Coupe du monde : le Canada peut sortir du groupe F

Contrairement aux femmes, l’équipe nationale masculine a historiquement peu de succès au soccer. Il ne s’agira que de leur deuxième Coupe du monde.
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La Belgique est une l’une des meilleures nations au monde, la Croatie s’est rendue jusqu’en finale en 2018 et le Maroc monte en puissance en Afrique. Pourtant, à 10 jours de la compétition, le Canada croit en ses chances avec une équipe au potentiel énorme. Ce sera toutefois extrêmement compliqué, considérant la qualité des équipes qu’ils affronteront.

Canada

La Coupe du monde pour les Canadiens, ce n’est pas un territoire connu (du côté masculin, du moins). En effet, le Canada a pris part à ce tournoi qu’une seule fois dans son histoire et cela remonte à 1986. Ainsi, 36 ans plus tard, les Canucks (pas l’équipe de hockey de Vancouver, mais bien le surnom de la sélection) héritent d’un groupe extrêmement complexe, chacun de ses opposants pouvant s’avérer très dangereux. Ceci dit, ils doivent avoir confiance en leurs propres qualités, eux qui ont terminé au sommet du classement CONCACAF lors des qualifications pour ce Mondial.

Or, un scénario catastrophique s’est présenté aux partisans canadiens samedi dernier. Le joueur étoile de la sélection, Alphonso Davies (22 ans), est sorti du terrain en raison d’une déchirure à la cuisse, dans un match qu’il disputait avec son club, le Bayern Munich. Toutefois, il semble qu’il y ait plus de peur que de mal pour le Canada, puisque la participation de Davies à la Coupe du monde n’est pas compromise.

Une grosse incertitude demeure tout de même dans son cas. Sera-t-il à 100% le 23 novembre lors du premier match contre la Belgique? S’il n’est pas bien guéri, il pourrait empirer l’état de sa cuisse et ainsi être indisponible pour de bon. Une telle situation serait un cauchemar pour l’Unifolié, car Davies est un joueur essentiel à l’effectif canadien, non seulement en raison de son talent, mais aussi du type de jeu de la sélection. Effectivement, grâce à sa rapidité et son explosivité exceptionnelle, il est extrêmement utile en contre-attaque ainsi que lors des pertes de ballon adverse. D’ailleurs, avec la sélection nationale, il est utilisé plus haut sur le flanc gauche pour exercer de plus grandes responsabilités offensives.

C’est là-dessus que le Canada doit miser alors qu’il fera face à de grosses pointures comme la Belgique et la Croatie (et même le Maroc qui n’est pas en reste). Il faudra probablement s’attendre à ce que ces grandes nations contrôlent le ballon plus souvent que les Canadiens. Ces derniers pourraient donc tenter d’absorber les attaques adverses, de plier sans encaisser, pour ensuite frapper avec vitesse en contre-attaque. Il sera intéressant de voir si ce sera une stratégie employée par le sélectionneur John Herdman.

Des joueurs comme Davies, mais aussi Sam Adekugbe (27 ans – arrière gauche – Hatayspor), Tajon Buchanan (23 ans – ailier – Club Bruges) et Jonathan David (22 ans – avant-centre – Lille) ont aussi d’excellents profils pour une stratégie de la sorte. Parlant de ce dernier, il brûle absolument tout dans le championnat français, lui qui comptabilise 9 buts et 3 passes décisives en 14 rencontres de Ligue 1 Uber Eats. Mine de rien, ses neuf buts le place au troisième rang des buteurs de France, derrière Kylian Mbappé et Neymar (11), ce qui n’est pas peu dire. Avec le Canada, David a également été fumant lors des qualifications CONCACAF pour le Mondial. En effet, il a enregistré 9 buts et 5 passes décisives en 18 parties. Son immense talent et sa formidable capacité de finition sont indéniables. Il a aussi su se montrer très disponible et a développé une chimie avec ses coéquipiers lors des qualifications, mais ce sera plus compliqué à reproduire contre de meilleures équipes et surtout, de meilleures défenses.

