Les Redskins font écho jusqu’en Suède

Alors qu’une action concrète est toujours attendue de la part de plusieurs équipes sportives américaines et canadiennes dont le nom et/ou l’imagerie réfèrent aux peuples autochtones, suite à l’analyse amorcée il y a quelques jours par les Redskins de Washington et les Indians de Cleveland, les Indians de Frölunda, qui évoluent dans la Ligue d’élite suédoise de hockey (SHL), sont actuellement en réflexion par rapport à leur image de marque.

C’est ce qu’a annoncé lundi le président de l’équipe, Mats Grauers. En entrevue avec le journal Göteborgs-Posten, Västra Frölunda étant un arrondissement de la ville de Göteborg, Grauers a indiqué que l’organisation avait entamé une évaluation de l’impact commercial et moral d’un éventuel changement de surnom et de logo : « L’analyse devrait être achevée d’ici août. Après, nous prendrons une décision quant à nos procédures. Cela signifie que nous pourrions modifier notre marque. »

Ayant adopté le surnom « Indians » et l’image de l’Amérindien en tenue traditionnelle en 1995, Mats Grauers explique que le Frölunda Hockey Club avait alors pris part à une américanisation de la SHL, les clubs souhaitant s’apparenter à ceux de la Ligue nationale de hockey. À ses yeux, cette refonte « n’a probablement pas été profondément analysée à ce moment », la Suède comptant peu d’Autochtones.

Accusés de discrimination

Tel qu’expliqué par son président, le Frölunda HC « n’est pas étranger à la nécessité de changer [sa] marque ». En 2015, la formation de SHL – dont le surnom fait référence au sobriquet utilisé par ses partisans durant les années 1960, The Wild West, « Västra Frölunda » signifiant « Frölunda ouest » – avait fait l’objet d’une plainte à l’ombudsman de l’égalité, un organisme gouvernemental suédois chargé de combattre la discrimination. Le plaignant, un membre des Premières nations d’Amérique vivant à Stockholm, avait accusé l’organisation d’offenser les peuples autochtones et de perpétuer les stéréotypes.

Le directeur média des Indians, Peter Pettersson Kymmer, avait alors défendu sa marque en déclarant que celle-ci rendait hommage à ces peuples, en communicant leur « courage, passion et camaraderie ». Croyant présenter une image positive des Autochtones, Frölunda refusait ainsi de changer de nom et de logo, Kymmer garantissant une approbation de la part des nations d’Amérique. La plainte fut finalement déboutée.

Montrer l’exemple

La décision des Indians de Frölunda est arrivée trois jours après celle des Redskins de Washington. Vendredi dernier, l’équipe de football de la capitale américaine a fait savoir qu’elle étudiait la possibilité de transformer son image de marque. La controverse entourant son nom, qui signifie littéralement « peaux-rouges », et celui de multiples équipes sportives américaines date de plus de 50 ans. Au final, c’est sous la pression des commanditaires, réticents à l’idée d’être associés à cette marque jugée raciste en plein mouvement pour le respect des droits des personnes racisées, que les Redskins ont été contraints à se plier aux demandes des Premières nations.

Bien que les Indians ne ressentent aucune pression de la part des sponsors et des partisans, le président, Mats Grauers, comprend « qu’il existe un lien qui est discutable » entre leur marque et celle des Redskins de Washington, « alors [ils doivent] faire comme tout le monde ». Grauers avoue qu’il s’attendait à ce que cette problématique soit étudiée un jour ou l’autre.

Si le Frölunda Hockey Club décide de retirer le concept de l’Amérindien de sa marque, dans un pays qui ne regroupe que 15 000 à 25 000 Samis, ces peuples autochtones de Scandinavie, il pourrait s’agir d’une flèche envoyée aux organisations sportives canadiennes qui continuent d’utiliser une imagerie stéréotypée, l’histoire du Canada étant entachée par la domination et l’assimilation de plus d’un million d’Autochtones. Alors que les Eskimos d’Edmonton, équipe de la LCF dont le nom est considéré offensant et péjoratif par les Inuits, consulteront, pour une deuxième fois cette année, les nations nordiques du Canada, les Cataractes de Shawinigan et les Warriors de Moose Jaw, qui évoluent tous les deux dans la Ligue canadienne de hockey (LCH), n’ont toujours pas émis de communiqués.

Jérémy Labrie

Ayant contribué à quelques médias sportifs amateurs au cours de son adolescence, Jérémy Labrie intègre, en 2017, l'option Médias du programme d'Arts, lettres et communication du Cégep Édouard-Montpetit avec une connaissance accrue du journalisme web. Maintenant étudiant en journalisme à l'Université du Québec à Montréal, il met son expérience au service du Club-École pour en faire une source d'information fiable et de qualité. Il a auparavant collaboré à deux reprises avec le pupitre sport du magazine étudiant L'Apostrophe. S'intéressant tout de même à la majorité des sports couverts par Le Club-École, il se spécialise dans le hockey et le basketball.

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