Call of Duty World League : la longue route d’un joueur amateur vers le circuit professionnel

Des pratiques journalières de plusieurs heures, des serveurs internet qui empêchent de performer, un bassin de joueurs énorme… Le passage des joueurs amateurs québécois au circuit professionnel de Call of Duty n’est pas de tout repos.

Le jeune étudiant universitaire de 21 ans Thomas « Cilantro » Chliaropoulos essaie depuis les 5 dernières années de percer sur la scène professionnelle de Call of Duty. Aujourd’hui l’un des meilleurs Québécois du circuit, il ne lui reste qu’à franchir les quelques derniers pas qui le séparent d’un contrat avec une équipe professionnelle.

En ce moment, je joue contre des gens qui se retrouvent au top des joueurs amateurs nord-américains de COD (Call of Duty), et même avec des pros. Je suis suffisamment près de mon but et investi dans ma carrière de joueur pour continuer à jouer et espérer bien me placer dans les prochains tournois, afin d’éventuellement me retrouver dans la CDL (Call of Duty League).

Thomas « Cilantro » Chliaropoulos
Une plateforme amateure instable

La configuration de la scène compétitive amateure lui met toutefois quelques bâtons dans les roues. À chaque semaine, lui et son équipe participent à des tournois ouverts à tous, appelés Home Series, qui prennent place en ligne en ces temps de confinement. Un nombre important des concurrents ne représentent pas d’organisation de manière officielle et se retrouvent à devoir trouver ou former une nouvelle équipe à chaque semaine.

Selon ses performances, une équipe décidera de pratiquer pour compétitionner ensemble au tournoi de la semaine suivante ou de se dissoudre. Cette instabilité empêche les joueurs de développer une chimie entre eux.

De plus, les équipes doivent trouver elles-mêmes une organisation qui désire se faire représenter, chose qui n’est pas toujours facile. Participer à une compétition en LAN implique de nombreux frais de transport et de logement, dépassant régulièrement la barre des 4 chiffres. Si un joueur ne représente pas une marque, il devra assumer tous ces frais par lui-même.

Dans mon cas, c’était un ami d’un coéquipier qui souhaitait créer une organisation de eSports qui m’a permis de représenter Freezin Clan durant quelques tournois. Bien sûr, le but de cette entente était de bien performer pour permettre à l’entreprise d’obtenir de la notoriété et de se développer, mais ça ne va pas toujours aussi bien qu’on le souhaiterait.

Thomas « Cilantro » Chliaropoulos

La routine de Cilantro n’est pas de tout repos. Tout d’abord, en début d’après-midi, il s’installe devant son écran, puis entre dans une téléconférence avec ses coéquipiers. Durant les deux heures suivantes, ils analysent des séquences de jeu de leurs matchs précédents. Par la suite, il joue 2 matchs amicaux contre d’autres équipes amateurs. Finalement, en soirée, il diffuse en direct sur sa chaîne Twitch. Cet horaire très chargé laisse peu de temps pour entretenir des relations sociales hors-ligne, et les affecte inévitablement.

Une expérience en ligne peu convenable

Durant le confinement, la majorité des joueurs amateurs de COD ne ressentent pas le besoin de se faire endosser par une marque quelconque puisque les tournois prennent place en ligne. Toutefois, la connexion internet aux serveurs du jeu est loin d’être optimale.

Activision Blizzard, le développeur de COD, utilise des serveurs capables de produire un taux de tick de 12 Hz, signifiant qu’ils sont capables d’envoyer et de recevoir de l’information 12 fois par seconde. À titre de comparaison, Valorant et Counter Strike Global Offensive utilisent des serveurs capables de produire un taux de 128 Hz. L’incompétence des serveurs de Call of Duty empêche les joueurs amateurs de bénéficier d’une expérience en ligne fluide.

De plus, il arrive que le Québec soit exclu de certaines compétitions, comme l’explique Cilantro : « Loto-Québec interdisait jadis les compétitions en ligne de sports électroniques. Elles étaient considérées comme étant des jeux de hasard et d’argent. Bien que cette loi n’existe plus aujourd’hui, certains organisateurs de tournois comme MLG (Major League Gaming) ou UMG n’ont toujours pas modifié leurs conditions d’utilisation pour permettre aux joueurs québécois de participer. »

Avant que la scène compétitive amateure de COD soit administrée par Activision Blizzard, les Québécois ont été mis à l’écart durant plusieurs années. Ainsi, plusieurs athlètes de haut niveau de la province ont manqué des années précieuses d’expérience en compétition.

Call of Duty Champs : le but ultime

Si une équipe réussit à se placer parmi le top 24 dans l’un des Home Series, elle se qualifie automatiquement pour participer au tournoi amateur ultime : Call of Duty Champs.

Lorsque l’on gagne un tournoi amateur Home Series, on gagne de l’argent bien sûr, mais aussi des pro points qui permettent aux joueurs de gravir le classement des équipes amateures. Plus que tu as de points, plus fortes sont les chances que tu affrontes une équipe inférieure à la tienne au tournoi suivant.

Thomas « Cilantro » Chliaropoulos

Cependant, si une équipe se retrouve dans le bas du top 24, elle devra obligatoirement jouer contre une autre du devant de peloton. Par exemple, Cilantro réussit toujours à se placer parmi les 16 meilleures équipes amateures participant aux Home Series. En général, puisque son équipe ne se retrouve pas au sommet du top 24, il doit faire face aux équipes les plus coriaces du circuit amateur lorsque vient le temps de combattre pour une place dans le top 8.

Toutefois, une carrière dans les sports électroniques est de courte durée rappelle Cilantro : « Peu de gens réussissent à jouer au plus haut niveau de Call of Duty durant plusieurs années. C’est pourquoi j’aimerais devenir streamer [créateur de contenu en direct] après ma carrière, car j’aurai déjà un following [une base d’abonnés] suffisamment important pour me supporter dans ce projet. »

Si vous souhaitez suivre Thomas dans sa carrière, vous pouvez le faire en vous dirigeant sur sa chaîne Twitch (https://www.twitch.tv/tommycilantro) ou sur son compte Twitter (https://twitter.com/NotCilantro).

Mathieu Valiquette

Joueur de soccer de jour, gamer de nuit, Mathieu a toujours eu un attrait pour l’aspect compétitif des sports. C’est en 2017, avec l’achat de son premier ordinateur de performance, qu’il découvre l’univers des eSports en adhérant à une équipe compétitive amateure d’Overwatch. Aujourd’hui étudiant en journalisme à l’UQAM, il intègre ses apprentissages dans sa participation à des podcasts axés eSports et la description de matchs de Valorant.

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