Le fantôme du Bambino

La victoire des Red Sox en 2004 demeurera gravée dans la mémoire des amateurs de baseball pour toujours. Crédit photo: Wei Zheng – Unsplash

Depuis la première Série Mondiale en 1903, le baseball majeur a connu plusieurs victoires historiques et autres moments marquants en octobre. Cependant, peu d’entre elles ont été aussi importantes que la conquête des Red Sox de Boston en 2004. Voici le portrait d’une équipe qui avait rendez-vous avec l’Histoire.

Cette année-là, les Red Sox de Boston étaient parmi les favoris pour remporter la Série Mondiale, chose qu’ils n’avaient pas faite depuis 86 ans. Avec un alignement comprenant Johnny Damon, Manny Ramirez et David Ortiz ainsi qu’une des meilleures rotations des majeures avec Pedro Martinez et Curt Schilling, Boston s’est hissé au 2e rang de la Ligue Américaine avec une fiche de 98-64, 3 matchs derrière leurs rivaux de toujours, les Yankees de New York. Ils ont atteint les séries éliminatoires en tant que meilleur deuxième (Wildcard), mais devant eux, se dressait un ennemi de taille : la malédiction du Bambino.

Une équipe qui se bat avec son passé

Après une saison décevante en 1919, le propriétaire des Red Sox avait quelques problèmes financiers. Pour y remédier, il prend la décision de vendre un jeune lanceur qui les a aidés à remporter trois Séries Mondiales aux Yankees pour la somme faramineuse de 100 000$. Ce jeune lanceur, c’était un certain George Herman Ruth, vous le connaissez peut-être mieux sous le nom de Babe. Les choses se sont plutôt bien passées pour Ruth dans le Bronx, alors qu’il a établi plusieurs records de circuits et remporté quelques Séries Mondiales avec Lou Gehrig et le reste de la Murderer’s Row.

On ne peut pas dire la même chose pour les Sox. À partir de ce moment, ils ont aligné les malchances et les défaites crève-coeur. On a qu’à penser aux revers en 7 matchs en 1946, 1967 et 1975 (la série de 1975 contre les Reds de Cincinnati est reconnue comme une des meilleures de tous les temps), mais elles n’arrivent pas à la cheville de l’erreur de Bill Buckner. En 10e manche du 6e match de la Série Mondiale en 1986, Mookie Wilson des Mets a frappé un roulant en direction du premier but pour un retrait facile qui mettrait fin à la manche. La balle passe toutefois entre les jambes de Buckner, ce qui permet à Ray Knight de marquer du deuxième pour donner la victoire aux Mets. New York remportera la Série en 7 matchs.

Une remontée historique

Pour revenir à l’édition de 2004, ils ont facilement balayé les Angels de Vladimir Guerrero Sr en 3 matchs en Série de Division pour mettre en place un autre chapitre de la rivalité Yankees-Red Sox pour la Série de Championnat de l’Américaine. Les Bombardiers du Bronx ont commencé la série en force en remportant les deux premiers matchs de la série par la marque de 10-7 et 3-1. Lors de la troisième rencontre, les Yankees ne se sont pas retenus, défaisant les Red Sox 19 à 8. Ils auraient peut-être dû puisque cette humiliation a semblé réveiller quelque chose chez les Sox.

Acculé au pied du mur, Boston devait réussir quelque chose qui n’avait pas encore été fait dans l’histoire du baseball majeur; remonter d’un déficit de 3 matchs à 0. Après que Tony Clark ait brisé l’égalité en 6e, les bâtons des Red Sox ont été très tranquilles. À trois retraits de l’élimination, les Yankees ont fait appel au meilleur releveur de sa génération, Mariano Rivera, pour mettre fin à la rencontre. Il a accordé un but sur balle au premier frappeur qu’il a affronté. Boston a amené le rapide Dave Roberts comme coureur suppléant. Il n’a pas tardé à se mettre en marche en volant le deuxième dès la présence au bâton suivante. Il est venu marqué sur le simple de Bill Mueller pour créer l’égalité 4-4. Le pointage est resté ainsi jusqu’en 12e manche. Après un simple de Manny Ramirez, David Ortiz a retroussé le lancer de Paul Quantrill derrière la clôture pour donner la victoire aux Red Sox. Le momentum venait de changer de côté.

Le bas de Curt Schilling

Big Papi a de nouveau joué les héros en manches supplémentaires lors du match numéro 5 en claquant un simple en 14e manche qui a permis à Johnny Damon d’inscrire le point gagnant. La série se transportait donc à New York pour les deux derniers matchs et les Bostonnais avaient le vent dans les voiles. Il y avait toutefois de l’inquiétude entourant le partant de la 6e rencontre, Curt Schilling. L’as de la rotation avait terminé la saison régulière avec 21 victoires, le plus dans les majeures cette année-là. Il a cependant subi une déchirure d’un ligament dans la cheville lors de la Série de Division. Il avait également connu une sortie désastreuse dans le premier match, accordant 6 coups sûrs et 6 points en 3 manches de travail. Qu’à cela ne tienne! Malgré sa cheville qui saignait abondamment, le vétéran de 37 ans a limité les Yankees à seulement un point et 4 coups sûrs en 7 manches. Il sort du match avec son bas droit imbibé de sang. Ce bas-là s’est d’ailleurs vendu près de 100 000$ dans une enchère. Avec une victoire de 4-2, les Red Sox venaient de niveler la série.

Johnny Damon a mené la charge lors du match décisif, avec deux circuits qui ont produit 6 points, vers une victoire de 10-3 pour Boston. Les Red Sox devenaient ainsi la première équipe de l’histoire des majeures à effacer un déficit de 3-0 dans une série. Avec le vent dans les voiles, les Sox avaient rendez-vous avec les Cardinals de Saint Louis lors de la Série Mondiale. Ils ont bénéficié de trois excellentes sorties de leurs meilleurs partants, alors que Schilling, Pedro Martinez et Derek Lowe n’ont pas accordé de points à la puissante attaque des Cardinals en 20 manches de travail combinées. À l’attaque, Manny Ramirez et le deuxième but Mark Bellhorn ont été excellents avec 8 points produits à eux deux.

Avec ces performances, les Red Sox ont balayé les Cardinals pour leur premier titre en 86 ans. On peut parier que ce triomphe a enlevé un poids énorme sur les épaules des partisans des Sox. Il faut croire que les Red Sox y ont pris goût puisqu’ils ont remporté le précieux trophée à trois reprises depuis; en 2007 face aux Rockies du Colorado, en 2013 encore une fois contre les Cards et en 2018 alors qu’ils ont battu les Dodgers de Los Angeles.

Thomas Lafond

Amateur de sport depuis sa tendre enfance, Thomas a commencé ses études en journalisme à l'automne 2020. Passionné de plusieurs sports, il se spécialise dans le hockey, le baseball et la lutte, possédant son propre podcast, Le compte de 3. Parakayakiste aguerri, il souhaite augmenter la présence du parasport dans les médias sportifs traditionnels. Il est également collaborateur au blogue La Source du Hockey et à l'émission Sport au Mac sur les ondes de CKVL 100.1, la radio de l'arrondissement montréalais de LaSalle.

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