne parvient pas à être efficace à trois points cette saison puisqu’il n’a converti que 24 de ses 97 tentatives.

Les défenses au sommet de la ligue

Au moment d’écrire ces lignes, les Warriors de Golden State ont le meilleur bilan de la ligue et sont premiers dans l’Ouest. Le Jazz de l’Utah est second. À l’Est, le Heat de Miami siège à la seconde place en ayant joué un match de moins que Philadelphie. Alors que la ligue était auparavant dominée par les équipes offensives, la tendance s’inverse cette année.

Golden State est l’exemple le plus impressionnant de cette transition. Équipe ayant révolutionné la ligue en démocratisant le tir à trois points, les Warriors s’illustrent pour l’instant par une incroyable défense. Les joueurs de la baie de San Francisco encaissent 97 points par match et sont la meilleure défense de la NBA. Ils sont d’ailleurs la seule équipe à maintenir leurs adversaires sous la barre des 100 points.

Leur dauphin, le Jazz, fait lui aussi partie des meilleures équipes défensives de la ligue et compte dans ses rangs le pivot Rudy Gobert. Le Français est le défenseur de l’année en titre et est trois fois lauréat du trophée. Il est par ailleurs le grand favori à sa propre succession. Dans son sillage, l’équipe basée à Salt Lake City ne cesse d’enchaîner les bonnes performances.

Enfin, le Heat de Miami propose un jeu flamboyant en ce début d’exercice. Son duo vedette est formé par deux des meilleurs défenseurs de la ligue, à savoir Jimmy Butler et Bam Adebayo. De plus, l’équipe a ajouté P.J. Tucker et Kyle Lowry à sa formation. Les deux possèdent d’indéniables talents défensifs. Grâce à son effectif très complet, Miami réalise actuellement un exploit unique sur le plan défensif. Sur les neuf matchs auxquels ils ont participé, les hommes de South Beach ont limité leurs adversaires à moins de 30 points durant 31 des 36 quart-temps joués.

Ces trois équipes, symboles de dureté défensive, montrent que cet aspect du jeu a de nouveau sa place au sein d’une ligue très focalisée sur l’attaque.

Mael Brunet

Étudiant en journalisme à l’UQÀM et fan de sport à ses (nombreuses) heures perdues, Maël s’est logiquement tourné vers le journalisme sportif. Boxe, judo, tennis, soccer, trampoline, triathlon, handball.. il a presque touché à tout. Passionné de basketball qu’il a pratiqué sur les terrains de sa France natale, il a traversé l’Atlantique pour partager son amour de la NBA et de la NBL, mais aussi pour en apprendre plus sur le football, le hockey et la poutine.

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