Avec Alphonso Davies qui ne sera probablement pas en parfaite santé, beaucoup de poids repose sur les épaules de David. Il représente le noyau de l’attaque canadienne et doit donc performer conformément aux attentes. Si Jonathan David ne marque pas de buts, il y a peu de chances que le tournoi se déroule bien pour les Canadiens. Dépendamment du système de jeu choisi par Herdman, Cyle Larin (27 ans – Club Bruges) ou Lucas Cavallini (29 ans – Whitecaps de Vancouver) pourraient être titularisés en avant. Le jeune et flamboyant Tajon Buchanan (23 ans – Club Bruges) ainsi que l’expérimenté Junior Hoilett (32 ans – Reading FC) peuvent aussi amener créativité et variété en attaque.

Le milieu de terrain canadien est décent sans être extrêmement convaincant. Stephen Eustáquio (25 ans – FC Porto) sera la pièce maîtresse de l’entrejeu. Il se porte bien en Europe avec le FC Porto et représente une valeur sûre pour John Herdman en sélection grâce à ses forces techniques. Les autres éléments du milieu sont encore incertains. Jonathan Osorio (30 ans – Toronto FC) devrait être une option privilégiée par le sélectionneur. Celui-ci a connu une excellente saison ponctuée de 9 buts et 4 passes décisives en 23 matchs avec Toronto, lui qui possède un bon profil pour relancer et soutenir l’offensive.

Le vétéran de longue date, Atiba Hutchinson (39 ans – Beşiktaş JK), détient-il encore un niveau de jeu acceptable pour obtenir des minutes en Coupe du monde? La réponse pourrait être négative et à ce moment-là, les deux représentants du CF Montréal, Samuel Piette (27 ans) et Ismaël Koné (20 ans) s’avèrent des options très envisageables. Piette pour sa solidité défensive notamment, tandis que Koné sera plutôt utilisé pour sa qualité de distribution et son appui offensif. Le capitaine du CF Montréal a de meilleures chances d’être titularisé cependant, puisque Herdman semble préférer Koné en tant que remplaçant. Mark-Anthony Kaye (27 ans – Toronto FC) pourrait aussi obtenir du temps de jeu.

La plus grosse faille de l’effectif canadien est sans doute la défense. Certes, le défenseur du CF Montréal, Kamal Miller (27 ans), a connu une bonne campagne, étant même invité au Match des étoiles de la MLS. Le plus gros problème dans cette défense se nomme probablement Steven Vitória (35 ans – GD Chaves). Sans rien enlever à ce grand arrière central, il n’est plus dans la fleur de l’âge. Il a tout de même connu une illustre carrière au Portugal, passant par Porto et Benfica entre autres avant de rejoindre Chaves. Maintenant âgé de 35 ans, Vitória aura certainement de la difficulté contre les bonnes attaques que sont la Belgique ou le Maroc (Lukaku, Ziyech, De Bruyne, etc.). Effectivement, si les vagues d’attaque se perpétuent trop rapidement et que les milieux canadiens ne sont pas en mesure de les contenir, ce sera beaucoup à gérer pour le défenseur central, qui manque de rapidité et de vivacité.

Un autre joueur du CF Montréal complétera la charnière centrale à trois; d’Alistair Johnston, qui a lui aussi disputé une formidable saison. Auteur de 4 buts et 4 passes décisives en MLS cette saison en tant que défenseur latéral droit, Johnston a prouvé son efficacité offensive. Or, il siègera au poste de défenseur central droit au sein de la défense canadienne. Un rôle différent auquel il est peu habitué, ce qui pourrait s’avérer problématique. Les latéraux Richie Laryea et Sam Adekugbe sont aussi connus plus pour leurs habiletés défensives qu’offensives. Il est alors facile de conclure que les plus grosses lacunes des Canucks sont à l’arrière. Pour ce qui est de la position de gardien de but, Milan Borjan (35 ans – Belgrade) est capable de miracles comme de catastrophes. Étant donné la blessure de Maxime Crépeau en finale de la Coupe MLS (28 ans – Los Angeles FC), Borjan sera certainement le gardien partant pour le Canada.

