Un obstacle insurmontable

Monument des Canadiens de Montréal devant le Centre Bell. Crédit photo : Ken Lund | Licence CC2.0.

Dominés pendant la majeure partie de leur rencontre préparatoire contre les Maple Leafs, mardi, les Canadiens de Montréal ont laissé paraître les mêmes lacunes qui les tenaient à l’écart des séries éliminatoires il y a quatre mois. Aggravées par la rouille, ces failles ont coulé les Montréalais, qui se sont inclinés 4 à 2. À deux jours du début de leur série de qualification face aux Penguins de Pittsburgh, trouver une solution durable à celles-ci relèverait du miracle. Les Canadiens devant jongler avec une formation déficiente, leurs partisans doivent se rendre à l’évidence : la bande à Sidney Crosby sera plus forte, et c’est sûrement mieux comme ça.

Une défensive chancelante

Certes, le niveau des matchs disputés lors de la première journée préparatoire était plus bas qu’à l’habitude. Là-dessus, les Penguins ne font pas exception. Néanmoins, malgré une exécution qui laissait à désirer, les Penguins se sont montrés convaincants en zone offensive. Leur capacité à bouger la rondelle leur a permis de livrer une opposition intéressante à un club de la trempe de Philadelphie, qui a déjà son billet pour la première ronde des séries éliminatoires. Le premier filet de la rencontre a été exécuté à merveille par John Marino, Jake Guentzel et le buteur, Conor Sheary.

Pris à contre-pied sur les deux premiers buts des Leafs, les Canadiens devront certainement travailler leur placement défensif s’ils veulent briser cette exécution. Les défenseurs montréalais manquent gravement d’expérience, et surtout de confiance, et pourraient donc être surpris par la vitesse et l’excellente vision du jeu de leurs opposants, champions de la coupe Stanley en 2016 et 2017. À moins d’un changement radical, l’alignement défensif du Tricolore sera dévasté par les contre-attaques des Penguins, qui comptent sur des défenseurs tels que Kris Letang, John Marino et Justin Schultz, en mesure de relancer les attaquants, dont les talentueux Sidney Crosby, Evgeni Malkin et Jake Guentzel, et de les appuyer. Chaque faute défensive pourrait ainsi coûter cher aux Canadiens, les Pens ayant marqué lors de 19,4% de leurs occasions à « haut danger » cette saison, ce qui les place au premier rang de la ligue à ce niveau.

De son côté, Montréal a montré des signes inquiétants en relance mardi, ses défenseurs se débarrassant de la rondelle plus souvent qu’autrement, en dépit d’un jeu peu agressif de la part des attaquants torontois. Ce problème ne peut que s’envenimer contre la formation offensive de Pittsburgh, qui excelle en pression, entraînant 12 revirements des Flyers.

Une absence de cohésion

Six : voilà le nombre de pénalités prises par les Maple Leafs de Toronto mardi. Jouant avec l’avantage d’un homme pendant 12 des 60 minutes de l’affrontement, les Canadiens n’ont su capitaliser, accordant plutôt deux buts à leurs adversaires. Censés contrôler le jeu, les hommes de Claude Julien se sont démarqués par leurs erreurs techniques et leur incohésion. Ceux-ci ont fait cadeau de la rondelle aux Leafs à maintes reprises, en envoyant des passes à l’aveuglette et en télégraphiant leurs jeux. C’est d’ailleurs une passe dans le dos de Tomas Tatar qui a entraîné le revirement menant au premier but d’Alexander Kerfoot, compté dans les 20 premières secondes de la deuxième supériorité numérique des Canadiens.

