« Pessi » et « Penaldo », des surnoms justifiés?
Si vous n’avez jamais entendu parler de Lionel Messi et de Cristiano Ronaldo, je ne sais pas où vous étiez lors des deux dernières décennies. Mais avez-vous déjà entendu parler de leurs surnoms péjoratifs « Pessi » et « Penaldo » ? Des pseudonymes martelés par les détracteurs de ces deux joueurs faisant référence au nombre de pénaltys obtenus, tirés et marqués par ces deux légendes du soccer. Mais ces surnoms; sont-ils justifiés?
Après une année 2023 pleine de changements pour ces deux icônes planétaires et alors que leurs carrières s’achèvent (malheureusement), il est temps de démystifier cette question à l’aide de faits et statistiques.
« Penaldo » oui, mais péjoratif non
En ce qui à trait au nombre de pénaltys tirés (excluant les séances de tirs au but), le Portugais est devant. En effet, jusqu’à présent dans son illustre carrière, CR7 a obtenu 189 pénaltys, convertissant 160 d’entre eux, bon pour un taux de réussite de 85%, selon les données de Transfermarkt. D’ailleurs, Ronaldo n’en a pas manqué un seul depuis le 4 février 2022, alors qu’il jouait pour Manchester United. Cela signifie qu’il a réussi ses 17 derniers pénaltys, n’en ayant raté aucun avec Al-Nassr en Arabie Saoudite.
À titre comparatif, Lionel Messi a tiré 140 pénaltys et en a marqué 109, affichant donc un taux de réussite de 78% en carrière. Sur l’année civile 2023, La Pulga n’a tiré aucun pénalty, les laissant à Kylian Mbappé ou Neymar alors qu’il évoluait au PSG ou bien à Josef Martinez avec Miami.
Au ratio de matchs joués, Ronaldo a tiré un pénalty dans 16% des matchs auxquels il a participé, comparativement à 13% pour Messi. Bref, autant au niveau de la quantité (pénaltys tirés) que de la qualité (pénaltys marqués), Ronaldo surpasse son rival argentin au point de pénalty. Alors statistiquement, CR7 mérite son surnom de « Penaldo ».
Cependant, le fait d’obtenir des pénaltys et de les marquer n’est vraiment pas une mauvaise chose. Même si le tir de pénalité est considéré comme l’une des façons les plus faciles de marquer un but, n’empêche que cela demande énormément de sang-froid surtout lors d’un moment décisif. Le taux de réussite de 85% affiché par Ronaldo montre donc qu’il a les nerfs solides lorsqu’il se présente au 11 mètres. Avec de tels chiffres, il figure certainement parmi les meilleurs tireurs de pénalty de l’histoire, ce qui n’est pas du tout péjoratif.
La question de la légitimité d’un pénalty sifflé est une tout autre chose. Les pseudonymes « Pessi » et « Penaldo » sont également utilisés par certains amateurs du ballon rond lorsqu’ils croient que la notoriété de l’Argentin ou du Portugais influence l’arbitre à appeler une faute en leur faveur ou celle de leur équipe. L’Argentine a justement été critiquée à ce propos lors de la dernière Coupe du monde au Qatar. Plus d’un an après la fin de cette compétition, les débats entourant ce sujet font encore rage.
Controverses argentines au Qatar
En analysant chacun des cinq pénaltys obtenus par l’Argentine lors de ce Mondial 2022, tous tiré par Messi, il est vrai que certains sont discutables. Notamment celui en début de tournoi contre l’Arabie Saoudite (faute sur coup de pied coin à l’endroit de Leandro Paredes) et celui contre la Pologne (gant de Wojciech Szczęsny au visage de Messi), également en phase de groupe. Or, malgré le pénalty, l’Argentine a perdu contre les Saoudiens. Contre la Pologne, le tir de la légende barcelonaise a été stoppé par Szczęsny, ce qui n’a donc pas impacté le résultat du match.
Le pénalty accordé lors de la grande finale contre la France (faute de Ousmane Dembélé sur Angel Di Maria) était légitime, tout comme celui obtenu contre la Croatie en demi-finale (faute de Dominik Livakovic sur Julian Alvarez). Effectivement, ces deux contacts semblaient clairs et nets. Il y a aussi la faute du Néerlandais Denzel Dumfries sur Marcos Acuna, cramponné lors des quarts de finale, une décision arbitrale contestée par plusieurs. Y avait-il un contact pied sur pied? Certainement. Est-ce que Acuna en a rajouté? Fort probablement.
Alors oui, certains pourraient argumenter que l’Argentine de Messi a été avantagée par l’arbitrage lors de cette Coupe du monde 2022 avec ses cinq pénaltys en sept rencontres. Assez pour que le natif de Rosario mérite de se faire appeler « Pessi »? Peut-être bien.
Laissons les différentes bases partisanes en débattre.