Un système éliminatoire controversé

Les équipes qualifiées pour le championnat national de football universitaire de la NCAA. Crédit photo : Big Ten Network / YouTube

Dans bien des États américains, le football universitaire est plus populaire que celui de la NFL. Cependant, la NCAA repose sur un système critiqué par bien des médias et des partisans. Les meilleurs programmes sont toujours présents en éliminatoires, ce qui empêche souvent les petites universités d’y participer.

Mettre sur pied un système éliminatoire pour des centaines d’équipes de football universitaire a toujours été un point de controverse aux États-Unis. De 1869 à 1991, la National Collegiate Athletic Association (NCAA) procédait à un vote national parmi un comité de journalistes sportifs en analysant la performance des meilleures équipes à la suite de la saison régulière et d’un match éliminatoire sur invitation appelé « Bowl ».

Néanmoins, les partisans et les programmes universitaires souhaitaient participer à un championnat national. De nombreux formats ont été essayés de 1991 à 2013, notamment le Bowl Championship Series (BCS) qui permettait à de petites équipes de se faufiler et de créer la surprise en vainquant les programmes prestigieux. Toutefois, le système de classement reposait sur un algorithme imparfait qui omettait des équipes invaincues.

La formule actuelle

Finalement, à la suite de négociations au sein de la NCAA, le College Football Playoff (CFP) a fait son apparition en 2014. Seules quatre équipes sont invitées à participer au championnat sur deux rondes éliminatoires, dont la finale nationale qui se déroule en début janvier. Un comité de 13 personnes effectue ainsi un classement des 25 meilleures équipes à l’échelle nationale. Ce classement se base sur des critères tels que la difficulté du calendrier d’une équipe (est-ce que l’équipe affronte des équipes plus fortes ou plus faibles durant la saison), la victoire d’un championnat de conférence (les cinq plus grandes conférences sont la ACC, le Big Ten, le Big 12, la PAC-12 et la SEC), les blessures, la météo durant les matchs, le nombre de points marqués, etc.

Le comité qui sélectionne les quatre équipes est sujet à de vastes controverses, notamment sur l’objectivité et la pertinence de certains membres. De 2014 à 2016, Condoleezza Rice, ancienne secrétaire d’État sous la présidence de George W. Bush, a fait partie du comité de sélection du CFP. De nombreux journalistes ont critiqué cette nomination. Elle a simplement mentionné qu’elle « visionne une quinzaine de matchs de football par semaine » avant sa nomination. Son contrat n’a pas été renouvelé en 2016.

Ce système est fortement critiqué, car depuis la mise en place du CFP, seuls les meilleurs programmes de football universitaire se classent pour participer aux éliminatoires. Par exemple, le Crimson Tide de l’Université d’Alabama, soit le programme le plus prestigieux des États-Unis, ayant gagné 18 championnats nationaux, dont six, sous l’égide du célèbre entraîneur-chef Nick Saban, a été invité 8 fois au CFP et y a gagné trois championnats. Les Tigers de l’Université Clemson (6 participations), les Buckeyes de l’Université d’État de l’Ohio (5 participations) ou encore les Sooners de l’Université d’Oklahoma (4 participations) font partie des équipes les plus présentes en l’espace de 9 ans.

De ce fait, il devient pratiquement impossible pour un programme de football d’une plus petite université de participer au CFP. Une équipe qui présente une fiche invaincue en saison régulière, qui affronte des équipes bien meilleures qu’elle et qui joue dans des conditions climatiques plus hostiles comme les formations du nord des États-Unis ne sont pas garanties de participer aux éliminatoires. Par exemple, les Seminoles de l’Université d’État de Floride, avec une fiche de 13 victoires et aucune défaite, n’a pas réussi à se classer pour le CFP, alors que le Crimson Tide de l’Université d’Alabama, qui présentait un bilan de 12 victoires et une défaite, a réussi à grappiller la dernière place pour le championnat national.

Pour la saison 2023, encore quatre programmes prestigieux vont se disputer le championnat national, soit les Wolverines de l’Université du Michigan (l’équipe du légendaire quart-arrière Tom Brady lorsqu’il évoluait au niveau universitaire), les Huskies de l’Université de Washington, les Longhorns de l’Université du Texas (le neveu de Peyton Manning, Arc Manning, y joue à titre de quart-arrière) ainsi que le redoutable Crimson Tide de l’Université d’Alabama. La finale sera disputée le 8 janvier 2024 au NRG Stadium à Houston, au Texas.

Un espoir de réforme du système ?

Dès le début du College Football Playoff, les critiques n’ont cessé de pleuvoir contre la NCAA de la part des partisans, des journalistes et des directeurs de plus petites universités. C’est ce qui a mené la NCAA à des consultations pour modifier le format actuel qui crée une réelle clique des équipes fortunées du réseau universitaire américain.

La NCAA a annoncé qu’elle allait étendre le système éliminatoire à 12 équipes à partir de 2024. Cela comprend un laissez-passer pour la seconde ronde pour les quatre meilleures équipes du pays et les huit autres s’affrontent au premier tour. De quoi réjouir bien des partisans à travers l’Amérique, même si des critiques continueront de remettre en doute le comité de sélection et les critères de classement du football universitaire américain.

Pierre-Alexandre Larouche

Sportif de salon depuis sa tendre enfance, Pierre-Alexandre Larouche est étudiant au baccalauréat en communication (journalisme) à l'UQAM. Maniaque de statistiques, de dates et capable de nommer les 56 champions du Super Bowl par coeur, Pierre-Alexandre s'est joint au Club-École pour joindre ses deux passions que sont l'écriture et le sport. Amateur de football américain, d'hockey et de baseball, il est à la recherche de sujets méconnus et adore débattre sur les sujets chauds de l'actualité sportive.

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