Le premier match du 23 novembre contre la Belgique sera extrêmement complexe. La victoire et même le nul seront très compliqués pour l’Unifolié face aux Belges. Quoique l’attaque canadienne pourrait faire des dommages face à la défense vieillissante des Diables rouges. Reste que les meilleures opportunités pour les Canadiens se dérouleront le 27 novembre et le 1er décembre, face à la Croatie et le Maroc respectivement. Les Croates ont perdu de leur superbe, malgré leur finale de 2018. C’est pourquoi il y a des points à aller chercher contre ceux-ci. Pour ce qui est du Maroc, ils ressemblent au Canada dans la mesure où les deux sont des équipes qui montent en puissance. Le match du 1er décembre constitue possiblement la plus grande chance de victoire de nos représentants. Si ceux-ci n’obtiennent pas de points contre les Marocains, les huitièmes de finale seront probablement hors de portée.

Les partisans canadiens se doivent d’être optimistes et ambitieux, car la sélection canadienne peut véritablement sortir du groupe F. Néanmoins, si l’on étudie réalistiquement les effectifs de toutes les formations de ce groupe, celui du Canada semble être le moins talentueux et profond sur papier, même si ce n’est pas par une grande marge. Malgré cela, tout se joue sur le terrain comme le dit le dicton. Le Canada jouera deux matchs préparatoires le 11 et le 17 novembre et dévoilera son alignement final le 13 novembre. Outre Miller, Piette, Johnston et Koné, le CF Montréal comptabilise quatre autres représentants présents dans la formation canadienne en vue des matchs préparatoires, pour un total de huit. Il s’agit de Joël Waterman, Mathieu Choinière, Zachary Brault-Guillard et James Pantemis.

Classement FIFA actuel : 41e

Joueur à surveiller : Jonathan David

Belgique

La Belgique est deuxième au classement FIFA et ce n’est pas pour rien. Elle a terminé en troisième place lors de la Coupe du monde 2018 et compte des joueurs de très grande qualité dans leurs rangs. Or, les Diables rouges ne se sont pas vraiment améliorés depuis ce dernier Mondial. En effet, cette génération dorée dont on vend les mérites depuis plusieurs années semble s’éteindre peu à peu, sans être parvenue à remporter quoi que ce soit. Cette Coupe du monde est l’une des dernières réelles occasions de remporter un titre avec le noyau actuel pour la Belgique.

Les Belges peuvent compter sur des talents générationnels comme Kevin De Bruyne (31 ans – Manchester City) et Thibaut Courtois (30 ans – Real Madrid). De Bruyne est considéré parmi les meilleurs milieux de terrain au monde depuis plusieurs années, si ce n’est le meilleur. Il possède un arsenal d’attributs phénoménal. Il peut marquer de loin grâce à de fantastiques frappes sèches, certains se rappellent peut-être son but face au Brésil lors des quarts de finale en 2018. Il est également capable d’effectuer des actions défensives efficaces. Mais son habileté la plus redoutée est sa qualité de passes et de centres. Que ce soit un ballon derrière les défenseurs, un centre enroulé ou une passe clé qui brise une ligne adverse, De Bruyne excelle.

En effet, depuis son arrivée à Manchester City en 2015, il cumule 134 passes décisives en 335 matchs auxquels on ajoute 89 buts toutes compétitions confondues. Avec la Belgique, il compte 14 buts et 23 aides en 46 parties lors des compétitions européennes ou internationales. Bref, des statistiques hallucinantes qui lui confèrent incontestablement une place parmi les meilleurs joueurs de la période actuelle. De plus, De Bruyne termine dans le top 20 du Ballon d’or depuis 2015, avec une troisième place en 2022, une huitième place en 2021 et une neuvième place en 2018. Si tout ceci ne vous convainc toujours pas que De Bruyne est un joueur époustouflant, rien ne le fera.

