Un skieur au grand cœur

Antoine Nicol en compétition de ski de fond. Photo : Courtoisie.

Fondeur depuis plus de dix ans, détenteur de podiums en championnats provinciaux et nationaux, Antoine Nicol est familier à la haute performance et aux impacts que celle-ci peut avoir sur son corps. Pour lui, le sport, c’est avant tout des moments en famille et entre amis. C’est ce qui l’anime, le passionne, lui permet de garder le cap. Si le sport est au cœur de sa vie, il aurait aussi pu causer sa mort. Pris en charge à temps, Antoine a choisi de redonner à ceux « qui [lui] ont sauvé la vie ».

Le 20 juin dernier, l’athlète de 17 ans, qui a subi une chirurgie à cœur ouvert il y a un peu moins d’un an, a participé au défi Je bouge pour Sainte-Justine, ayant pour but de récolter de l’argent pour le fonds d’urgence de l’hôpital pour enfants, plus essentiel que jamais en temps de pandémie. « En l’honneur de tous ces enfants comme [lui] qui ont combattu la maladie et à ceux qui la combattront dans le futur et continuent de la combattre jour après jour », Nicol a fait fi de la canicule et s’est livré à un parcours de 17 km à pied et 64 km à vélo.

Jamais, le Laurentien ne s’attendait à une réponse aussi positive du public. L’objectif initial de sa collecte de fonds était 1000$, un nombre qu’il a dû réajuster à 2000$, vu la grande générosité de ses donateurs. Au moment d’écrire ces lignes, Antoine Nicol a amassé 2660$ pour l’hôpital Sainte-Justine.

Une coïncidence salvatrice

Finissant du secondaire, Antoine Nicol a passé les cinq dernières années au sein du programme sport-études de la polyvalente Saint-Jérôme. Au printemps 2018, lui et ses camarades de classe prennent part à l’essai d’un nouvel appareil d’échographie que vient alors d’acquérir la clinique sportive affiliée à son école. Habitué de pousser son corps aux limites de ses capacités, l’adolescent ne peut se douter que cette activité va chambouler sa vie. Lorsque la clinique l’appelle quelques mois plus tard pour planifier un rendez-vous avec un cardiologue, il est frappé d’une incompréhension, mais garde son calme. Quand le spécialiste des maladies du cœur l’envoie passer des examens à l’hôpital Sainte-Justine, il n’est pas plus inquiet. « J’avais déjà fait une autre échographie cardiaque quand j’avais six ans. Tout était beau », explique-t-il par visioconférence.

Pourtant, le 6 février 2019, au lendemain d’une troisième place aux championnats canadiens de l’Est, son plus grand exploit en ski de fond, le diagnostic tombe : Antoine est atteint d’une anomalie congénitale de l’artère coronaire droite. À l’effort, celle-ci est comprimée et peine à transporter l’oxygène jusqu’à son cœur, qui présente ainsi des signes d’ischémie myocardique. Chez les athlètes, comme lui, cette malformation très rare expose à un risque élevé de mort subite. « [Les docteurs de Sainte-Justine] ne comprenaient pas parce qu’il n’y avait aucun indice que quelque chose n’allait pas bien », laisse-t-il savoir, avouant n’avoir jamais ressenti de symptômes en compétition.

D’habitude, mon problème, ils le trouvent à l’autopsie.

Antoine Nicol, à propos de son anomalie cardiaque congénitale.
Le sport comme point d’ancrage

Le 29 juillet 2019, Antoine Nicol passe donc sous le bistouri, afin de réimplanter son artère coronaire droite, qui prend alors sa source dans le sinus opposé. Content d’en arriver au terme de ce passage difficile de sa vie, il voit la chirurgie d’un bon œil. Confronté à un rétablissement douloureux, le sport l’aide à garder espoir. Nicol glane dans ses souvenirs pour ne pas se laisser abattre.

« Lorsque je me réveillais en pleine nuit en douleurs à l’hôpital avec deux tuyaux rentrés dans la poitrine, un thorax scié en deux et des fils pleins le corps, je pensais à mes amis, à ces courses et ces beaux moments qui m’attendaient dans quelques mois », peut-on lire, dans la description de sa collecte de fonds. Ces beaux moments, ils les a retrouvés l’hiver dernier, après avoir passé une partie de l’année à part, ne pouvant faire le moindre effort.

Un an après le diagnostic de son anomalie cardiaque, Antoine a effectué un retour à la compétition. Malgré des performances en-deçà de ses habitudes, le jeune homme est fier de ce qu’il a accompli au cours de sa dernière saison de ski de fond, qui lui a valu une bourse du Fonds de l’athlète des Laurentides. Il entrevoit maintenant la prochaine saison, ayant finalement retrouvé sa forme d’antan.

Antoine Nicol a subi une chirurgie à cœur ouvert à l’Institut de cardiologie de Montréal, le 29 juillet 2019. Photo : Courtoisie.

Antoine Nicol se considère chanceux de pouvoir bouger comme avant. Par son acharnement et sa persévérance, il souhaite offrir cette providence aux autres. Il pourrait même y consacrer sa vie. Ne pouvant assurer qu’il tentera sa chance comme fondeur professionnel, il débutera, l’automne prochain, des études en sciences de la nature, étant très intéressé par la médecine sportive. Antoine, qui espère une hausse du dépistage des problèmes de santé comme le sien chez les athlètes de haut niveau, aimerait faire partie de la solution.


Vous pouvez soutenir la cause d’Antoine Nicol en cliquant ici.

Jérémy Labrie

Ayant contribué à quelques médias sportifs amateurs au cours de son adolescence, Jérémy Labrie intègre, en 2017, l'option Médias du programme d'Arts, lettres et communication du Cégep Édouard-Montpetit avec une connaissance accrue du journalisme web. Maintenant étudiant en journalisme à l'Université du Québec à Montréal, il met son expérience au service du Club-École pour en faire une source d'information fiable et de qualité. Il a auparavant collaboré à deux reprises avec le pupitre sport du magazine étudiant L'Apostrophe. S'intéressant tout de même à la majorité des sports couverts par Le Club-École, il se spécialise dans le hockey et le basketball.

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