Draft LNH : Une surprise chez les Sabres?

Après son grand ménage du 16 juin dernier, l’organisation des Sabres de Buffalo a maintenant les yeux tournés vers l’avenir, elle qui sera informée vendredi de son rang en vue du prochain repêchage de la Ligue nationale de hockey. Alors que plusieurs partisans de l’équipe espèrent voir un attaquant débarquer à Buffalo, afin de porter main forte au capitaine Jack Eichel, le nouveau directeur général, Kevyn Adams, pourrait surprendre en sélectionnant plutôt un gardien en première ronde.

En congédiant 22 membres de leur personnel hockey, les propriétaires des Sabres de Buffalo, Terry et Kim Pegula, ont envoyé un message clair à Adams. Ils veulent du changement. Ils veulent des victoires. Pour ce faire, le DG devra trouver une solution aux problèmes de l’équipe devant le filet.

Une lacune qui dure depuis trop longtemps

Depuis Ryan Miller en 2013, seulement deux gardiens des Sabres ont terminé une saison avec une fiche gagnante. Aucun n’est resté numéro un pendant plus de deux ans. Si les attentes étaient hautes lors de la signature de Carter Hutton le 1er juillet 2018, lui qui venait de connaître la meilleure saison de sa carrière, affichant un taux d’efficacité de 0,931 et une moyenne de buts alloués de 2,09, l’Ontarien a échoué à apporter la stabilité nécessaire à un club victorieux. En 31 matchs cette saison, le vétéran de 34 ans ne compte que 12 victoires. Accordant en moyenne 3,18 buts par match et n’arrêtant que 89,8% des tirs dirigés vers lui, la fiche du gardien est parmi les pires de la ligue.

Face à cette problématique du grand club, l’espoir finlandais Ukko-Pekka Luukkonen, pressenti comme le prochain gardien numéro un de l’équipe, n’a pas été en mesure de se démarquer. Ennuyé par une blessure à la hanche, le gardien format géant a valsé entre la Ligue américaine de hockey (AHL) et la Ligue de hockey de la Côte Est (ECHL) cette saison. Au total, il n’a joué que 10 rencontres avec les Americans de Rochester, club-école des Sabres dans la AHL, où il a eu beaucoup de difficulté à s’imposer comme un espoir de premier plan. De ces matchs, Luukkonen ne comptabilise que trois victoires. S’il est trop tôt pour lancer la serviette en ce qui a trait à ce choix de deuxième ronde, celui-ci ne peut manifestement pas faire la différence présentement.

Le meilleur gardien disponible depuis Carey Price

Dans cette situation, le cerbère russe Yaroslav Askarov pourrait être le joueur visé au prochain repêchage par l’équipe de recrutement amateur des Sabres de Buffalo, presque entièrement renouvelée. À moins d’une surprise à la loterie, les Sabres repêcheront au septième ou huitième rang, où la sélection d’Askarov relèverait plus ou moins de l’audace. Pour un gardien avec autant de potentiel, cette audace spéculative en vaut néanmoins la peine.

[Yaroslav Askarov] est le meilleur gardien que j’ai vu intégrer le repêchage depuis la sélection de Carey Price en 2005.

Craig Button, directeur du recrutement pour la chaîne TSN.

Se distinguant par ses qualités athlétiques et ses excellents réflexes, Yaroslav Askarov a le potentiel de s’ériger comme prétendant au trophée Vézina. Son calme, sa très bonne lecture du jeu et sa capacité à jouer la rondelle rappellent Carey Price, des Canadiens de Montréal. D’ailleurs, Askarov pourrait être le premier gardien à être choisi dans le top 10 depuis Price, sélectionné au cinquième rang du repêchage de 2005.

Yaroslav Askarov a passé la majeure partie de la saison 2019-2020 avec le SKA-Neva de Saint-Pétersbourg, club de la Ligue suprême de hockey (VHL), la deuxième division de Russie. Dans une ligue où performent très rarement des gardiens de 17 ans, le droitier a maintenu un taux d’efficacité de 0,920 et une moyenne de buts alloués de 2,45.

Arborant l’uniforme de l’équipe nationale russe des moins de 18 ans durant la plus récente coupe Hlinka-Gretzky, Yaroslav Askarov s’est imposé comme un gardien de but de talent. Menant sa formation à une troisième conquête de la médaille d’or, l’Omskovite d’origine a bloqué 96% des tirs dirigés vers lui lors de ses quatre départs, ne cédant en moyenne que 1,25 fois par rencontre. Ce fut plus compliqué pendant le Championnat mondial junior de l’IIHF, son coéquipier de 20 ans, Amir Miftakhov, devant prendre la relève.

Une longueur d’avance

Si son parcours difficile au tournoi des moins de 20 ans est la preuve que Yaroslav Askarov n’est pas encore en mesure d’aider une équipe de la LNH (comme ne le sont presque jamais les gardiens de but de 18 ans), il pourrait être prêt à faire le saut assez rapidement. Askarov a déjà joué un match avec le SKA de Saint-Pétersbourg, dans la Ligue de hockey continentale (KHL), qu’il a remporté, allouant deux buts sur 25 tirs. Il ne serait pas surprenant que l’athlète se voie octroyer un poste dans la KHL au cours de la prochaine saison, acquérant ainsi de l’expérience au sein du meilleur championnat européen. Il marcherait alors dans les pas d’Andrei Vasilevskiy, Igor Shestyorkin et Ilya Samsonov, entre autres. Appartenant au Lightning de Tampa Bay qui, à l’image des Sabres, manquait de stabilité devant le filet, Vasilevskiy a débarqué dans la Ligue nationale de hockey après seulement deux saisons dans la KHL, ce qui ne l’a pas empêché de performer à un niveau compétitif dès son arrivée en Amérique du Nord.

Selon la spécialiste des gardiens de but Catherine Silverman, Yaroslav Askarov est en avance sur Vasilevskiy au même âge. Dans une entrevue avec la chaîne TVA Sports, l’experte, qui écrit notamment dans la revue InGoal, a déclaré qu’Askarov était plus en contrôle que son compatriote russe lorsque ce dernier a été repêché. Il doit cependant s’améliorer du côté du gant, là où Vasilevskiy excellait déjà à 18 ans.

Si la sélection de Yaroslav Askarov aux alentours du septième rang du repêchage peut comporter un risque minime, celui-ci a les qualités nécessaires pour devenir un gardien de franchise, capable de porter une équipe sur son dos. Reste maintenant à voir si Kevyn Adams est prêt à prendre le risque.

Faits saillants de Yaroslav Askarov. Crédit vidéo : Prospect Film Room via YouTube.

Jérémy Labrie

Ayant contribué à quelques médias sportifs amateurs au cours de son adolescence, Jérémy Labrie intègre, en 2017, l'option Médias du programme d'Arts, lettres et communication du Cégep Édouard-Montpetit avec une connaissance accrue du journalisme web. Maintenant étudiant en journalisme à l'Université du Québec à Montréal, il met son expérience au service du Club-École pour en faire une source d'information fiable et de qualité. Il a auparavant collaboré à deux reprises avec le pupitre sport du magazine étudiant L'Apostrophe. S'intéressant tout de même à la majorité des sports couverts par Le Club-École, il se spécialise dans le hockey et le basketball.

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