Manuelle Charbonneau : une sauveteuse remarquable

Manuelle a aussi pratiqué la gymnastique, la natation, l’athlétisme et le cross-country : son expérience en course et en nage est certainement l’un de ses plus grands atouts. Crédit photo : Société de sauvetage du Québec.

Et si je vous disais qu’il existe des compétitions de sauvetage ; vous le saviez déjà? « Le sauvetage sportif est un merveilleux sport, pas assez connu à mon goût », s’est exclamée Manuelle Charbonneau au moment où je lui ai demandé une entrevue pour Le Club-École.

L’athlète s’est tout de suite montré très enthousiaste à l’idée de faire découvrir son sport peu médiatisé au Québec au travers de son quotidien. Étudiante au collégial en sciences de la nature, Manuelle est intéressée par des domaines tels que la kinésiologie, la physiothérapie ou la nutrition. Non loin du sauvetage sportif, qui est le seul sport qui a pour vocation d’origine de secourir des individus, les champs d’intérêt professionnels de la Valdorienne regroupent l’activité physique et l’entraide.  

Pratiquant le sauvetage sportif depuis maintenant onze ans, Manuelle a découvert ce sport grâce à sa mère qui s’y était elle-même adonnée dans sa jeunesse. Lors d’une compétition à laquelle sa grande sœur participait, elle a été appelée à jouer la victime pour servir de cobaye aux sauveteurs. C’est au moment où elle se faisait secourir que son intérêt pour le sauvetage sportif s’est développé.

Ce sport évalue le jugement, la performance physique, les habiletés et les connaissances des sauveteurs. Les athlètes se mesurent à différentes épreuves qui mettent aux défis leurs compétences en situation d’urgence. « Le sauvetage sportif intègre des épreuves de natation, de course et d’embarcation. Pour atteindre les hauts objectifs qu’elle se fixe, [Manuelle] n’a pas peur d’y aller par tous les moyens », remarque Caroline Arcand, son entraîneuse depuis ses débuts. 

Atteindre les sommets

Aussi amatrice de crossfit, Manuelle s’illustre particulièrement à la course et à la nage. En sauvetage sportif, les compétiteurs sont soumis à trois volets distincts. Les volets techniques et physiques sont évalués en piscine, tandis que le volet plage, qui comprend le maniement des embarcations, a lieu à la saison estivale au Québec. En fonction des équipes, certaines axent leur entraînement sur les différents volets. Pour pouvoir acquérir un maximum d’aisance, Manuelle a l’habitude d’aller chercher l’aide qu’il lui faut pour s’améliorer.

S’entrainant d’ordinaire sur une eau relativement calme, elle est forcée de sortir de sa zone de confort, par exemple, lors du championnat canadien de 2019, où les vagues étaient si grandes qu’elles l’effrayaient. Crédit photo : Francis Charbonneau.

Chaque été, Manuelle passe une semaine parmi le club Rouville à Montréal, qui se spécialise en embarcation. En 2017, elle rejoint le club de natation Les Marsouins de Val-d’Or dans l’objectif d’améliorer ses performances en natation.

Elle est compétitive et déterminée à toujours atteindre les plus hauts sommets. 

Caroline Arcand, entraîneuse au club de sauvetage Dam’eauclès.

Aussi loin qu’elle se souvienne, Manuelle s’est toujours entraînée avec des garçons. Voyant que ses temps dépassaient largement ceux de ses compétitrices, sa coach Caroline Arcand du club de sauvetage sportif Dam’eauclès lui a proposé de se mesurer aux garçons. Depuis l’an passé, Manuelle rivalise à la nage dans les catégories masculines lors des compétitions régionales. « [Je préfère compétitionner] contre les gars, où je suis sûre d’avoir une bonne race ! », explique la sauveteuse qui cherche à s’améliorer et à réaliser ses meilleurs temps possibles. Caroline Arcand salue l’athlète complète qu’elle est devenue : « Déjà à [l’âge de huit ans], elle était très athlétique et se démarquait […] Elle est compétitive et déterminée à toujours atteindre les plus hauts sommets. »

Manuelle s’est démarquée à de nombreuses reprises à tous les niveaux de compétition (régional, provincial et international). Bien qu’elle en ait déjà beaucoup, elle considère que chacune de ces compétitions est une occasion pour elle de gagner de l’expérience. C’est dans cet esprit qu’elle est arrivée aux internationaux en Australie, il y a deux ans. À sa grande surprise, elle a grandement performé à l’épreuve de la corde et a battu le record mondial.

Elle confie, l’air timide et ahuri, qu’elle avait commencé à s’entraîner sérieusement pour cette épreuve que deux jours auparavant.    

L’épreuve de la corde est un défi qui demande une grande maîtrise de la technique, mais aussi une bonne partie de chance, selon Manuelle. Crédit photo : Francis Charbonneau.
Un avenir incertain

L’athlète déplore que le sauvetage sportif ne soit pas très développé au Québec. Ce ne sont pas toutes les villes qui ont une équipe dans laquelle les athlètes peuvent s’entrainer. Les études la pousseront à quitter sa ville dans les prochaines années. Manuelle est assurément nostalgique de devoir arrêter la compétition, mais voyait aussi les championnats internationaux de 2020 comme un bel évènement pour clore sa carrière. Malheureusement, la COVID-19 en a choisi autrement. La compétition qui devait avoir lieu en Italie a évidemment dû être annulée à la grande déception de plusieurs sauveteurs.

Manuelle a donc pris la décision de continuer les entraînements et vise un retour aux championnats canadiens l’an prochain. Étant bien entourée par sa famille, garder la motivation malgré la pandémie n’est pas un enjeu pour la sauveteuse qui adore s’entraîner. « Si ce n’était de mon corps qui se fatigue, je m’entraînerais tout le temps. Je pense que je m’entraînerais trois fois par jour, et c’est vraiment ça qui me motive… C’est aussi de voir les résultats, tu sais, juste de m’améliorer », raconte-t-elle.

Élise Fiola

Ayant grandi avec les matchs du Canadien de Montréal en trame sonore, Élise Fiola a toujours eu un timide intérêt pour le journalisme sportif. Aujourd'hui, elle se lance dans ce projet la tête première. Ayant pratiqué le flag football et la natation au cours de son secondaire, c'est à l'âge de 9 ans qu'elle a trouvé son sport de prédilection : le basketball. Démarquée par son esprit d'équipe, Élise est l'une des deux premières collaboratrices au Club-École. Étudiante au baccalauréat en journalisme à l'UQAM, elle a à cœur la place des femmes dans le monde du sport et tâchera de dépeindre ces enjeux féministes dans ses articles.

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