Faut-il limiter Hamilton et les autres athlètes?
La question fait débat depuis que la NBA a manifesté son indignation sur les bavures policières. D’ailleurs, le président des États-Unis, Donald Trump, a affirmé ne plus avoir d’intérêt pour la National Basketball Association parce qu’elle est « politisée ». Mais cette prise de position n’est pas l’apanage de la NBA.
Du tennis à la Formule 1, le monde du sport dans sa généralité a décidé de ne plus se taire. Cela dit, jusqu’où les athlètes ont-ils le droit d’aller pour dénoncer les injustices sociales?
Outre la NBA qui n’est pas en bons termes avec la Maison-Blanche depuis que Trump en est locataire, Naomi Osaka au tennis et Lewis Hamilton en F1, notamment, multiplient les messages sur différentes plateformes. La dernière sortie du sextuple champion du monde de F1, à Toscane (Italie), a suscité une polémique au sein du monde de l’automobile. Pour sa part, la joueuse de tennis a dû composer avec la critique des fans durant les Internationaux de Flushing Meadows (US Open).
Nous pouvons aider à faire de ce monde un endroit meilleur pour les enfants et les générations futures.
Lewis Hamilton, leader au classement de la F1.
Le chandail et les masques qui dérangent
Sur le podium du Grand Prix de Toscane, disputé le 13 septembre, Lewis Hamilton portait un chandail avec le message « Arrêtez les flics qui ont tué Breonna Taylor » sur le torse et l’inscription « dites son nom » au dos, avec la photo de la jeune femme. Cette sortie du Britannique en a, pour le moins que l’on puisse dire, dérangé certains dans le monde de l’automobile. Et pour cause, la FIA tient à sa neutralité « politique ». Toutefois, il faut souligner que, depuis le début de la saison 2020, la FIA (Fédération internationale de l’automobile) et la F1 autorisent l’ensemble du paddock à revêtir un t-shirt avec l’inscription « END RACISM ».
Qu’elle est donc la limite à ne pas franchir? La démarche, certes solitaire, de Lewis Hamilton est-elle le nœud du problème? Sans vouloir tomber dans un débat philosophique, voire linguistique, la politique, parmi sa multitude de définitions, est « une stratégie dans la conduite d’une affaire » ou, en somme, « une tactique ».
Durant la quinzaine de l’US Open, Naomi Osaka a arboré, pour chacun de ces matchs, un masque insistant sur sa prise de position. La Japonaise, dont le père est originaire d’Haïti, avait déjà provoqué l’arrêt momentané du tournoi de Cincinnati pour dénoncer l’injustice raciale. Au terme du Grand chelem de Flushing Meadows, la troisième joueuse mondiale du circuit féminin de tennis souligne que les détracteurs l’ont « vraiment inspiré à [le] gagner ».
All the people that were telling me to “keep politics out of sports”, (which it wasn’t political at all), really inspired me to win. You better believe I’m gonna try to be on your tv for as long as possible.
— NaomiOsaka大坂なおみ (@naomiosaka) September 15, 2020
Pas près de la fermer
La F1 a finalement décidé de ne pas sanctionner le pilote de Mercedes. Lui a-t-on chuchoté le dicton populaire « tout est politique »? Le but de cet article n’est pas d’aller chercher la raison de sa décision. À l’instar de Gregg Popovich, entraîneur-chef des Spurs de San Antonio (NBA), qui ne manque pas une occasion pour tirer à boulet rouge sur Donald Trump, les athlètes sont résolu.e.s à ne plus se taire.
Tout est politique. Et les athlètes sont membres à part entière de la société. Si leur popularité peut permettre de combattre « tous les niveaux d’injustice, pas seulement raciale », rappelle Hamilton, alors je pense qu’ils n’ont pas le droit de la fermer.
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