Facteur X LNH : édition division Pacifique

Avant le début des séries éliminatoires de la LNH, prévu le 1er août, j’explorerai quels sont les facteurs X pour chacune des équipes participant à la course. Ainsi, je conclus cette semaine en analysant les cinq équipes de la division Pacifique. Allons-y.

Qu’est-ce qu’un facteur X? Il s’agit d’un joueur qui a le potentiel d’influencer le résultat d’une série en raison de sa performance, bonne ou mauvaise. Soyons clairs : dans une équipe, plusieurs facteurs X sont présents. J’explore cependant celui qui a le plus de chances d’avoir un impact prononcé.

Coyotes de l’Arizona

Facteur X : Darcy Kuemper, G

Même avec l’ajout récent de Taylor Hall à leur alignement, les Coyotes ont une des offensives les moins dangereuses de la ligue. Cette saison, ils ont terminé 25es en termes de buts pour, avec un avantage numérique qui marque seulement à un ratio de 19,2%, bon pour le 18e rang. Cependant, les Coyotes ont été capables de rester proches d’une place en séries grâce à des performances solides devant leur filet. L’année passée, parmi les gardiens ayant disputé plus de 40 parties, Darcy Kuemper s’est classé au quatrième rang en termes de taux d’efficacité (0,925) et de moyenne de buts alloués (2,33). Cette saison, Kuemper a été limité à 29 départs en raison d’une blessure subie en mi-décembre qui l’a vu rater deux mois d’activité. Cependant, Kuemper a continué sur sa lancée, récoltant des statistiques impressionnantes (92,8% EFF, 2,22 MBA), le plaçant au 3e rang chez les gardiens ayant disputé plus de 25 parties.

Depuis deux ans, Kuemper est l’un des trois meilleurs gardiens au monde, mais, jouant pour l’Arizona, il ne génère pas autant d’attention qu’un Tuukka Rask ou qu’un Carey Price. Il continue d’amasser des statistiques élites, tout en jouant pour une équipe exclue du top 15 de la ligue. Sans lui (ou même les performances marquantes d’Antti Raanta cette saison, en remplacement de Kuemper), les Coyotes seraient dans les bas-fonds du classement et se battraient pour un choix au repêchage dans le top 5. Les Coyotes n’ont pas participé aux séries depuis 2012, et s’ils veulent faire du bruit, ils devront miser sur un Kuemper reposé, qui devra certainement leur voler quelques parties.

Flames de Calgary

Facteur X : Matthew Tkachuk, AG

Calgary a certainement déçu plusieurs de ses amateurs cette saison. Dans une division Pacifique connaissant des ennuis, ils ont eu beaucoup de difficulté à se tailler une place en séries, même avec un alignement très balancé, incluant le plus récent gagnant du trophée Norris, Mark Giordano. Les Flames ont eu des problèmes à générer de l’offensive, terminant au 20e rang en termes de buts marqués. Leur situation défensive n’a pas été optimale non plus, terminant au 17e rang au chapitre des buts alloués. Certains de leurs joueurs étoiles ont connu des saisons difficiles, notamment Sean Monahan (48 pts) ainsi que Johnny Gaudreau (58 pts). Matthew Tkachuk, l’Américain de 22 ans, a cependant continué sur sa lancée de l’année passé, quoiqu’en deçà des attentes, avec une récolte de 61 points en 69 parties.

Sa contribution en termes de buts a pourtant été moins grande que la saison dernière. Il est toutefois important de considérer que son pourcentage de conversion sur ses tirs au but a été de 12,2% cette saison, versus l’année passée, où il était à 16,4%. Il a aussi commencé moins de séquences en zone adverse (47% vs 55,7%), réduisant grandement ses chances de marquer. Il a tout de même enregistré une moyenne de 0,88 points par match, au-delà de celle de Gaudreau (0,57), Monahan (0,69) ainsi qu’Elias Lindholm (0,77). Ces trois joueurs ont également tous débuté plus de 50% de leurs séquences offensives en zone adverse, avec Gaudreau et Monahan au-delà de la barre du 57%.

