Saison 2024 de l’ATP : nos prédictions

Le premier Grand Chelem de l’année débutera le 14 janvier en Australie. Crédit photo : Relevant Tennis / X.

Après une courte saison morte d’un peu plus d’un mois, le circuit professionnel de tennis masculin a repris l’action vendredi dernier. Les bilans à peine publiés, l’heure est maintenant aux prédictions!

Un article d’Olivier Chênevert et Théo Cantin

Y aura-t-il un nouveau vainqueur en Grand Chelem?

Olivier :

Presque, mais non. Jannik Sinner, véritable héros national en Italie après sa spectaculaire fin de saison couronnée par le rapatriement d’une première Coupe Davis en près de 50 ans dans la Botte, aura tous les yeux rivés vers lui en 2024. Alors que plusieurs lui prédisent une première consécration en tournoi majeur lors de la prochaine saison, l’heure de Sinner ne sonnera pas encore. Cela ne sera que partie remise pour l’idole des Carota Boys, qui connaîtra sa véritable éclosion en 2025. À l’image de la dernière campagne, Novak Djokovic et Carlos Alcaraz se partageront les quatre tournois du Grand Chelem en 2024.

Jannik Sinner a fini la saison 2023 en force, mais son plus grand défi sera de gagner un Grand Chelem. Crédit photo : Compte X de Jannik Sinner

Théo :

Seulement deux joueurs qui n’ont pas encore gagné de Grand Chelem peuvent prétendre dès cette année aux grands honneurs : Holger Rune et Jannik Sinner. Si le côté physique de Rune ne s’améliore pas drastiquement, il est très difficile de le voir gagner un long match de cinq manches. Je ne le vois pas gagner un majeur dès cette année, bien que le talent soit là. De son côté, Sinner a connu une fin de saison absolument fantastique. Il semble avoir passé ce cap qui l’empêchait de battre les meilleurs dans les moments les plus importants. Mais est-ce que cette forme herculéenne continuera en 2024? Je pense que oui, mais pas assez pour remporter un Grand Chelem. Par contre, je serais surpris de ne pas le voir au moins une fois en finale.

Comment sera déroulera la saison de Rafael Nadal?

Rafael Nadal à l’entraînement en vue de la prochaine saison. Crédit photo : Compte Instagram de Rafael Nadal

Théo : La raison me dit ne pas trop en attendre de Rafael Nadal. Il n’a pas joué depuis presque un an, il aura 38 ans au cours de la saison et son corps peut lâcher à tout moment. Mais en même temps, n’a-t-il pas prouvé à maintes reprises qu’il rendait l’impossible possible? J’ai donc envie d’y croire. S’il peut amorcer la saison sur terre battue en santé et améliorer son niveau de tournoi en tournoi, Rafael Nadal peut gagner Roland-Garros. Il devra tout de même faire attention à ne pas surcharger son emploi du temps et laisser à son corps le temps de récupérer. Une blessure, une seule, et sa carrière est probablement finie.

Olivier : Le lauréat de 14 Roland-Garros restera fidèle à lui-même en 2024 : il se donnera corps et âme sur chaque point disputé. Sans retrouver sa forme des beaux jours, celui qu’on surnomme le taureau de Manacor, d’ailleurs bien loin de participer à son premier rodéo, parviendra à disposer aisément de ses adversaires lors des premiers tours des tournois qu’il disputera. Hélas, les choses se gâteront lorsque les tableaux rétréciront et que la qualité des adversaires augmentera. Une chose est toutefois certaine : chaque présence de Rafael Nadal sur un terrain de tennis en 2024 devra être savourée.

Qui terminera l’année au premier rang mondial?

Olivier : Novak Djokovic, qui soufflera ses 37 bougies en 2024, semble être tombé dans la fontaine de Jouvence, lui qui paraît encore dans la fleur de l’âge. Son palmarès en 2023, notamment garni de trois tournois du Grand Chelem et des Finales de l’ATP, en démontre la preuve. Même s’il sera bousculé à quelques reprises par Carlos Alcaraz lors de la prochaine saison, Djoko surfera sur 2024 en allant chercher une neuvième couronne de roi du tennis mondial pour conclure la saison. Une autre page du livre des records de ce sport lui appartiendra.

Alcaraz a fini l’année au premier rang mondial en 2022. Crédit photo : WeAreTennis / X.