En ce qui concerne le portier, Thibaut Courtois, il est lui aussi considéré comme l’un des meilleurs joueurs à son poste présentement. Récipiendaire du trophée Yashin 2022 (remis au meilleur gardien de l’année), Courtois a eu du succès partout où il est passé. Que ce soit avec l’Atlético de Madrid, Chelsea, le Real (depuis 2018) ou la Belgique, Courtois a dominé. Il vient de remporter sa première Ligue des Champions, ayant été sensationnel face à Liverpool lors de la finale. Si ce n’était pas de lui, probablement que les Reds repartaient avec le titre. Un peu comme lors de la dernière Coupe du monde en Russie où il avait été un véritable mur, remportant le Gant d’or (meilleur gardien de la compétition). Les Brésiliens se remémorent douloureusement ses magnifiques parades lors des quarts de finale. Le cerbère madrilène a également terminé 7e au Ballon d’or 2022 et 14e lors de l’édition de 2018. Bref, De Bruyne et Courtois seront les piliers de ces Diables rouges. Si l’un des deux ne se présente pas, les choses pourraient mal tourner chez les Belges.

Le reste de l’effectif belge comporte des forces tout comme des interrogations. En attaque, le cas de Romelu Lukaku est très incertain. Blessé depuis le début de la saison, l’attaquant de bon gabarit a tenté un retour au jeu avec l’inter Milan récemment qui s’est traduit en échec. Effectivement, le Belge s’est blessé à nouveau et manquera la première confrontation face au Canada. Une bonne nouvelle pour ces derniers et une très mauvaise pour les Diables rouges.

De plus, la Belgique ne possède pas d’autre avant-centre naturel de premier plan. La santé de Lukaku sera donc un enjeu immense pour ceux-ci. Leandro Trossard (27 ans – Brighton), Michy Batshuayi (29 ans – Fenerbahçe) et Dries Mertens (35 ans – Galatasaray) sont des possibilités à l’avant. Trossard et Batshuayi ont de bonnes saisons dans leurs clubs respectifs, ce qui est tout le contraire de Mertens qui semble avoir perdu ses repères depuis son arrivée en Turquie. Une autre grosse interrogation est celle de Eden Hazard. Il était au sommet de sa forme il y a quatre ans lors du Mondial en Russie, mais il n’est plus le même aujourd’hui. Depuis son arrivée au Real Madrid en 2019, Hazard s’est promené entre blessures et performances décevantes. Ceci dit, dans un environnement différent avec la Belgique, il pourrait peut-être retrouver quelques bribes de son jeu de l’époque.

Le milieu de terrain belge se porte très bien. Avec De Bruyne en tête de liste, on y ajoute notamment le polyvalent Youri Tielemans (25 ans – Leicester), le dangereux Yannick Carrasco (29 ans – Atlético de Madrid), l’éternel Axel Witsel (33 ans – Atlético Madrid) et le talentueux (ainsi que frère d’Eden) Thorgan Hazard (29 ans – Dortmund). Donc, un milieu de terrain comportant une impressionnante profondeur et une variété de possibilités. Il est difficile de deviner quels seront les choix du sélectionneur, Roberto Martínez (et de son adjoint Thierry Henry), pour les postes de titulaires en compagnie de De Bruyne. Si l’on se fie aux derniers matchs de la sélection, Witsel, Tielemans et Carrasco auraient l’avantage.

Comme pour les Canadiens, la défense constitue le plus gros point d’interrogation des Belges. On y retrouve plusieurs joueurs vieillissants et d’autres qui ne sont pas nécessairement convaincants. Sur les flancs, Timothy Castagne (26 ans – Leicester) et Thomas Meunier (31 ans – Dortmund) semble être les options les plus logiques, même si ce dernier est capable du meilleur comme du pire. C’est dans la charnière centrale que ça se corse : Martínez penchera-t-il pour les expérimentés Jan Vertonghen (35 ans – Anderlecht) et Toby Alderweireld (33 ans – Antwerp) ? Ils étaient des piliers de l’effectif en 2018, mais leur niveau a grandement baissé depuis ce temps. Ils sont vieillissants, c’est pourquoi le sélectionneur optera peut-être plutôt pour Leander Dendoncker (27 ans – Aston Villa) et/ou Arthur Theate (22 ans – Rennes). Ils sont plus jeunes, plus vifs, alors peut-être que ce serait un choix plus juste face à des offensives explosives comme le Canada ou le Maroc. La défense de la Belgique est clairement leur plus grande faiblesse, elle n’accote pas celle des autres grandes nations.