Tkachuk est un joueur bâti pour les séries. L’attaquant de 6 pieds 2 pouces et 205 livres est une véritable peste pour les équipes adverses, jouant un style semblable à celui de Brad Marchand et de Brendan Gallagher. Il fonce au filet, dérange les adversaires, tout en produisant à un rythme élite. Ses 122 mises en échec et son style de jeu seront particulièrement utiles en séries, surtout contre les Jets de Winnipeg, qui ont plusieurs attaquants format géant. Si les Flames veulent se rendre en finale de conférence pour une première fois depuis 2009, Tkachuk devra montrer l’exemple, continuer de produire et déranger l’adversaire, ce qu’il fait avec brio depuis son arrivée dans le circuit Bettman.

Oilers d’Edmonton

Facteur X : Oscar Klefbom, D

Le choix évident pour Edmonton serait probablement Connor McDavid ou Leon Draisaitl, eux qui ont mené la ligue en termes de points (110 et 97) et de points par partie (1,54 et 1,51). Cependant, une offensive plus balancée, avec l’émergence de Kailer Yamamoto (26 points en 27 parties) ainsi que Ryan Nugent-Hopkins (61 points en 65 parties), devrait retirer une partie du poids reposant sur les épaules de ces deux joueurs. Leurs gardiens étant trop instables pour que l’équipe mise sur ceux-ci, on se tourne donc vers la défensive. Un nom saute aux yeux : Oscar Klefbom. Ce dernier est en pleine ascension puisque son temps de jeu ainsi que son nombre de points par partie ne cessent d’augmenter depuis 5 ans. Klefbom est partout sur la patinoire et remplit le rôle de défenseur numéro un, qui échappe aux Oilers depuis maintenant plusieurs années.

Il est le quart-arrière principal du meilleur jeu de puissance de la ligue, jouant en moyenne 3 minutes 37 secondes par partie en avantage numérique. Il mène aussi les défenseurs de son équipe en désavantage numérique (2:29) ainsi qu’en temps de jeu général. Parmi tous les défenseurs de la ligue, Klefbom se retrouve en cinquième position en termes de temps de jeu (25:25), en première en termes de tirs bloqués (180), en 19e pour les tirs aux buts (159) et en 31e pour les points par partie (0,55), à égalité avec John Klingberg, Thomas Chabot et Shea Weber. Si les Oilers veulent gagner une deuxième ronde de séries depuis 2007, Klefbom devra continuer d’être l’homme de prédilection de son entraîneur et de mener l’avantage numérique qui leur a permis de se tailler une place en séries.

Canucks de Vancouver

Facteur X : Jacob Markstrom, G

Le directeur général des Canucks, Jim Benning, a été en mesure, lors de la dernière année, de mettre sur pied un alignement comme les Canucks n’ont pas eu depuis longtemps. Les ajouts de J.T Miller, Tyler Toffoli ainsi que Tyler Myers sont venus donner du soutien aux deux vedettes émergentes de Vancouver, Elias Pettersson et Quinn Hughes. Depuis quelques saisons, c’est cependant Markstrom qui donne une chance aux Canucks de gagner soir après soir. Le géant de 6 pieds 6 pouces n’a toutefois pas épaté avec ses statistiques cette saison. Parmi les gardiens ayant joué plus de 40 parties, il a récolté une moyenne de buts alloués de 2,75 (14e) et un taux d’efficacité de 0,918 (4e). Néanmoins, selon plusieurs, Markstrom devrait être considéré pour le trophée Hart (remis au joueur le plus utile de son équipe) ainsi que pour le trophée Vézina (remis au meilleur gardien). Lorsqu’on s’attarde aux statistiques avancées, on comprend pourquoi.

