Sean Monahan 2.0 : quelles sont les options de Kent Hughes cet été?
Le 18 août 2022, les Canadiens de Montréal ont conclu une transaction inusitée, mettant la main sur le centre Sean Monahan ainsi qu’un choix conditionnel de première ronde des Flames de Calgary. Le monde du hockey avait alors été surpris d’apprendre que les Flames n’avaient rien reçu en retour.
Sean Monahan, âgé de 27 ans en date de l’échange, venait de mener à bien une saison difficile à Calgary. Autrefois considéré comme le centre numéro un de l’équipe, Monahan ne figurait plus dans les plans du directeur général de l’époque, Brad Treliving. Afin de pouvoir venir à une entente avec l’agent libre Nazem Kadri, les Flames se devaient de libérer de l’argent sur la masse salariale – et Monahan a écopé. C’est pourquoi l’organisation qui l’avait repêché en 2013 était prête à se départir d’un choix de premier tour afin de se libérer de son contrat. Celui-ci valait 6,375 millions de dollars et prenait fin dans un an.
Monahan a connu un très bon début de saison avec les Canadiens avant de se blesser en décembre, le forçant à mettre une croix sur le reste de sa campagne. Malgré le fait que le nouveau venu du Tricolore a manqué près du trois quarts de la saison, le choix de première ronde inclus dans l’entente fait de celle-ci une réussite unanime pour Montréal.
Le Tricolore, qui aura beaucoup d’argent à dépenser cet été, pourrait encore une fois cibler des joueurs qui handicapent leur équipe avec leur contrat. Évidemment, le directeur général de l’équipe, Kent Hughes, n’effectuera pas ce genre d’échange dans le but d’obtenir un joueur surpayé ou d’améliorer sa formation à court terme, mais plutôt afin de recevoir une indemnité. Voici quelques candidats qui pourraient attiser la curiosité de la Sainte-Flanelle au cours de la saison morte.
Josh Bailey, Islanders, 33 ans, 5 millions $ pour un an
Le contrat de 2 ans d’Ilya Sorokin d’une valeur annuelle de 4 millions de dollars représente, selon plusieurs, la fenêtre d’opportunité des Islanders pour faire du chemin en séries. Leur noyau d’attaquants est vieillissant et est majoritairement composé de joueurs qui empochent de lourds contrats. Âgé de 33 ans, Josh Bailey a ralenti au cours des dernières saisons. Alors que son niveau de jeu ne cesse de diminuer, son salaire annuel de 5 millions de dollars, lui, ne change pas. Le directeur général des Islanders, Lou Lamoriello, se doit de mettre son portefeuille à profit et améliorer son équipe cet été. Se débarrasser du contrat de Bailey lui donnerait définitivement une plus grande marge de manœuvre.
Un peu comme dans le cas de Sean Monahan en août dernier, le Tricolore pourrait se servir de Bailey, qui a fort probablement une valeur négative sur le marché en ce moment, pour obtenir un espoir de premier plan ou un bon choix des Islanders. Si, il y a environ 8 mois, la décharge de Sean Monahan (salaire annuel de 6,375 millions pour une saison) valait en prime un choix de premier tour, il est juste de s’imaginer que Josh Bailey pourrait entraîner avec lui une absolution semblable. La cerise sur le sundae ; contrairement à celui de Monahan, le contrat de Bailey ne comporte pas de clause de non-échange modifiée, facilitant un échange potentiel.
Finalement, si Josh Bailey est en mesure de retrouver ses aises à Montréal, Kent Hughes aura l’option de l’échanger avant la date limite des transactions, en retenant même jusqu’à 2,5 millions (50% de son salaire annuel), afin de séduire les acheteurs. Bailey est un fabricant de jeu qui est responsable sur 200 pieds. Malgré ses ennuis de santé, il a produit à un rythme de 0,5 point par match au cours des deux dernières campagnes.