Théo : Avec sa fin de saison plus compliquée, on tend à oublier le niveau de jeu du jeune espagnol. À Wimbledon, il a prouvé qu’il était le porte-étendard de la future génération. Sa fin de saison l’aidera justement à se remettre en question, se souvenir de cet appétit insatiable qui l’a mené à des sommets inimaginables pour un jeune homme de 20 ans. La clé pour lui est de mieux gérer son activité sur le circuit. En fin d’année, on le sentait épuisé et mentalement absent. Sa jeunesse ne l’oblige pas à jouer chaque semaine. En gérant mieux son corps, je n’ai aucun doute que Carlos Alcaraz terminera au premier échelon du classement de l’ATP. S’il décide d’autant jouer qu’en 2023, je serai tout de suite moins convaincu de cette prédiction.

Quel joueur progressera le plus?

Théo : Arthur Fils représente la nouvelle génération du tennis français. Avec son charisme et cette assurance presque arrogante sur le terrain, il est autant facile de l’aimer que de le détester. Ce qui ne fait aucun doute, c’est son immense talent. Si la saison 2023 a été pour lui une manière de se faire connaître à travers le circuit, la saison 2024 sera celle où les meilleurs joueurs auront peur de jouer contre lui. À seulement 19 ans, il a déjà un titre et deux victoires contre le top 10. Avec un bon tirage, je m’attends à le voir dans les quarts de finale d’un Grand Chelem. Classé 36e à l’aube de la prochaine saison, attendez-vous à le retrouver bien plus haut dans un an.

Jack Draper célébrant sa victoire au troisième tour de l’US Open, en septembre dernier. Crédit photo : Compte Instagram de Jack Draper

Olivier : Miné par diverses blessures malgré ses 22 ans, Jack Draper, qui s’est révélé à la planète tennis en 2022 à Montréal, pointe actuellement au 61e rang du classement mondial. Du haut de ses 6 pi 4 po et de son gabarit imposant, le jeune britannique a la capacité de dicter le rythme d’un match à l’aide de son tennis d’attaque dévastateur. Son quatrième tour à l’US Open en septembre dernier ainsi que ses victoires notoires contre Jannik Sinner, Stefanos Tsitsipas et Taylor Fritz démontrent l’étendue de son potentiel. Une percée signifiante vers de nouveaux sommets est à prévoir dans le cas d’une saison épargnée par les blessures.

Félix va-t-il rebondir?

Félix Auger-Aliassime en action à Madrid. Crédit photo : Compte Instagram de Félix Auger-Aliassime.

Olivier : Celui ayant exprimé le souhait que la saison 2023 ne soit qu’une « parenthèse » une fois sa carrière pliée aura toujours ses détracteurs. Or, Félix Auger-Aliassime, qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, n’appartient pas à la 29e place de l’échiquier mondial de l’ATP, qu’il occupe présentement. Reste à voir quelle version de lui-même foulera les terrains des plus grands tournois en 2024. La défense de son titre à Bâle, où le natif de Montréal a retrouvé ses repères en dictant le jeu avec son service et son coup droit, semble prometteuse. Un retour au sommet du Québécois devra inévitablement passer par une variation dans ses schémas tactiques, à l’image des Alcaraz, Sinner et Rune de ce monde. Les performances de Félix en 2024 excéderont celles de la précédente saison, sans toutefois lui permettre de regagner son statut de joueur cognant à la porte du top 5. Il conclura l’année à la 12e place mondiale.

Théo : Félix Auger-Aliassime a un très bon service. Son coup droit n’est pas exceptionnel, son revers varie de moyen à mauvais et le statut de son équipe n’est pas très clair. Il a décidé de rester avec son entraîneur de longue date, Frédéric Fontang. Et Toni Nadal? Auger-Aliassime a déclaré vouloir que « sa présence soit plus constante [en 2024]. » Avec des bases similaires à 2023, l’année catastrophique qu’il a connu semble vouée à se répéter. Il faudra espérer que les blessures l’impactent moins et que son jeu s’est sérieusement amélioré durant l’entre-saison. La Coupe United pourrait donner un bon indicateur de son niveau, mais je ne suis pas très optimiste. Espérons que je me trompe puisque voir un Québécois au sommet du tennis international est fantastique.

Qui gagnera la médaille d’or aux J.O.? 