Les aspirations belges sont grandes, ils visent minimalement le carré d’as. Mais la route sera très longue et ardue, surtout avec la possible absence (totale ou partielle) de Romelu Lukaku. En trônant au deuxième rang du classement FIFA, on peut penser qu’ils sortiront aisément de leur groupe, alors que ce sera probablement tout le contraire. La Croatie, le Maroc et le Canada sont tous des adversaires dangereux possédant des éléments pouvant être très nuisibles. Les grands Kevin De Bruyne et Thibaut Courtois devront se lever et peut-être assisterons-nous à la résurgence d’Eden Hazard, pourquoi pas?

Classement FIFA actuel : 2e

Joueur à surveiller : Kevin De Bruyne

Croatie

Quelle surprise, quel parcours, quelle histoire que fut celle de la Croatie en Russie lors de cette fameuse Coupe du monde 2018. Après avoir battu le Danemark et l’Angleterre entre autres, ils étaient parvenus en finale de cette très prestigieuse compétition. S’inclinant 4 à 2 contre la France lors de celle-ci, les Croates n’ont pas à être déçus de leur performance, mais doivent plutôt être fiers de cet accomplissement historique. Cependant, quatre longues années ont passé et cette équipe a vieilli. Luka Modrić (37 ans – Real Madrid), capitaine de la sélection, ne semble pas être touché par ce phénomène biologique. Or, le reste de l’équipe, oui et cela engendre un besoin de renouveau, de jeunesse. Malheureusement pour eux, la Croatie ne semble pas s’être renouvelée assez, ce qui entraîne une formation diminuée, détenant moins de ressources qu’en 2018.

Le manque de profondeur ne s’applique pas à toutes les positions cependant, car le milieu de terrain est extrêmement solide. Récipiendaire du Ballon d’or 2018 grâce au triomphe en Ligue des Champions avec le Real Madrid et la finale du Mondial, Modrić est un athlète exceptionnel. Même à 37 ans, il ne ralentit pas. Il est encore considéré comme l’un des meilleurs à son poste. Celui-ci peut remplir n’importe quelle fonction dans l’entrejeu. Il peut à la fois appuyer l’attaque dans un poste offensif et patrouiller devant la défense. Passes courtes, passes longues, centres, tir, contrôle de ballon, endurance, il excelle dans tous ces aspects du jeu. Il figure dans l’élite pour ce qui est de la vision de jeu et les qualités de relayeurs.

Or, Modrić n’est pas le seul cador de ce milieu de terrain. Il est accompagné par ses compères Marcelo Brozović (29 ans – Inter Milan) et Mateo Kovačić (28 ans – Chelsea). Deux milieux de terrain remplis de qualité, qui apportent leurs propres forces. Les deux se complètent bien et forment un trio axial d’enfer avec Modrić. De son côté, Brozović trouve sa place devant la défense en étant chargé de la récupération et de la transition vers l’avant. Pour ce qui est de Kovačić, il possède un penchant plus offensif qu’il a déjà démontré avec Chelsea. À cet incroyable trio, on ajoute Mario Pašalić (27 ans – Atalanta Bergame) et Nikola Vlašić (25 ans – Torino) qui apportent également une touche plus offensive. La grande force de la Croatie se trouve donc clairement au milieu, ce qui leur permet d’employer un système de jeu axé sur la possession de balle, un peu comme la Belgique.

Les lacunes de cette équipe croate se trouvent surtout en attaque et en défense. Tout comme la défense belge, celle des Vatreni est plutôt vieillissante dans l’ensemble. L’ancien de Liverpool, Dejan Lovren (33 ans – Saint-Pétersbourg) et Domagoj Vida (33 ans – Athènes), qui avaient bien performé en 2018, ne sont plus au même calibre. Le sélectionneur Zlatko Dalić affirme cependant qu’ils sont en forme. Il y a toutefois une exception dans les rangs croates, il s’agit du jeune prodige, Joško Gvardiol (20 ans – Leipzig). Celui-ci est déjà dominant en Bundesliga et pourrait très bien hériter d’un poste de titulaire en charnière centrale. Un autre jeune espoir, Josip Stanišić (22 ans – Bayern Munich), pourrait obtenir des minutes dans le but de rajeunir cette défense. Dans les cages, Dominik Livaković (27 ans – Dinamo Zagreb) n’a pas du tout la même incidence sur un match que Courtois. Un autre aspect qui favorisera la Belgique lors de la rencontre du 1er décembre.