Mikael Granlund, Penguins, 31 ans, 5 millions $ pour deux ans
Mikael Granlund n’a pas répondu aux attentes cette saison, surtout depuis la transaction l’envoyant à Pittsburgh le 1er mars dernier. En 21 matchs avec les Penguins, l’attaquant finlandais s’est limité à 1 but et 5 points. L’ère Crosby, Malkin et Letang tire à sa fin et l’organisation est à la croisée des chemins ; reconstruire ou se lancer à tête perdue pour la gloire, une dernière fois. Si les Penguins optent pour la seconde, ce qui semble probable, ils devront considérer se départir de Granlund.
Pour le Tricolore, l’acquisition hypothétique du centre de 31 ans apporterait de l’expérience et de la profondeur à l’alignement. Sur le plan salarial, son contrat de deux ans constitue un risque. Cependant, mise à part Arber Xhekaj, Justin Barron et Samuel Montembeault, peu de joueurs « de premier plan » des Canadiens auront besoin d’un nouveau contrat au terme de la prochaine saison. Le contrat d’une valeur de 5 millions de Granlund ne devrait donc pas excessivement nuire à Kent Hughes, à moins que des changements majeurs soient apportés à la formation.
Les Canadiens ont-ils vraiment besoin d’un autre centre? Selon moi, cela dépend des modifications effectuées par l’organisation cet été, de la sélection du Tricolore au prochain repêchage ainsi que de la compensation qui viendrait avec Mikael Granlund dans l’échange. Malgré sa fin de saison difficile, sa valeur sur le marché est probablement supérieure à celle de Josh Bailey ou à celle de Sean Monahan l’été dernier.
Pour les Penguins, monnayer Mikael Granlund libérerait un total de dix millions de dollars sur la masse salariale lors des deux prochaines saisons. Cela faciliterait la prolongation de contrat de Tristan Jarry, Jason Zucker et Brian Dumoulin, qui seront libres comme l’air dans quelques mois à moins que de nouveaux contrats leur soient accordés. Pour sa part, Jake Guentzel, le deuxième meilleur pointeur de l’équipe depuis le début de la pandémie, obtiendra l’autonomie complète le 1er juillet 2024. Le contrat de Mikael Granlund deviendra rapidement un fardeau pour l’équipe si l’attaquant n’est pas en mesure de lever son jeu d’un cran.
Kent Hughes pourrait donner un coup de main aux Penguins en accueillant Granlund (et son contrat) à Montréal, s’il obtient également un espoir intéressant ou un choix en guise de remerciement. Le contrat du centre finlandais ne comporte pas de clause de non-échange, ce qui rendrait une transaction encore plus réalisable. Granlund avait amassé 64 points en 2021-2022.
Chris Driedger, Kraken, 28 ans, 3,5 millions $ pour un an
Lorsque le Kraken de Seattle a sélectionné Chris Driedger au repêchage d’expansion de 2021, quelques heures avant d’annoncer sa prolongation de contrat de trois saisons, le gardien originaire de Winnipeg semblait avoir été désigné comme le gardien d’avenir de la nouvelle franchise. Deux ans plus tard, Driedger a joué 27 parties avec le club, affichant un taux d’efficacité de ,899. Phillipp Grubauer est maintenant étiqueté comme le gardien numéro un de l’équipe. Ce dernier vient de propulser son équipe en deuxième ronde des séries, éliminant l’Avalanche au passage, et son contrat ne prend fin qu’en 2027.
Driedger a passé l’entièreté de la plus récente saison avec les Firebirds de Coachella Valley, dans la Ligue américaine, à la suite d’une opération l’été dernier. La valeur du gardien sur le marché est difficile à estimer, mais il serait surprenant que Seattle n’ait pas à ajouter un élément supplémentaire pour pouvoir se départir du contrat de Driedger. À 28 ans, il a pris part à seulement 65 matchs en carrière dans la grande ligue, en remportant 30.
