Le Canadien devra s’ajuster

Les Penguins de Pittsburgh ont égalisé la série 3 de 5 contre le Canadien de Montréal lundi soir avec une victoire de 3 à 1. La troupe de Claude Julien a été surclassée pour une grande portion de la rencontre, à l’image de la première partie entre les deux équipes deux jours auparavant. Les deux clubs se rencontrent le mercredi 5 août pour le match numéro trois et le Tricolore devra apporter plusieurs changements s’il veut accéder à la première ronde des séries éliminatoires.

L’indiscipline ne tardera pas à faire mal

Les Canadiens ont écopé de 24 minutes de pénalité lors des deux rencontres de la ronde de qualification. Les Penguins n’ont cependant pas été en mesure de tirer avantage de l’indiscipline du Tricolore, ne capitalisant que sur un des 12 avantages numériques qu’ils ont obtenus, incluant un 5 contre 3 d’une minute et 30 secondes pendant la première partie. Force est d’admettre que la troupe de Mike Sullivan est beaucoup plus rapide que ses adversaires, qui sont ainsi forcés à retenir et faire trébucher Pittsburgh. Néanmoins, plusieurs punitions obtenues par Montréal sont le résultat d’indiscipline pure et simple, dont les deux pénalités pour trop d’hommes sur la patinoire ainsi que le bâton élevé de Ben Chiarot à l’endroit de Sidney Crosby.

Tout ce temps passé avec un homme en moins ne permet pas à Claude Julien de faire rouler ses trios comme il le ferait d’habitude. Ceci limite grandement la capacité du Canadien à trouver un rythme, à devenir confortable à égalité numérique, ainsi qu’à trouver une manière de s’établir en zone adverse. Les Canadiens se sont toutefois bien défendus en désavantage numérique, mais ce succès ne devrait pas durer bien longtemps, surtout lorsqu’on considère le talent offensif des Penguins. Pittsburgh opère un avantage numérique avec un succès de 8,33%, alors que durant la saison régulière, ils ont terminé avec un pourcentage de 19,9%. Cela veut dire que si Pittsburgh avait retrouvé sa forme de saison, le club aurait compté de deux à trois buts avec un homme en plus, ce qui changerait grandement le résultat des deux parties, qui se sont soldées avec un écart d’un but (si on enlève le but dans un filet désert de Jake Guentzel).

Les entrées de zone

Montréal a du mal à contrôler le disque en zone adverse, ce qui est grandement dû au fait que les Penguins bloquent bien leurs entrées de zones. Durant les deux premières périodes de la rencontre de lundi, Montréal tentait de s’installer en zone offensive en rejetant la rondelle au fond du territoire, envoyant un ou deux attaquants pour mettre de la pression sur les défenseurs en noir et jaune. Cependant, Pittsburgh possède un défenseur mobile en mesure de faire une bonne première passe sur chaque duo défensif. John Marino, Justin Schultz et Kristopher Letang ont tous eu de la facilité à récupérer les rondelles dégagées par Montréal et à les remettre à leurs attaquants afin d’amorcer une relance de l’attaque. Lorsque les attaquants du Bleu-blanc-rouge ne lobaient pas la rondelle au fond de la zone, ils tentaient des entrées contrôlées, ce qui résultait en une perte de possession. Les défenseurs des Penguins empêchaient les attaquants montréalais de continuer en possession de la rondelle une fois passé le cercle des mises en jeu.

Ces échecs répétés en entrée de zone ont causé de multiples revirements en faveur de Pittsburgh, qui relançait immédiatement l’offensive. En troisième période, le Canadien a toutefois trouvé une recette gagnante, en gagnant de la vitesse en zone centrale. Ce changement de tactique a permis aux trois attaquants sur la glace d’entrer en zone offensive simultanément, multipliant ainsi les options de jeu pour le porteur du disque. Les défenseurs du Tricolore ont commencé à appuyer l’offensive en étant plus agressifs, ce qui a créé plusieurs bonnes chances de marquer, dont un tir dans l’enclave de Phillip Danault. Cette pression nouvelle en zone adverse a malgré tout été à l’origine du deuxième but des Penguins, qui ont profité d’un surnombre en zone adverse pour battre Carey Price. Montréal devra trouver une façon de recréer sa stratégie de la troisième période en entrée de zone si l’équipe veut battre Matt Murray, gagnant de deux Coupes Stanley, plus d’une fois.

