Où en sont les équipes du Canada?
Un peu moins de deux ans après notre dernier tour d’horizon de la situation des équipes canadiennes dans la LNH, revisitons celle-ci afin de voir leur évolution.
Pour mon tout premier article au Club-École, j’avais choisi de faire un portrait de chaque équipe canadienne de la LNH en prévision de la saison 2021. Afin de boucler la boucle et d’observer l’évolution de celles-ci sur presque deux ans, j’ai décidé de revisiter les sept formations évoluant au nord de la frontière dans ce qui sera mon dernier article pour ce média.
Si il y a deux ans j’écrivais que la fin de la disette des équipes canadiennes, qui n’ont pas remporté de Coupe Stanley depuis 1993, approchait, j’avoue être un peu moins optimiste aujourd’hui.
Flames de Calgary
Considérée comme l’une des équipes favorites dans la conférence ouest, Calgary possède toutes les armes nécessaires pour offrir au Canada une première Coupe Stanley depuis 1993. L’embauche de l’entraîneur-chef Darryl Sutter aura permis à Johnny Gaudreau de revenir à ses habitudes offensives auxquelles il nous avait habitués il y a quelques années. Le petit attaquant a récolté pas moins de 115 points cette saison, bon pour le deuxième rang dans toute la ligue.
Les deux coéquipiers de Gaudreau sur le premier trio des Flames, Matthew Tkachuk et Elias Lindholm, ont également connu leur meilleure saison offensive en carrière en récoltant 104 et 82 points respectivement. Derrière eux, les Tyler Toffoli, Andrew Mangiapane, Mikael Backlund, Calle Järnkrok et compagnie offrent des options plus qu’alléchantes pour Calgary. En défense, l’équipe est tout aussi solide avec une bonne combinaison de vétérans au style défensif et de jeunes défenseurs portés vers l’attaque. Notons notamment l’éclosion d’Oliver Kylington, qui a terminé la campagne avec 31 points en 73 rencontres.
La situation devant le filet s’est également stabilisée avec Jacob Markstrom, qui a mené la LNH pour les blanchissages cette saison en plus de maintenir une moyenne de buts alloués de 2,22 et un taux d’efficacité de ,922. Ces statistiques le placent assurément dans la conversation pour le trophée Vézina remis au meilleur gardien chaque saison.
Le problème des Flames est au niveau de la situation contractuelle. Gaudreau et Tkachuk se retrouvent sans contrat à l’issue de la saison et demanderont une certaine augmentation de salaire. La moitié de la brigade défensive sera également sans contrat et plusieurs joueurs de profondeur devront être remplacés. Calgary a plusieurs espoirs dans son système qui devraient arriver à boucher certains trous, mais il ne serait pas surprenant de voir Gaudreau dans un nouvel uniforme l’an prochain.
Si cette année n’est pas la bonne pour Calgary, il se pourrait donc que les partisans des Flames aient à se montrer un peu plus patients puisqu’une baisse de régime est sans doute à prévoir pour les deux prochaines saisons.
Oilers d’Edmonton
Il y a deux ans, je mentionnais que les Oilers auraient une fenêtre d’ouverte environ maintenant. Après l’humiliation subie aux mains des Jets de Winnipeg l’an dernier, la bande de Connor McDavid et Leon Draisaitl a faim pour un long parcours en séries éliminatoires. Cette fois-ci, les employés de soutien sont encore meilleurs et offrent un véritable soutien à leurs deux super-vedettes, qui ne ralentissent pas d’ailleurs. McDavid a en effet connu la meilleure saison de sa carrière avec 123 points, tandis que Draisaitl est devenu le premier joueur depuis 1995-96 à inscrire 55 buts et 55 passes lors de la même saison. Avec l’apport des Hyman, Nugent-Hopkins, Yamamoto, Kane et Puljujarvi, les Oilers ont tout un arsenal offensif qui est parmi les meilleurs de la LNH.
Le problème se trouve toutefois à la ligne bleue et devant les filets. Chez les défenseurs, Evan Bouchard a connu une brillante saison avec 43 points, mais son jeu défensif présente certaines lacunes. Même son de cloche chez Tyson Barrie et Cody Ceci. Le travail défensif repose donc sur les épaules de Darnell Nurse, qui pourrait ne pas être en mesure de disputer les premiers matchs des séries en raison d’une blessure au bas du corps. Dans les filets, il faut se rendre à l’évidence, Mike Smith et Mikko Koskinen ne font pas le travail.
Dans le cas des Oilers, il serait donc surprenant de les voir soulever le précieux trophée dans un avenir rapproché, à moins que l’organisation se décide à sacrifier quelques pièces de son avenir pour aider la défense à court terme et surtout pour trouver un gardien de but. L’autre manière serait que McDavid et Draisaitl soient encore meilleurs que d’habitude. On rappelle toutefois qu’Edmonton affrontera Los Angeles au premier tour et que les Kings comptent sur deux des meilleurs attaquants bidirectionnels du circuit en Phillip Danault et Anze Kopitar.