Ce n’est pas la première fois que le travail médiocre du Tricolore à cinq contre quatre vient scier les jambes de ses joueurs. Après avoir terminé avant-derniers en matière d’efficacité en avantage numérique l’an passé, les Montréalais présentaient la dixième pire fiche de la Ligue nationale de hockey lors de la suspension de ses activités, le 12 mars. Pourtant, c’est la première fois qu’ils doivent s’avouer vaincus après avoir cédé à deux reprises avec un joueur en plus. En outre, les Maple Leafs sont loin d’être des spécialistes de l’infériorité numérique, affichant un pourcentage d’efficacité de 77,72% (21e rang de la LNH) cette saison. Si l’unité des Canadiens en supériorité est incapable de rentabiliser ses occasions, elle doit, au moins, profiter de celles-ci pour gagner en momentum, en s’ancrant dans la zone adverse.

S’ils souhaitent avoir une chance face aux Penguins, les joueurs des Canadiens devront prendre de meilleures décisions, plus rapidement. Non seulement la troupe de Mike Sullivan joue du très bon hockey à court d’un homme, celle-ci accorde très peu de buts (moyenne de 2,84 par match, 12e meilleure dans la ligue). Il est ainsi difficile de croire que l’avantage numérique du Tricolore débloquera face aux Pens.

Dans cette optique, il serait certainement plus rusé de travailler à renforcer les lignes à cinq contre cinq. Il n’y a que le trio de Paul Byron, Jesperi Kotkaniemi et Artturi Lehkonen, le seul ayant terminé avec une fiche positive, qui a manifesté une certaine chimie mardi. Au cours des prochains jours, cette chimie devra se répandre chez les neuf autres attaquants. Devant l’inefficacité de ses unités spéciales, l’entraîneur-chef des Canadiens, Claude Julien, a avoué lundi préférer que son équipe soit dominante à forces égales. Encore faut-il qu’elle le soit.

Trop peu, trop tard

Julien l’a dit lui-même : « si tu marques à cinq contre cinq et que ton désavantage ne donne pas de buts, une bonne défensive va toujours être la meilleure recette » en séries éliminatoires. Bien qu’il arrive à se débrouiller à égalité numérique, le Canadien fait défaut sur deux de ces trois aspects du jeu. Peu importe le travail qui sera fait par son groupe d’entraîneurs pour créer une étincelle au sein de l’alignement, leurs corrections ne viendront que cacher la poussière sous le tapis. Montréal est le dernier club à s’être vu octroyer une place dans la ronde de qualification et ce n’est pas pour rien. Penser que ces problèmes se régleront face à une formation aussi talentueuse que celle de Pittsburgh relèverait de l’utopie.

Si tu marques à cinq contre cinq et que ton désavantage ne donne pas de buts, une bonne défensive va toujours être la meilleure recette.

Claude Julien, entraîneur-chef des Canadiens de Montréal
La véritable récompense

Les partisans montréalais ne doivent pas pour autant démoraliser. Pour les équipes qui auraient normalement été éliminées des séries, telles que les Canadiens, la vraie récompense de la campagne 2019-2020, ce n’est pas la coupe Stanley, mais plutôt la possibilité de se retrouver avec le premier choix au total du prochain repêchage de la LNH.

Ayant le potentiel de devenir un joueur de franchise, Alexis Lafrenière pourrait assurer de longs parcours en séries à l’équipe qui le sélectionnera. Le Québécois brille dans les moments importants, comme l’ont prouvé ses 10 points en cinq matchs lors du dernier Championnat du monde de hockey junior. S’il est irréaliste pour l’organisation des Canadiens de croire à la coupe Stanley, il serait surtout irrationnel de passer à côté de cette chance inattendue.

Jérémy Labrie

Ayant contribué à quelques médias sportifs amateurs au cours de son adolescence, Jérémy Labrie intègre, en 2017, l'option Médias du programme d'Arts, lettres et communication du Cégep Édouard-Montpetit avec une connaissance accrue du journalisme web. Maintenant étudiant en journalisme à l'Université du Québec à Montréal, il met son expérience au service du Club-École pour en faire une source d'information fiable et de qualité. Il a auparavant collaboré à deux reprises avec le pupitre sport du magazine étudiant L'Apostrophe. S'intéressant tout de même à la majorité des sports couverts par Le Club-École, il se spécialise dans le hockey et le basketball.

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