L’attaque des Vatreni constitue une autre faiblesse de leur effectif. C’est vraiment à cette position que le manque de renouveau se fait le plus ressentir. L’un des héros croates de 2018, Ivan Perišić (33 ans – Tottenham), ne connait pas une saison satisfaisante avec les Spurs, lui qui n’a toujours pas trouvé le fond du filet en Angleterre. Outre Andrej Kramarić (31 ans – Hoffenheim), il n’y a pas beaucoup d’autres options pour la Croatie en attaque, qui risque d’être anémique. Le sélectionneur Zlatko Dalić devra sortir de son chapeau les mêmes lapins qu’en 2018.

Même s’ils peuvent compter sur les prouesses et le leadership de l’admirable Luka Modrić, les Croates auront beaucoup de difficulté à répéter leurs exploits de la dernière Coupe du monde en Russie. L’attaque devra certainement se trouver un héros inattendu et la défense devra tenir le coup contre les bonnes attaques que possède chaque équipe du groupe. Autant la Belgique que le Canada ou le Maroc seront des défis en leur genre pour les Vatreni. La stratégie de ceux-ci consistera à garder le ballon le plus possible grâce aux individualités de leurs milieux de terrain. Or, la possession du ballon ne garantit absolument rien au soccer.

Classement FIFA actuel : 12e

Joueur à surveiller : Luka Modrić

Maroc

Tout comme le Sénégal dans le groupe A, le Maroc fait partie des nations africaines qui insufflent le plus d’espoir aux partisans de ce grand continent. De ce fait, les attentes semblent adéquatement élevées, car le Maroc détient une formation très talentueuse. On parle beaucoup des géants européens, mais on oublie souvent les sélections sous-estimées d’Afrique. Or, le groupe F ne correspond pas à un tirage avantageux pour les Marocains. Les compétitions des dernières années n’ont pas été plaisantes pour ceux-ci, notamment en raison des conflits à l’interne.

En effet, l’ancien sélectionneur des Lions de l’Atlas entre 2016 et 2019, Hervé Renard, entretenait plusieurs divergences avec certains joueurs de la sélection. En fait, il refusait tout simplement de sélectionner certains d’entre eux, en raison de problèmes d’attitude et de chicanes internes. Ce fut le cas d’Hakim Ziyech (29 ans – Chelsea) notamment, l’un des joueurs les plus talentueux de l’effectif marocain, celui-ci n’étant tout simplement pas convoqué par Renard lors du Mondial 2018. Lors d’une entrevue réalisée en avril 2019, Renard affirme que le conflit avec Ziyech est de sa faute (Renard), qu’il s’agissait d’un « manque de communication ». Malgré les tensions, le séjour d’Hervé Renard a tout de même été bénéfique pour le Maroc, qui a pu développer les dimensions tactiques et techniques ainsi que la cohésion d’équipe. Tout est maintenant entre les mains du sélectionneur actuel, Walid Regragui, lui-même marocain.

Aucune chicane interne ne semble se profiler avec lui, ce qui lui permet de jongler librement avec l’intéressant bassin de talent dont dispose le Maroc. Regragui bénéficie réellement d’une équipe électrisante. À commencer par les latéraux qui sont parmi les joueurs les plus importants de cet effectif. D’abord, le très dynamique, Achraf Hakimi (24 ans – PSG), habitué de débouler en trombe sur son côté droit pour délivrer un centre ou même tirer. Il est l’une des plus grandes menaces offensives de l’équipe même s’il est un défenseur. Noussair Mazraoui (24 ans – Bayern Munich) est aussi un arrière droit (comme Hakimi) qui mériterait une place de titulaire. Donc, soit Hakimi ou Mazraoui devront jouer à gauche vraisemblablement. Même si l’un d’eux ne jouera pas à sa position naturelle, ils représentent de très bons atouts.