Les Canucks ont une des pires défensives de la ligue, allouant le troisième plus grand nombre de chances de marquer par partie. Ils se retrouvent donc en 28e position en termes de buts contre attendus, mais grâce aux performances de Markstrom, ils sont 14e en termes de buts contre, marquant le deuxième plus gros différentiel de la ligue, tout juste derrière les Blackhawks de Chicago. Parmi tous les gardiens de la ligue, Markstrom se place en première position avec 12 victoires et 4 défaites lorsqu’il affronte plus de 35 tirs, en plus d’afficher un pourcentage d’efficacité de 94,2% lors de telles circonstances. Dans 11 de ces 12 victoires, les Canucks ont été dominés en termes de tirs au but en moyenne par le compte de 42-27. Lorsqu’une équipe alloue 15 tirs de plus à son adversaire, règle générale, elle perd. Cependant, le jeu remarquable de Markstrom leur a permis d’aller chercher ces victoires. Enlevez 22 points aux Canucks et ils se retrouvent aux bas-fonds du classement.

Le Suédois mène aussi la ligue avec un différentiel de +22,06, indiquant le nombre de buts qu’il a accordé en fonction de la qualité et du nombre de tirs. Selon cette statistique, il se place devant deux finalistes au trophée Vézina, Tuukka Rask (+15,22) et Connor Hellebuyck (+13,76). Même si les Canucks ont la quatrième meilleure offensive de la ligue, ils sont aussi 28e en termes de tirs alloués. Ce sera donc Markstrom qui devra faire la différence dans les filets si les Canucks veulent dépasser la première ronde pour une première fois depuis 2013.

Golden Knights de Vegas

Facteur X : Mark Stone, AD

Qu’est-ce qui justifie le salaire de 10,5M$ par année de Mark Stone? À première vue, il est trop payé, mais lorsqu’on observe vraiment ce qu’il amène à Vegas, on se demande : comment se fait-il que l’on n’entende jamais parler de lui? Patrick Kane, l’attaquant étoile de Chicago, a plutôt bien résumé le jeu de Stone : « Vous ne le regarderiez pas et ne vous diriez pas: « Ce type est trop talentueux, ou irréel », ou une chose en particulier. Ce n’est pas un patineur incroyable, il n’a pas un tir irréel, mais il est vraiment intelligent. Et je pense qu’il est évidemment très bon en défense, bon pour enlever les rondelles, alors je dirais qu’il est assez sous-estimé. » Kane l’a bien dit ; Stone est un tsar dans le domaine de retirer la rondelle aux joueurs adverses, avec 78 revirements forcés, et a mené la ligue l’année passée, dans cette catégorie, avec 122.

Il a reçu des votes pour le trophée Selke (remis au meilleur attaquant défensif) pendant quatre années consécutives, terminant deuxième lors de la saison 2018-2019. Il a aussi terminé 12e pour le trophée Hart. Offensivement, il n’est pas piqué des vers non plus, avec une récolte de 63 points en 65 rencontres, le plaçant au 32e rang en termes de points par partie (0,97), à égalité avec Brayden Point et Sebastian Aho, et devant des joueurs comme John Tavares, Aleksander Barkov ainsi que Nicklas Backstrom. Il est aussi l’attaquant le plus utilisé de son équipe avec 19:25 de temps de jeu par partie. Le Canadien de 6 pieds 4 pouces et 220 livres est également très physique, avec 56 mises en échec cette saison. Vegas tentera de venger sa défaite en finale de la coupe Stanley contre Washington en 2018, et pour ce faire, le club aura besoin que son meilleur attaquant soit aussi dominant qu’il l’a été durant la saison régulière.

Antonin Martinovitch

Ayant pratiqué le sport pendant près de 15 ans, Antonin Martinovitch mange, dort et respire hockey. Amateur de statistiques avancées, il fait parler les chiffres, montrant le sport sous un angle différent. Étudiant au baccalauréat en journalisme à l’UQÀM ainsi que dictionnaire sur pattes, il transmet sa passion du monde sportif à travers ses écrits et ses chroniques vidéos. Ses divers intérêts à un bas âge au football, au golf et à la Formule 1 ont aussi persisté, faisant de lui avant tout un amateur de sport. « Comment aimeriez-vous un travail où, chaque fois que vous commettez une erreur, une grosse lumière rouge s'allume et 18 000 personnes vous huent ? » – Jacques Plante

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