Les combinaisons de trios

Claude Julien y est allé du même alignement dans les deux parties de la ronde de qualification. Cependant, ce dernier devrait opter pour certains changements qui pourraient bénéficier à son équipe. Même si le premier trio de Tatar, Danault et Gallagher ont été excellents lors des deux dernières saisons, il n’a récolté que deux mentions d’aide lors des deux dernières parties, avec un différentiel de -2. Voici donc ce que je propose comme alignement :

Tatar – Suzuki – Armia

Domi – Kotkaniemi – Gallagher

Lekhonen – Danault – Drouin

Poehling – Evans – Byron

Kulak – Weber

Chiarot – Petry

Mete – Fleury

Price

Premier trio

Suzuki a de loin été le meilleur attaquant du Canadien. Son titre de centre numéro un est donc amplement mérité. Même en affrontant Crosby et Malkin, il a réussi à se démarquer. Il serait intéressant de voir ce que du temps de jeu supplémentaire pourrait apporter pour le jeune homme de 20 ans. À ses côtés, j’insérerais Tatar, le meilleur pointeur du CH durant la saison régulière, qui serait donc en mesure de compléter les manœuvres de Suzuki. À droite, Armia compléterait parfaitement le trio, étant un expert en protection et récupération de rondelle et étant efficace sur le bord des bandes.

Deuxième trio

Malgré un temps de jeu restreint (12:04) lors des deux premières rencontres, Kotkaniemi a deux buts et impressionne par sa vision du jeu ainsi que sa finition autour du filet. Le troisième choix au total du repêchage de 2018 fait taire les critiques avec des performances inspirées. À sa gauche, Max Domi, qui, malgré son temps de jeu limité par sa présence sur le quatrième trio ainsi que les nombreuses punitions de Montréal, est le seul joueur du Canadien ayant atteint le plateau des 70 points. Son flair offensif complémenterait bien la créativité de Kotkaniemi. À leur droite, Gallagher est toujours aussi intense et dérangeant pour les équipes adverses. Sa tendance à foncer vers le filet agrémenterait les deux joueurs de son trio, qui jouent plus en finesse qu’en intensité.

Troisième trio

Danault a été excellent cette saison en défensive, se méritant quelques votes pour le trophée Selke. Il n’est pas piqué des vers offensivement, ce qui balancerait le troisième trio. À sa gauche, Lekhonen est aussi très fiable défensivement, tout en possédant un lancer que certains joueurs du CH ont qualifié de meilleur au sein de l’équipe. À leur droite, Jonathan Drouin, qui déçoit bien des amateurs et des experts par son jeu qui manque de confiance et d’exécution. Il perd souvent la rondelle, manque ses passes et est un maillon faible en défensive. Le faire jouer avec deux joueurs à portée défensive lui permettrait de prendre un peu plus de risques offensivement, ce qui pourrait le faire reprendre de la confiance.

Quatrième trio

Il est temps de retirer Weise et Weal de la formation : ces deux joueurs ne sont pas au même niveau que les autres. Poehling et Evans ont tous les deux des choses à prouver dans la LNH. Les deux sont rapides, ont du flair offensif et sont fiables défensivement. À droite de ces deux jeunes joueurs, j’insérerais Paul Byron, un marchand de vitesse qui est capable de contrôler le jeu en zone adverse, donnant des migraines à ceux qui tentent de le rattraper. Une combinaison de vitesse, de jeunesse, de flair offensif ainsi que de responsabilité défensive devrait changer le rythme du jeu pour ce nouveau quatrième trio.

Première paire défensive

Kulak joue de l’excellent hockey depuis le début des séries. Il surpasse Chiarot en mobilité ainsi qu’en relance offensive, et c’est exactement ce dont les Canadiens ont besoin en ce moment. Weber étant un peu plus lent, il le complémenterait bien au sein de la première paire.

Deuxième paire défensive

Chiarot a perdu en mobilité et en vitesse d’exécution, ce qui ferait de Petry le partenaire idéal. Le numéro 26 du tricolore excelle dans tous les aspects du jeu et serait en mesure de combler les lacunes de Chiarot. Les deux défenseurs de 6 pieds et 3 pouces seraient difficiles à traverser pour les Penguins.

Troisième paire défensive

Même si Ouellet s’est relativement bien débrouillé lors des deux premières parties, son manque de mobilité est mortel, surtout contre une offensive des Penguins qui est constamment en mouvement. J’insérerais Cale Fleury à sa place, lui qui possède un flair offensif impressionnant pour un jeune défenseur, en plus d’être très physique et d’être en mesure de compléter une bonne première passe. En compagnie de Mete, cette paire serait plus stable que lors des deux derniers matchs, ce qui pourrait donner un peu de repos à Weber et Petry, qui en ont grandement besoin.

Antonin Martinovitch

Ayant pratiqué le sport pendant près de 15 ans, Antonin Martinovitch mange, dort et respire hockey. Amateur de statistiques avancées, il fait parler les chiffres, montrant le sport sous un angle différent. Étudiant au baccalauréat en journalisme à l’UQÀM ainsi que dictionnaire sur pattes, il transmet sa passion du monde sportif à travers ses écrits et ses chroniques vidéos. Ses divers intérêts à un bas âge au football, au golf et à la Formule 1 ont aussi persisté, faisant de lui avant tout un amateur de sport. « Comment aimeriez-vous un travail où, chaque fois que vous commettez une erreur, une grosse lumière rouge s'allume et 18 000 personnes vous huent ? » – Jacques Plante

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