L’attaque aussi devrait bien s’en tirer. Elle compte non seulement Ziyech, extrêmement habile au niveau technique, mais aussi Sofiane Boufal (29 ans – Angers), un attaquant agile et versatile ainsi que Youssef En-Nesyri (25 ans – Séville FC), dont la principale qualité est la finition. Ce n’est pas une attaque qui donne la frousse, mais bien alimentée par les latéraux, elle peut causer bien des dommages à n’importe quelle défense de ce groupe. Abdessamad Ezzalzouli (20 ans – Osasuna) peut aussi contribuer au pointage.

La brigade défensive est plus solide que celle du Canada. Outre Hakimi et Mazraoui, l’expérimenté Romain Saïss (32 ans – Beşiktaş). L’une des grandes forces de ce dernier, c’est qu’il est en mesure de garder son calme tout en sachant presser au bon moment. Saïss côtoiera probablement Achraf Dari (23 ans – Brest) à ses côtés. Né à Montréal, Yassine Bounou (31 ans – Séville FC) s’est forgé une réputation dans les derniers mois et années. Ce sera l’occasion parfaite de la maintenir. Il sera fascinant de voir deux Montréalais (Bounou et Samuel Piette) évoluer sur le même terrain de soccer, au Qatar. Bref, Bono devra effectuer de grands arrêts pour aider les siens. En revanche, les défenseurs devront à tout prix limiter les occasions.

La faiblesse pas si apparente que cela des Lions de l’Atlas, c’est possiblement le milieu de terrain. On retrouve tout de même de bons joueurs jouant pour de bons clubs. L’un de ceux-ci s’est déjà fait remarquer en 2018. En effet, il s’agit du milieu défensif, Sofyan Amrabat (26 ans – Fiorentina). En plus de sa solidité défensive, Amrabat possède un tir foudroyant. Dans cet entrejeu, on retrouve également Amine Harit (25 ans – Marseille) qui effectue un retour en sélection nationale. Il connait une saison en demi-teinte à Marseille, mais pourrait quand même s’avérer utile.

Le groupe F sera très relevé et le Maroc pourrait y jouer un rôle prépondérant. Ils ont le potentiel d’embêter n’importe quelle équipe du groupe et souhaitent ardemment parvenir aux huitièmes de finale. S’ils y arrivent, ils atteindraient la phase suivante pour la deuxième fois de leur histoire, la première étant en 1986. Alors, l’unique fois où le Maroc a percé la phase de groupes, s’était lorsque le Canada était à la Coupe du monde… coïncidence? Le Canada sera un test très intéressant pour le Maroc, étant donné que l’on peut distinguer plusieurs similitudes entre les deux formations. Bref, une chose est sûre, le groupe F est une marmite abritant des tas de scénarios potentiellement épiques.

Classement FIFA actuel : 22e

Joueur à surveiller : Achraf Hakimi

Calendrier des matchs du groupe F
  • 23 novembre : Maroc vs Croatie
  • 23 novembre : Belgique vs Canada
  • 27 novembre : Belgique vs Maroc
  • 27 novembre : Croatie vs Canada
  • 1er décembre : Croatie vs Belgique
  • 1er décembre : Canada vs Maroc
Ma prédiction
  1. Belgique
  2. Maroc
  3. Croatie
  4. Canada

Olivier Prince-Groleau

Grand fan de sport, surtout le hockey et le soccer, Olivier est un grand sportif de salon et ne s'en cache pas. Ce dernier regarde énormément de faits saillants des matchs qui l'intéresse sur YouTube, s'en est presque maladif. Celui que l'on surnomme OPG adore consommer du sport, mais aussi en faire et là on ne parle pas d'aller au gymnase, mais plutôt de jouer à un sport concrètement. En effet, il pratique le hockey depuis l'âge de 6 ans et il fait également du soccer/futsal depuis l'âge de 8 ans.  Les grands évènements sportifs comme les Olympiques, la Coupe du Monde ou encore les séries éliminatoires de la LNH sont de véritables sources de plaisir pour lui. Bref, un vrai sportif dans l'âme et dans le corps!

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