Théo : Cette année, le tournoi pour gagner la fameuse médaille d’or sera joué dans le jardin de Rafael Nadal, c’est-à-dire Roland-Garros. Novak Djokovic cherche depuis toujours cette médaille. C’est le seul titre qui lui a toujours échappé. Il arrivera aux Jeux olympiques avec une faim immense, aussi grande que la pression qu’il ressentira à chaque match. Sauf surprise, ce sera sa dernière chance de gagner l’or olympique. Mais dans un format au meilleur de trois manches, n’importe qui peut se faire surprendre. La nouvelle génération des Alcaraz, Sinner et Rune aura pour la première fois une chance de faire briller leur pays dans cette compétition. Toutefois, je pense que Nadal réussira à mettre la main pour une deuxième fois dans sa carrière sur la médaille d’or en simple.

Holger Rune à l’entraînement, à Paris. Crédit photo : Compte Instagram d’Holger Rune

Olivier : Alors que Novak Djokovic et Carlos Alcaraz, suivis de près par Jannik Sinner et Daniil Medvedev, se livreront une lutte sans merci pour les quatre tournois majeurs, un joueur sortira de l’ombre et jouera les trouble-fêtes dans la capitale française à l’occasion des Jeux olympiques. Holger Rune, 20 ans, huitième joueur mondial, possède tous les outils afin de devenir un grand de sa génération. Il pourra bénéficier en 2024 d’une équipe notamment composée de Boris Becker, légende du tennis allemand et ancien entraîneur de Novak Djokovic pendant trois ans, ainsi que de Severin Lüthi, mentor de longue date de Roger Federer. Le jeune danois, qui carbure aux affrontements contre les meilleurs, empêchera Novak Djokovic de s’emparer du dernier accomplissement manquant à sa légende : l’or olympique.

Qui seront les vainqueurs des quatre tournois du Grand Chelem?

Olivier :

Open d’Australie : Qui dit Australie dit inévitablement Novak Djokovic. Invaincu à Melbourne depuis 2019, le Serbe remportera un onzième sacre dans le tournoi où il a le plus brillé au fil de sa carrière, lui qui jouera à nouveau avec la motivation supplémentaire de clouer le bec du gouvernement australien, qui a refusé sa participation en 2022, dû à son statut vaccinal.

Roland-Garros : Un Espagnol soulèvera la Coupe des Mousquetaires. Une évidence depuis près de deux décennies, direz-vous. Certes, ce ne sera pas pour une quinzième fois, mais bien pour une toute première. Carlos Alcaraz s’imposera à Paris.

Wimbledon : Le revanchard Novak Djokovic, qui n’a fort probablement pas encore digéré sa défaite aux mains de Carlos Alcaraz au All England Club lors de l’édition précédente, arrivera gonfler à bloc sur le gazon londonien et triomphera pour huitième fois à Wimbledon, égalant le record d’un certain Roger Federer.

US Open : La frénésie entourant le Grand Chelem new-yorkais concorde parfaitement avec le jeu de Carlos Alcaraz, qui ne cesse de défier l’imaginaire des foules à travers le monde. Carlitos carburera aux clameurs du public américain et se frayera un chemin vers une deuxième couronne au US Open, à seulement 21 ans.

Le dernier Grand Chelem de l’année se jouera à New York. Crédit photo : Théo Cantin

Théo :

Open d’Australie : Il est dur de prédire la victoire d’un autre joueur que le Serbe dans le Grand Chelem ou il a été, au cours de sa carrière, le plus décoré. Carlos Alcaraz va souffrir dans les moments les plus tendus de l’absence de son entraîneur Juan Carlos Ferrero, opéré à la hanche.

Roland-Garros : Si Rafael Nadal revient à la compétition, ce n’est pas pour être figurant. Tout son horaire sera fait pour qu’il atteigne son meilleur niveau à Roland-Garros. Et s’il atteint ce niveau, personne ne pourra l’empêcher de gagner son 15e titre sur les terres parisiennes. 

Wimbledon : À la surprise générale, Carlos Alcaraz a prouvé qu’il savait aussi bien jouer sur gazon que n’importe quel autre joueur. Son jeu explosif, précis et si intelligent, lui permettra de gagner ce titre à nouveau, auquel il rêvait étant petit.

US Open : Après la mésaventure Medvedev, Carlos Alcaraz va revenir plus fort que jamais pour gagner son deuxième titre à New York. Ce titre et tous ceux qu’il raflera au cours de l’année lui permettront de finir l’année comme numéro un mondial, juste devant Novak Djokovic.

Le Club-École

Le Club-École est un organe de presse coopérative fondé par un groupe de sept étudiants au baccalauréat en journalisme de l’Université du Québec à Montréal. Son objectif est simple : transmettre la passion sportive en présentant des projets journalistiques de qualité par le biais d’une plateforme web multi-médiatique.

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