Canadiens de Montréal
Curieusement, tout à changé à Montréal depuis deux ans, mais la situation est pratiquement la même. Depuis notre dernier tour d’horizon, le CH a changé de directeur général, changé d’entraîneur-chef deux fois, congédié son directeur du recrutement amateur, échangé Jesperi Kotkaniemi et Max Domi, failli perdre Carey Price et perdu Shea Weber, Phillip Danault et Tomas Tatar.
En retour, les Canadiens ont obtenu plusieurs éléments qui portent à croire qu’ils ont enfin embrassé la reconstruction. Cette reconstruction ne devrait toutefois pas être de très longue durée puisqu’encore une fois, le CH n’est qu’à quelques saisons de voir ses espoirs de premier plan avoir des rôles réguliers dans la LNH. C’est déjà le cas avec Nick Suzuki, Alexander Romanov et Cole Caufield. Jordan Harris, Justin Barron, Kaiden Guhle et possiblement Logan Mailloux viendront se greffer à la brigade défensive éventuellement, en plus du choix au repêchage de cette année et possiblement de l’an prochain, qui pourraient venir stabiliser les premiers trios.
En effet, en terminant dernier au classement cette saison, Montréal s’assure des meilleures chances dans la loterie Shane Wright, un joueur au statut d’exceptionnel dans la OHL qui a récolté 94 points en 63 matchs cette saison tout en étant excellent défensivement. Même si les Canadiens n’obtiennent pas le premier choix de l’encan, ils sont assurés de l’un des deux suivants, ce qui leur permettra de sélectionner un joueur qui devrait avoir un impact important au sein de club dans le futur. L’espoir des partisans est de voir l’équipe dans une situation similaire l’an prochain également, puisque le repêchage de 2023 comporte au moins quatre sinon cinq joueurs qui ont le potentiel de changer le visage d’une franchise.
Il faut donc encore attendre quelques années pour voir la Coupe Stanley à Montréal. La participation en finale l’an dernier c’était un alignement des astres assez spectaculaire qui ne devrait pas se reproduire avant un moment.
Sénateurs d’Ottawa
Un jour, peut-être, si les dieux du hockey le veulent, les Sénateurs d’Ottawa retrouveront leurs lettres de noblesse. La reconstruction étant apparemment terminée à Ottawa, il faut maintenant attendre que les espoirs se développent. Pour Brady Tkachuk, c’est déjà chose faite alors qu’il a été nommé capitaine de l’équipe et continue de s’approcher d’une production d’un point par match. Thomas Chabot, lorsqu’il est en santé, est également bien en selle comme défenseur numéro un. Drake Batherson (44pts en 46 matchs) et Josh Norris (55pts en 66 matchs) ont connu de superbes saisons pour Ottawa, tandis que Tim Stützle (58pts en 79 matchs) continue sa progression.
Ces statistiques vont continuer de s’améliorer et les espoirs en défense devraient éventuellement parvenir à stabiliser la ligne bleue. On attend d’ailleurs avec impatience l’arrivée de Jake Sanderson l’an prochain. La question pour les Sénateurs est toutefois la suivante: est-ce que ce sera assez? Ottawa évolue dans une division qui sera très relevée dans les prochaines années alors que les Red Wings de Detroit et les Sabres de Buffalo devraient rejoindre les équipes de la Floride et Toronto dans la course pour le sommet de l’Atlantique. La reconstruction de ces deux équipes avance d’ailleurs à plein régime et est même possiblement en avance de celle des Sénateurs.
Il ne faut pas oublier l’importance des vétérans, chose qui manque cruellement à Ottawa, ainsi que le doute qui plane quant au domicile à long terme de l’équipe. Il y a deux ans, je mentionnais que les Sens étaient à surveiller et pourraient être parmi l’élite de la ligue dans un avenir relativement rapproché. Aujourd’hui cependant, j’ai plus de points d’interrogation quant à leur futur.
Maple Leafs de Toronto
Ça passe ou ça casse cette saison. Ça suffit les déceptions par-dessus déception pour les Maple Leafs, qui ont encore une fois subi l’élimination au premier tour des séries éliminatoires l’an dernier alors qu’ils étaient favoris et menaient la série. Cette saison, Auston Matthews et Mitch Marner ont tous les deux été parmi les meilleurs du circuit en récoltant des sommets personnels de 106 et 97 points respectivement. Matthews a également atteint le plateau des 50 buts pour la première fois de sa carrière, avant d’en rajouter dix autres pour terminer la campagne avec 60.
L’émergence de Michael Bunting s’est également fait ressentir alors qu’il a permis à l’entraîneur-chef Sheldon Keefe d’enfin avoir un joueur pour compléter son premier trio. La profondeur offensive des Leafs n’a plus besoin de présentation et l’ajout de Mark Giordano à la ligne bleue permet à Toronto d’avoir une défense plutôt respectable, ce qui devrait être plus qu’assez lorsqu’une équipe compte sur un gardien de but de premier plan.