Pour les Canadiens, obtenir un gardien de la trempe de Driedger n’est pas une priorité. Le tandem composé de Samuel Montembeault et Jake Allen effectue le travail pour une équipe en reconstruction. Toutefois, le nom d’Allen circule couramment dans les rumeurs de transactions, et Cayden Primeau sera éligible au ballottage à l’automne prochain. Cela signifie que si Primeau n’est pas en mesure de se tailler un poste avec le Tricolore au début de la saison qui s’en vient, toutes les équipes auront la chance de le réclamer sans donner quoi que ce soit en retour.
Le CH ciblerait Chris Driedger, avant tout, afin de mettre la main sur un espoir ou un choix par le fait même. En revanche, le gardien de 28 ans pourrait offrir de fiers services au Rocket de Laval, qui sera encore compétitif la saison prochaine, ou même aux Canadiens, en cas de blessure. Malgré son entente un peu trop lucrative, Driedger serait un gardien numéro trois de luxe pour n’importe quelle organisation.
Son contrat comporte toutefois une clause de non-échange modifiée, ce qui pourrait nuire à une transaction éventuelle.
Mentions honorables – autres options :
Kyle Palmieri, Islanders, 32 ans, contrat de deux ans d’une valeur annuelle de 5 millions $
Malgré l’âge et les blessures, Palmieri est encore un joueur serviable qui a marqué 16 buts en 55 parties cette saison, passant en moyenne plus de 17 minutes par match sur la patinoire. Sa valeur sur le marché est donc difficile à évaluer, et il est possible qu’aucune compensation ne soit nécessaire afin de l’échanger. Le contrat de l’attaquant comporte aussi une clause de non-échange modifiée, ce qui pourrait nuire au processus d’une éventuelle transaction.
Jeff Carter, Penguins, 38 ans, contrat d’un an d’une valeur de 3,125 millions $
Le nouveau DG des Penguins pourrait présenter la porte au vétéran. Celui-ci amènerait de l’expérience au jeune groupe d’attaquants des Canadiens. Le contrat de Carter comporte toutefois une clause de non-échange complète, ce qui signifie qu’il devrait approuver l’échange avant qu’elle soit officialisée.
Cal Petersen, Kings, 28 ans, contrat de deux ans d’une valeur annuelle de 5 millions $
Petersen ne figure plus dans les plans à Los Angeles. Il faudra ajouter une compensation très alléchante si on veut échanger son contrat, qui ne prend fin qu’en 2025. L’entente du gardien comporte aussi une clause de non-échange modifiée.
Matt Murray, Maple Leafs, 28 ans, contrat d’un an d’une valeur de 4,6875 millions $
Murray n’a pas été en mesure de mériter le poste de gardien numéro un à Toronto. Son taux d’efficacité de ,900 au cours des 4 dernières saisons jumelé à son salaire annuel de 4,687 millions font du gardien de 28 ans un fardeau pour les Leafs. Le contrat de Murray comporte toutefois une clause de non-échange modifiée.
Le candidat idéal
En somme, Josh Bailey des Islanders est probablement l’option la plus logique pour Kent Hughes et les Canadiens. Son contrat d’une saison ne représente pas un risque pour l’équipe. De plus, la valeur actuelle de l’attaquant sur le marché est probablement nettement inférieure à celle d’autres joueurs figurant sur la liste, comme Kyle Palmieri ou Mikael Granlund. Bailey a maintenu un rythme de plus de 45 points sur 82 matchs lors de six de ses sept dernières saisons. Les douze derniers mois ont été plus difficiles pour lui. Le vétéran s’est limité à un rythme de 32 points sur 82 matchs (totalisant 25 points en 64 parties) et son temps de jeu moyen est passé d’environ 17 à 15 minutes par soir. S’il est placé dans la bonne chaise à Montréal, il n’est pas impensable que le vétéran puisse s’inscrire au pointage avec récurrence.
Un peu comme Sean Monahan, Josh Bailey pourrait amener avec lui un choix de première ronde à Montréal cet été, et repartir à la date limite des transactions avec une valeur positive sur le marché.