Il est toutefois là le problème puisque Jack Campbell a perdu toute forme de constance dans son jeu et est souvent blessé. Ses adjoints ne sont pas de calibre à affronter les meilleures formations de la LNH et Toronto pourrait justement en souffrir puisque c’est le Lightning de Tampa Bay, double Champion en titre, qui se retrouve sur sa route au premier tour cette saison. À moins que Matthews, Marner et compagnie parviennent enfin à transposer leur jeu stellaire de saison régulière en séries éliminatoires, ce sera une autre élimination hâtive pour les Leafs, ce qui devrait signifier des changements au niveau du directeur général et de la formation.
Car logiquement, lorsqu’on s’acharne à utiliser une formule et que celle-ci ne fonctionne pas, on tente de la changer. Il n’y a que les Yankees de New York au baseball qui ne semblent pas comprendre cela.
Canucks de Vancouver
Oups.
C’est un peu ce qui résume la dernière année et demie des Canucks de Vancouver. Quelque part dans un placard des studios d’ESPN, Mark Messier sourit à l’idée de ne plus être le personnage le plus détesté par les partisans des Canucks. Jim Benning est désormais le propriétaire de ce titre après avoir réalisé bourde par-dessus bourde en tant que directeur général.
Benning voyait pourtant la lumière au bout du tunnel alors qu’il allait enfin parvenir à se débarrasser de l’atroce contrat de Louis Eriksson, qui terminait à la fin de cette saison. Déjà pris avec les 6 millions de dollars qu’il doit donner à Tyler Myers jusqu’en 2024, le bon Jim ne pouvait cependant pas se contenter d’un seul mauvais contrat. Il a donc pris la magnifique décision d’échanger Louis Eriksson aux Coyotes de l’Arizona en sacrifiant son 9e choix au total du dernier repêchage afin de mettre la main sur…….Oliver Ekman-Larsson! Ce dernier a déjà 30 ans et est sous contrat jusqu’à la fin de la saison 2027 à raison de 7,26 millions par saison. Le défenseur suédois a également une clause de non-mouvement dans son contrat. Donc en bon québécois, les Canucks sont pognés avec.
Ekman-Larsson a pourtant déjà été un défenseur de premier plan, lui qui avait notamment récolté 55 points et terminé 9e dans la course au trophée Norris en 2016. C’était il y a six ans. Depuis, non seulement sa production défensive a diminuée, mais son jeu défensif est devenu particulièrement mauvais. Donc en bon québécois, les Canucks sont pognés avec.
Benning a tout de même réalisé quelques bons coups en signant Thatcher Demko et Quinn Hughes à long terme et en trouvant une solution à moyen terme pour Elias Pettersson. Le nouveau DG Patrick Allvin doit maintenant composer avec Brock Boeser qui est sans contrat, tout comme presque l’entièreté de ses joueurs de profondeur. Les Canucks n’ont également pas de gardien pour seconder Demko l’an prochain.
Les pièces sont là pour les Canucks. Avec le noyau de Pettersson, Horvat, Miller et Boeser en attaque ainsi que Demko dans les filets, Vancouver peut créer du bruit surtout dans une division pacifique qui ne sera pas nécessairement meilleure à court terme. Il faut toutefois que Vancouver parvienne à solidifier son noyau en défense, et ce, sans marge de manœuvre salariale.
J’avais mentionné il y a quatre ans que Vancouver pouvait gagner la Coupe Stanley d’ici 2023. Si tous les pions se placent et que la chimie opère comme elle le fait depuis l’arrivée de Bruce Boudreau derrière le banc, ce n’est pas impossible, mais disons très peu probable.
Jets de Winnipeg
Il est temps de réaliser que la fenêtre d’opportunité des Jets est probablement fermée. Cette saison, Winnipeg a raté les séries éliminatoires par un bon 10 points. Certes, l’équipe du Manitoba a été affectée par un Mark Scheifele souvent absent et le départ d’Andrew Copp à la date limite des transactions, mais le problème est bien plus grand. Blake Wheeler vieillit et a énormément ralenti, les défenseurs ne sont toujours pas en mesure d’appuyer l’attaque ni même de défendre et la profondeur autrefois incroyable des Jets s’est pratiquement volatilisée.
Ce qui n’aide pas non plus, c’est le climat toxique qui s’est apparemment installé dans le vestiaire. Ce climat qui a poussé Patrik Laine à être échangé et qui a été critiqué par plusieurs membres des médias et partisans, soulève énormément de questions quant au potentiel de créer une véritable chimie au sein de cette équipe.
Ceci-dit, les Jets pourront toujours compter sur Kyle Connor, qui a explosé avec 92 points ainsi que sur le gardien Connor Hellebuyck. Les espoirs des Jets sont prometteurs, mais tardent à se tailler un poste dans l’alignement. Ce n’est pas encore le moment d’appuyer sur le bouton panique, mais il faudra éventuellement songer à une manière de rebâtir l’équipe pour ne pas gaspiller les bonnes années de Connor et Scheifele.
En résumé, ce que l’on peut constater, c’est que les équipes canadiennes ne sont pas loin d’une première Coupe Stanley depuis 1993, mais ne sont pas à la porte non plus. Les Flames, les Oilers et les Maple Leafs auront leur chance cette saison et d’autres devraient participer à la danse printanière dès l’an prochain, mais il se pourrait que l’attente soit finalement un peu plus longue que prévu.